De 89 à 99, en quatre disques (« Mother’s milk »,
« Blood sugar sex magik », « One hot minute » et « Californication »),
les Red Hot Chili Peppers sont devenus des mastodontes du rock américain. Ils
ont vendu des disques par millions, ont pris le temps d’assurer leur service
après-vente par de gigantesques tournées des stades … Le problème avec le
succès démesuré, c’est qu’il est beaucoup plus facile à perdre qu’à atteindre.
Frusciante, Flea, Smith & Kiedis : RHCP 2002
« By the way » va en fournir un bel exemple.
Artistiquement parlant. Parce que commercialement, la machine RHCP va continuer
à dépoter du skeud en quantité. Mais « By the way » … comment dire …
L’entreprise RHCP a souvent vogué par gros temps. Et dans
des océans poudreux, ce qui aide pas forcément à souder un groupe, quand égos, histoires
de cœur, événements tragiques, viennent se rajouter à la naturelle pression
ambiante. La décennie à succès évoquée sera marquée entre autres faits
extra-musicaux par une addiction démesurée de Kiedis et Frusciante, ce dernier
allant même se « reposer » pendant la période « One hot
minute », disque charnière débiné par les premiers fans, à cause du
« remplaçant » Dave Navarro venu des « rivaux » Jane’s
Addiction (pour moi « One hot minute » est leur meilleure rondelle,
mais je suis pas fan des RHCP, donc mon avis ne vaut rien).
Pour « By the way », Frusciante non content d’être revenu
(depuis « Californication »), entend être le leader et « l’influence »
du groupe, sous prétexte qu’il a tartiné des dizaines de démos guitares +
synthés, le tout avec pour objectif de faire paraître un disque « punk »
(?). Le vieux complice Rick Rubin va essayer de mettre un peu de raison, d’ordre,
de bon sens dans la musique, et pratiquer la câlinothérapie à forte doses dans
tous ces egos démesurés qui s’affrontent. Et c’est bien le producteur qui s’en
sort le mieux. « By the way » devrait être écouté en boucle dans les
écoles qui forment les types à pousser des boutons dans un studio, parce que
niveau production et arrangements, c’est un vrai bijou. Et c’est d’autant plus
visible que le matériau de base (les chansons) est d’une rare indigence …
« By the way » est un pavé de quasiment une heure
dix pour seize titres. Et quand on fait le bilan, on a en tout et pour tout
entre deux et quatre titres à sauver de ce naufrage. Les deux indiscutables
ouvrent et ferment le disque. « By the way » le morceau est un
condensé de tout ce qui a fait le succès des Red Hot jusque là. Intro
caoutchouteuse, une mélodie très voisine de « Under the bridge » (un
de leurs premiers gros succès sur « Blood sugar … »), de gros riffs de
guitare, un rap à toute blinde, un refrain-slogan mélodique, en fait un best of
du groupe en un seul titre. Autre grand titre, le dernier, « Venice queen »,
chanson-hommage de Kiedis à sa thérapeute récemment décédée et qui l’avait aidé
à vaincre ses addictions, notamment à l’héroïne. Un titre de six minutes qui pour
une fois démontre un réel effort d’écriture et de composition. Ma magnanimité
légendaire qui me perdra me fait rajouter à cette doublette « The zephyr
song », très (trop ?) sucré single à succès à la mélodie addictive,
bien que très voisine de celle de « Californication » (le morceau).
Citation bienveillante également pour « Don’t stop » (no Fleetwood
Mac cover), qui avec son intro funky, son phrasé rap et son refrain mignon,
renvoie aux meilleures heures passées du groupe …
Le reste ? Des trucs fadasses, des ballades molles qui
encombrent la moitié de la rondelle (« Dosed », « I could die
for you », « Midnight », « Tear », « Don’t forget
me », …) comme Coldplay en tartinait à longueur d’albums à l’époque, quelques
sorties de route risibles comme l’espagnolade « Cabron » (dites pas
ça à un hispano, ça va pas lui plaire), le ridicule ska « On Mercury »,
la bien nommée « Minor thing », … j’en oublie et des pas meilleures.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire pour défendre cette
rondelle ? Le boulot colossal de production déjà évoqué, le fait que
Kiedis soit devenu un très bon chanteur, la basse élastique de Flea, sa
symbiose rythmique avec Chad Smith, la relative discrétion de Frusciante alors
que ce disque était censé être son projet ? Certes, mais tout ça suffit
pas.
On sent les types rincés, en panne totale d’inspiration
et d’imagination, pensant noyer le poisson sous un déluge de titres
interchangeables et laisser penser qu’ils ont quelque chose à dire …
« By the way » se retrouve en équilibre très
instable sur le rebord de la poubelle …
Par le réalisateur de « Juno », c’est écrit en
gros sur la jaquette du Dvd. « Juno », jamais vu mais je sais à peu
près de quoi il retourne, une comédie sur une gamine en cloque. Le réalisateur,
donc, c’est Jason Reitman. Un fils de. En l’occurrence Ivan Reitman, lui aussi
manieur de caméras, auteur de quelques comédies plutôt neuneues mais à succès
(« Ghostbusters »), et souvent avec Schwarzenegger à contre emploi
(« Junior », « Jumeaux », « Un flic à la
maternelle », ce genre …).
Clooney & Reitman
Ce qui est aussi écrit en gros sur la jaquette,
c’est le nom de George Clooney. Et au final on se pose la question :
« Mr Nespresso peut-il tenir un film à bout de bras ? » Yes, he
can … Et donc « In the air » est un bon film ? Euh, comment
dire, ça se discute …
Ouvrons donc la discussion.
La thématique de base du film aurait pu être mieux
exploitée. Le scénario est tiré d’un bouquin de Walter Kirn (il fait une paire
d’apparitions, dans les réunions de cadres, il est assis à côté de Clooney)
« Up in the air » (titre du film en V.O.). Le personnage central est
Ryan Bingham, cadre sup dans une entreprise (jamais nommée) spécialisée dans
les licenciements expéditifs. En gros quand une boîte fait un plan
« social », elle fait appel à des gens comme Bingham pour procéder aux
entretiens de licenciements. Et aux States, ça rigole pas, t’as la journée pour
faire tes cartons et dégager le plancher quand Bingham tout en sourire
compatissant te convoque dans un bureau, te sort un baratin convenu et
transposable à tous les cas, t’explique qu’on n’a plus besoin de toi, te remet
un fascicule pour t’aider à « rebondir », coche ton nom sur la liste
et appelle le suivant. A noter que dans « In the air », la plupart
des licenciés sont des acteurs amateurs qui ont connu cette situation.
Bingham passe sa vie dans les avions, il a une carte
coupe-file dans les aéroports, il a bien un appart quasi vide où il ne passe
que quelques jours par an, et vit seul hormis quelques coups d’un soir au gré
des escales. Il est aussi conférencier, sorte de gourou new age qui veut
insuffler à ses auditeurs un mode de vie dégagé de contingences matérielles et
affectives, de fait son mode de vie à lui. Son but secret, qu’on n’apprend que
vers le milieu du film, est d’avoir la carte Gold personnalisée chez American
Airlines, qu’on n’obtient qu’après avoir parcouru dix millions de miles sur les
lignes de la compagnie. Quand il débarque dans une nouvelle ville, il descend à
l’hôtel Hilton du coin où il a aussi le statut de VIP et peut profiter des
cadeaux, avantages et soirées privées, destinées à des personnalités
importantes comme lui.
Clooney & Farmiga
Ça coince un peu, là. Au lieu de chercher à
comprendre les tenants et aboutissants de son boulot de coupeur de têtes, tout
cet aspect où il y aurait quand même beaucoup à dire (et à montrer), que dalle.
Par contre, on a quelquefois l’impression plutôt gênante que « In the
air » est une pub (on n’est même plus dans le placement de produits) non
stop pour American Airlines et Hilton, et la vie « merveilleuse »
qu’ils proposent à leurs plus fidèles clients. Sans oublier leur Blackberry que
les protagonistes tapotent à tout moment … Evidemment, Clooney, toujours dans des
costars impeccables, donne une touche de glamour sexy à son personnage, et pour
ça, force est de reconnaître qu’il sait faire, il est quasiment de toutes les
scènes.
C’est là que le manque de courage (?), d’ambition
(?) de Reitman devient criard. « In the air » aurait pu être une
parabole sur ce capitalisme sauvage qui justifie l’existence de gens comme
Bingham et les fait prospérer sur la misère qu’ils créent. Le côté
professionnel n’est pas éludé, il est quand même bien biaisé quand est recrutée
une jeune surdiplômée Natalie Keener (interprétée par Anna Kendrick), qui
entreprend d’optimiser la rentabilité de la boutique. Exit les déplacements en
avion onéreux, et place au licenciement par visio grâce à internet, ce qui
évidemment ne fait pas les affaires de Bingham et de ses millions de miles. Là
aussi, Reitman préfère nous montrer la gamine se frotter à la vraie vie plutôt
que s’appesantir sur ce qu’elle représente.
On se retrouve pour « meubler » avec une
amourette de Bingham et d’une commerciale croqueuse de miles comme lui, Alex
(Vera Farmiga). Ils se rencontrent of course au bar d’un Hilton, font
connaissance en étalant sur une table leur cartes de crédit, d’abonnement,
master, VIP, etc … (scène la plus drôle du film), se donnent des rendez-vous au
gré de leurs déplacements et escales … et contrairement à ce que professe
Bingham dans ses conférences, il va s’attacher à Alex et envisager de faire sa
vie avec elle. L’atterrissage sera violent. Entre-temps, elle l’aura accompagné
au mariage de sa sœur avec un quidam qui hésite au dernier moment. Cadeau-gage
des participants au mariage : faire comme dans « Amélie
Poulain » avec le nain de jardin (le plagiat est énoncé), prendre des
photos du couple de fiancés (en carton) dans le plus d’endroits possibles des
States (ce qui donnera le gag navrant et ultra prévisible de Clooney qui tombe
à l’eau lors d’une séance de shooting).
Keener & Clooney
« In the air » avait pourtant bien commence, avec
son générique fait d’un montage de vues aériennes et en fond sonore une reprise
pour le moins tonique du « This land is your land » (de Woody
Guthrie) par Sharon Jones & The Dap-Kings. Mais bon, c’est une gentillette
comédie douce-amère, la dureté du monde dans lequel évoluent les personnages
n’est là qu’en filigrane (les plans fugaces sur des entassements de chaises et
de téléphones mis au rebut après les plans sociaux, le suicide d’une femme
virée sans ménagement par Natalie n’est semble t-il là que pour donner une
« conclusion » à son personnage). « In the air » serait un
film français, on aurait Souchon au générique, comme acteur il y a quelques
années, avec ses chansons maintenant, voire les deux (double peine, c’est quand
même plus marrant de voir une Natalie bourrée chanter étrangement sur un
karaoké le « Time after time » de Cyndi Lauper).
On sourit quelques fois, avec l’impression du verre
à moitié plein ou vide, car il y avait matière à une belle comédie, ou à un
brûlot sociétal. Encore eut-il fallu faire des choix, ce que Reitman n’a pas
voulu (ou pas osé). Si j’en crois son suivant (« Young adult », avec
une magnifique Charlize Theron), cette « transparence » semble être
sa marque de fabrique. Reitman n’imprime pas …
Donc Jimmie Vaughan est le frère aîné de Stevie Ray
Vaughan (vous savez le Texan affublé d’un Stetson à sequins qui se prenait pour
Jimi Hendrix et qui a mouru dans un accident de coléoptère). Et si le Stevie
Ray a donné dans le belouze, c’est peut-être grâce à Jimmie. Qui a commencé à
faire parler de lui au tout début des années 80 au sein des Fabulous Thunderbirds,
dont il était guitariste et chanteur, tout comme l’homme de base du groupe, Kim
Wilson, le seul qui persiste de la formation originale.
Si vous regardez sur Wikimachin, on vous dira que
les Fab T-Birds sont un groupe de blues. Soit. J’ai une paire de leurs
rondelles, fort recommandables au demeurant, et si le blues est là, c’est surtout
à travers sa descendance « modernisée », le rhythm’n’blues, le
rock(‘n’roll), les sons mis au goût du jour, un peu l’équivalent dans le
rustique genre que ce que les Stray Cats faisaient au rockab ou les Lone
Justice à la country … Tout ça pour situer les origines du bonhomme Jimmie
Vaughan.
Quand son frangin a fait une Balavoine, Jimmie a
raccroché un temps les guitares, quitté les Thunderbirds, et quelques années
plus tard, commencé à publier des disques solo. Il est raisonnable de penser
qu’il n’a jamais envisagé de se reconvertir dans le djying techno, blues un
jour, blues pour toujours.
Déjà rien que le titre de la rondelle (sa troisième
solo) annonce la couleur. Et la liste des remerciements, longue comme
l’annuaire d’Austin à la page des Smith, commence par John Lee Hooker, et pour
ceux qui donnent dans la musique, recense un tas de gloires passées ou encore
en activité des douze mesures. « Do you get the blues ? » a
pourtant peu à voir avec le Hook et ses disciples. En fait, c’est un disque
plutôt plaisant (non pas que Hooker et ses descendants n’aient pas fait de
grandes choses), différent des blues roots que tout un tas de laborieux (catalogue
sur demande) s’acharnent à copier et faire perdurer.
« Do you get the blues ? » risque de
décontenancer les ayatollahs des douze mesures et des guitar heroes grimaçants
qui vont avec. Jimmie Vaughan n’a pas une voix exceptionnelle, et surtout c’est
un guitariste beaucoup plus rythmique que soliste. Oubliez les descentes de
manche supersoniques, la saturation à tous les étages, le Jimmie il
s’accompagne à la guitare électrique et laisse la virtuosité à ceux qui n’ont
que ça…
C’est pas non plus le roi de l’écriture, n’espérez
pas trouver ici le morceau qui va changer votre vie. Jimmie Vaughan, c’est pas
le trois étoiles Michelin guindé et ignoré, c’est la brasserie du coin, où le
patron est sympa, l’ambiance bonne, le morceau de barbaque goûteux et le pinard
pas (trop) cher …
La formation de base qui joue sur ce disque, c’est
le Jimmie donc, plus le batteur George Rains et le manieur de Hammond B3 Bill
Willis. Auxquels se rajoutent de temps en temps un bassiste (sur deux titres),
un sax ou un percussionniste (sur un titre). Et pour rester dans la famille,
fiston Tyrone vient gratouiller sur un morceau, et la section rythmique de
Double Trouble, feu groupe de Stevie Ray (Shannon et Layton), sur la reprise du
« In the middle of the night » de Johnny Guitar Watson.
Lou Ann Barton & Jimmie Vaughan
« In
the middle of the night », c’est la masterpiece du disque. Parce qu’en plus y’a la Lou
Ann Barton venue en voisine (la connexion texane) pousser la goualante. Ah, Lou
Ann Barton. Il y a quelques décennies un physique impeccable et des cordes
vocales en acier. Autre chose que l’encensée rondouillarde tatouée Beth Hart
(seule ou avec le pénible Bonamachin). Barton, à presque cinquante ans au
moment des faits, reste encore une voix qui semble s’être bonifiée avec le
temps. Et elle illumine deux autres titres (« Power of love »,
reprise de je ne sais qui, merci si quelqu’un a l’info, et le premier qui dit Céline
Dion, Frankie Goes to Hollywood ou Huey Lewis se prend une torgnole), et fait
des chœurs époustouflants sur « Out of the shadows ». En fait c’est
elle qui justifie l’achat de ce disque …
Parce que le reste, c’est sympa sans plus, en tout
cas pas exceptionnel. Avec des passages obligés, la partie de slide sur
« The deep end », le titre au tempo ralenti ah que ça fait mal parce
qu’elle est partie (« Without you »), le clin d’œil funky (« Let
me him »), une paire d’instrumentaux prévisibles où le B3 se taille la
part du lion (« Dirty girl », « Slow down blues »), une
sortie de route vers une sorte de bouzin afro-cubain (« Planet bongo »)
…
La production est près de l’os, y’a pas eu des kilomètres
de bandes d’overdubs, pas de sorcier des consoles de mixage recrutés, ça a été
enregistré beaucoup dans le Texas, un peu dans le Tennessee, c’est paru sur un
petit label (Artemis Records), distribué parcimonieusement par Epic qui on le
sent, n’a pas fait de ce disque sa priorité commerciale.
« Do you get the blues ? », ça figurera pas sur
les listes de disques indispensables, c’est un peu longuet sur la durée (plus
de cinquante minutes pour onze titres), c’est sauvé du quelconque par Lou Ann
Barton. Face aux grosses machines du genre promues à grands coups de
qualificatifs superfétatoires, ça fait figure d’artisanal. Et l’artisanat, ma
foi, j’ai rien contre. Disque mineur, sans prétention, mais somme toute plutôt
sympathique …
20 avril 1999 à Columbine, petite ville (25 000
habitants) du Colorado. Deux lycéens de 18 ans se rendent lourdement lestés
d’armes de guerre et d’explosifs dans leur école et tirent sur tout ce qui
bouge. Bilan : treize morts, vingt et un blessés.
18 mai 2003. « Elephant » de Gus Van Sant,
« inspiré » par la tuerie est projeté au Festival de Cannes. Quelques
jours plus tard, il y recevra la Palme d’Or et le prix de la mise en scène.
Gus Van Sant Cannes 2003
Quelques mois plus tôt, un film documentaire de
Michael Moore, « Bowling for Columbine », utilisait la tuerie pour un
plaidoyer contre la libre circulation des armes aux USA.
Autant dire que ce massacre a bouleversé (un temps,
ce genre de carnage est récurrent aux States, c’est sûr ce coup-ci on va
s’attaquer au problème des ventes d’armes, vous allez voir ce que vous allez
voir, et puis on passe à autre chose) la société, pour que le monde du cinéma
s’en empare si vite et à deux reprises.
« Elephant » est le dixième film de Van
Sant, qui a accumulé succès critiques et commerciaux (« Drugstore
cowboy », « My own private Idaho », « Will Hunting »,
« Psycho » entre autres, je cite ceux-là parce que je les aime bien),
et inaugure un dyptique avec son successeur « Last days ». A savoir
que ces deux films sont très fortement inspirés par des faits réels (le suicide
de Kurt Cobain pour « Last days »), mais ne sont en aucun cas des
reconstitutions des faits évoqués, la licence poétique, ce genre de choses,
s’est justifié Van Sant, enfin certainement pour éviter procès et procédures.
« Elephant », d’abord pourquoi ce
titre ? En référence à un film anglais homonyme d’Alan Clarke (c’est là
que se pointe le fan de Bowie, Alan Clarke ayant réalisé pour la télé au début
des 80’s une adaptation de « Baal » de Bertold Bretch avec l’ex Ziggy
dans le rôle-titre, parce que le reste de ses travaux à l’Alan Clarke, ça me
dit strictement rien). Lequel film montre une série de meurtres sans motifs, et
son titre fait référence à l’expression « elephant in the room »,
littéralement, tout le monde identifie le problème bien visible, mais personne
ne cherche de solution.
Bon, c’est quoi l’éléphant dans la pièce chez Van
Sant ? Ce qu’aujourd’hui on appelle harcèlement scolaire (le plus
déterminé, le « cerveau » du carnage est brimé et rejeté par les
autres lycéens). Le libre accès aux armes, y compris de guerre. On commande sur
internet, on est livré à domicile, et c’est le jour où les deux reçoivent leur
dernier fusil d’assaut maousse qu’ils passent à l’action. Malin, Van Sant ne se
contente pas des faits établis qui ont généré le massacre de Columbine. On a
des allusions au jeux vidéo de FPS (en gros, on flingue tout ce qui bouge,
en « étant » le personnage qui tire), Van Sant avait voulu
utiliser une franchise bien connue (« Doom ») qui a mis son veto. Un
truc basique en noir et blanc vite créé par un informaticien de passage est
montré dans le film, un des deux tueurs y joue (sans conviction, il balance
assez vite son ordi portable). On a aussi en attendant le camion de livraison
qui amène le dernier flingue, un reportage, un documentaire historique sur la
montée du nazisme qui passe à la télé, mais les deux ados ne le regardent pas
vraiment, un des deux sait même pas à quoi ressemble Hitler. On a aussi la
notion de rite sacrificiel, les deux se promettent de ne pas en réchapper, et
toutes leurs frustrations d’ados rejetés se traduisent par un baiser échangé
sous la douche avant de s’équiper de treillis et de trimbaler leur arsenal dans
des sacs. Van Sant évoque de possibles et plausibles mobiles du passage à l’acte,
il n’en définit aucun comme crucial. D’ailleurs, pour brouiller les pistes, les
deux tueurs semblent (sans que cela soit explicité) deux fils de bonne famille,
le « leader » Alex vit (avec ses parents ?) dans une maison
cossue aux grands espaces, et joue bien du piano (en l’occurrence des sonates
de Beethoven qui servent de B.O. au film).
La présentation des deux tueurs (les derniers
moments avant la commission de l’acte) est située vers la fin du film, et
apparaît comme la litanie des causes pouvant générer un massacre de masse. Van
Sant n’analyse pas, il livre des éléments.
« Elephant » ne se résume pas aux derniers
préparatifs du duo d’assassins et au carnage dans le lycée, le film nous fait
vivre quelques moments de différents lycéens victimes – ou pas – du gunfight.
Avec un procédé original, la caméra suit souvent les protagonistes (donc filmés
de dos) dans l’enfilade de couloirs du lycée et nous les présente (juste leurs
prénoms) par un intertitre. Et comme certains des élèves se croisent, échangent
quelques mots, on a droit à la même scène filmée sous deux angles différents
(parfois trois même, on a le blond peroxydé et le photographe qui discutent
quelques secondes pendant que passe en courant la moche complexée) et en
faisant la plupart du temps abstraction de toute chronologie). Le contraste est
saisissant entre la banalité du train-train quotidien de lycéens (les trois
jeunettes amatrices de ragots, qui touchent à peine à leur plateau-repas par
peur de grossir avant d’aller se faire vomir dans les chiottes, ce qui se
révèlera être une bien mauvaise idée).
« Elephant », c’est aussi un casting de
jeunes amateurs (de Portland, ville fétiche de Van Sant dans laquelle il a
longtemps vécu et où ont été tournés nombre de ses films) dont bien peu ont
continué leur carrière devant la caméra. Le seul qui a vraiment fait « carrière »
(dans des rôles mineurs et souvent dans des films de seconde zone) est John Robinson
(celui qui joue John, le blond peroxydé à tee-shirt jaune imprimé d’un taureau),
Alex Frost (celui qui joue Alex, quasiment tous les acteurs ont gardé leurs
vrais prénoms) s’étant contenté de quelques rares apparitions dans des séries B).
A noter qu’une des personnes les plus impliquées dans
le projet « Elephant » est Diane Keaton, l’ex et principale égérie de
Woody Allen, qui a mis des billets pour la production du film. Lequel est un
peu à part dans la filmo de Van Sant, sorte de film « politique », « engagé »,
deux genres auxquels il ne s’est guère frotté, mis à part avec le biopic « Harvey
Milk » sur l’activiste homosexuel candidat à la mairie de San Francisco.
A noter que malgré la répétition des scènes (même si
elles sont filmées avec des angles différents), « Elephant » ne dure
même pas une heure vingt. Comme quoi on peut être concis et dire (ou sous-entendre)
beaucoup de choses.
Film crucial de Van Sant, à ranger à côté de son
autre coup de poing en images « Drugstore cowboy » …
« Antichrist » de Lars von Trier est
un film qui suscite des réactions très variées, tant par son contenu que par sa
forme. Ce long-métrage, sorti en 2009, est souvent décrit comme une œuvre
provocante et dérangeante, mêlant horreur psychologique et drame existentiel.
D'un côté, certains critiques saluent la manière
dont von Trier aborde des thèmes profonds tels que la douleur, la perte et la
nature du mal. Les performances de Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe sont
souvent mises en avant, leur intensité émotionnelle apportant une profondeur au
récit. La cinématographie, avec ses images saisissantes et symboliques,
contribue également à créer une atmosphère oppressante et troublante.
Cependant, le film a également été critiqué pour sa
violence graphique et son approche parfois jugée misogyne. Les scènes
explicites peuvent choquer et déranger, ce qui peut amener certains spectateurs
à se sentir mal à l'aise ou à rejeter le film. De plus, la narration non
linéaire et les éléments symboliques peuvent laisser certains spectateurs
perplexes, rendant l'expérience cinématographique difficile d'accès.
En somme, "Antichrist" est un film qui ne
laisse pas indifférent. Il peut être perçu comme une œuvre d'art audacieuse et
réfléchie ou comme une provocation gratuite, selon la sensibilité de chacun.
C'est un film qui invite à la réflexion et à l'interrogation, mais qui
nécessite une certaine ouverture d'esprit pour en apprécier pleinement les
nuances. »
Von Trier & Dafoe
Ah que voilà une analyse centriste, on sort tous les
parachutes. Bon cette critique est signée Chatgpt, j’avais jamais testé l’A.I.,
et j’ai vite compris que n’importe qui avec trois neurones connectés sortira
quelque chose de moins neuneu … Alors cher Chat etc …, voici ma contribution.
Allons droit au but comme on dit à La Jonquera.
« Antichrist » est une purge, une vraie. Prétentieuse, grotesque,
malsaine, et je pourrais continuer la liste. Ce qu’on voit et entend à l’écran,
et pire, ce que ça sous-entend apportera une citerne d’eau au moulin de ceux
qui aiment pas Lars Von Trier … moi, perso, je m’en fous de Von Trier, de ses
dépressions à répétition, de ses problèmes de bibine, de ses déclarations
douteuses. J’aimerais pas boire une bière avec lui, c’est un type qui
m’intéresse pas.
Ses films, par contre j’en ai vu quelques-uns. De
ses premiers « dogmatiques » jusqu’à ces démonstrations techniques
dont « Melancholia » me semble être l’apogée.
La fille de Serge
« Antichrist » se présente sous des atours
chiadés. Du gros travail sur le son, encore plus sur les images. Du noir et
blanc très contrasté et hyper ralenti du « prologue », à son pendant,
le ralenti en moins dans les dernières images, en passant par du traitement
numérique high tech (les optiques lensbaby, genre de fish-eye à l’envers,
l’insertion d’images subliminales, les bords de cadre mouvants, les rajouts ou
effacements numériques, …), ça a du sens, ça voudrait prouver que le taf est
pas bâclé …
J’ai poussé la conscience professionnelle (ou
conscience bénévole plutôt) jusqu’à m’offrir (pour pas cher du tout d’occase)
une version Dvd avec pléthore de bonus et d’extras, il faut deux disques pour
tout caser. Premier truc intrigant, alors que Arte a mis des sous dans la
production du film, c’est M6, pas vraiment réputée pour ses choix
cinématographiques pointus, qui édite les deux rondelles. Chacun en tirera les
conclusions qui s’imposent (ou pas). On a droit au commentaire audio du film
par Von Trier, interviewé par un critique (et surtout fan) anglais. Le Lars a
pas grand-chose à dire (peur du dérapage ?) et tape en touche genre
« j’avais pas pensé à ça, là c’est juste pour plaisanter, c’est pas moi
qui tenais la caméra, ça c’est juste un hommage, … ». Dans le genre langue
de bois de SAV, Charlotte Gainsbourg fait dans la marqueterie d’art pendant une
interview promo de trois-quarts d’heure quelques temps après avoir reçu le prix
d’interprétation féminine à Cannes (pour son talent ? pour son
courage ? son inconscience ? sa démarche suicidaire ?) pour son
rôle dans le film, où non, franchement, elle ne pense pas du tout que le film
soit choquant ou véhicule une image hyper misogyne de la femme … Bon soit.
Passons et attachons-nous à ce qu’on voit à l’écran.
Première séquence (en hyper ralenti donc, genre clip
« torride » de George Michael). On y voit un couple (Willem Dafoe et
Charlotte G.) faire l’amour nu sous la douche. Avec pendant quelques secondes
un gros plan du machin qui rentre dans le truc (effectué par des hardeurs).
Arrêt sur image. C’est quoi l’utilité de ce gros plan X ? Peur que les
gens comprennent pas ce qui se passait, ou première provoc totalement gratuite ?
Et pendant que le couple se livre à une partie de va-et-vient comme ils disent
dans « Orange mécanique » leur bambin de deux-trois ans ouvre les
barrières de son lit, monte sur le rebord de la fenêtre, bascule dans le vide
et va s’aplatir sur le bitume enneigé quelques étages plus bas.
Séquence suivante, image couleur classique à
l’enterrement du bambin (bonne idée, procession filmée depuis l’intérieur du
corbillard) et là, Charlotte (comme dans « Hiroshima mon amour », le
couple n’a ni nom ni prénom) s’effondre. Des jours plus tard, elle reprend ses
esprits à l’hôpital, on comprend qu’elle a complètement dévissé
émotionnellement et psychologiquement. Ça tombe bien, Dafoe est thérapeute et
va l’aider à remonter la pente. Pas l’idéal, c’est lui-même qui le dit, un
thérapeute ne doit pas soigner un proche ni baiser avec son patient, et donc il
va commettre deux fautes professionnelles.
Et avoir une très mauvaise idée. Le couple va partir
se retirer au milieu des bois dans une cabane coupée du monde. Et là tout va
déraper. Et pas qu’un peu ... Arrêt sur image. Ce qui va survenir dans cette
cahute en rondins c’est encore plus con que ce qui arrive aux promeneurs dans
« Evil dead », film qui au moins revendiquait la grosse blague gore.
« Antichrist » vise plus haut que « Evil dead », c’est pas
dans la cave qu’il faut pas aller, ici c’est dans le grenier, et
« Antichrist » n’est évidemment pas un hommage au film qui a rendu
célèbre Sam Raimi. « Antichrist » est dédié, accrochez-vous, c’est
inscrit après la dernière image, à Tarkovski. Pourquoi ? Accrochez-vous
bis, c’est le Lars qui le dit, parce que Tarkovski est son cinéaste préféré
(soit), parce qu’il y a beaucoup de scènes en forêt (ouais, comme dans
« Stalker », mais c’est pareil dans tous les Tarzan ou
« Délivrance ») et parce qu’à moment donné … il pleut (parce qu’il
pleut souvent dans les films de Tarkovski, mais dans « Seven » ou
« Limbo » aussi, et encore plus, et c’est pas des films de
Tarkovski).
Par contre ce que vous verrez pas dans la filmo de
Tarkovski et que vous verrez en gros plan dans « Antichrist », c’est
une espèce de torture porn à base de coups de bûche sur le gourdin, de perçage
de mollet à la chignole rouillée, de fixation d’une meule au dit mollet, de
plantage de ciseaux dans le dos, pour finir par une excision en très gros plan,
avant strangulation définitive. Le tout entrecoupé de copulations frénétiques
et d’images d’animaux sauvages en voie de putréfaction, de bras et de jambes sortant
des racines d’un arbre, un renard qui parle … et pourquoi donc tout ça me
direz-vous, pour démontrer quoi ?
Oh, un truc bien basique, bien vieux et bien rance.
Que la femme est par nature hystérique, et peut être facilement possédée (non,
pas dans ce sens, bande de pervers, dans l’autre, par le démon). Et pour que ce
soit bien évident, Von Trier nous dissèque tout ça dans sa cabane dans les bois
(hommage littéral de ma part à un autre nanar horrifique). Construisant pas à
pas, plan par plan, sa théorie misogyne qui voit la Charlotte passer de la
prostration à l’abattement, aux visions, à la perte de contrôle, à l’échafaudage
secret de plans diaboliques, aux pétages de plombs hystériques du final, le
tout servi par des indices grotesques (le « souffle » de Satan par la
fenêtre ouverte, les manuels de sorcellerie planqués, les passages à l’acte,
jusqu’à sa fin « flamboyante »). Sans oublier les théories fumeuses
des « trois mendiants » (la corneille, la biche et le renard,
manquait plus que la belette pour se croire dans une chanson de Manau), les pluies
de glands (non, non, ceux qui tombent du chêne), et jusqu’à la dernière scène
de nouveau en noir et blanc où une foule de femmes sans visage monte sur une
colline dans la forêt.
« Antichrist » est un film prétentieux.
Visuellement réussi. Mais c’est surtout un film très con … A fuir … J’espère au
moins que ça a aidé Von Trier à sortir de sa dépression à lui …
Dupontel, on compte plus les récompenses obtenues
par ses films, c’est devenu un incontournable des Césars, apprécié par le
public et la critique. C’est pourtant loin d’être un acteur, un réalisateur et
un scénariste mainstream. Dupontel, il a construit patiemment sa carrière,
n’obtenant ses grands succès qu’à la cinquantaine. « Découvert » par
Patrick Sébastien, ce qui n’est pas forcément une ligne glorieuse sur un CV (ce
qui n’empêche pas Dupontel de le remercier au final du générique d’« Enfermés
dehors », en compagnie entre autres de Chaplin et des Monty Python), il a
beaucoup tourné (dans plein de genres, des films à gros budget, des séries B,
…) avant de se lancer dans l’écriture et la réalisation, et comme on n’est
jamais mieux servi que par soi-même, de se donner le premier rôle dans ses
films.
Albert Dupontel
Son tiercé majeur c’est à ce jour « 9 mois
ferme », « Au revoir là-haut » et « Adieu les cons »
(chronologiquement mais aussi artistiquement). Un peu avant cette trilogie,
était sorti ce « Enfermés dehors ». Qui est un film brouillon,
confus, où l’on a l’impression que le scénario abracadabrant n’est là que pour
assurer les liaisons entre des scènes d’un burlesque délirant. On se dit (c’est
sans doute le but poursuivi) que « Enfermés dehors » n’est pas un
film, mais un dessin animé joué par de vrais acteurs. Le point de départ, qui
revient de temps en temps, c’est la confrontation du monde des SDF avec
« l’autre monde », celui des gens plus ou moins
« normaux », et du monde de la finance et du gros business. Bon, on
n’est pas chez Ken Loach, ou alors chez Ken Loach revisité par Tex Avery.
Les gags sont totalement cartoonesques (les vols
planés, les chutes, et d’une façon générale ceux qui les exécutent ou les
subissent) sont totalement irréels et constituent le ressort comique majeur du
film. D’autant que certains sont des running gags (les personnages des panneaux
d’affichage qui s’animent lorsqu’on sniffe de la colle, les pans de murs qui
s’effondrent sur le casting, la collision avec le motard, les vols planés qui
se finissent toujours dans la boutique de l’épicier du coin, …). Rajoutez un
casting de « gueules », Hélène Vincent et Roland Bertin en kidnappeurs
d’enfants, une bonne partie des Deschiens en SDF (Yolande Moreau, Bruno Lochet,
Philippe Duquesne), quelques apparitions fugaces de Bouli Lanners, Jackie
Berroyer, Gustave Kervern, deux Monty Python (Terry Gilliam et Terry Jones).
Les beaux-parents indignes, Vincent & Bertin
Et l’histoire dans tout ça ? Ben y’en a pas, ou
plutôt y’en a trois. Roland (Dupontel) est un SDF devenu flic. Il s’entiche
d’une plaignante au commissariat Marie (Claude Perron, seul personnage
« normal » du film, elle bosse dans un sex shop et se sert de godes
pour faire du tapage nocturne …) qui vient signaler que sa fille est séquestrée
par ses beaux-parents. Il veut l’aider à retrouver sa gamine mais homonymie
oblige, va traquer un puissant homme d’affaires à la place des deux vieux …
Le point de départ est un classique de la comédie,
le quiproquo. Roland assiste au suicide d’un type qui se pend en sautant d’un
pont dans un fleuve (même si la corde est trop longue, il finit dans la
flotte). Roland, SDF qui dormait sur les quais, monte sur le pont, ouvre une
valise que le type avait laissé. Cette valise contient des habits de flic. On a
beau être un SDF défoncé à la colle, on n’en reste pas moins un honnête homme
et Roland va rendre la valise à l’hôtel de police, d’où son look et son odeur
le font expulser avant qu’il ait pu en placer une. La vision par un soupirail du
mess des pandores et la faim qui le tenaille lui feront endosser les habits du
flic, d’abord pour aller bouffer copieusement gratos, et ensuite s’intéresser
par hasard à la plainte de Marie, se servant de son bel uniforme (une chemise
bleue et un béret classiques de pandore, mais une improbable salopette de
conchyliculteur par-dessus …) pour entamer une enquête rocambolesque à sa façon.
Avec des alliés (souvent contraints à cause des vertus de l’uniforme bleu) « recrutés »
dans le milieu qu’il connaît le mieux, celui des SDF. Et évidemment avec des
méthodes assez peu orthodoxes (un squat finit par devenir une sorte de ZAD
gérée par des faux flics qui sert des repas aux jeunes mères démunies), et
quelques visions assez particulières de faire régner l’ordre dans la société
(Yolande Moreau : « il faut les lapider à coups de hache »).
Yolande Moreau
Forcément tout est bien qui finit bien, au prix d’acrobaties
vertigineuses sur le rebord d’un toit de clinique privée (Roland accroché à une
antenne télé pendue dans le vide rattrape Hélène Vincent en chute libre avec ses
dents, les crochets de fixation de l’antenne n’arrêtent pas de céder, …), et
notre héros de plastoc va réussir sa mission impossible (enterrées les cascades
de Tom Cruise …).
On est avec « Enfermés dehors » dans le
registre de la comédie pure, l’affrontement « social » entre les
déshérités qui vivent dans la rue et les gros requins capitalistes est réduit à
quelques gags ubuesques (on est loin de la finesse, des magouilles et des
arnaques de « Au revoir là-haut »), il y a beaucoup de personnages « inutiles »
au scénario, qui sont juste là par copinage …
Reste un univers délirant assez unique dans le
cinéma actuel qui doit quand même un peu (beaucoup ?) à Caro et Jeunet (« Delicatessen »
notamment) et une imagination sans limite quand il s’agit de trouver des angles
de prises de vue totalement azimutés, la bizarrerie visuelle venant s’ajouter
au comique de situation …
Bon point aussi, les plaisanteries les plus courtes
étant les meilleures, quand avant le générique s’inscrit « Faim »
(sic) sur l’écran, on n’est là que depuis une heure vingt.
Conclusion : Dupontel pouvait mieux faire … et
il a fait mieux par la suite …
On le savait, il était cuit Bashung. Les poumons rongés
par le crabe. Une fois ce « Bleu pétrole » paru, il a fait ce qu’il a
pu pour assurer. Livide, un chapeau pour masquer les effets de la chimio, ayant
du mal à se déplacer, annulant séances photo, promo, concerts, il était un
sexagénaire débordé par la maladie. La « profession »
(l’establishment comme diraient ceux qui se rassemblent pour être haineux) dans
un grand élan d’œcuménisme quelque peu forcé, allait en faire le Victorieux de
la Musique millésime 2009. Il était venu pour recevoir ses colifichets. Deux
semaines plus tard, ceux qui l’avaient applaudi au Zénith y allaient à qui
mieux-mieux de leur épitaphe pendant que les illustres macchabées du
Père-Lachaise se serraient un peu pour lui faire une place …
De toutes façons, cette première décennie du nouveau
siècle n’était pas la sienne. Il n’avait sorti qu’un seul disque sous son nom,
« L’imprudence » (un machin noir et glauque devant lequel certains
sourds s’étaient prosternés), une paire avec sa moitié Chloé Mons (silence
gêné, personne les a écoutés), avant de mettre ce « Bleu pétrole » en
chantier. Pour lequel Bashung fait avec les moyens du bord. Ses deux paroliers
historiques, Bergman et Fauque ayant disparu de ses radars, c’est sur le
nouveau partner in crime Gaétan Roussel que va reposer la confection du disque.
Le Roussel, je supporte pas sa voix, et son énorme succès
avec Louis Attaque, ces boy-scouts des rengaines pour ados attardés, on peut
pas dire que ça m’ait transporté. Sur « Bleu pétrole », thanks God,
il chante pas le Roussel (mais la voix de Bashung, … bougez pas, on y
reviendra), mais il signe une grosse moitié des paroles et des musiques, joue
de plein d’instruments, et co-produit la rondelle. Bashung a pas mis tous ses
œufs dans le même panier, il a aussi collaboré avec Manset. Monsieur Gérard
Manset. Un type responsable pendant une vingtaine d’années (à partir de la fin
des 60’s) d’une dizaine de disques sans rien à jeter. Un type qui ne se livre
ni aux interviews, ni aux séances photo, refuse tout passage télé et n’a jamais
donné le moindre concert. Et pourtant un type qui n’a rien d’un misanthrope
asocial, il peut apporter son talent à d’autres qu’il choisit rigoureusement.
Bashung innove donc, ne gardant que son guitariste américain
« déconstructeur » Marc Ribot (longtemps complice de Tom Waits). Pour
être exhaustif, quelques troisièmes couteaux (Joseph d’Anvers, Arman Meliès)
co-signent une paire de titres.
Le son global du disque est assez sombre, ce qui est
somme toute assez compréhensible. Des batteries mates, des mélodies linéaires,
une ambiance poisseuse pour pas dire morbide, des cordes et beaucoup de
machines qui moulinent des schémas rythmiques élaborés et des arrangements
tarabiscotés. On sent le gros budget, sans que ça vire pour autant à la
démonstration narcissique. Un son qui accompagne la noirceur devenue habituelle
de Bashung, noirceur aggravée par un état de santé qui se dégrade. Il suffit d’écouter
la voix (très très en avant) au fil des titres pour la voir devenir de moins en
moins malléable avec un timbre de plus en plus grave. On pourrait retracer la
chronologie des enregistrements rien qu’en analysant ces prises vocales.
Salut l'Artiste ...
« Bleu pétrole », ce doit être l’album le mieux
vendu de Bashung. Les morts vendent bien, et c’est pas Barclay (label) et
Universal (distribution) qui diront le contraire. Etonnant que cette rondelle
bien sombre ait poussé autant de monde à l’achat, même si tout du long de sa
carrière, Bashung n’a jamais rien eu de l’artiste festif. Pour moi, « Bleu
pétrole » ne mérite pas le concert de louanges qu’il a recueillies. Trop
de compositions monotones, ternes, tenant beaucoup plus de la mélopée que de la
chanson (l’enchaînement « Tant de nuits » et « Hiver à
Sousse », cumulent fond sonore invertébré et mélodies indigentes, je
cherche encore où sont les mélodies, les couplets, les refrains, les ponts, en
gros tout ce qui fait une chanson dans ces deux titres). Déception idoine pour
deux titres auxquels a participé Manset, « Vénus » et « Je
tuerai la pianiste ». Du Manset méconnaissable (c’est quoi ces thèmes et
leurs textes, jamais rien entendu de ressemblant chez le Gégé, et il s’est pas
foulé pour les grilles d’accords), le premier étant le pire (la voix agonisante
de Bashung fait peine à entendre), le second étant porté par un gros riff de
guitare (le seul du disque et donc fatalement plutôt incongru, que sont les
rockabs rigolos du Bashung des 80’ devenus ?). Guère mieux avec « Le
secret des banquises » (Bashung-Roussel) qui fait cependant l’effort de
rechercher du rythme et de la mélodie.
Il y a deux reprises sur « Bleu pétrole ». Le
« Suzanne » de Léonard Cohen (adapté en français par Graeme
Allwright), dans une version musicalement squelettique (et pourtant la version
de Cohen était loin d’être exubérante). Et puis ce que j’appellerai un outrage
fait à « Il voyage en solitaire », chanson la plus connue de Manset,
et pour moi un des chefs-d’œuvre ultimes de chanson française. La version
originale cumulait thème triste (la solitude évidemment), mais voix chaude
suivant une mélodie first class jouée par un piano légèrement désaccordé. Ne
subsiste (hormis les paroles) rien de tout cela dans la version de Bashung,
juste une ambiance mortifère dans un minimalisme sonore. Le plus étonnant est
que Manset est ressorti de cette collaboration fasciné par Bashung, au point de
lui consacrer un bouquin, essai assez court et comme toujours chez Manset
parfois abscons, joliment intitulé « Visage d’un dieu Inca ». Petite
remarque, Bashung avait fait par le passé de belles reprises (« Nights in
white satin », « Les mots bleus »), cette fois-ci, il passe
quelque peu à travers.
Cette collaboration Manset-Bashung a quand même accouché
d’un bon titre, située au cœur du disque. Les plus de neuf minutes de ce
« Comme un lego » sont du pur Manset (la mélodie, la poésie simple et
émouvante). C’est aussi la meilleure prestation vocale de Bashung, qui retrouve
même les intonations chaudes du Gérard. Rayon bonnes chansons, l’introductif
« Je t’ai manqué » laissait pourtant bien augurer du reste, ambianche
rêche electro acoustique, jolis arrangements de banjo signé Marc Ribot. Le hit
« Résidents de la République » suivait, belle compo – une fois n’est
pas coutume – de Roussel. Chanson qui a fait jaser pour son pain lexical
(« je courirai », volontaire ou pas, le débat a fait rage), et ses
paroles assez hermétiques. Deux versions circulent, la première arguant qu’il
n’y a aucun sens particulier, la seconde y voyant une allusion aux piteux
débuts (pléonasme) du mandat de Sarkozy. Qu’il me soit permis d’échafauder une
autre vision, à savoir une chanson traitant de l’immigration (et pas selon les
théories de Re-Taïaut-Taïaut …). Autre bon titre signé Roussel, l’agréable
« Sur un trapèze », mélodie simple et efficace, et un Bashung
exceptionnellement en bonne forme vocale. Autre titre sorti en single, sans
atteindre la reconnaissance de « Résidents … ».
Vous avez compris, je suis pas vraiment en extase devant
cette rondelle …
Ce film est répertorié sous plusieurs titres. Aux
USA et parfois en français c’est « The 25th Hour » (« La 25ème
Heure » pour ceux qui avaient pris estonien en première langue), mais si
on veut pinailler son titre original c’est « Spike Lee’s 25th Hour ».
En fait, « 24 Heures avant la nuit » (ça,
faut avouer que c’est un titre qui claque et intrigue à la fois), c’est le
titre du bouquin qui a été adapté. Le type qui vient de publier « 24
Heures … » (mais pas trouvé le titre, c’est son éditeur qui le lui a
suggéré) est un jeune trentenaire inconnu du nom de David Benioff. Qui restera
pas trentenaire et encore moins inconnu puisque c’est lui le showrunner
(adaptation et production) derrière la série événement de ce premier quart de
siècle, « Game of Thrones ».
Norton, Hoffman & Lee
Son bouquin est typiquement newyorkais, toute
l’action s’y déroule (hormis le final du film on y reviendra), tous les
personnages sont viscéralement attachés à cette ville, que pour la plupart ils
n’ont jamais quittée. « 24 Heures … » raconte la dernière journée de
liberté de Monty Brogan qui doit le lendemain se présenter dans la prison
d’Etat d’Otisville pour y purger une peine de sept ans (vente, recel et
détention de drogues et du pognon qui va avec).
Premier intéressé par l’adaptation au cinéma, Tobey
Maguire qui souhaite produire et tenir le rôle principal. Sa participation dans
le rôle titre de la franchise Spider-Man l’empêchera de jouer dans le film mais
il restera coproducteur. Se pointe alors Spike Lee qui a lu le bouquin. Il lui
a plu, et il se doit de faire avancer le projet (selon lui, seul un réalisateur
newyorkais peut réaliser, c’est pas le style de Woody Allen, Scorsese est
occupé ailleurs, c’est donc à lui de s’y coller). Tours de table infructueux,
Lee met un peu de pognon, cherche des distributeurs et trouve un improbable
partenariat avec Disney, avec qui il faudra discutailler parce que « 24
Heures … » a peu à voir avec les histoires de Mickey … Et Lee et les
acteurs principaux le confirment, ils ont joué pour pas grand-chose (soi-disant
10% de leurs cachets habituels).
Brian Cox & Edward Norton
Avec Spike Lee derrière la caméra, on a affaire à un
réalisateur « clivant ». Une bonne part de sa filmo est plus ou moins
« communautariste » (tous ses premiers, de « Nola
Darling … » à « Malcolm X », et quelques-uns ensuite),
l’homme est adepte de déclarations parfois « embarrassantes », et ses
clashs avec notamment Tarantino et Eastwood ont secoué le petit monde du 7ème
art hollywoodien. Avec « 24 Heures … » Spike Lee va s’attacher à un
nouveau genre qu’il développera par la suite, le polar (« Inside Man »,
« BlacKkKlansman », …). Quoiqu’on pense du type Spike Lee (je suis
pas très fan), il faut reconnaître qu’il sait faire des films. Et qu’il a une
« patte », ces tics qui l’identifient immédiatement. Ici, ce sont les
faux raccords (genre le Godard de « Pierrot le Fou ») quand les
protagonistes se donnent l’accolade (embrassades doublées avec prise de vue
différente, ça dure un quart de seconde, c’est pas une erreur de montage), et
les travelling « immobiles » (l’acteur statique et la caméra sur les
rails, c’est le second plan qui bouge et s’éloigne).
Autant le dire, « 24 Heures … » est un des
meilleurs Spike Lee. D’abord, parce que contrairement à ce que pourrait laisser
penser le titre, tout se passe pas dans une journée et une nuit. Il y a
beaucoup de personnages principaux (le dealer, sa copine, son paternel, son
principal intermédiaire, ses deux amis d’enfance, une lycéenne) et donc
nécessité de quelques flashbacks pour comprendre tout ce qui va se passer dans
ces fameuses 24 heures. On est dans la tragédie, souvent cornélienne, mais pas
strictement dans la règle des trois unités.
Norton & Dawson
Le personnage principal, c’est Mont(gomer)y Brogan,
interprété par Edward Norton qui trouve là un rôle « fort », à
l’image de ceux qui l’ont révélé dans « American History X » et
« Fight Club ». Monty est un dealer « chic », bien sapé,
bel appart, jolie meuf (une Portoricaine d’origine, Naturelle Riviera jouée par
Rosario Dawson). Son meilleur pote dans ce business est un massif Ukrainien,
Kostya (le monumental Tony Siragusa, ancien lutteur et joueur pro de foot
américain, presque deux mètres et 0,15 tonne). C’est eux que l’on voit dans la
première scène du film, récupérer à l’initiative de Monty un chien bâtard
tabassé et abandonné au bord d’une rue, quelques mois (années ?) avant les
fameuses « 24 Heures … ». Le clébard, qu’on voit parfois avec Brogan
sur l’affiche du film est de plusieurs scènes, mais n’apporte rien à
l’histoire. Il est là pour souligner le côté humain de son nouveau maître. Qui
certes n'est pas dans les clous vis-à-vis de la loi, mais qui passe pas les
« limites ». Il a pas de flingue, c’est pas un violent, il est un
jeune mec smart qui « dépanne ».
Il est resté pote avec ses deux copains de lycée
voire d’avant, Frank (Barry Pepper), beau gosse trader plein aux as, et Jacob
(Philip Seymour Hoffman) prof dans le lycée qu’ils ont fréquenté, a des
relations assez conflictuelles avec son père veuf (Brian Cox), ancien
alcoolique repenti et tenancier de bar. Pour sa dernière journée (et nuit) de
liberté, Monty entend renouer avec son père et souhaite que ses deux vieux
potes l’accompagnent avec sa copine dans un bar chic et ensuite dans une boîte
tenue par ses fournisseurs de dope (des Russes forcément mafieux) qui lui ont
préparé une belle soirée …
Pepper, Hoffman & Norton
C’est pas avec ça qu’on tient plus de deux heures à
l’écran. L’intrigue principale (l’angoisse de la taule, sept ans pour la
première fois, ça travaille l’esprit et va forcément jouer sur sa relation avec
ses proches), accessoirement le pourquoi de la taule (découvrira t-il qui l’a
balancé, parce que les flics chez lui sont allés droit au canapé où étaient
planqués les billets et la dope).
Ce qui rajoute de l’intérêt à ce film, ce sont les
longues discussions entre les protagonistes (Frank et Jacob se donnent
rendez-vous chez Frank, ils vont manger un morceau dans un restau asiatique,
ils attendent avec Naturelle au bar l’arrivée de Monty, puis vont à la soirée
en boîte). Norton est très bon, dans le type au bord de l’abîme. Pepper aussi,
dans le rôle du beau gosse friqué sûr de son charme et de sa réussite sociale.
Et Philip Seymour Hoffman, comme toujours crève l’écran. Timide et complexé maladif,
on le voit en cours se faire allumer par une gamine de seize ans (belle
composition d’Anna Paquin), que pas de bol pour lui, il va retrouver par hasard
dans la soirée en boîte. Chaque apparition de Hoffman est un régal. Il faut le
voir avec ses deux potes beaux gosses tirés à quatre épingles, lui avec sa
casquette de baseball, ses binocles, ses fringues informes et son allure
rondouillarde, subissant totalement toutes les situations. Effet renforcé par
Spike Lee qui le filme le plus souvent en plongée alors que ses interlocuteurs
sont filmés en contre-plongée.
Et puis, y’a encore autre chose. « 24
Heures … » est un des premiers films (si ce n’est le premier) sorti
après le 11 Septembre et qui y fait référence à de multiples reprises. Passée
la première scène avec le chien, on a le générique sur fond de rayons lumineux
qui se croisent, puis des vues panoramiques de New York la nuit. Et quand les
immenses rayons lumineux reviennent à l’écran, on s’aperçoit avec le zoom
arrière qu’ils proviennent des gigantesques projecteurs éclairant le ciel et
situés à l’emplacement des deux tours du World Trade Center dégommées par les
terroristes kamikazes de Ben Laden. Et tout au long du film, on voit les
drapeaux américains accrochés aux fenêtres, aux murs, sur le vieux break du
paternel à Monty dont le bar est le « siège social » d’une escouade
de pompiers décimée lorsque les tours se sont effondrées. Il y a une scène
magnifique lorsque Jacob et Frank se retrouvent dans le très chic appartement
de celui-ci. Ils discutent face à une grande baie vitrée, la caméra est dans
leur dos, se rapproche, passe par-dessus leurs épaules et nous montre en plongée
les gros engins de déblaiement qui travaillent sur Ground Zero. Après de
longues minutes de discussion, fin de la scène avec un gros plan sur des hommes
avançant en ligne et balayant le terrain dégagé à la recherche du moindre
débris humain permettant grâce à l’ADN l’identification des restes de la
victime. Tout cela réalisé sans trucage, la scène a été tournée dans un
immeuble à proximité immédiate de Ground Zero …
Ground Zero
Une autre scène est indissociable du film. Il s’agit
d’un long monologue de Norton, face à un miroir (ce sont ses pensées, grâce au
numérique, il est de trois-quarts dos et parle, tandis que son reflet reste
muet), qui hurle quasiment sa colère, voire son mépris et sa haine pour tous
ceux qui défigurent, ont défiguré, en gros sont indignes d’habiter dans
« sa » ville. C’est pas nationaliste, c’est pas raciste, mais tous
ceux qui sont pas « dans l’esprit » en prennent pour leur grade (des
épiciers coréens aux chauffeurs de taxis pakistanais, en passant par les jeunes
Blacks qui jouent bêtement au basket, sans oublier Ben Laden, j’en passe et des
furieuses répliques cinglantes, ça dure bien cinq minutes). Et le dernier tête
à tête entre les trois potes à la sortie de boîte alors que le jour se lève
vaut aussi le détour …
Le scénario est millimétré, ça fait pas auberge
espagnole où on passe du coq à l’âne, il y a une grande fluidité, aucune
histoire dans l’histoire n’est oubliée. Perso, y’a juste un truc sur lequel
j’émets des doutes. Lorsque son père conduit Monty à la prison, il lui propose
de tracer la route et de disparaître à l’autre bout des States au lieu d’aller
en taule. Des scènes oniriques (tournées au Texas) nous montrent ce que seront
les décennies suivantes si Monty choisit cette option. Je trouve ça plutôt long
et maladroit, ça a surtout donné du boulot aux maquilleuses chargées de
vieillir Norton. Spike Lee y tenait à ces scènes (c’était pas dans le bouquin
de Benioff). Le dernier plan de quelques secondes nous indique le choix qu’a
fait Monty.
Grand et beau film, un des deux ou trois meilleurs
de Spike Lee, jusque dans son générique final, rythmé par une superbe version
réarrangée avec grand orchestre de « The Fuse », validée par son
auteur, remercié en tant que Bruce « Da Boss » Springsteen …