Et qui auraient mieux fait de la rester, secrètes ...
Brisseau, c’est au mieux des films d’auteur à
l’odeur de soufre. Au pire, un pervers qui finit devant les tribunaux … C’est
pas moi qui vais le juger, des gens dont c’est le métier s’en sont chargé. Mais
je n’en pense pas moins …
Jean-Claude Brisseau
Brisseau, c’est un prof de français qui s’est
défroqué et s’est emparé d’une caméra. D’ailleurs son premier (et seul) succès
public et un peu critique sera « Noce blanche » (sur lequel il n’y a
pas lieu de s’extasier) avec Bruno Cremer et Vanessa Paradis, en gros un remake
à l’envers de l’affaire Gabrielle Russier, qui avait traumatisé la France
pompidolienne (et déjà amenée sur les écrans par André Cayatte, « Mourir
d’aimer »).
« Choses secrètes », c’est une purge. Du
niveau des téléfilms érotiques de feu La 5 de Berlusconi (et de ceux de CStar
et M6 aujourd’hui). Avec comme gage de « qualité » l’interdiction aux
moins de 16 ans. Scénario : inexistant. Acteurs : pitoyables. Mise en
scène : grotesque.
Bon, reprenons dans le désordre. Brisseau, il a le
niveau d’un caméraman de France 3 Périgord. Pas de technique, zéro imagination.
Des raccords plus que problématiques. Dans une scène champ – contre-champ, ses
deux actrices boivent de temps en temps une gorgée de champ(agne), et plus
elles boivent, plus le verre est plein … Dans la scène finale, alors qu’il
pleut à verse et que les deux mêmes se font face, il y en a une qui ruisselle
et l’autre qui n’est pas mouillée. En étant très indulgent, on passera ça sur
le budget riquiqui du film …
Coralie Revel
Le casting aussi ça craint. Deux débutantes, ou pas
loin, peu frileuses devant la caméra, Coralie Revel (la brune) et Sabrina
Seyvecou (la blonde). Les deux assez vite disparues des radars et condamnées à
des troisième rôles de séries TV. Rayon mâles, Fabrice Deville (catastrophique)
et Roger Mirmont (rebaptisé Miremont dans le générique, un peu mieux que
figurant, des centaines de références à son actif, jamais un rôle majeur).
Le scénario .. pff, le scénario. Un ramassis de
clichés éculés (de ta mère). L’ascension sociale à la force des poils pubiens,
les promotions canapé, la décadence genre fin de l’Empire romain, un final
« moral ». Faut imaginer un improbable mix de «
Emmanuelle », « Histoire d’O », un pompage ( !) éhonté de
la scène de partouze de « Eyes wide shut » (un château, lumières
rouges et noires, et des dizaines de participants à l’orgie), et l’inspiration
du stakhanoviste Bénazeraf (le mélange de fesse et de marxisme, les deux nanas
du lumpenprolétariat qui détruisent le grand méchant Kapital, tiens, moi
j’aurais pris Arlette Laguillier pour jouer la brune …).
Sabrina Seyvecou
Initialement prévu pour consacrer Brisseau,
« Choses secrètes » est le film qui le fera tomber (mais pas de bien
haut). De sordides histoires de castings un peu trop explicites pour les rôles
féminins, des plaintes, des procès, et au final des condamnations pour
Brisseau.
Le problème de « Choses secrètes » c’est
pas son voyeurisme malsain, sa provocation à deux balles (Pasolini, Fassbinder,
pour les plus célèbres, Ken Scott, Kenneth Anger pour les moins connus mais pas
moins frappadingues, sont allés beaucoup plus loin dans la transgression tous
azimuts). Ce qui rend ce film insupportable c’est sa pseudo prétention
« politique », l’aura sulfureuse savamment entretenue dans sa
bande-annonce, ses personnages ultra caricaturaux et surjoués (le ci-dessus
nommé Deville en PDG amoral et incestueux), et un trop évident manque de talent
de tous les participants de cette … chose.
« Antichrist » de Lars von Trier est
un film qui suscite des réactions très variées, tant par son contenu que par sa
forme. Ce long-métrage, sorti en 2009, est souvent décrit comme une œuvre
provocante et dérangeante, mêlant horreur psychologique et drame existentiel.
D'un côté, certains critiques saluent la manière
dont von Trier aborde des thèmes profonds tels que la douleur, la perte et la
nature du mal. Les performances de Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe sont
souvent mises en avant, leur intensité émotionnelle apportant une profondeur au
récit. La cinématographie, avec ses images saisissantes et symboliques,
contribue également à créer une atmosphère oppressante et troublante.
Cependant, le film a également été critiqué pour sa
violence graphique et son approche parfois jugée misogyne. Les scènes
explicites peuvent choquer et déranger, ce qui peut amener certains spectateurs
à se sentir mal à l'aise ou à rejeter le film. De plus, la narration non
linéaire et les éléments symboliques peuvent laisser certains spectateurs
perplexes, rendant l'expérience cinématographique difficile d'accès.
En somme, "Antichrist" est un film qui ne
laisse pas indifférent. Il peut être perçu comme une œuvre d'art audacieuse et
réfléchie ou comme une provocation gratuite, selon la sensibilité de chacun.
C'est un film qui invite à la réflexion et à l'interrogation, mais qui
nécessite une certaine ouverture d'esprit pour en apprécier pleinement les
nuances. »
Von Trier & Dafoe
Ah que voilà une analyse centriste, on sort tous les
parachutes. Bon cette critique est signée Chatgpt, j’avais jamais testé l’A.I.,
et j’ai vite compris que n’importe qui avec trois neurones connectés sortira
quelque chose de moins neuneu … Alors cher Chat etc …, voici ma contribution.
Allons droit au but comme on dit à La Jonquera.
« Antichrist » est une purge, une vraie. Prétentieuse, grotesque,
malsaine, et je pourrais continuer la liste. Ce qu’on voit et entend à l’écran,
et pire, ce que ça sous-entend apportera une citerne d’eau au moulin de ceux
qui aiment pas Lars Von Trier … moi, perso, je m’en fous de Von Trier, de ses
dépressions à répétition, de ses problèmes de bibine, de ses déclarations
douteuses. J’aimerais pas boire une bière avec lui, c’est un type qui
m’intéresse pas.
Ses films, par contre j’en ai vu quelques-uns. De
ses premiers « dogmatiques » jusqu’à ces démonstrations techniques
dont « Melancholia » me semble être l’apogée.
La fille de Serge
« Antichrist » se présente sous des atours
chiadés. Du gros travail sur le son, encore plus sur les images. Du noir et
blanc très contrasté et hyper ralenti du « prologue », à son pendant,
le ralenti en moins dans les dernières images, en passant par du traitement
numérique high tech (les optiques lensbaby, genre de fish-eye à l’envers,
l’insertion d’images subliminales, les bords de cadre mouvants, les rajouts ou
effacements numériques, …), ça a du sens, ça voudrait prouver que le taf est
pas bâclé …
J’ai poussé la conscience professionnelle (ou
conscience bénévole plutôt) jusqu’à m’offrir (pour pas cher du tout d’occase)
une version Dvd avec pléthore de bonus et d’extras, il faut deux disques pour
tout caser. Premier truc intrigant, alors que Arte a mis des sous dans la
production du film, c’est M6, pas vraiment réputée pour ses choix
cinématographiques pointus, qui édite les deux rondelles. Chacun en tirera les
conclusions qui s’imposent (ou pas). On a droit au commentaire audio du film
par Von Trier, interviewé par un critique (et surtout fan) anglais. Le Lars a
pas grand-chose à dire (peur du dérapage ?) et tape en touche genre
« j’avais pas pensé à ça, là c’est juste pour plaisanter, c’est pas moi
qui tenais la caméra, ça c’est juste un hommage, … ». Dans le genre langue
de bois de SAV, Charlotte Gainsbourg fait dans la marqueterie d’art pendant une
interview promo de trois-quarts d’heure quelques temps après avoir reçu le prix
d’interprétation féminine à Cannes (pour son talent ? pour son
courage ? son inconscience ? sa démarche suicidaire ?) pour son
rôle dans le film, où non, franchement, elle ne pense pas du tout que le film
soit choquant ou véhicule une image hyper misogyne de la femme … Bon soit.
Passons et attachons-nous à ce qu’on voit à l’écran.
Première séquence (en hyper ralenti donc, genre clip
« torride » de George Michael). On y voit un couple (Willem Dafoe et
Charlotte G.) faire l’amour nu sous la douche. Avec pendant quelques secondes
un gros plan du machin qui rentre dans le truc (effectué par des hardeurs).
Arrêt sur image. C’est quoi l’utilité de ce gros plan X ? Peur que les
gens comprennent pas ce qui se passait, ou première provoc totalement gratuite ?
Et pendant que le couple se livre à une partie de va-et-vient comme ils disent
dans « Orange mécanique » leur bambin de deux-trois ans ouvre les
barrières de son lit, monte sur le rebord de la fenêtre, bascule dans le vide
et va s’aplatir sur le bitume enneigé quelques étages plus bas.
Séquence suivante, image couleur classique à
l’enterrement du bambin (bonne idée, procession filmée depuis l’intérieur du
corbillard) et là, Charlotte (comme dans « Hiroshima mon amour », le
couple n’a ni nom ni prénom) s’effondre. Des jours plus tard, elle reprend ses
esprits à l’hôpital, on comprend qu’elle a complètement dévissé
émotionnellement et psychologiquement. Ça tombe bien, Dafoe est thérapeute et
va l’aider à remonter la pente. Pas l’idéal, c’est lui-même qui le dit, un
thérapeute ne doit pas soigner un proche ni baiser avec son patient, et donc il
va commettre deux fautes professionnelles.
Et avoir une très mauvaise idée. Le couple va partir
se retirer au milieu des bois dans une cabane coupée du monde. Et là tout va
déraper. Et pas qu’un peu ... Arrêt sur image. Ce qui va survenir dans cette
cahute en rondins c’est encore plus con que ce qui arrive aux promeneurs dans
« Evil dead », film qui au moins revendiquait la grosse blague gore.
« Antichrist » vise plus haut que « Evil dead », c’est pas
dans la cave qu’il faut pas aller, ici c’est dans le grenier, et
« Antichrist » n’est évidemment pas un hommage au film qui a rendu
célèbre Sam Raimi. « Antichrist » est dédié, accrochez-vous, c’est
inscrit après la dernière image, à Tarkovski. Pourquoi ? Accrochez-vous
bis, c’est le Lars qui le dit, parce que Tarkovski est son cinéaste préféré
(soit), parce qu’il y a beaucoup de scènes en forêt (ouais, comme dans
« Stalker », mais c’est pareil dans tous les Tarzan ou
« Délivrance ») et parce qu’à moment donné … il pleut (parce qu’il
pleut souvent dans les films de Tarkovski, mais dans « Seven » ou
« Limbo » aussi, et encore plus, et c’est pas des films de
Tarkovski).
Par contre ce que vous verrez pas dans la filmo de
Tarkovski et que vous verrez en gros plan dans « Antichrist », c’est
une espèce de torture porn à base de coups de bûche sur le gourdin, de perçage
de mollet à la chignole rouillée, de fixation d’une meule au dit mollet, de
plantage de ciseaux dans le dos, pour finir par une excision en très gros plan,
avant strangulation définitive. Le tout entrecoupé de copulations frénétiques
et d’images d’animaux sauvages en voie de putréfaction, de bras et de jambes sortant
des racines d’un arbre, un renard qui parle … et pourquoi donc tout ça me
direz-vous, pour démontrer quoi ?
Oh, un truc bien basique, bien vieux et bien rance.
Que la femme est par nature hystérique, et peut être facilement possédée (non,
pas dans ce sens, bande de pervers, dans l’autre, par le démon). Et pour que ce
soit bien évident, Von Trier nous dissèque tout ça dans sa cabane dans les bois
(hommage littéral de ma part à un autre nanar horrifique). Construisant pas à
pas, plan par plan, sa théorie misogyne qui voit la Charlotte passer de la
prostration à l’abattement, aux visions, à la perte de contrôle, à l’échafaudage
secret de plans diaboliques, aux pétages de plombs hystériques du final, le
tout servi par des indices grotesques (le « souffle » de Satan par la
fenêtre ouverte, les manuels de sorcellerie planqués, les passages à l’acte,
jusqu’à sa fin « flamboyante »). Sans oublier les théories fumeuses
des « trois mendiants » (la corneille, la biche et le renard,
manquait plus que la belette pour se croire dans une chanson de Manau), les pluies
de glands (non, non, ceux qui tombent du chêne), et jusqu’à la dernière scène
de nouveau en noir et blanc où une foule de femmes sans visage monte sur une
colline dans la forêt.
« Antichrist » est un film prétentieux.
Visuellement réussi. Mais c’est surtout un film très con … A fuir … J’espère au
moins que ça a aidé Von Trier à sortir de sa dépression à lui …
Bon, par où commencer ? Tiens, par la
conclusion … J’aime pas ce film. Pour plein de raisons. Peut-être pas bonnes,
mais je m’en fous, j’envisage pas de devenir pigiste à Télérama ou aux Cahiers
du Cinéma …
« Le cuisinier … », je le mets dans le
même sac que « Salo ou les 120 journées de Sodome » de Pasolini ou
« La grande bouffe » de Ferreri, un film pour voyeurs malsains à
tendance SM. De la première scène (une humiliation à base de tartinage de face
avec de la merde de chien lavée en suite à la pisse) à la dernière (une mise en
scène théâtrale et opératique de cannibalisme), cœurs sensibles s’abstenir.
Pourtant, c’est pas le genre d’images qui va m’empêcher de dormir la nuit, les
grosses ficelles scato ou révulsives, j’assimile, et je comprends parfaitement
que ça se justifie dans un film. A condition que ça serve à quelque chose, et
d’abord au film …
Greenaway & Bohringer
Mais là, sorry, ça sert à quoi ? Parce qu’entre
les deux « sommets » du début et de la fin, ce qu’il y a entre est
loin d’être soft (violence physique, verbale, scènes d’humiliation, de
tabassage, de meurtre, du full naked, une petite pipe par ci par là, et j’en
passe …). D’ailleurs les Ricains, éternellement traumatisés par le code Hayes,
envisageaient le fameux Rated X pour le film, reléguant ainsi sa diffusion aux
salles dédiées au porno. Finalement, « Le cuisinier … » s’en sortira
avec une interdiction au moins de 16 ou 17 ans partout dans le monde (si tant
est qu’il ait eu une distribution mondiale, je suppose que Greenaway et son
équipe sont pas allés assurer la promo à Ryad, Manille, Islamabad ou Pékin).
Greenaway, il est responsable du scénario et de la
mise en scène. C’est un British vrai de vrai, né dans un quartier populaire de
Londres (le même que celui de Ian Dury, celui qui chantait en 77 « Sex
& drugs & rock’n’roll », d’ailleurs les deux se connaissent, sont
potes, et Ian Dury a un petit second rôle dans le film), et qui est venu au
cinéma après plusieurs années passées dans une école d’art où il a appris la
peinture dans l’intention d’en faire son métier. Ce qui ne se révèle pas totalement
inutile quand ensuite on fait du cinéma, on sait jouer avec les couleurs. Et
là, c’est un des points positifs du film (il y en a quand même quelques-uns),
cette utilisation de la gamme des couleurs. « Le cuisinier… » a été
entièrement tourné en studio. Chaque endroit dans lequel évoluent les
personnages a sa couleur, poussée aux limites de la saturation : le bleu
pour la rue extérieure, le vert pour la cuisine, le rouge pour la salle de
restau, le blanc pour les toilettes, le jaune orangé pour les espaces moins utilisés
(l’hôpital, la bibliothèque). L’essentiel des costumes est de la même couleur
que le décor, et quand les personnages changent de lieu, la couleur de leurs
habits change aussi (raccords compliqués à faire, y’avait pas le numérique à
l’époque). Tous ces costumes sont signés d’un type qui commence à avoir une
grosse réputation, Jean-Paul Gaultier. Pour l’anecdote, Madonna en rachètera un
porté dans le film par Helen Mirren. Qui devait pas être trop usé, parce que la
belle Helen passe plus de temps à poil que vêtue … Et tant qu’on est dans le
rayon couleurs et peintures, dans la salle de restau trône un immense tableau,
et comme j’y connais rien en taches de gouaches, je croyais que c’était un pastiche
de « La ronde de nuit » de Rembrandt, en fait c’est une vraie œuvre
originale d’un type dont j’ai la flemme de chercher le nom sous forte
inspiration Rembrandt. Et les convives principaux sont habillés comme les
miliciens du tableau.
La salle de restaurant
La base du script du film tient en trois
lignes : dans un restau huppé, vient tous les soirs faire ripaille une
bande de malfrats incultes et vulgaires. La femme du chef de bande quitte
régulièrement ces lourdauds pour aller tirer un p’tit coup en cuisine avec un
intello bcbg, jusqu’à ce que son mec en soit informé et que tout, si tant est
que ce soit encore plus possible, parte en vrille … voilà, trois lignes j’avais
dit … Était-ce nécessaire pour cela que chaque scène soit construite uniquement
pour être choquante, dérangeante, montrer la bêtise, la cruauté, la veulerie
des personnages, that is the question. Greenaway y répond dans une discussion
sur son film, et de façon pas toujours convaincante. « Le cuisinier
… » serait un film pour dénoncer le thatchérisme, et sa politique
ultralibérale dans laquelle le fric est roi, et permet toutes les ignominies à
ceux qui en ont. Soit … Le film serait un hommage aux dernières pièces de
Shakespeare, paraît-il les plus sombres de son œuvre, montrant plein cadre les
abominations qui au théâtre se passent hors scène. Re-soit. « Le cuisinier
… » ferait implicitement référence au nazisme et à l’Holocauste (notamment
quand la femme et son amant rentrent nus dans un camion frigo rempli de viande
avariée lorsque le mari-voleur les recherche, les portes du camion-frigo qui
sont refermées par le cuisinier assurant le parallèle avec les chambres à gaz),
c’est pour cela que l’on doit montrer la nature humaine dans toute la noirceur
absolue qu’elle peut atteindre. Re-re-soit … Tout ça pour finir par une
dernière longue scène, figurant une sorte de Jugement dernier dans un décor
évidemment rougeoyant, où l’expiation se fait sous les yeux des victimes … Que
celui qui a décelé tout ça au premier visionnage me fasse signe, j’ai des
équations à multiples inconnues et variables à résoudre …
Les toilettes
Pour faire un film, il faut aussi des acteurs. Selon
Greenaway, celui autour duquel tout le casting a été construit, c’est Richard
Bohringer. Choisi pour la démesure épique qu’il donnait à ses personnages.
Bizarrement, à part un face-à-face tendu avec le chef mafieux, il est tout en
retenue, passant le film à arrondir les angles lorsque les situations
dégénèrent, et à favoriser les ébats puis la fuite des deux amoureux. Les
amoureux, ce sont Helen Mirren, la femme du truand et l’intello placide pour
qui elle a eu le coup de foudre. L’amant, inconnu depuis disparu des radars,
n’a de toutes façons qu’un rôle secondaire. Helen Mirren, la quarantaine
gironde, est comme souvent excellente dans les mauvais films, avant qu’on se
décide à reconnaître son talent et lui en faire tourner des bons. Celui qui
crève l’écran, c’est le truand. Interprété par Michael Gambon, physique à la
Pavarotti, et jeu à la Falstaff, en encore plus lubrique, obscène, violent et
truculent que le personnage d’opéra (opéras qui constituent l’essentiel de la
bande-son). Autour de Gambon, une petite troupe de séides et de traînées, tous
plus bêtes et méchants les uns que les autres. Parmi ces petits seconds rôles,
le quasi-débutant et futur grand pote de Tarantino, Tim Roth (qui finira par
cachetonner dans les Hulk de chez Marvel, tout comme Gambon le fera dans la
série des Harry Potter) …. A noter que pour la véracité de certaines scènes en
cuisine, ce sont les vrais employés du prestigieux Hotel Savoy de Londres qui
sont aux fourneaux …
La cuisine
En conclusion-bis, je dirai que ce film au titre de
fable de La Fontaine et sans réellement de morale (si, si, j’ai vu et à peu
près compris la fin, mais je vais pas spoiler) est plutôt indigeste. Comme à
peu près tous ceux de Greenaway que j’ai visionnés … Pénible et complaisant un
jour, pénible et complaisant toujours ?
Conclusion-ter, une citation de Peter Greenaway :
« il y a des choses particulièrement horribles dans ce film que j’ai du
mal à regarder moi-même ». Pas mieux …
… du sordide, du glauque, du
malsain … Ce trio de manieurs de caméra italiens (plus grosse part du taf pour
le sieur Jacopetti) a réussi à sortir un pensum d’un peu moins de deux heures
consacré à … on en est encore à se le demander quand « The End »
s’affiche sur l’écran.
Jacopetti & Prosperi
« Mondo cane » (un monde
de chiens pour ceux qui parlent pas la langue de Giorgia Meloni, et le name
dropping de la petite fachote n’est pas là par hasard, j’en recauserai de toute
cette symbolique à la noix …) sous-titré « Bon ou mal, notre monde tel
qu’il est » est un enchaînement d’une trentaine de séquences qui passent
du coq à l’âne, conçues sur le mode documentaire … enfin, documentaire, faut le
dire vite.
Sur le site IMBD (banque de données
exhaustive sur tout ce qui a fini sur grand écran), ils qualifient « Mondo
cane » de « shockumentary », comme quoi les anglo-saxons peuvent
avoir le sens de la formule et du mot-valise … ici, on appellerait ça
documenteur. Parce que, quoi qu’en dise la voix off lors des présentations des « reportages »,
bon nombre font l’effet d’être reconstitués, voire d’être des fakes complets. Et
il faut pas attendre bien longtemps.
Première séquence, un hommage à
Rudolf Valentino, dans le petit patelin italien où il naquit, nous offre à l’image
une succession de jeunes bellâtres ténébreux et gominés qui fixent ostensiblement
la caméra au milieu de la foule, essayant de nous persuader qu’ils ont quelque chose
du rital lover du cinéma … Hum, pris sur le vif, vraiment ?
Vous avez dit racoleur ?
Deuxième séquence, une chasse
au « beau mâle » dans une île de Nouvelle-Guinée, où une troupe d’indigènes
jeunes et fort girondes se mettent topless pour poursuivre dans l’eau un sex
symbol de leur tribu qui tente de leur échapper sur sa pirogue (bon,
évidemment, il y met pas toute sa conviction dans sa fuite …). Totalement
ridicule, et vulgaire. Je sais pas ce qu’ils ont après les peuplades de
Nouvelle-Guinée, mais ils sont plus souvent qu’à leur à « l’honneur »
dans ce machin (en train de massacrer des cochons, de gaver (y’a pas d’autres
mots) des femmes pour les refiler comme épouses à une sorte de squelette
ambulant qui leur tient lieu de chef, d’être filmés de loin parce qu’ils sont « très
dangereux », de construire des pistes d’atterrissage pour avions en bambou
auxquels ils vouent un culte …). Tout ça empeste la condescendance
colonialiste, et s’il faut faire simple, le racisme.
D’ailleurs, les peuples du
Sud-Est asiatique, ils morflent sévère, ils sont montrés comme des brutes
inhumaines (ils bouffent des chiens, des serpents, décapitent des buffles lors
de cérémonies militaires, vont par millions dans des centres de « dégrisement »
où des jeunettes en bikini les aident à dissiper leur gueule de bois …). Comble
du malaise, un prétendu mouroir à Singapour où sont stockés (y’a pas d’autres
mot) des vieux en fin de vie (parce que – dixit le commentateur – Les Chinois
qui peuplent majoritairement Singapour se reproduisent tellement qu’il n'y a
plus de place dans les logements pour les vieux). Et si les ancêtres persistent
à rester en vie, on organise des prières avec offrandes pour qu’ils cassent
leur pipe plus vite …
Autres « victimes »
des trois compères, les Ricains, tournés en ridicule avec leurs cimetières pour
animaux domestiques, leurs clubs de fitness pour mémés, leur société d’hyperconsommation
avec les casses de voitures, … Un « reportage » sur des Allemands (et
des Allemandes) très bourrés dans le quartier chaud de Hambourg et un sur les
corridas très particulières au Portugal (les types essayent d’immobiliser à
mains nues des taureaux lancés à toute blinde dans des rues ou des arènes) sont
censés montrer les « tares » des voisins européens (bizarrement les
Français y échappent peut-être pas dans les suites de « Mondo cane »,
parce que tant qu’à faire, il y en a eu une paire, de suites à ce machin). Et
les Italiens dans tout ça ? Ils sont beaux gosses comme Valentino, font
des processions en se baladant avec des serpents, font des processions en se
scarifiant avec des tessons de verre, font entretenir par des enfants un
ossuaire médiéval, … En fait, les Ritals du début des 60’s sont beaux, (ultra)cathos,
et conservateurs …
Sunday, bloody Sunday ?
Tout ça est gratuit,
complaisant (du nibard et du sang en veux-tu en voilà), tournée dans un
cinémascope pétaradant de couleurs vives, et idéologiquement répugnant …
Deux séquences (sur trente, ça
fait pas lourd) sont moins racoleuses. Une tournée sur l’atoll de Bikini (lieu
des essais nucléaires américains) nous montre des champs d’œufs d’oiseaux de
mer qui n’ont pas éclos et des tortues de mer qui après avoir pondu ne
retrouvent plus la mer et crèvent desséchées dans les terres, tout ça à cause
des effets des radiations, bien qu’il ne soit aucunement question d’un plaidoyer
anti-nucléaire. Autre séquence juste amusante, un bateau de croisière rempli à
la gueule de retraités qui débarque à Honolulu, et sont aussitôt initiés aux
danses hawaïennes, un exercice pour lequel ils sont vraiment pas doués. C’est
drôle, mais sans rapport avec tout le reste …
A cette époque-là en Italie, le
cinéma cherchait un nouveau souffle après le néo-réalisme et en attendant les œuvres
majeures (et beaucoup plus provocantes en fait que le piteux « Mondo cane »)
des Fellini, Antonioni, Pasolini et autres … Jacopetti, Cavara et Prosperi ne
sont certes pas le chaînon manquant entre ces deux grands courants. Tout au
plus, leur complaisance et leur sens de la « manipulazione » de l’image
préparent le terrain aux Berlusconi et autres Melloni …
« Marguerite Duras, elle a
pas écrit que des conneries, elle en a aussi filmées » (Pierre Desproges,
très drôle, évidemment, sauf que c’était une tirade sur « Hiroshima mon
amour », sublime film de Resnais d’après un scénario de Duras, donc vanne de
mauvaise foi …)
Bon, « India song ». Qui d’ailleurs
est beaucoup plus de Benoît Jacquot et Bruno Nuytten que d’elle (techniquement,
elle fait pas la différence entre une caméra et une 2 CV, elle disait ce qu’elle
voulait voir à l’écran, et les acteurs et l’équipe technique devaient se
démerder pour arriver au résultat).
Duras & Seyrig
« India Song », c’est
l’histoire d’Anne-Marie Stretter, veuve de l’ambassadeur de France à Calcutta dans
les années 30, qui accumule les amants (qui défilent à grande vitesse, enfin,
façon de parler, et on en reparlera) et rejette le seul type qui l’aime vraiment
(le vice-consul de Lahore). Bon, tous les personnages sont fictifs, à part
peut-être la veuve, plus ou moins double de Duras jeune. Car avant de devenir
le sosie officiel de Karl Zero, Margot Duras était une jeune femme gironde et,
comment dire, libérée (« L’amant », son bouquin et le film d’Annaud
qui en a été tiré seraient en partie autobiographiques).
« India song », au vu
de son titre et du scénario, on peut se dire qu’on va voir au moins un film
exotique. Bon, y’a pas de scènes au Taj Mahal … loin de là. Les intérieurs ont
été tournés dans des hôtels parisiens (notamment le Georges V, et des hôtels
particuliers, dont un, délabré, de la famille Rothschild). Quant aux rares
extérieurs, ils ont été tournés à Neauphle-le-Château, le bled des Yvelines où
vivait Duras et où, quelques années plus tard, sera assigné à résidence l’ayatollah
Gros Minet (merci Coluche) avant qu’il devienne Guide Suprême de la révolution
iranienne. Je doute que la féministe et le fondamentaliste aient souvent pris le
thé ensemble …
« India Song » a été
tourné en moins de deux semaines. Faut dire que pour plein de raisons (le
scénar, Duras à la caméra, …), les financeurs se sont pas bousculés. A l’origine,
Duras rêvait dans les rôles principaux de Peter O’Toole et Dominique Sanda. Une
fois le budget pris en compte, c’est Delphine Seyrig (« un film en quinze
jours, je signe pour une année avec elle, ça me fera six mois de vacances »
citation tongue-in-cheek mais véridique) qui prendra le rôle principal. Comme
elle dépasse le mètre quatre vingt, il a fallu prendre des grands (de
préférence débutants et pas trop chers) pour qu’elle ait pas l’air d’une
croqueuse de nains. Les deux plus connus aux rôles masculins seront Mathieu
Carrière et Michael Lonsdale.
Lonsdale & Seyrig
« India song » est un
film en couleurs muet … avec plein de dialogues. Je m’explique. Les acteurs évoluent
sans dire un mot, leurs dialogues sont en voix off … plus quatre « récitants »
qui exposent et narrent l’histoire. Parce que « India song » se
comporte majoritairement de plans fixes que les acteurs traversent en marchant
très lentement, ou en dansant, encore plus lentement. Exceptions, quelques
rares panoramiques, évidemment très lents et un superbe travelling vers la fin dans
les couloirs du Georges V. Il y a même une (longue) scène genre nature morte (c’est
pas une photo, on voit la fumée de bâtons d’encens omniprésents dans le film,
et ne me demandez pas ce qu’ils viennent foutre là, ces fumigènes odorants) qui
réunit la plupart du casting (Madame et ses flirts ?).
Bon, la défense pourra toujours
dire que le film est tiré d’une pièce de théâtre du même nom, elle-même tirée d’un
bouquin de Duras, « Le Vice-Consul ») ; la défense pourra
toujours s’appuyer sur les critiques dithyrambiques de l’époque, reproduites
sur la jaquette du Blu-ray et signées Gérard Lefort, Jean de Baroncelli et
Henry Chapier, dont l’avis est certes bien supérieur au mien, mais qui ont
passé leur vie à défendre des machins intellos qui t’endorment au bout de deux
bobines … La défense pourra à juste titre s’appuyer sur le jeu de miroirs d’un
certain nombre de plans, où la caméra est judicieusement placée de biais sur un
immense miroir mural devant lequel passent ou dansent les acteurs, et on les
voit arriver (ou partir selon l’angle) avant qu’ils soient dans le champ de l’objectif,
un procédé largement utilisé chez d’autres (Ophuls dans « Madame de … »,
Losey dans « The servant », …) mais jamais d’une façon aussi systématique
(à mon sens, ce procédé est la seule chose à sauver du film). « India song »
(titre tiré d’un morceau de jazz qui revient souvent dans la bande-son) est
intriguant et original au début, mais cette lenteur sans paroles et sans aucune
action (même si ça finit très mal pour Lonsdale et Seyrig), c’est juste
insupportable sur la durée, et l’argument, y’a deux films, un film des voix et
un film des corps, sur la durée ça tient pas …
Seyrig et ses amants dans les couloirs du Georges V
Des gens à l’époque se sont
extasiés de la scène la plus fameuse d’« India song », où on a un plan
fixe puis un gros plan (au moins cinq minutes en tout) sur une Delphine Seyrig
au sein droit dénudé, couchée à même le sol avec une paire de ses gigolos … autres
temps, autres mœurs, et autres réactions …
« India song », c’est
le genre de film qui doit passer une fois tous les dix ans à pas d’heure sur Arte,
et qui a été remastérisé en 2K récemment (heureusement, tant l’image d’origine paraissait
floue et granuleuse (pas sûr que ce soit fait exprès). Combo Blu-ray et Dvd
(plus bonus) vendu à prix très raisonnable par la petite boîte d’édition Tamasa
(j’ai pas d’actions chez eux, d’ailleurs il risque fort d’y en avoir un d’occase
en état mint à la vente bientôt) alors que de vieilles versions Dvd ou VHS coûtent
une blinde sur le net …
Dans l’industrie du divertissement
américaine, le nom de Minnelli est un de ceux qui comptent. Le Vincente Minnelli
donc, réalisateur multi-oscarisé, ancêtre de toute une lignée d’Italo-américains
versés dans le septième art (les Scorsese, De Palma, Cimino, Coppola, …), mais
aussi père de la Liza du même nom, reine des cabarets et revues de Broadway, et
mari de l’alcoolo dépressive, l’ex-enfant star Judy Garland.
Vincente Minnelli, c’est une
filmographie assez conséquente, placée pour la majorité de ses œuvres les plus
connues sous le sceau de la comédie musicale (« Le chant du Missouri »,
« Tous en scène », et son meilleur, « Un Américain à Paris »).
Plus quelques films plutôt noirs, dont les excellents « Les ensorcelés »
et « Comme un torrent ».
Vincente Minnelli
« Gigi » est une
comédie musicale et son plus gros succès (huit statuettes, dont meilleur film
et meilleur réalisateur), et comme d’autres films avant lui (dont une « version
française » une dizaine d’années plus tôt), inspirée d’un bouquin de Colette.
Le film de Minnelli respecte globalement les grandes lignes du livre, tout en y
rajoutant quelques touches personnelles, la plus notable étant l’ajout d’un
personnage, vieux bourgeois grivois, et oncle du principal protagoniste
masculin.
Colette a situé l’action de « Gigi »
à Paris vers 1900, au milieu d’une faune de riches et de « demi-mondaines »
(gentille expression d’époque pour désigner des femmes dont l’outil de travail
était situé un peu au-dessous du nombril) annonciatrice de la Belle-Epoque. Minnelli
a donc fait un film parisien tourné à Paris. Un Paris qu’il connaissait
peut-être, mais qu’il rend totalement fantasmatique, vision grotesque de carte
postale, de la ville de La Tour Eiffel, la ville des allées du Bois de Boulogne
(alors lieu de promenade et d’exposition de la haute bourgeoisie), la ville des
soirées chez Maxim’s, la ville des amours romantiques…
Là où ça se complique, c’est
que Minnelli a décidé d’en faire une comédie musicale et confié les trois rôles
principaux à des Français. Deux plus ou moins expatriés, Louis Jourdan et
Leslie Caron (c’est elle qui serait l’instigatrice principale du projet qui a
fini en film), plus l’inénarrable Maurice Chevalier. Tous les trois jouent
comme des savates, en faisant des brouettes. Même si ce jeu outré est un peu
récurrent avec les comédies musicales, là c’est vraiment too much. D’autant
plus que la Caron et le Jourdan sont à la ramasse sur leurs parties chantées,
heureusement peu nombreuses. Minnelli aussi est en roue libre. Certes il sait
tenir une caméra, le cadrage est précis, le montage fluide, les costumes censés
être d’époque sophistiqués, malgré un traitement des couleurs bien pétaradant …
Ce qui ne masque pas la vacuité simplette de l’histoire (il me semble que le
bouquin lu il y a des décennies est moins neuneu). Tout ça fait un peu « Un
Américain à Paris » bis.
Minnelli a toujours eu le chic
pour surexposer des ringards improbables. Dans « Un Américain … » c’était
Georges Guétary dans un second rôle (et la première apparition de Leslie Caron
qui allait en faire une vedette grâce au succès du film). Ici, on peut s’interroger
sur la pertinence du choix Louis Jourdan, totalement inexpressif et
transparent. Plus encore sur celui de Leslie Caron qui à 27 ans joue une gamine
(15 ans dans le bouquin, 17 dans le film). Certes elle est toute petite, mais
elle se force à minauder et à grimacer au-delà du raisonnable. Le pompon est attribué
à Maurice Chevalier. Rarement vu dans un film un rôle principal aussi mauvais, figure
cireuse rigide (à force de maquillage), perpétuel sourire benêt toutes dents
blanches (refaites) en avant, … si on voulait être méchant (pas mon genre,
hein, vous le savez), on dirait que pousser la chansonnette pour les officiers
nazis pendant l’Occupation n’en a pas fait un grand acteur …
La première scène résume tout
ce qu’il y a de mauvais dans ce film. Alors que des équipages de calèches
luxueuses traversent au second plan les allées du Bois de Boulogne, Maurice
Chevalier dont le personnage se définit comme un libertin forcené, reluque des fillettes
qui jouent au cerceau (dont Leslie Caron, grotesque de puérilité) en entonnant
une des chansons à succès du film « Thanks heaven for little girls ».
Dont les paroles sont encore pires que ce que laisse présager le titre, ça
donne en français des choses à haute allusion pédophile comme « c’est une veine
qu’il y ait des fillettes ». A l’heure où pour beaucoup moins que ça,
certains ont généré contre eux des hashtags incendiaires associés à des
campagnes d’opprobre et de destruction massives pour de très vieilles histoires,
il est étonnant que ce film n’ait pas été montré du doigt …
Remarquez, qui peut bien se
fader des niaiseries pareilles ?
Film culte, comme n’importe
quel film sorti qui est culte pour quelqu’un. En l’occurrence, « le
Loup-Garou » (« The Wolf Man » en V.O.) est considéré comme
l’ancêtre des films de … loups-garous. Et si le nanar de George Waggner n’est
pas le premier film à traiter du sujet, il reste le plus connu des temps
préhistoriques du cinéma. Parce qu’il y a (surtout) un casting. De seconds
couteaux qui sont pas loin d’être des premiers. Genre Claude Rains (toujours là
pour jouer le méchant de service), Ralph Bellamy, Patrick Knowles pour les
messieurs, Evelyn Ankers et Maria Ouspenskaya pour les dames. Sans oublier les
deux noms qui brillent le plus en haut de l’affiche, Bela Lugosi et Lon Chaney.
Précision : Lugosi a en tout et pour tout sept répliques (vu son accent,
il vaut mieux) et se retrouve vite dans (where else) un cercueil, quand à Lon
Chaney c’est Jr., le fils de son père « l’homme aux mille visages »
et une des plus grandes stars du muets.
George Waggner
Le fiston se contentera de
décliner son personnage de Larry Talbot / Le Loup-Garou (il a eu de la chance, c’est
Boris Karloff qui était pressenti pour le rôle) dans les suites du film,
finissant même, après avoir affronté Dracula ( ! ) et Frankenstein
( ? ), par donner la répliquer aux inénarrables Abott et Costello (duo de
comiques troupiers) pour un très improbable « Deux nigauds contre
Frankenstein » (c’est fou comme on apprend plein de trucs inutiles en
matant les bonus des Dvd …). Et le fiston n’arrivera jamais à la cheville de
son paternel, qui lui foutait vraiment les jetons dans ses apparitions …
« Le Loup-Garou »,
scénario de Curt Siodmak (un Allemand fuyant les nazis) et réalisation de
George Waggner. Suffit d’aller voir sur Wikichose leurs pédigrées et les films
auxquels ils ont contribué, pour voir qu’on est là au cœur de la série Z.
D’ailleurs, toujours section bonus (y’a de la place pour les bonus, le film ne
dure que 67 minutes), une sorte d’universitaire du film d’horreur (Tom Weaver)
nous assène (heureusement sous-titré) avec un débit de mitraillette à faire
passer Scorsese pour un bègue, toutes les incohérences scénaristiques (le film
est la conjonction de plusieurs scénarios bâclés) et tous les raccords
hasardeux ou foirés, même si le gars a l’air assez fan ...
Chaney & Ankers
Faut dire qu’à la vitesse où
allaient les choses (deux mois entre le premier coup de manivelle et la version
montée présentée à la critique, même si on était dans les années quarante, ça
fait rapide …), fallait pas être trop regardant …
L’histoire, exploitée des
dizaines de fois (la plus célèbre étant tournée par John Landis au début des
80’s), est archi-connue. C’est celle du type qui avant de tuer un loup-garou se
fait mordre et devient à son tour loup-garou. Soit. Ce qui en soi n’est pas
plus con que le concept d’Alien…
Et parce que le scénario tient
sur la tranche d’un feuillet à cigarettes, on y rajoute les événements qui vont
« meubler ». L’histoire familiale compliquée (entre papa Rains et
fiston Chaney), l’histoire d’amour (entre Ankers et Chaney, les deux sous
contrat avec Universal ont tourné plusieurs films ensemble et se détestaient
comme c’est pas permis), la pseudo enquête policière entre chasse à courre pour
débusquer le toutou tueur et intrigue métaphysique et psychologique (à laquelle
on ne comprend rien, pas plus que les acteurs si on en juge par leur jeu). Et puis
les indispensables à ce genre de film, le château familial (en carton, ça se
voit plus que beaucoup), les arbres en carton (ça se voit bien aussi) baignés
par un brouillard artificiel (le préposé aux fumigènes faisait un peu n’importe
quoi). Sans oublier les gens du voyage mystérieux chargés de pouvoirs
surnaturels et de lourds secrets (Lugosi et Ouspenskaya, il est son fils, alors
que dans la vie il est plus âgé qu’elle, ça se voit aussi …).
Number of the Beast ?
Le plus remarquable pour l’époque,
tout le monde se plaît à le souligner, c’est le maquillage nécessaire à
transformer Chaney en loup-garou, qui est l’œuvre d’un cador du genre, Jack
Pierce, référence culte de tous les spécialistes d’effets spéciaux à base de monstres
encore aujourd’hui. Selon les intervenants des sections bonus, Chaney en avait
pour des heures à se faire coller des poils de yak sur le museau (entre trois et
six plombes) et quasiment autant pour retrouver apparence humaine. Petit détail :
Pierce et Chaney se détestaient (apparemment le Chaney avait pas beaucoup de
potes dans le métier), c’est pourquoi à mon sens, une fois grimé en loup-garou,
il faisait plutôt rire que peur (je sais, c’est facile et méchant, le film a
quasiment 80 ans, y’avait pas la motion capture assistée par des multitudes d’ordinateurs)
…
Bon, ben voilà, si vous avez un
peu plus d’une heure à perdre … ou alors regardez « Dr Jerry et Mister
Love » avec Jerry Lewis, c’est pas seulement un pastiche de Jekyll et
Hyde, c’est aussi dérivé du « Loup-Garou », et c’est beaucoup plus
fun …
« Les Bronzés », premier du nom
est un film culte. Dont on n’a pas le droit de dire du mal, donc …
Je pourrai donc même pas
suggérer que c’est filmé avec les pieds, que le scénario est inexistant, qu’on
n’imaginait pas plus belle bande de tocards s’agiter devant une caméra dans une
succession de gags tous plus éculés (de ta mère) les uns que les autres … « Les
Bronzés » est d’une complaisance, voire d’une autocomplaisance dont un
type comme Godard ne s’est jamais approchée, même dans ses pires moments …
Ceci étant, pour le pauvre
Leconte (est pas bon), voir son blaze voisiner avec celui de Godard est déjà
très nettement le surestimer. Non, Leconte (est pas bon), c’est juste un Max
Pecas peinturluré rive gauche … enfin, si tant est qu’on puisse situer Clavier (copain
comme cochon avec le nabot Sarko) à la gauche de quoi ce soit…
« Les Bronzés » est déjà
très bien comme ça … on peut juste regretter qu’il manque au casting Bigard et Dubosc.
Pour « Les Bronzés 4 » peut-être …
Y'a pas de quoi être fiers ...
Plus je regarde ce film (une
fois tous les dix-quinze ans à peu près) plus il me gave, avec son interminable
litanie de clichés beaufs (non, Jugnot fait pas exprès de ressembler à un
personnage de Cabu, il est aussi con dans la vie que dans ses films), voire une
condescendance raciste (ces scènes dans le village Ivoirien, comme quoi les
relents rances du colonialisme ont la vie dure), l’enfilade des clichés machos
dignes des discussions d’un apéro prolongé dans un quelconque bar de la Poste.
J’ai jamais entendu les
prétendus gens de gauche (Balasko par exemple) impliqués dans cette chose faire
la moue devant ce qu’on voit à l’écran (elle a d’ailleurs été des deux suites
de ce machin). On voit par contre tous ces minables se précipiter dans les
fauteuils rouges du cacochyme Drucker vendre la dernière daube à laquelle ils
ont participé, ou chanter faux une reprise de Serge Lama chez les « Enfoirés »,
comme quoi l’autogestion bordélique limite anarchisante du Splendid (on est une
communauté, on partage tout, ce genre de sornettes claironnées haut et fort à l’époque
…) a vite touché ses limites, une fois les premiers brouzoufs arrivés …
« Les Bronzés », c’est
tellement con qu’il y a même deux ou trois gags (parce que c’est pas un film, c’est
juste une suite de gags) qui me tirent un sourire quand je suis de bonne humeur
…
Quand on pense que leurs « concurrents »
(l’équipe du Café de la Gare, qui en accueillera par la suite quelques-uns du
casting des « Bronzés ») sortaient des films comme « Les Valseuses »
lorsqu’ils donnaient dans le cinéma …
Preuve ultime du mauvais goût de
la chose (et des gens qui l’ont faite) : Gainsbourg a filé pour la B.O un
de ses pires titres jusque-là (il a fait « mieux » dans sa période
Gainsbarre), le pitoyable « Sea, sex and sun ». Nettement moins
mauvais que le mantra « Darladirladada » qui revient toutes les cinq
minutes, mais quand même …
Je ne saurai terminer sans
remercier la maison Studio Canal pour la qualité de ses Dvd dotés de zéro bonus
et d’une qualité d’image digne d’une VHS nord-coréenne des années 70 … Sans doute
pourque la fête soit complète …
Tant qu’à causer films, autant
commencer par un de mauvais, ça ne pourra aller qu’en s’améliorant. Même s’il
n’est pas franchement atroce, « Good morning Vietnam », est loin
d’être un chef-d’œuvre du 7ème art.
Le sujet était soi-disant
sulfureux, basé sur l’histoire réelle (mais très fortement retouchée dans le
scénario) d’Adrian Cronauer, DJ de la station de radio de l’armée américaine au
Vietnam au milieu des années 60. Précédé avant sa sortie en salles d’une
réputation surfaite de 1ère comédie iconoclaste sur le conflit
vietnamien, ce n’est qu’une gentille pelloche avec en filigrane une romance à
l’eau de rose entre l’animateur radio et une jeune beauté locale.
On est loin de la destruction par
le rire de la guerre de Corée signée Altman avec « M.A.S.H. », et
comme « Good morning Vietnam » n’est pas un film « de
guerre » sur le Vietnam, on évitera les comparaisons forcément très désavantageuses avec
quelques classiques signés Cimino, Coppola ou Kubrick …
Faut dire qu’à la réalisation on
a un centriste de la caméra, Barry Levinson, yesman des studios hollywoodiens,
qui ne réussira même pas à faire un chef-d’œuvre avec Cruise et Hoffman au
casting (« Rain man »). Le rôle principal dans « Good morning
Vietnam » est tenu par le peu connu à l’époque Robin Williams, venu du
comique télévisuel, et qui ensuite sera tête d'affiche dans de mauvais films et au second plan dans de bons films …
L’intrigue est aussi mince que le
string d’une bimbo dans une production Marc Dorcel. Adrian Cronauer, DJ et animateur réputé
des bases militaires US, est affecté à Saïgon en 1965 pour remonter le moral des
troupes américaines dans un conflit qui commence à s’enliser. Il va
s’amouracher platoniquement de la sœur d’un « terroriste » vietcong,
sur fond de démêlés avec sa hiérarchie militaire, à cause de son sens de
l’humour diversement perçu…
Le film est entièrement centré sur
la performance de Williams, ses fameux « Good Mooooorning Vietnam »
et quelques monologues comiques débités sur le mode supersonique. Ce qui pose
d’entrée une des grosses limites du film, les vannes peut-être bien vues en
anglais, ne sont pas forcément traduisibles en français, flagrant quand on
visionne le film en V.O. sous-titrée … quand à le voir sans sous-titres, why
not, mais ça va beaucoup trop vite pour moi. D’ailleurs, c’est dit dans les
bonus du DVD, le film a été tourné en Thaïlande avec une équipe cosmopolite, et
à la fin des prises, quelquefois totalement improvisées de Williams, seuls les
Américains avaient le fou rire, et toutes les autres nationalités se
demandaient ce qui se passait … Vanner la laideur de la femme et des filles de
Lyndon Johnson, c’est peut-être très marrant, mais encore faut-il savoir qui il
est (à la limite, çà, on devrait savoir, c’est celui qui a succédé à Kennedy)
et à quoi ressemble sa famille …
Tous les personnages sont
stéréotypés outrancièrement comme ceux d’une sitcom (les supérieurs militaires, Denzel
Washington en niais balourd dans un de
ses premiers rôles, le patron de bar homo, …). Plus grave et plus politiquement
tendancieux est l’image donnée des Vietnamiens, doux crétins toujours prêts à
rire des vannes de Williams-Cronauer, et qui alors que leur pays est occupé par
une armée étrangère, se bousculent pour prendre des cours d’argot du Queens, ou
jouer au base-ball avec des melons locaux… Il y a fort à parier que les vraies
préoccupations des autochtones étaient ailleurs…Et ceux qui ne rigolent pas
sont, forcément, des terroristes, voir le dialogue vers la fin entre
Williams et le jeune militant vietcong, à peu près la seule séquence plausible
du film, qui montre bien l’incompréhension totale entre les deux mondes qui s’affrontent…
Levinson nous sert une mise en
scène d’une platitude terminale (multipliant les plans fixes sur Robin
Williams), gâchant le budget de la production par d’inutiles séquences de
bombardements d’un village et la vision d’une base américaine dans la jungle
n’ayant aucun rapport avec l’intrigue du film, le tout sous la musique de
« Wonderful world » de Louis Armstrong …
Tiens, la musique, justement,
puisque Cronauer était DJ … là, c’est du bon, soul et rock du début des années
60. C’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’il y a de bon dans ce film …