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NENEH CHERRY - RAW LIKE SUSHI (1988)

 

Tout, tout, tout pour ma Cherry ?

Euh, non … « Raw like sushi », c’est un disque, comme son interprète, quelques peu disparus des radars. Qui a cependant eu un beau succès à la fin des 80’s, grâce à quelques titres bien foutus et novateurs (pour l’époque), et au charisme de la Neneh.


Neneh Cherry, elle a d’abord un nom connu. Le même que celui du jazzman Don Cherry. Qui n’est pas son père, mais son beau-père (Neneh naquit de deux artistes, une mère suédoise et un père du Sierra Leone). Elle s’est lancée tôt dans la musique, dans un oubliable et fort heureusement oublié groupe de jazz-funk, Rip Rig and Panic, dont elle était la chanteuse. Sous l’influence d’un premier mari vite révoqué, elle participera à d’autres obscurs projets, avant de rencontrer l’homme de sa vie, Cameron McVey. Une digression Closer qui a son importance ici.

Alors, oui, le disque est au nom de Neneh Cherry, c’est elle en photo sur la pochette (sexy mais pas nunuche, allure et regards déterminés genre « vous pouvez toujours me mater, mais n’essayez pas de me toucher »). La musique de Neneh Cherry n’a rien à voir avec le jazz de beau-papa, rien à voir avec le rock, rien à voir avec le passé (elle a commencé au début des années 80, avec le post-punk, et n’a pas remonté l’écheveau).

Elle a succombé au rap (elle se débrouille pas mal, en fout dans tous ses titres, quand bien même certains auraient pu s’en passer, enfin, c’est mon avis), et fréquente des bidouilleurs de synthés, des DJ’s, des programmeurs. Son disque est fait essentiellement avec des machines, des programmations, des boucles, des samples. La Neneh n’est que la partie visible de l’iceberg. Elle chante, écrit les paroles, et a son (petit) mot à dire sur la musique. Les hommes de l’ombre derrière cette rondelle sont lorsqu’elle est sortie à peu près des inconnus. Mais qui ne vont pas le rester. Le plus présent, c’est son mec, McVey, sous le pseudo de Booga Bear. Au casting des titres, on trouve aussi Tim Simenon (pseudo Bomb The Bass), Mark Saunders (qu’on retrouvera plus tard à la production de Cure, Tricky, Lydon, et des remixes pour Depeche Mode, Bowie, …), Nellee Hooper (créateur et tête pensante de Soul II Soul, collaborateur occasionnel de Björk, Madonna, U2, No Doubt, …), DJ Mushroom (Andy Wowles de son nom, homme de l’ombre de Massive Attack), et quelques autres moins connus.

Neneh Cherry & Cameron McVey

Allez voir leurs bios et vous verrez que la plupart sont nés ou vivent à ce moment-là à Bristol. Et qu’ils seront partie prenante dans la scène dance-electro-machin qui va éclore au début des 90’s avec Soul II Soul, Massive Attack, Portishead, Propellerheads, Tricky, Roni Size et consorts (ou pas) …

Ceci posé, il faut avoir l’oreille fine ou l’imagination débordante pour trouver beaucoup de similitudes entre Neneh Cherry et ces gens-là. Ce « Raw like sushi », c’est de la chansonnette basique, avec du rap, et des machines à la pointe du progrès générant les sons qui vont avec (le progrès).

Hasard ou pas, les trois meilleurs titres sont les trois premiers du disque, et en plus, rangés par ordre décroissant de qualité. En éclaireur, « Buffalo stance », le hit majeur de la rondelle. Une intro à la « Smoke on the water » de qui vous savez (et si vous savez pas, shame on you), les « instruments » arrivent les uns après les autres, du rap sur les couplets et un court refrain très mélodique (les Red Hot Chili Peppers n’ont rien inventé sur leurs meilleurs titres). « Manchild », joli succès aussi, est très pop, avec ses arrangements de fausses cordes, le passage rappé ne concerne qu’un court pont. « Kissed on the wind » sort aussi du lot, même si qualitativement, on est descendu de plusieurs étages. Le gimmick de l’intro parlée en espagnol amuse vingt secondes, un gros tapis de percussions mène la danse, et on trouve quelques intonations à la Madonna.


Madonna dont il sera aussi question (on est plus près du plagiat que de l’inspiration) sur « Inner City Mamma », très proche, jusque dans le chant de ce que faisait la Cicconne avant « Like a virgin ». Autre superstar de l’époque, Michou Jackson, dont les gros beats funky semblent l’inspiration majeure de « Outré-Risqué Locomotive » (??). Sinon, on a droit à un follow-up de « Buffalo stance », ça s’appelle « Heart », c’est conduit par un rap piaillé dans les aigus, et ça fait mal aux oreilles. Sont également de la revue une prévisible ballade (« Phoney ladies »), un titre 100% rap (« The next generation ») on s’en doute assez loin de Public Enemy, c’est rien de le dire mais ça va mieux en le disant. A l’opposé « Love ghetto » est totalement chanté mais trois fois hélas, ne vaut pas tripette.

Ce disque est sorti en 88 sous deux formes. Une version vinyle de dix titres, largement suffisante. Et une version Cd, qui comme il restait de la place, nous gâte avec quatre titres supplémentaires, un inédit oubliable et trois remix des trois meilleurs titres qui prennent un malin plaisir à les dé(cons)truire, les transformant en bouillasse sonore peu ragoûtante. Que ce soit en format vinyle ou cd, « Raw like sushi » ne tient pas la route sur la longueur, et sur la durée, a tout de même pris un sacré coup de vieux …

« Raw like sushi » obtiendra malgré tout des critiques favorables, se vendra bien, boosté par ses trois singles. Diminuée par la suite par la maladie de Lyme, Neneh Cherry mettra sa carrière en très gros pointillés, réussissant seulement à revenir dans les charts en 1994 grâce à son très bon duo avec Youssou N’Dour (« Seven seconds »).





BUDDY HOLLY & THE CRICKETS - THE CHIRPING CRICKETS (1958)

 

Holly soit qui mal y pense ...

25 Février 1957. Séances d’enregistrement de « That’ll be the day », paru cinq mois plus tard. 3 Février 1959. Mort de Buddy Holly dans un crash d’avion. En comptant large, 23 mois de « carrière ». Enfoncés Hendrix, Cobain, et tous les crucifiés du Club des 27 (de toutes façons Holly n’avait que vingt deux ans). Question reconnaissance posthume, Holly bat tous les records.

Parce que parmi ceux qui l’ont comme référence primordiale, y’a du lourd. Du très lourd.

Buddy Holly & the Crickets

Bob Dylan. Dans son discours (qu’il a envoyé, il a pas daigné se déplacer) à l’occasion de la remise du Prix Nobel de littérature (2016), il cite comme influence majeure (en lieu et place de tous les Guthrie, Seeger ou Leadbelly auxquels on était en droit de s’attendre) Buddy Holly. Il explique qu’à dix sept ans, il a fait 150 bornes pour le voir en concert, deux jours avant sa mort. Et qu’il a ressenti pendant le show l’émotion musicale de sa vie, que c’est grâce à Buddy Holly qu’il a voulu écrire des chansons et les jouer sur scène.

Les Beatles. Un certain John Lennon, traumatisé par son second (et dernier) disque (l’éponyme « Buddy Holly ») se fait le même look que lui, (coupe de cheveux et binocles) et baptise le premier groupe qu’il forme avec McCartney les Silver Beetles, en hommage aux Crickets, les accompagnateurs de Buddy Holly. Les Beatles reprendront « Words of love » sur « Beatles for sale » leur quatrième disque.

Les Rolling Stones. Leur troisième single anglais est une reprise de « Not fade away » (numéro 3 des charts). C’est aussi leur premier single paru aux Etats-Unis.

C’est pas tout. De tous ceux que l’on qualifie de « pionniers » du rock, Buddy Holly est un des très rares (avec le Johnny Burnette Trio) à opérer avec un backing band attitré, les Crickets. Qui faisait qu’il pouvait sortir des disques sous son nom propre ou avec son groupe (de toute façon, c’étaient les mêmes qui l’accompagnaient). Seul Rod Stewart a fait aussi bien voire mieux à l’époque des Faces, dont il était le chanteur (chez Warner), les mêmes Faces l’accompagnaient sur ses disques solo (chez Mercury). Buddy Holly, en « solo » ou avec les Crickets, était chez MCA.

Buddy Holly

Plutôt pingre, la vénérable maison ricaine. Ce « Chirping Crickets » dure 26 minutes pour 12 titres. Ce qui aurait pu laisser de la place pour rajouter quelques singles dont le Holly n’était pas avare (un tous les deux mois en moyenne, et pas des bouche-trous). Pour ne rien arranger à l’histoire, ce disque est doté d’une pochette assez repoussante. Certes, Buddy Holly et ses copains n’étaient pas des sex symbols (on leur donnerait cinquante balais chacun), mais j’espère qu’ils ont pas payé le photographe. Avec en plus d’avoir l’air totally neuneu, il manque un morceau de la tête à celui à gauche de Buddy Holly (en fait non, après avoir vu plusieurs photos sur le Net, il avait une coiffure vraiment très étrange) …

Mais comme un disque, belle pochette ou pas, c’est surtout fait pour être écouté, il y a quoi à se mettre entre les oreilles dans « The chirping Crickets » ? Au moins cinq classiques du binoclard. Avec par ordre d’apparition « Oh boy » (rockabilly aux relents de gospel), « Not fade away » (transposition en encore plus saccadée du Diddley beat), « Maybe bay » (quintessence du Buddy Holly style, premier génie pop ever, du Beatles avant l’heure), « It’s too late » (grille d’accords éternelle pour chialer dans sa bière parce la baby elle s’est barrée), et l’imputrescible « That’ll be the day », un des classiques absolus du rock des 50’s.

Ce qui permet de se rendre compte de plusieurs choses. Buddy Holly était un compositeur de génie, et un chanteur étonnant, vocalement limité à bien des égards, des limites qu’il arrive à compenser par un élan juvénile (on y va, on fonce, on verra bien …), participant à la création de ce phrasé approximatif à base de hiccups et de changements incessants d’octaves, que l’on trouve souvent dans le rock des pionniers.

Autre chose dont on se rend compte. Les trois-quarts des titres sont cosignés par Norman Petty, également producteur exécutif. On a longtemps vu dans Petty une sorte d’escroc à la Colonel Parker. Sauf que contrairement au faux bidasse d’Elvis, Petty avait déjà un petit nom dans le music business, ayant travaillé avec notamment Roy Orbison et « découvert » le tout jeune Waylon Jennings qui intègrera la dernière version des Crickets (et a eu la bonne idée de céder sa place dans l’avion qui allait se crasher au Big Bopper). Bon, sinon Petty s’est paraît-il bien gavé abusivement de droits d’auteur, mais son travail en studio est incontestable, et il n’est pas stupide d’affirmer (tendance générale) que sans Norman Petty, il n’y aurait pas eu de Buddy Holly, ou du moins pas à ce niveau-là.


Parce que Holly est un défricheur. Et un traditionnaliste à la fois. Défricheur parce qu’il a introduit dans le rock des fifties, un caractère mélodique inédit, séparé, voire déconnecté de l’aspect rythmique qui jusque là l’incluait (voir le cas d’école Chuck Berry, où c’est le rythme qui contient la mélodie). Et traditionnaliste parce que Buddy Holly part très souvent d’extrapolations de choses bien définies comme le gospel (« Oh boy ») et surtout le doo wop (« You’ve got love » et les quatre derniers titres de la rondelle, pas les plus connus et qui font un peu office de remplissage tant ils semblent déclinés à l’identique d’une même matrice).

Le remplissage final, certainement pour capitaliser sur les premiers succès des singles (« That’ll be the day ») finira dans le Top 3 des hit-parades), limite l’impact de ce premier Lp. Les progrès en termes de composition de Buddy Holly seront exponentiels, les titres d’anthologie s’enchaîneront à une vitesse frénétique. Le « Buddy Holly » paru à la fin de la même année sera meilleur.

Une bonne compilation (« The very best of Buddy Holly & the Crickets » de 1999 est parfaite) reste cependant la meilleure porte d’entrée pour l’œuvre de l’auteur le plus original des années 50.


Du même sur ce blog : 

Buddy Holly
The Very Best Of Buddy Holly & The Crickets


FLASH CADILLAC AND THE CONTINENTAL KIDS - FLASH CADILLAC AND THE CONTINENTAL KIDS (1972)

 

Sooner or later ...

Ils étaient pas forcément au bon endroit (le Colorado, c’est pas l’Etat qui a fourni le plus de musiciens célébrissimes), mais surtout ils étaient pas là au bon moment. Flash Cadillac & The Continental Kids (joke on ne peut plus ricaine, nom à base de bagnoles, la marque Cadillac et la Lincoln Continental, j’y connais pas grand-chose, mais je crois que c’est un mix des deux sur la pochette), ils ont commencé dans les seventies et ont eu leurs cinq minutes de gloire en tant que Herby and the Heartbeats (le groupe de la scène de bal dans « American Graffiti » le film de George Lucas).


Flash Cadillac, déjà en 72, ils regardent dans le rétroviseur. A peu près pile poil dix ans en arrière, soit vers 1962, époque, on nous l’a appris à l’école, où la musique américaine était pas au mieux. Les antiques pionniers de la fin des 50’s étaient soit morts physiquement soit, pire, artistiquement. Bob Dylan, les Byrds, la Tamla, Spector, … n’en étaient au mieux qu’à leurs premiers vagissements. Les charts étaient occupés par de jeunes (voire très jeunes) gens (blancs) BCBG, mêlant avec une précision d’experts comptables relents de doo-wop et restes de rock, et généralement prénommés Frankie (Avalon, Valli, voire Lymon bien que ce dernier soit – ô scandale – noir). C’est cette génération et cette époque qu’on voit dans au cinéma « American graffiti », et un peu plus tard dans « Grease ».

Donc Flash Cadillac etc … ils sont un peu dans un no man’s land revival, coincés entre Sha Na Na (sorte d’ancêtres américains de Au Bonheur des Dames, célèbres pour s’être égarés au milieu des hippies à Woodstock), et le revival rockab initié à partir de 75 par Robert Gordon et jackpotisé au début des 80’s par les Stray Cats. Les six Flash Cadillac sont soit des attardés musicaux, soit des précurseurs, en tout cas totalement hors sujet et à peu près sans équivalents dans l’Amérique du début des 70’s.


La descendance des teen idols est clairement affichée au verso de la pochette de ce disque, leur premier, avec une dédicace encadrée d’Annette Funicello, toute jeune star maison de Disney des années cinquante (en 72 en grosse perte de vitesse sinon oubliée), sorte de grand-mère virtuelle des Britney Spears ou Zendaya … Assez étrangement, alors que le décorum renvoie à de l’hyper consensuel, c’est beaucoup moins évident à l’écoute de « Flash Cadillac … ».

Quand ils donnent dans le rockabilly, ils font pas penser au gentil Ricky Nelson, mais plutôt au Johnny Burnette Trio (« Reputation »), voire à Eddie Cochran (« Nothin’ for me », étonnante de similitudes). Mieux, sur un titre comme « Endless sleep », Flash Cadillac etc … sonne en 72 comme les Cramps de 82. Faut fouiner dans les crédits (maigres, sur certaines rééditions, dont la mienne, y’a même pas les auteurs des chansons) pour trouver écrit en petit que le producteur de « Flash … », c’est nul autre que cette grande asperge déjantée de Kim Fowley, grand amateur de « coups » musicaux qui verra son obstination à truster le haut des charts par groupes (manipulés) interposés, obtenir le jackpot avec les gamines trashy et rock’n’roll des Runaways (Joan Jett, Lita Ford et consorts …). Pourquoi le groupe ou Epic, leur label, sont-ils allés chercher Fowley, mystère et boule d’opium …

Les Flash Cadillac ont beau être six, ils écrivent peu (à eux deux, le claviers et le guitariste ont signé trois titres sur douze). « Flash … » est donc surtout un disque de reprises. Et l’on s’aperçoit vite que c’est pas « l’authenticité » qui compte, mais plutôt la façon de sonner, de jouer qui importe. C’est léger, ludique, parfois trop, mais ça fait partie du concept. Les Flash Cadillac sont au rock’n’roll des origines ce que Madness des débuts sera à la musique jamaïcaine.

Côté loufoquerie, ça commence d’entrée avec la reprise de l’antique « Muleskinner blues (Blue yodel # 8) » vieille scie du countryman Jimmie Rodgers, reprise déjà de multiples fois (de Woody Guthrie à Dolly Parton qui venait d’en faire un hit national). Après le « Reputation » évoqué plus haut, les Flash Cadillac font un mauvais, très mauvais sort à « Crying in the rain », une des plus belles chansons du monde créée par les Everly Brothers. La filiation gaguesque avec Sha Na Na frappe les oreilles avec le sautillant « Betty Lou », que les au Bonheur des Dames ont dû écouter, tant leur « Oh les filles » va lui ressembler … Une reprise instrumentale (comme l’original) de « Pipeline » des Chantays n’apporte rien à ce classique de la surf music.


La face B (oui, on cause bien 33 RPM, ce disque n’a jamais été réédité en Cd) débute avec « She’s so fine », un des deux « classiques » de Flash Cadillac, qui figurera l’année suivante sur la B.O. de « American graffiti » (en compagnie de « At the Hop », autre titre du groupe et leur plus gros succès, qui sera sur l’album suivant, ces deux morceaux étant il me semble bien les deux seuls à être postérieurs à 1962, année où se déroule l’action du film). A propos de « At the hop », le dernier titre du disque « Up on the mountain » semble en être le brouillon avec son rythme doo-wop accéléré. Le reste de la face, hormis le plagiat ? - hommage ? de Cochran déjà évoqué ne mérite pas de passer à la postérité …

Et tant qu’on parle de postérité, celle de Flash Cadillac & the Continental Kids n’a pas traversé les décennies. Certes cet album et le suivant, boostés par « American graffiti » se vendront un peu, un troisième paraîtra (en fait une compilation des deux précédents), un autre fera un four monumental, et vers 75, le groupe se dispersera (avant des tentatives avortées de reformation à destination du marché nostalgia pendant des décennies). Aucun membre du groupe ne connaîtra par ailleurs succès et gloire. Pire, quand le revival rockab initié par les Stray Cats explosera, ils ne seront jamais cités comme influence par quelque porteur à banane de blouson de cuir.

Les Flash Cadillac ont joué la carte du gag sonore, ils n’auront jamais aucune reconnaissance ni crédibilité. Une page anecdotique du rock américain des 70’s …





DEEE-LITE - WORLD CLIQUE (1990)

 

Victime de la mode ...

Tel pourrait être son nom de code à Deee-Lite. Parce que trois petits (33) tours et puis s’en vont …

Ils furent pourtant les rois des airplays radio de l’année 90. Parce que ce qu’ils produisaient était ce que le public attendait (ou on leur a fait croire, au public, que ce qu’on leur faisait écouter était ce qu’ils avaient envie d’entendre).


A cette époque-là, la demi-décennie charnière fin 80’s – début 90’s où ce qu’on pourrait qualifier du vocable généraliste grand public de musiques dansantes électroniques passait de l’underground (les vinyles white labels à destination des DJ’s pressés à quelques dizaines d’exemplaires) au succès de masse (les bien nommés Massive Attack par exemple), ce qu’il fallait c’est se faire remarquer, sortir du troupeau d’anonymes. Et quoi de mieux que d’avoir une chanson qui passe à la radio et un clip à la télé ?

En 1988, ce fut Lisa Stansfield avec « All around the world ». Qu’on ne peut taxer d’opportuniste, c’était une vraie bonne chanteuse, qui grouillotait depuis quelques temps avec des joueurs de disquettes (Coldcut en l’occurrence). 1989 consacra Yazz, longiligne peroxydée amatrice de fringues fluo en plastoc qui fit la farce avec « The only way is up ». Yazz et Stansfield, deux Anglaises, et le continent apprécia.

Les Américains, jamais les derniers lorsqu’il s’agit de faire tinter le tiroir-caisse, obtinrent leur revanche en 1990 avec Deee-Lite et « Groove is in the heart ». Deee-Lite, c’est censé être un groupe (ils sont plus de deux). Dont la figure de proue est Lady Miss Kier (Kierin Magenta Kirby pour l’état-civil). Look Kate Pierson (la rousse à choucroute des B-52’s) revisitée par un couturier psychédélique (les fringues à motifs bucoliques). Fréquentant assidument les clubs dance newyorkais et s’acoquinant avec des DJ’s pour essayer de se faire remarquer. Au début des 80’s, ça avait donné Madonna. Lady Miss Kier est bien des tons en dessous, aujourd’hui on la qualifierait d’influenceuse, avec tout le côté péjoratif accolé au vocable.

Lady Miss Kier, toute en discrétion ...

Son « groupe », c’est elle et deux DJ’s. Exotiques. Un Russe, Dmitry et un Japonais, Towa Tei. Qui pour ne pas être en reste avec leur chanteuse, s’habillaient bariolé et fluo, avec un mauvais goût que les camions portugais devaient leur envier. Deee-Lite, c’est avant tout la réunion de trois fashionistas. Bo Diddley chantait deux points ouvrez les guillemets « don’t judge a book by its cover ». Ben y’a des fois que si. Livrés à eux-mêmes, les trois Deee-Lite accouchent de quelques machins sans le moindre intérêt, vaguement dans l’air du temps electro-dance-house-etc …, qui constituent la matière première de « World Clique », leur premier disque.

Et dans cette mélasse, on se surprend parfois à dresser l’oreille, et clignote quelque part le nom de James Brown (oui, on parle bien du même). Alors on feuillette le livret du Cd pour voir si le Godfather of Soul est crédité quelque part. Que nenni. Mais par contre, dans les intervenants de quelques titres, on voit apparaître le nom de Bootsy Collins. Et aussi ceux de Fred Wesley et Maceo Parker. Soit un tiers des mythiques JB’s, excusez du peu. Pourquoi traînent-ils là ? Apparemment Bootsy Collins fréquentait beaucoup les clubs newyorkais et comme vestimentairement (sans parler des binocles) il passe pas lui non plus vraiment inaperçu, la Kier l’a sollicité, il a dit banco et a amené ses deux vieux poteaux … Alors on se repasse la rondelle et bingo, c’est bien ça.

Deee-Lite, Bootsy Collins  et un DJ

Les trois ex-JB’s sont pas très souvent présent, unfortunately. Ils contribuent, et pas qu’un peu au hit « Groove is in the heart » (pour ceux que ça intéresse, le passage en rap dans le titre est de Q-Tip, le leader des concernés et militants A Tribe Called Quest, vous savez ceux qui avaient samplé la ligne de basse de « Walk on the wild side » pour leur hit « Can I kick it »). Collins, Wesley et Parker sont aussi présents sur « Try me on », le vrai meilleur titre du disque.

Sinon, pour être juste, faut reconnaître que les Deee-Lite ont fait tout seuls comme des grands « Power of love », un truc dance bêtement efficace quoiqu’un peu longuet. Et qu’ils se sont inspirés (pour pas les accuser de plagiat) de Kid Creole & The Coconuts pour « Smile on ». Le reste mérite pas qu’on s’y attarde …

Sur la lancée du méga-succès de « Groove is in the heart », ce « World Clique » se vendra bien. La suite confirmera les vides artistiques qu’il contient. Deux successeurs suivront, dont tout le monde a oublié le titre. Avant la débandade finale (quand Kier et Dmitry ne feront plus chambre commune disent ceux qui s’y connaissent en potins de plumard). On ne sait ce que les DJ’s sont devenus, Kier a elle continué un peu dans la musique (Djette), et évidemment, on l’a beaucoup aperçue dans les gradins des défilés de mode. Mission accomplie ?


PULP - DIFFERENT CLASS (1995)

 

Premier arrivé ...

Pulp, c’est le siècle dernier, l’Angleterre (Sheffield, le bled à – entre autres – un autre Cocker, Joe), catégorie britpop. Enfin, c’est à cette époque-là qu’on les a connus chez eux, avec leur disque précédent d’abord, et ce « Different  class » surtout.

Dites-le avec des fleurs : Jarvis Cocker

Chez nous, les Gaulois réfractaires, la révélation est arrivée lorsque Jarvis Cocker (Pulp à peu près à lui tout seul), lors de la cérémonie des Brit Awards 96, est venu foutre le souk sur scène alors que Michou Jackson (évidemment entouré d’une chorale de gosses, les juges allaient bientôt s’intéresser à son cas) interprétait une de ses rengaines molles de l’époque. Crime de lèse-majesté, le trublion filiforme s’était moqué du King of Pop … et beaucoup dans le petit monde du pop-rock-machin avaient judicieusement (peureusement ?) botté en touche quand on leur demandait leur avis sur l’incident.

Bon, il avait le droit de se lâcher et de tout se permettre, le Jarvis, parce que cette fois-ci, ça y était, il était quelqu’un de connu grâce à son groupe Pulp (au moins en Angleterre, et un peu en Europe). Pulp, tout le monde vous dira que c’est de la britpop. Maintenant que toute cette affaire est terminée, Pulp a bien fait partie de la britpop. Mais en seconde division. Parce que ceux qui jouaient la Champions League, c’étaient Blur et Oasis. Et derrière, Pulp avait fort à faire pour s’extirper d’un peloton d’outsiders qui se nommaient Suede, Verve, Supergrass. Et d’ailleurs Pulp n’y est pas vraiment arrivé à s’extirper du peloton, les trois autres ayant eu à un moment ou un autre plus de succès qu’eux.

Donc Pulp c’est Jarvis Cocker avec un backing band. La première mouture du groupe remonte au début des années 80, et les sites dédiés qui recensent les participants de l’aventure Pulp à un moment ou à un autre comptabilisent des dizaines de musiciens ayant participé au groupe. Lors de la parution de « Different class », ils sont six (basse, batterie, deux guitares, une claviériste et Cocker en multi-instrumentiste et chant lead). Ils posent sur la photo de la pochette maritale et sont faciles à reconnaître, ils sont en gris au milieu des endimanchés).

Pulp 1995

Jarvis Cocker cultive une sorte d’aristocratie réformiste. So british à la Ray Davies, une jeunesse de lumpenprolétaire (il a vécu d’allocs et habitait dans des squats) mais qui a toujours soigné son apparence, et un militantisme (à gauche) très présent dans ses textes.

« Common people » est la pièce de choix de « Different class ». D’une durée plutôt déraisonnable pour un single (près de six minutes), le titre intrigue par son intro mi-parlée mi-chantée. Par contre, quand arrive le refrain suivi par un magnifique crescendo, force est de reconnaître que sa position vers le haut des charts est tout à fait méritée. La chanson parle d’une fille de la haute, qui pour changer, a envie de se faire un common people (un type ordinaire, pour ceux qui avaient pris andorran en première langue). Depuis sa sortie, Cocker ayant avoué qu’il avait une fille bien réelle en tête lorsqu’il a écrit le morceau, on ne compte plus les spéculations sur cette fille de la haute société, certaines connaissances de Cocker ayant « avoué » qu’elles étaient cette personne (manière de faire parler d’elles), tandis que d’autres plus plausibles se taisaient ou niaient …

Mais bon, en ces temps-là où la concurrence était rude et de qualité, il fallait plus qu’un bon titre pour faire vendre une rondelle argentée. Ça tombe bien, Jarvis Cocker avait un autre machin imparable dans sa manche, « Disco 2000 ». Qui évidemment, connaissant le facétieux personnage, n’avait rien de disco ou de futuriste. C’est le titre le plus méchamment rock du disque, avec gros riff de guitare d’entrée, et des airs de ce que les Cars ont fait de mieux, à savoir de la power pop de première bourre.

Les dix titres restants (qui en général prennent le temps de se développer, « Different class » dure pas loin d’une heure) ne sont pas tous de ce niveau, certains sont assez dispensables (« Something changes », un peu trop tartiné d’arrangement de cordes, « F.E.E.L.I.N.G.C.A.L.L.E.D.L.O.V.E. », étrange quiet/loud à tendance symphonique, la classique ballade prévisible « Pencil skirt »).


Pulp a eu du succès surtout chez les anglophones, parce que Cocker est un bon auteur, qui a dépasse les clichés convenus des paroles du rock au sens large, ceci expliquant sans doute que la France ne lui ait accordé qu’une reconnaissance modeste. Niveau compositions, c’est moins transcendant, même s’il sait habilement recycler quelques bonnes recettes, « Underwear » recycle sur les couplets la mélodie du « Forest fire » de Lloyd Cole & The Commotions, « Bar Italia » (rien à voir avec le groupe actuel du même nom) rappelle un peu le « Rock’n’roll suicide » de Bowie, « I spy » est construit comme les titres à succès des Pet Shop Boys (« Always on my mind », ce genre …).

Les Pulp vont aussi chercher des titres plus complexes, l’introductif « Mis shapes » enchaîne bonnes trouvailles mélodiques et brisures de rythme tout comme « Monday morning » un des machins les plus rock, « Sorted for E’s & Wiz », ça a dû inspirer The Verve et c’est un peu le « Good Vibrations » de la britpop par sa complexité.

« Different class » est bien imprégné de son époque, ces nineties qui voyaient les Britons relever la tête après une décennie guère glorieuse. On n’est pas face à un classique intemporel, juste un bon disque d’un gars qui arrive à sa maturité artistique. Etat de grâce qui se poursuivra avec le suivant « This is hardcore », avant que Pulp fasse comme tous ses collègues-concurrents de la britpop, se dilue dans le dispensable …



CROWDED HOUSE - WOODFACE (1991)

 

Une affaire de famille ...

Tout commence en Nouvelle-Zélande … Le pays des rugbymen tout en noir, des Maoris tatoués (qui jouent aussi au rugby) et des millions de moutons (qui a priori ne jouent pas au rugby). Joli pays mais un peu rude. Tout le contraire d’un endroit où l’on verrait se développer un groupe de sunshine pop. Eh bien c’est ce qui est arrivé avec Split Enz, co-formé par un dénommé Tim Finn. Succès local. L’affaire prend une dimension supérieure quand le frère cadet Neil Finn rejoint la bande. Le succès s’amplifie et gagne l’Australie à la fin des années septante. Puis Tim se barre, les autres continuent, émigrent en Australie, changent plusieurs fois de nom, avant de se stabiliser sous la forme d’un trio baptisé Crowded House.

Tim & Neil Finn

Premier album éponyme et premier (petit) succès international grâce au titre « Don’t dream is over ». Le deuxième disque restera beaucoup plus confidentiel. Mais les deux frangins sont restés en contact et finalement se retrouvent pour mettre en chantier une troisième rondelle, qui sera ce « Woodface » dont il est question.

Premier point. Ne pas se laisser rebuter par la pochette, très moche (au moins autant que celle du « Roots » de Sepultura paru quelques années plus tard). Ne pas non plus accorder trop d’importance à l’atypique premier titre (« Chocolate Cake »), plutôt funky et qui par son refrain a de faux airs du « Kinky afro » des Happy Mondays, et donc du « Voulez-vous coucher avec moi ce soir » de Patti Labelle et de son Lady Marmalade. De près ou de loin, Crowded House n’a rien de funky, même si ce « Chocolate cake » est plutôt plaisant.

Non, on se refait pas, les Finn Brothers et leurs deux potes sont irrémédiablement marqués par la pop, et tant qu’à faire celle des plus grands, celle de ces p’tits gars de Liverpool des années 60, qui s’appelaient, euh comment déjà, ça me reviendra …

Crowded House 1991

On est avec « Woodface » dans le classicisme absolu, trois minutes, des mélodies, des couplets, des refrains, des ponts, et des harmonies vocales (tous les quatre donnent de la voix, mais le chant lead est le plus souvent assuré par les deux frangins à l’unisson, école Everly Brothers). Il y a quatorze titres dans « Woodface » (plus un caché, on en recausera). Deux ou trois auraient pu être zappés, parce qu’ils manquent de punch mélodique (« Whispers and moans », « She goes on »), ou parce qu’ils ont laissé le batteur écrire un titre (« Italian plastic »), ce qui n’était pas une bonne idée …

Les Crowded House excellent dans un genre tout particulier, la ballade mid-tempo. Et là, ils se contentent pas de bien faire, ils torchent de petites merveilles. La plus connue (au moins en Gaule), elle passait en radio, c’est « Fall at your feet », et ça ressemble à ce qu’a fait de mieux Sir McCartney avec ses Wings, du côté de « Band on the run ». Même similitude qualitative avec « Four seasons in a week ». La meilleure du lot, c’est le dernier titre « How will you go », c’est juste parfait. A noter qu’à la fin du titre, après une minute de silence, on a un court machin hurlant (les guitares, les voix) sur un tempo très Black Sabbath, le genre de gag totalement inutile …

Quelques autres ballades sont dans la même veine, bien qu’un ton en dessous (« It’s only natural », « As sure as I am »). Bon, avant de l’oublier, il convient de citer le cinquième membre officieux de Crowded House (il a jusque là produit tous leurs disques), le sieur Mitchell Froom, qui sera un des tout grands rats de studio des années 90 et qui a déjà sur son CV des gens comme Roy Orbison (pour son ultime et excellent « Mystery girl »), ou  … tiens, comme c’est bizarre … McCartney (pour le dispensable « Flowers in the dirt »). Froom concocte ici un son basique, « boisé », sans artifices superflus. Et quand par hasard, il se hasarde à surcharger quelque peu, ça passe beaucoup moins bien (« All I ask » avec ses violons too much, comme de l’Elvis Costello des mauvais jours).


Tiens l’Elvis anglais. Quand chez Crowded House, le rythme s’accélère (« Woodface », bien que dominé par les ballades et les mid-tempos, n’est pas un machin soporifique), on pense au Costello des seventies, ou à son équivalant-rival Joe Jackson (le plutôt rock « Tall trees »). Une petite escapade sur les terres cultivées par R.E.M alors en pleine gloire (« Weather with you ») est là pour faire un clin d’œil aux amateurs d’indie-rock, et quelques riffs de guitare bien sentis de ci de là entraînent quelques titres vers le rock FM, ou middle of the road, ou tout ce que vous voulez.

Grâce à la qualité des compositions et de la production intemporelles, « Woodface » supporte ma foi plus que bien l’épreuve des décennies. C’est pas un chef-d’œuvre absolu, juste une belle réalisation d’artisans de la pop à leur meilleur niveau. Parce que ce soit ensemble ou séparément, dans Crowded House ou pas, les frangins Finn, s’ils resteront toujours de bons trousseurs de mélodies, ne retrouveront jamais la qualité de de « Woodface ».

 


THE BELOVED - HAPPINESS (1990)

 

Synthèse ...

Les Beloved, ils ont eu leur quart d’heure de (petite) gloire au tout début des années 90 avec ce disque. Quelques titres avant, il me semble un Lp ensuite, et puis plus rien ou quasiment. Et pourtant, le groupe existe toujours. Enfin je crois. Et groupe, faut le dire vite …

En fait The Beloved, ça se résume au seul John Marsh (tout un tas de machines à base de 0 et de 1, et … hum, chanteur), c’est le seul permanent du groupe. Pour ce « Happiness » ils sont trois au générique, Marsh donc, Steve Waddington (guitares et claviers), plus le producteur Martyn Phillips. Structure assez énigmatique, on sait pas trop qui fait quoi, et faut pas compter sur le livret pour des infos. Il y en a certes des infos, mais écrites en caractères minuscules de façon concentrique, et finalement totalement illisibles. Faut se contenter de ce qu’on entend, vous me direz, un disque, c’est justement fait pour ça …

Marsh & Waddington : The Beloved

Sur « Happiness », y’a beaucoup de synthés et de programmations. Quelques guitares aussi. Comme sur l’introductif « Hello », qui sonne comme du Madchester (Happy Mondays). Et qui cite dans un gloubi-boulga de name dropping des références aussi étranges mises côte à côte que Little Richard et Willy Wonka, Fred Astaire et Salman Rushdie, Mary Wilson et Jean-Paul Sartre, j’en passe des dizaines … Ce titre donne la tonalité générale du disque, mid tempos moroses chantés d’une voix monocorde et voilée. Le genre de trucs que si t’en aligne une douzaine sur une rondelle, t’endors tout le monde.

Assez bizarrement, parce qu’on est dans un machin très connoté (une rétrospective du son des machines des années 80 en prise avec une nouvelle décennie qui commence), ce disque est sauvé par les mélodies. Oui, le type Marsh (responsable de quasiment tous les titres, une paire sont coécrits avec Waddington) sait écrire des chansons, tristement joyeuses et sombrement lumineuses. Alors que d’après les spécialistes des Beloved, les origines du groupe étaient sous influence New Order, ici on est plutôt dans l’école Pet Shop Boys. Mais des Pet Shop Boys sans la démesure hédoniste, des Pet shop Boys qui la joueraient profil bas.

Exemple type, « Time after time » (rien à voir avec Cyndi Lauper et encore moins Miles Davis) pour moi le meilleur titre de l’album, ritournelle basique aux multiples arrangements, un classique de la musique chillout, quand au petit matin blême on arrête de danser comme un possédé en gobant des ecstas, et qu’on reprend contact avec la vraie vie …


En plus de regarder dans le rétro (anglais) de la décennie, Marsh et ses acolytes ont laissé traîner les oreilles du côté de Detroit et de la house de Chicago. Flagrant sur des titres comme « The sun rising » (autre petit hit) avec son piano martelé et sa vois féminine très orientale, ou encore « Don’t you worry », un peu gâché par quelques sons de synthés bien datés. Quelques titres sonnent comme des hommages, « Your love takes me higher » avec intro très Frankie Goes to Hollywood avant de s’enliser dans des couches et des couches instrumentales pas forcément bienvenues, « I love you more » fait beaucoup penser à Depeche Mode quand il faisait de la musique pour les masses, « Wake up soon » très Princier (et donc un peu Curtis Mayfield aussi) le plus funky du lot avec des guitares wah-wah, « Up up and away » renvoie à du New Order quelconque …

Point commun à la plupart des titres, une tendance à s’étirer (même si en moyenne ils tournent à moins de cinq minutes), quand ils auraient gagné à être plus concis, plus catchy comme on disait en ces temps-là. Le tout est plutôt sympa, si l’on veut bien laisser de côté une paire de titres (« Scarlet beautiful », eurodance pas très finaude, et l’ultime « Found » dont on a l’impression qu’il n’est là que pour remplir un peu plus la galette).

On peut se demander pourquoi ce relatif anonymat à l’époque et pourquoi cet oubli semble t-il définitif aujourd’hui. Peut-être parce que The Beloved était purement londonien et qu’à ce moment-là nos amis (?) anglais s’extasiaient devant les trouvailles musicales de leurs provinces (Manchester avant Bristol au début des 90’s). Peut-être aussi parce qu’ils se contentaient de faire de la musique, laissant de côté tout le circus sex & drugs & rock’n’roll dans lequel se complaisait la concurrence. Pas assez scandaleux pour l’époque ?


THE CURE - STARING AT THE SEA THE SINGLES (1986)

 

Le sombre héros de l'amer ...

« Staring at the sea » est la première « vraie » compilation des Cure. Quand elle sort en 86, sont déjà parus un maxi 45T 4 titres (« The singles ») réservé au marché des Antipodes (Australie et Nouvelle-Zélande), qui coûte une blinde aujourd’hui et un mini 33T (« Japanese whispers ») reprenant les 45T et leurs faces B de fin 82 à fin 83 (une année où The Cure - Robert Smith ne faisait paraître que des singles, on y reviendra). Sans oublier la vraie – fausse compile « Boys don’t cry » destinée aux retardataires qui n’auraient pas acheté le premier disque et sur laquelle on retrouve la plupart des titres de « Three Imaginary Boys » ainsi que des machins sortis en 45 T.

1978

« Staring at the sea » (17 titres) est la version Cd de la compilation, « Standing on the beach » la version vinyle (13 titres), les deux titres reprenant les premiers vers de leur désormais mythique premier single « Killing an Arab ». Pour les complétistes et pour en finir avec cette intro encyclopédique, la version de « Standing on the beach » en K7 double durée incluait une dizaine de faces B de 45T (je l’ai, faire offre).

« Staring at the sea » est donc paru en 86. Autant être clair, pas vraiment dans un but philanthropique. Contre toute attente, le groupe venait de cartonner au niveau mondial avec la rondelle « The head on the door » et Fiction (label) et Polydor (distributeur) vu l’histoire du groupe et la personnalité euh … comment dire, instable de son leader, ont jugé opportun de faire passer les fans à la caisse et de remplir les leurs, de caisses … Parenthèse, plus de quarante-cinq après sa formation Cure existe toujours (certes en pointillés) mais remplit vite fait les stades chaque fois qu’il en prend le chemin, et y reste sur scène minimum trois heures …

« Staring at the sea » est une compilation. Classique, basique. Tous les titres (sous leur forme single) par ordre chronologique de parution, zéro inédit, live, remix … Le fan de base avait déjà tout ça, par contre pour le commun des mortels, et au vu du caractère assez chaotique du groupe, c’est une bonne entrée en matière. D’autant plus qu’à l’exception de rares bons titres parus plus tard (« Why can’t I be you », « Lullaby »), on a quasiment un best-of du groupe, aujourd’hui en route pour sa cinquième décennie d’existence.

1982

Même s’il a monté ses premiers groupes quand il était ado, Robert Smith est trop jeune pour être un des gars qui comptent dans le mouvement punk. Les choses sérieuses commencent en 1978, quand à la fin de l’année Cure enregistrent leur premier single, « Killing an Arab », typique du post-punk (ou de la new wave, appelez ça comme vous voudrez). Intro arabisante, batterie syncopée, striures de guitares, chant dans les aigus, musicalement on est beaucoup plus proche de Siouxsie & the Banshees ou Wire que des Pistols et du Clash. « Killing an Arab », dès sa sortie a fait le bonheur de quelques skinheads d’extrême-droite (pléonasme). Evidemment il ne serait pas venu à l’idée de ces incultes que le titre puisse être inspiré par « L’étranger » de Camus que Robert Smith avait lu en V.O., en français donc (Fat Bob apprécie la France et sa culture, le groupe y fera de longues et nombreuses tournées, y enregistrera parfois ses disques, et y en vendra beaucoup …). Le premier 33T (« Three imaginary boys », The Cure est un trio) suivra. Album juvénile, inégal, que le Roberto n’aime pas beaucoup à l’image de la reprise déconstruite du « Foxy Lady » d’Hendrix, qu’il dit détester (peut-être parce qu’exceptionnellement dans l’histoire des Cure, ce n’est pas lui qui la chante, mais le bassiste Michael Dempsey). Par contre on trouve sur « Staring … » un des titres emblématiques du groupe « 10 : 15 Saturday night », sorte de rockabilly mutant au ralenti (genre « Fever » de Presley), avec son solo de guitare (Smith est considéré comme un guitariste original et inventif, très souvent bien classé dans les listes de guitar-heroes, alors qu’il ne s’est jamais pris pour un virtuose de la six-cordes). Un single qui ne figure pas sur l’album paraît ensuite, « Boys don’t cry ». Bide retentissant, qui n’aura du succès que lors de sa réédition en 1986, surfant sur la vague de la Curemania. Pourtant, c’est un des meilleurs sinon le meilleur titre de Smith. Grand titre pop, mélodie imparable, superbe gimmick de batterie calée sur la ligne de basse, … un morceau qui reste quand même atypique du groupe.

1983

La suite immédiate verra Robert Smith partir dans tous les sens, voire en vrille. Pour plusieurs raisons, son groupe n’a pas grand succès, le Roberto qui a toujours aimé téter les bouteilles commence à s’attaquer à des drogues moins légales et plus violentes, et puis il a envie d’aller voir ailleurs. Il va finir par faire des piges chez Siouxsie & The Banshees (il est très pote avec le bassiste Steve Severin et vénère le jeu de leur guitariste John McGeoch) pour la seconde fois (chaque fois que le guitariste se casse c’est lui qui le remplace), et pendant une paire d’années est au moins autant membre des Banshees que de Cure.

Parallèlement à ses piges guitaristiques, Cure va évoluer. La formation va se stabiliser en trio (avec Dempsey à la basse et Tolhurst à la batterie, la formation dite « royale »), le look « Robert Smith » (cheveux crêpés, fond de teint blanc, rouge à lèvres, fringues généralement noires deux tailles au-dessus, baskets délacés) va s’affiner, et un son Cure va se mettre en place (dense, bruyant, oppressant, voix hurlée dans les aigus) et des thématiques (noires, sombres, cold, glaciales, gothiques, appelez ça comme vous voulez) monopoliser les textes. Les trois albums consécutifs (Seventeen seconds » - « Faith » - « Pornography ») seront considérés par beaucoup (mais pas par Robert Smith) comme la trilogie « glaciale » du groupe. Radicalité sonore et des textes, et radicalisation des fans qui commencent à copier le look de Smith. Il y a aura bien des singles extraits de ces disques (un ou deux max pour chacun) qui auront bien du mal à trouver leur public, pour employer la gentille métaphore de rigueur.

Smith, toujours au moins bourré, est quand même tout sauf un dilettante. Il se rend compte qu’il va vers l’impasse psychologique et artistique (selon ses dires, pas forcément à prendre au sérieux, l’enregistrement de « Pornography » était une alternative à son suicide) et va faire bouger les lignes de façon une nouvelle fois radicale, au grand désespoir de ses premiers fans corbacs.

Un single, « Charlotte sometimes », enregistré avant « Pornography » remet en avant la mélodie et les notions de couplets-refrains qui avaient tendance à disparaître au profit d’un magma sonore uniforme. Cure va devenir un duo (Smith, Tolhurst) et s’engager dans des horizons sonores beaucoup plus dégagés, bien souvent à base de mélodies aux synthés.

1986

Tout devient beaucoup plus « léger » tant sur le fond que la forme, les parutions ne se font plus qu’en 45T, et de nouveaux fans aident ces titres à grimper dans les charts. Ces morceaux sans lien conducteur permettent à Smith de se « lâcher », passant de la pop bubble-gum (« Let’s go to bed »), à l’eurodance à machines (« The Walk »), à la facilité guillerette (« The Lovecats »), jusqu’à l’expérimental mélodique (« The Caterpillar » et son piano pompé sur les parties de Garson avec Bowie). Cette période « singles » occupera la fin de 82 et l’année 83.

Et puis, nouveau changement de cap avec succès cette fois mondial à la clef. Ce sera l’album « The head on the door », étonnant patchwork de tout ce qu’à fait Cure jusque là. Deux titres pour les charts noyés dans un retour aux atmosphères très dark. Le sautillant « In between days » et le minimaliste « Close to me » (malheureusement ici dans sa version la plus commerciale, c’est-à-dire avec section de cuivres festifs sur la fin), seront les locomotives du 33T. Dès lors, la Curemania version 2.0 est en marche …

Conclusion : le titre n’est pas trompeur, cependant même si elles n’ont pas été exemptes de revirements sonores, les premières années de Cure ont tout de même été plus homogènes que ce que ce disque laisse entendre …



Des mêmes sur ce blog :


KEVIN ROWLAND & DEXYS MIDNIGHT RUNNERS - TOO-RYE-AY (1982)

 

L'arbre qui cache la forêt ...

Cet arbre, ici il s’appelle « Come on Eileen », c’est un des titres les plus connus des peu glorieuses 80’s, et un des meilleurs de cette décennie décriée (le plus souvent à juste titre). Il suffit d’aller chez Google, taper Dexys Midnight Runners et magie culturelle pour incultes, on a une litanie de clips de « Come on Eileen » qui s’affiche. Autre test amusant (?) tapez Dexys Midnight Runners + one hit wonders et vous récupérez des milliers de pages qui vous expliquent pourquoi Dexys est un one hit wonder band. Bon, je vais laisser les grands mots genre cancel culture, erase culture, voire révisionnisme à ceux qui les utilisent sans en connaître le sens, et m’en tenir aux faits.

Famille nombreuse, famille heureuse ?

Oui, « Come on Eileen » fut un énorme hit il y a plus de quarante ans et pour peu qu’on ne suive pas aveuglément, forcément aveuglément, les playlists générées par AI des racketteurs musicaux du web genre Deezer, Spotify, Qobuz, Apple, Amazon, YouTube et autres, « Come on Eileen » on peut encore l’entendre et l’écouter avec plaisir.

Mais non, les Dexys, outre « …Eileen », ont placé trois autres titres fort honorablement dans les charts (surtout européens) au début des 80’s. Tout d’abord « Geno », hommage au soulman déjà oublié à l’époque Geno Washington (issu de leur premier Lp « Searching for the young soul rebels », titre number one en Angleterre), ensuite chronologiquement « Celtic Soul Brothers », « Come on Eileen » et « Jackie Wilson said », tous trois issus de ce « Too-Rye-Ay ».

Dexys Midnight Runners, c’est comme Deep Purple, y’a eu plusieurs Mark. Seul point commun à toutes les formations, le dénommé Kevin Rowland, né en Angleterre mais d’origine irlandaise, ce qui comptera et pas qu’un peu pour ce « Too-Rye-Ay ». Parcours classique d’un ado british des 70’s, des college bands, un groupe punk oubliable et oublié (Killjoys), la « révélation » soul et la formation des Dexys. Premier disque et premier hit donc, puis le Kevin pas le type le plus facile à vivre du coin, prend le melon, et entend faire du groupe son faire-valoir. La Mark II sera donc baptisée Kevin Rowland & Dexys Midnight Runners. Hormis le tromboniste Big Jim Paterson, tout le monde est viré, une rythmique, un guitariste, des claviers, une section de cuivres et un duo de violonistes (The Emerald Express) est recrutée.

Kevin Rowland

Niveau influences, ça bouge aussi. Soul et rhythm’n’blues américains encore et toujours, mais surtout la musique irlandaise, traditionnelle ou pas, avec en point de mire les deux figures tutélaires de l’île, les Chieftains et plus encore Van Morrison. Hasard (fortuit) de la chronologie musicale, les Dexys période « Too-Rye-Ay » peuvent être considérés comme des précurseurs des Pogues, même si hormis l’aspect famille nombreuse sur scène, les deux groupes ont peu de choses en commun …

Résultat, DMR est un des groupes représentatifs des 80’s, et pourtant plutôt isolé et n’ayant pas généré de « disciples » sonores. D’ailleurs leur son, mis à part quelques rares tics d’époque, est basé sur une certaine forme de nostalgie auditive. Seul point original (et agaçant, voire rédhibitoire pour certains), le chant de Kevin Rowland, toujours en quête de sommets dans les aigus, démarche vocale plutôt marginale dans les genres de musique noire dont il s’inspire (Curtis Mayfield ou Prince dans leur chant falsetto étant les exemples de voix qui peuvent être rapprochés de celui de Rowland). Mais qu’on aime ou pas ce style de voix, force est de reconnaître que le gars Rowland est un chanteur qui marque son territoire, et en plus (ce qui aide bien quand on veut être leader absolu d’un groupe) c’est quasiment l’unique pourvoyeur des titres du groupe.

Rowland est un control freak total. Non content d’écrire, de chanter, de gratouiller une six-cordes, de co-produire le disque (avec le duo Langer / Wistanley, producteurs des premiers Madness, autrement dit des types qui savent comment claquer des hits), d’être l’image du groupe (c’est lui of course tout seul sur la pochette), il impose un code vestimentaire à sa raya (entre les poulbots parisiens et les prolos des « Raisins de la colère »). Mercury mise sur lui et passe toutes ses tocades (voir la pochette, c’est Kevin Rowland & DMR), avant de clouer son cercueil quelques années plus tard (l’insuccès du successeur de « Too-Rye-Ay », « Don’t stand me now » en 1985, et la débandade des DMR qui en découlera, feront de Kevin Rowland une sorte de paria, et les multiples rééditions de « Too-Rye-Ay », si elles garderont la pochette originale, seront créditées dans le catalogue de Mercury aux DMR, exit Kevin Rowland …).

En résumé, y’a quoi dans « Too-Rye-Ay » ? « Come on Eileen », dernier titre du vinyle original, est plutôt atypique. C’est le morceau le plus « facile », le plus évident, le plus pop au sens noble du terme. C’est dans ce titre qu’on trouve les onomatopées « too-rye-ay » (entre autres) qui donnent le titre du disque. « Come on Eileen », c’est un titre à guitares où y’a pas de guitares, remplacées par les deux violons, et doté d’un pont mirifique à enseigner dans les écoles. Succès mérité et morceau indémodable aux paroles absconses (certains sourds ignorants ont prétendu qu’il était destiné à la violoniste, future compagne de Rowland, mais son prénom c’est Helen et pas Eileen).

Kevin Rowland & Helen O'Hara

Poursuivons l’exploration de la rondelle par les hits, puisqu’on a commencé … « The Celtic Soul Brothers », on peut le trouver too much. Too much le rythme quasi tachycardique, too much la voix suraigüe de Rowland, too much ces violons omniprésents. Reste que c’est malgré tout une entrée en matière qui ne passe pas inaperçue, et pas la façon la plus con de débuter un Lp. « Jackie Wilson said » est une reprise de Van Morrison (sur l’album « St Dominic Preview » de 1972, donc dans la « bonne » période de l’Irlandais, si tant est qu’il en a eu de vraiment mauvaises). C’est un grand single chez les DMR, autre hommage (après « Geno »), à un des soulmen américains plus ou moins oubliés des 60’s. Le titre est plein de breaks, de changements de rythmes, festif et entraînant, rien à redire sur son (trop modeste) succès. Parenthèse : hasard ou pas, Jackie Wilson resurgira au milieu des 80’s avec une reprise de son premier titre « Reet Petite » de 1957, boosté par un clip animé rigolo à base de pâte à modeler, qu’on verra beaucoup sur la jeune chaîne MTV.

Et les reste de « Too-Rye-Ay » ? C’est loin d’être du remplissage. « Let’s make this precious », c’est de la soul épique qui évite le piège du pompier, pompiérisme dans lequel n’est pas loin de tomber « All in all », et dans lequel finit par se vautrer le trop démonstratif « Until I believe in my soul », gâché par son intro à la flûte (Machucambos syndrome ?), son break jazzy, sa partie murmurée pour un verdict sans appel : maillon faible du disque …

Dans la case titres réussis, on peut mettre « Old », la ballade tire-larmes, celle que tu te chantes dans ta tête, seul au pub, bien bourré, parce que la garce est pas venue, ou pire, s’est barrée avec un autre … « Liars A to E » vaut le détour, mid-tempo soul qui grâce à ses chœurs féminins, pourrait même plaire aux amateurs de gospel …


L’ensemble remplit bien l’espace sonore (y’a une tripotée de musiciens, quelques machines discrètes, mais des vrais cuivres et s’il le faut des vieux bahuts genre Hammond B3). Une réserve pour les crincrins, même si elles sont que deux, on les entend en permanence, et si vous voulez mon avis, et si vous le voulez pas vous l’aurez quand même, si l’une des deux nanas (Helen O’Hara) n’avait pas été la copine du Kevin, je parie qu’on les aurait moins entendus … Même si pour jouer des machins tendance celtique, c’est l’instrument de base …

J’ai racheté le bestiau en Cd (réédition Mercury de 1996), qui présente plein de bonus et qui démontre deux trucs : y’avait pas grand-chose à rajouter au vinyle d’origine, un seul inédit tient la route (« TSOP » pour The sound of Philadelphia, hommage au Philly Sound et donc un peu hors-sujet sur « Too-Rye-Ay »). Plusieurs titres live qui montrent que si le groupe refait quasiment à la note près la version studio, ça fonctionne (« Jackie Wilson said »), mais quand il essaye d’étirer, de multiplier tempos et breaks, ça finit par lasser (« Come on Eileen » tout juste passable, une reprise du « Respect » d’Otis Franklin trop longue et trop brouillonne).

Malgré tout un des rares bons disques du millésime 82 qui n’a pas produit foule de grands crus …



Des mêmes sur ce blog : 

Searching For The Young Soul Rebels