JERRY LEE LEWIS - FRENCH EP COLLECTION (1992)


Rock'n'Country

Y’a des périodes comme ça, où certains reviennent plus souvent que de raison dans le lecteur du Cd. Ces temps-ci, c’est Jerry Lee Lewis. Un peu oublié, le Killer, et souvent réduit à une poignée de classiques des années 50. Des trucs très rock’n’roll (« Great balls of fire », « Whole lotta shakin’ goin’ on », … ce genre) de sa période Sun.
Bon, je vais pas refaire sa bio émaillée de quelques croquignolettes anecdotes, c’est déjà en ligne ailleurs sur ce blog, mais juste revenir sur un des aspects négligés de sa carrière, la phase country. Parce que ce grand cintré de Jerry Lee, il a toujours été partagé entre le rock’n’roll roots et la plouc music, et qu’il n’a jamais cessé d’enregistrer dans ce dernier genre. Et on en trouve toujours quelques titres dans la multitude de compilations qui lui sont consacrées. Compilations toujours articulées autour de la même quinzaine de scies.
Jerry Lee Lewis, usual suspect
Celle-ci se distingue du lot pour deux raisons. Elle est balèze (40 titres), et, cocorico, française Monsieur. Réalisée par une major (EMI), qui pour une fois a fait correctement son boulot, en partant des masters dépoussiérés (son costaud, mais respectueux de la stricte mono originale des premiers titres), d’une série de 45T quatre titres (on appelait ça des Ep, aux temps antédiluviens du vinyle), sortis quasi uniquement sur le marché français. Et la tradition voulait que derrière un titre qui serve de locomotive commerciale, on en rajoute d’autres plus obscurs.
Résultat, on se retrouve avec une bonne vingtaine de titres, certes pas inédits, tant tout a été compilé et recompilé un nombre industriel de fois, mais assez peu souvent mis en avant. Et là, on s’aperçoit qu’il y a majoritairement des titres de country. Un genre traité respectueusement selon l’Evangile de Saint Hank Williams, mais avec la Lewis touch, à savoir un piano bien en avant, et une certaine énergie, pour ne pas dire hystérie, peu coutumière dans la country. Evidemment, on ne peut pas ignorer que Johnny Cash faisait en même temps et sur le même label le même grand écart entre les deux genres. Les deux hommes ont peu en commun, Cash a eu les hits country, et quand il touchait au rock’n’roll, c’était d’une façon convenue et assez « sage », il n’a réellement survolé les débats que dans les années 60. Mais en cette fin des 50’s, net avantage pour Jerry Lee Lewis dans les deux genres.
Et puis, ce double Cd permet d’apercevoir un aspect encore plus ignoré de la carrière de Lewis, un virage soul-rhythm’n’blues au début des années 60, avec orchestre pléthorique, cuivres, choristes, et tout le tremblement. Même si ce n’est pas du niveau de Ray Charles, James Brown, ou ce que produiront plus tard des labels comme Stax ou Atlantic, il y a quand même quelques curiosités qui valent le détour, témoins une version énergique de « Ramblin’ Rose » (oui, ce titre qui ouvre le « Kick out the jams » du MC5), ou encore cette défenestration de « Sweet little sixteen » de Chuck Berry (Berry et Lewis se détestent, ce qui doit expliquer la rage du Killer dans cette version, alors que d’habitude ses reprises sont plutôt effectuées en roue libre en mode dilettante).
Des titres bonus ont été rajoutés, manière de faire de cette compilation un Greatest Hits. Deux regrets-reproches, ils ont oublié dans la section bonus « Breathless », qui fait quand même partie des incontournables du Killer, et ce Cd paru en 1993 n’a je crois jamais été réédité et ne se trouve plus que d’occase …

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