« Le chanteur de jazz » en 1927
est un film qui n’a guère d’intérêt artistique. Dans l’histoire du cinéma,
c’est un film majeur. C’est la première fois que les spectateurs (américains
d’abord) voient et surtout entendent des gens parler dans un film. Et
accessoirement chanter. Dès lors, un monde va s’effondrer, celui du cinéma
muet. Et le cinéma va exploiter toutes les possibilités offertes par le
parlant. Une des premières « modes » qui déplacera les foules dans
les salles sera le film musical, qui permet de diffuser dans tout le pays ce
qui juste-là n’était visible que dans les salles de music-hall en général et à
Broadway en particulier. Tout un pan culturel va s’inventer au début des années
30, de nouveaux métiers apparaissent.
Sandrich, Rogers, Astaire & Berlin
Le métier de scénariste se
réinvente, tout comme celui de metteur en scène. Les chorégraphes, les
compositeurs de musique, les chanteurs et les danseurs deviennent très
demandés, de jeunes anonymes du 7ème art prennent d’assaut les
majors avec leurs projets. Comme toujours, beaucoup de prétendants, peu d’élus.
Un gars va rapidement se faire
un nom. Mark Sandrich il s’appelle. Employé subalterne des plateaux, il observe
comment on y travaille et en 1933 remporte l’Oscar du meilleur court-métrage.
Il peut dès lors se présenter aux studios avec des projets plus ambitieux. Son
truc, ce sera la comédie musicale. D’autres y ont pensé avant lui, et parfois
avec des gros succès (Lloyd Bacon et Mervin LeRoy, tous deux chez Warner avec
« 42ème Rue », « Prologues » « Gold diggers
1933 », …).
Sandrich va faire le siège de
RKO. Avec sa trouvaille, un chorégraphe metteur en scène de spectacles musicaux
à Broadway, un certain Fred Astaire. L’accueil des pontes de la RKO est devenu
légendaire, en gros ce type ne sait pas chanter, ne sait pas jouer la comédie,
il est à moitié chauve, il danse à peu près correctement. Ce qui forcera la
décision, c’est que Sandrich et Astaire ont avec eux Ginger Rogers, qui
commence à être connue dans le métier.
Le premier film de Sandrich avec
le duo Fred Astaire – Ginger Rogers, une reprise à l’écran d’un spectacle de
Broadway dont Astaire était le personnage principal « La joyeuse
divorcée » en V.F. sera un énorme succès. La formule gagnante sera
reproduite à l’identique pour « Le danseur du dessus » (même
réalisateur, même équipe technique, les mêmes cinq acteurs principaux
reconduits). Seule la partition musicale changera de signature, on passe de
Cole Porter à Irving Berlin, avec Max Steiner comme chef d’orchestre ; on
reste dans le très haut niveau ce côté-là …
« Le danseur du dessus »,
en V.O. il s’appelle « Top Hat » (haut-de-forme en français, ce qui
n’est pas exactement la même chose), même si les deux titres font sens (les
personnages principaux sont coiffés de hauts-de-forme, un des morceaux chantés
s’appelle « Top Hat », mais d’un autre côté, Fred Astaire et Ginger Rogers
se rencontrent quand le premier fait un numéro de claquettes dans une chambre
d’hôtel, empêchant la seconde de dormir dans sa chambre à l’étage au-dessous).
« Top Hat » est une
comédie musicale. Dans le sens strict des deux termes accolés. Un scénario de
théâtre de boulevard avec gags et quiproquos qui s’enchaînent sans temps mort,
entrecoupés de chansons et de parties de danse du couple Astaire-Rogers. Force
est de reconnaître que le résultat est bien foutu, avec son casting composé de
« gueules » et leur jeu tout en grimaces et roulements d’yeux hérités
de l’expressionnisme du muet, Astaire et Rogers s’en sortent plutôt
honorablement tant par leur jeu d’acteur (même s’ils ont souvent tendance à en faire
des caisses) qu’au chant. En quand ils dansent, là ils crèvent l’écran, en
parfaite osmose. Et sans trop tricher, filmés de pied (donc pas de doublures),
et avec très peu de raccords (on est en 1935, quand il y a des raccords, ils se
voient). On voit la troupe déambuler dans un décor d’hôtels londoniens luxueux
au début, et dans un gigantesque décor de Venise en carton dans la seconde
partie. Une seule scène est filmée en extérieurs, dans un kiosque à musique
sous la pluie (fausse, la pluie), pour la séquence certainement la plus connue
du film. A noter que si le nom de Sandrich est peu souvent cité de nos jours,
il n’en reste pas moins un technicien remarquable, avec des cadrages au
cordeau.
« Top Hat » a été un immense
succès aux Etats-Unis pour le duo Astaire-Rogers. Et pour Sandrich, qui en
tournera encore deux ou trois avec son couple vedette. Le film sera exporté en
Europe. D’une façon bizarre, notamment en France. La version américaine dure 92
minutes. « Le chanteur du dessus » sera réduit de vingt minutes, ce
qui n’est pas rien. Des personnages secondaires, des scènes entières sont
supprimées ou grandement amputées, certaines situations deviennent quasiment
incompréhensibles. Seules n’ont pas été touchées les parties chantées ou
dansées. C’est plus un film qu’on a vu en France, c’est un spectacle de
music-hall.
Top hats ...
Aujourd’hui, la plupart des
éditions Dvd françaises proposent les deux versions, l’américaine restaurée en
anglais et/ou sous-titrée, et la version française d’époque, donc techniquement
tout juste passable …
Fred Astaire et Ginger Rogers
seront les premières superstars de la comédie musicale, avant que le genre
s’essouffle, remplacé par les films d’aventures ou les westerns en décors
naturels (et souvent en couleurs). Le genre renaîtra plusieurs fois. Dans les
années cinquante avec un second âge d’or sous l’impulsion de Sinatra (« Un
jour à New York ») et Gene Kelly (« Un américain à Paris » et le
chef-d’œuvre absolu « Singin’ in the rain »), le best-seller de Wise
« West Side story », en France avec Demy dans les 60’s, aux
Etats-Unis dans les seventies (« Phantom of the paradise »,
« Rocky horror picture show », « Saturday night fever »,
« Grease », …). Jusqu’à nos jours avec les gros succès des « La
La Land » est autres remakes de « West Side story ». La comédie
musicale règne depuis des décennies en Inde où Bollywood en produit des
dizaines chaque année …
Tout cela sans égaler la
magique naïveté des pionniers des années 30, dont « Top Hat »
constitue un excellent exemple …
« La fièvre du Samedi soir »
(« Saturday night fever » en V.O.) est le genre de films comme il peut
en sortir deux ou trois tous les cinquante ans. Pas de scénario, des acteurs au
mieux de quinzième zone, un budget de misère, un inconnu à la caméra, et
résultat, un film que même les talibans doivent connaître … Comment peut-on en
arriver là ? Asseyez-vous, sortez les costards blancs, les chemises à cols
pelle à tarte, les chaussures vernies à talons compensés, allumez les boules à
facettes, mettez à portée de main une compile de Kool & The Gang, et ouvrez
grand vos oreilles, Papy Lester va vous conter cette histoire peu commune …
Badham & Travolta
A l’origine de toute l’affaire,
Nik Cohn. Anglais expatrié aux States, et une des stars du journalisme « rock »
des seventies, auteur de l’excellent « Awopbopaloobop alopbamboom, the golden
age of rock ». Toute la presse spécialisée ou pas lui demande des articles
sur les nouvelles tendances musicales. En 1975, il écrit un papier fleuve pour
le New York Magazine intitulé « Inside the Tribal Rites of the New
Saturday Night », racontant son immersion dans des clubs interlopes de la
ville où toutes les communautés sociales et raciales de New York se réunissent à
la fin de la semaine de boulot au son des rythmes disco. Cohn l’a depuis avoué,
son article est totalement bidon, il a tout inventé, ces endroits au pire n’existent
pas, et au mieux, il ne s’y passe pas vraiment ce qu’il décrit … Bon le disco lui
existe, extrapolé du funk et de la soul (notamment de Philadelphie) un rythme
dansant en 4/4 avec les seconds et quatrième temps très appuyés (le fameux tchac-poum).
Mais c’est une musique pas très populaire, et surtout uniquement réservée au
public Noir. Ses « héros » en 1975 sont Barry White, KC & the
Sunshine Band, Gloria Gaynor, vont apparaître Donna Summer et Chic (à noter que
le « Young americans » de Bowie s’inspirait en partie de ces rythmes
avant-gardistes). Cette vague disco qui grandit va évidemment générer ses
détracteurs (le fameux slogan « Disco sucks » et à la fin de la
décennie les autodafés des 33T de disco).
L’article de Nik Cohn, des gens
l’ont lu. Dont Robert Stigwood, producteur entre autres de films musicaux « contre-culturels »
genre « Jésus-Christ Superstar » ou la nanardesque version filmée de « Tommy ».
Stigwood vient de prendre sous son aile (moyennant un contrat léonin) un réalisateur
de seconde zone, John Avildsen. Qui vient de terminer « Rocky », un
film évidemment fauché sur le rêve américain à travers le prisme de la boxe, donnant
la vedette à un nabot italo-américain quasiment inconnu, Sylvester Stallone.
Avildsen est sommé par Stigwood de mettre en chantier et à moindre frais un
film sur le disco. Manière de refaire le coup de Stallone (« Rocky »
vient de sortir et grimpe au box-office), la tête d’affiche sera confiée à un
certain John Travolta, acteur localement connu pour son rôle dans une série télé
diffusée sur New-York … Mais Stigwood n’est pas que dans le cinéma, il est
aussi dans la musique et s’est occupé notamment de la carrière de Cream et a en
magasin un groupe de frangins originaire de son pays (l’Australie), les Bee Gees.
Un groupe a la trajectoire bizarre, ayant commencé en Angleterre par des
chansons psychédéliques, avant de tomber dans l’oubli, de revenir avec de la
pop plus ou moins symphonique et des hits mondiaux (« Massassuchets »,
« To love somebody ») et de retomber de nouveau dans l’anonymat. Là,
vers 1975, ils tentent de bricoler des morceaux sur des rythmes disco. Le
requin Stigwood sent le coup double, produire un film sur le disco, et en
confier la musique aux frangins Gibb, chargés d’écrire des titres pour la B.O,
et de faire le tri dans tout ce qui est proposé par d’autres (y compris d’improbables
reprises de la Vème Symphonie de Beethoven ou une extrapolation d’un thème de Moussorgski,
ces deux titres finiront sur la bande-son du film). Comme Stigwood est dans la
musique, il sent bien que la vaguelette disco peut vite faire flop, et met la
pression sur Avildsen (scénario, repérages, casting, …) pour qu’il accélère la
cadence. Pendant que de son côté Travolta suit depuis des mois des cadences de
travail infernales avec un chorégraphe, perd des kilos, et se demande si ce
film sera réellement mis en chantier.
Les choses traînent et Stigwood
ne va pas faire dans le détail. Il convoque un jour Avildsen (c’est Avildsen lui-même
qui raconte dans les bonus de « Saturday night fever ») en lui disant :
« J’ai deux nouvelles pour toi. Une bonne et une mauvaise. La bonne, c’est
que « Rocky » est nominé plusieurs fois aux Oscars. La mauvaise, c’est
que je te vire. ». Exit Avildsen et recrutement immédiat d’un quasi
anonyme, John Badham. Avec un ordre de mission clair et concis, en gros : « Tu
as trois mois pour tourner un film sur le disco avec Travolta en tête d’affiche.
Et une poignée de dollars. Allez, action … ».
« La fièvre du samedi soir »
sera donc tourné en extérieurs dans Brooklyn, une minable boîte locale sera
relooké, et un certain Norman Wexler chargé d’écrire un scénario à partir de l’article
de Nik Cohn … Inutile de dire que tout sera fait à l’arrache, Travolta ayant
même à peu près carte blanche pour improviser ce qui n’est pas écrit (dans toutes
les scènes, de danse ou pas) … Sauf que très vite les problèmes vont se
multiplier. L’inconnue chargée du premier rôle féminin jette l’éponge (ou est
virée selon les versions), et la tout autant anonyme Karen Lynn Gorney est recrutée
la veille du premier jour de tournage. Au bout de quelques prises, il s’avère
que tourner en extérieurs à Brooklyn n’est pas une bonne idée, c’est à peu près
le seul endroit au monde où Travolta est connu, et très vite des dizaines, des
centaines de badauds (ils disent des milliers dans les bonus du film, j’ai l’impression
qu’ils exagèrent) vont arriver sur les lieux du tournage pour voir le héros
aminci et relooké de leur sitcom favorite. La police en nombre devra les contenir,
généralement sur le trottoir d’en face. Corollaire, la mafia locale, guère séduite
par autant de gens et de flics sur son carré de bitume, va venir demander à
Stigwood une petite contribution financière, afin de « sécuriser »
les lieux de tournage. Ignorées dans un premier temps, ces demandes seront acceptées
après le départ tout à fait accidentel de quelques incendies (notamment devant
la boîte où se passe une grande partie du film). Mais le pire n’est pas là.
Travolta sur qui repose tout le film perd au début du tournage sa femme de
dix-huit ans son aînée, emportée par un cancer du sein. Il lui faudra composer
avec le deuil et la douleur et assurer devant la caméra … une légende est en
train de s’écrire …
Travolta & Gorney
Badham tiendra le cahier des
charges, et les premières diffusions du film ont lieu fin 1977. Résultat :
un film qui a coûté trois millions et demi de dollars en a rapporté quasi 70
fois plus lors de son exploitation en salles (sans compter les VHS, les
locations, Dvd, Blu-ray, ou les ressorties en salles). La bande-son du film s’est
dépotée à 40 millions d’exemplaires dans le monde, avec trois titres des Bee
Gees (« Stayin’ alive », « How deep is your love » et « Night
fever ») en haut des charts mondiaux en 1978. Il paraît que celles de « Bodyguard »
et « Dirty dancing » ont fait mieux à quelques unités près. Sauf que
ces deux dernières étaient des vinyles (ou Cds) simples, celle de « Saturday
night fever » est un double vinyle (ou Cd).
Comment tel raz-de-marée
commercial est-il possible ? Parce que contre toute attente « La
fièvre du samedi soir » est un film, un vrai de vrai. Avec une histoire,
des personnages pas toujours très simples-simplistes-simplets, une énorme
performance de Travolta (qui est de toutes les scènes) … Et puis une conjonction
étonnante avec l’actualité. La vague disco aurait pu avoir disparu lors de la sortie
du film. Elle était en train de submerger le monde, tous les clubs, toutes les
radios, tous les juke-boxes crachaient du disco. A quelques encablures du lieu
de tournage le Studio 54 devenait la boîte la plus branchée du monde, Bianca
Jagger en était son égérie (et principale cliente), son Mick de mari y passait
quelques fois, et toutes les stars et milliardaires du monde s’y faisaient
photographier. Et c’était une boîte à la programmation 100% disco … Rarement
film a été autant raccord avec l’actualité qu’il traite (le seul autre exemple
qui me vienne à l’esprit, c’est « Le dictateur » de Chaplin). Et ça
attirait du monde parce qu’on voyait et entendait (en plus du chant et de la
danse) dans « La fièvre du samedi soir » des choses assez rares dans les
films grand public (des « fuck » et des « shit » à chaque
phrase, des tétons de strip-teaseuse, des mecs qui prennent de la drogue, une
tournante à l’arrière d’une voiture, un avortement, un suicide, …)
Papa et Maman Manero
« S.N.F. » (désolé je
vais commencer à abréger, je commence à trouver le temps long devant mon
clavier), c’est une tranche de vie de Tony Manero (Travolta of course), jeune
italo-américain de Brooklyn. Il bosse dans une quincaillerie, et le samedi
soir, comme c’est un bon danseur, il se met sur son trente et un et va,
accompagné de ses potes aussi bas du front que lui, foutre le feu au dancefloor
d’une boîte minable du quartier, espérant se faire remarquer (et plus si
affinités) de quelque gonzesse peu farouche … L’intrigue essentielle du film
sera pour lui de trouver une partenaire (et accessoirement de la sauter) avec laquelle
il pourra remporter un concours de danse dans sa boîte de prédilection … On en
connaît des films musicaux, tristes navets sonorisés où le script est aussi
mince (« Footlose », « Dirty dancing », « Flashdance »,
et foultitude d’autres ayant eu moins de succès) qui ne présentent aucun intérêt.
Dans « S.N.F. », on s’attaque
aussi à la vie sociale et familiale de Tony Manero (le paternel chômeur, la
mère femme au foyer, le frère aîné au séminaire et bientôt défroqué, la petite sœur
mutine, et la vieille mama au bout de la table). Cet espèce de matamore en
dehors de chez lui (parce que at home il prend des torgnoles s’il se tient pas
bien) se fait enfumer par sa dulcinée totalement mytho (elle est secrétaire dans
une agence de com, et lui fait croire qu’elle prend le café ou ses repas avec
toutes les stars du ciné ou de la chanson qui passent en ville, et ça émeut fortement
Tony, lui qui ne connaît même pas l’existence d’Eric Clapton ou de Laurence
Olivier …). Pourtant, Tony, il en a des références. Dans sa piaule, y’a des
posters de Rocky Balboa, Bruce Lee, Al Pacino, et côté meufs, Farah Fawcett en
maillot de bain et Lynda Carter dans sa tenue de Wonder Woman. Et puis, le rêve
de Tony et de ses bras cassés de potes, c’est une fois passé le Verrazano Bridge
(dont il connaît tous les détails architecturaux et où lui et sa bande vont
faire de l’équilibre sur les travées et les filins en sortant de boîte) de
pouvoir aller à Manhattan, chez les gens « bien », dans cet autre
monde … et « S.N.F. », contrairement à beaucoup de ses semblables
longs-métrages, n’est pas un film avec une happy end … Même Tony a à peu près
tout foiré, il garde son boulot minable, il essaie d’aller vivre avec sa
partenaire à Manhattan, mais c’est pas gagné, et il s’est rendu compte qu’il y a
des Blacks et des Porto-Ricains qui dansent mieux que lui … et en plus de
victimes virtuelles du film, le pauvre Badham s’est fait virer par la Paramount
le lendemain de la première (dialogues et scènes vulgaires, les gens de la
vénérable maison ayant frisé l’apoplexie sur le plan en contre-plongée de
Travolta en slip). Autres victimes collatérales plus tardives : les Bee Gees,
dont le nom n’est pas prononcé une seule fois (faut le faire) au cours d’un doc
de 30 minutes sur la musique du film (je suppose que des histoires de contrats,
de droits, de royalties ayant fini au tribunal doivent expliquer ça)…
Helen, la vraie maman de Travolta
« S.N.F. » a eu du
succès parce qu’il enquille les scènes fameuses, devenues cultes. Et ça
commence dès l’intro, pendant que défile le générique, où l’on voit Tony, un
pot de peinture à la main, marcher en rythme sur la musique de « Stayin’
alive ». Parenthèse, pour bien situer le côté fauché du film, pendant
cette scène inaugurale, Tony achète une part de pizza et une fois arrivé au magasin,
vent le pot de peinture à une femme d’un âge respectable qui l’attendait. La
marchande de pizza, c’est la sœur de Travolta, et la mamie dans le magasin, sa
propre mère …Et puis Travolta exécute de grands numéros de danse, certains improvisés.
Et sans être doublé. Il a refusé et est le plus souvent filmé de pied en cap
quand il danse (comme Fred Astaire, il l’a exigé) ce qui montre qu’il n’y a pas
de doublure. Enfin si, une fois, et même des années après, ça fout la rage à
Travolta quand il en cause, c’est le plan au début où il met sa chaussure en
face d’une exposée en vitrine pour juger de son effet. Et bien, c’est pas sa
jambe, il y a eu recours à une doublure, personne a jamais compris pourquoi,
juste pour lever la jambe devant une vitrine …
« S.N.F. », c’est
aussi un film qui fourmille de références. Pas seulement les posters dans la
piaule où le name dropping effréné de Karen Lynn Gorney. On sait pas si le
scénariste a pas eu suffisamment de temps ou si c’était une feignasse, mais
enfin … la boîte de Tony s’appelle le 2001 Odessey, la baston dans l’entrepôt
désaffecté avec les latinos très chorégraphiée est un copier-coller de celle
entre les Troogs et les Je-sais-plus-qui de « Orange mécanique », et
cette rivalité entre bandes renvoie à « West side story ». Et toute
la thématique et l’ambiance faussement joviale alors que des drames se nouent,
les bandes et les bagnoles, ça fait quand même un peu penser à « American
Graffiti ».
A contrario, quand Travolta et
Gorner sont assis sur un banc sur les quais surplombés par le Verrazano Bridge,
on trouvera quelques mois plus tard exactement le même plan filmé de l’autre
côté du fleuve par Woody Allen (lui et Diane Keaton sur un banc) dans, of
course, « Manhattan ».
Ma scène préférée : le
cours de danse disco pour troisième âge dans le local où va vont s’entraîner Travolta
et Gorner …
Conclusion (ouf …). Pas un
chef-d’œuvre, mais un très bon film culte …
« Les chansons d’amour » en voilà un film
dont je sais pas trop quoi penser. Une chose est sûre, pas un chef-d’œuvre du 7ème
art, bon, c’était pas le but non plus … « Les chansons d’amour » est
un film fauché, ça se voit, et c’est d’ailleurs revendiqué par Honoré lui-même.
« Les chansons d’amour », c’est un peu une
version bobo des premiers Godard notamment, mais aussi du cinéma de Truffaut,
de Demy, la Nouvelle Vague en fait. Par cette obsession à mettre Paris en scène
(ici en l’occurrence le Xème arrondissement, pas très loin de la Place de la Bastille)
on pense forcément au Godard de « A bout de souffle », dont Honoré
recopie la technique rudimentaire. On tourne en décors naturels, avec des vrais
passants, la caméra installée sur un fauteuil roulant. Et donc on voit des gens
qui se retournent vers l’objectif, qui sortent sur la porte des boutiques … on
en a même un qui suit Mastroianni et Garrel avec un caméscope … « Les
chansons d’amour », c’est aussi un clin d’œil à Truffaut (le ménage à
trois à la « Jules et Jim », et un Garrel aussi tête à claques avec
son jeu très stylisé que Léaud – Doinel). Et puisque comme son titre l’indique
on a affaire à un film musical, impossible d’évacuer l’influence omniprésente du
Demy des « Parapluies de Cherbourg » avec son actrice blonde
(Ludivine Sagnier) coiffée comme Deneuve à l’époque, et dont la Chiara de fille
a un des rôles principaux … et pour les maniaques, on trouve plein de pages sur
le Net qui évoquent les allusions aux films de la Nouvelle Vague …
Avoir des références solides n’exclut pas d’avoir
aussi un peu de rigueur. Les commentaires d’Honoré sur son film sont assez saisissants :
« si le premier quart d’heure est raté, c’est pas grave », « il
faut des scènes faibles pour faire ressortir les moments forts » … c’est
quand même le genre de réflexions qui me laissent assez dubitatif … Parce que
le challenge est de taille. Pour faire un bon film musical (et pas une comédie
musicale, la différence est de taille), faut une bonne histoire et de bonnes
chansons.
Sagnier, Garrel & Hesme : bizarre love triangle
Côté histoire, ça peut aller. Ismaël (Louis Garrel),
Julie (Ludivine Sagnier) et Alice (Clotilde Hesme), vivent, dorment et baisent
dans le même appartement (à noter que Hesme et Garrel étaient déjà en couple dans "Les amants réguliers" de Philippe Garrel et de morne mémoire). Et lorsque Julie meurt subitement au bout d’un petit
tiers du film (ça fait penser les coups de canif dans la douche en moins à
Janet Leigh dans « Psychose »), on suit la dérive émotionnelle d’Ismaël,
lâché par Alice (on comprend pas pourquoi), partagé entre sa belle-famille (Jean-Marie
Winling et Brigitte Rouan, les parents de Julie, Chiara Mastroianni et Alice
Butaud ses sœurs), ses nanas de passage (une serveuse de bar), et sa « révélation »
homosexuelle avec le frangin du nouveau copain d’Alice (Erwann, joué par
Grégoire Leprince-Ringuet) … même si dans cette histoire la tendance bobo blasé
surjouée des personnages finit par être redondante et plutôt pénible …
Côté chansons, la bande-son (hormis une citation des
« Amoureux solitaires » de Elli et Jacno dans sa reprise par Lio, et
un obscur titre de Barbara sur le générique de fin) est à mettre à l’actif (ou
au passif, c’est selon) d’un pote d’Honoré, Alex Beaupain (Alex qui ? désolé,
j’ai des lacunes en chanson française). Ça sonne quasi exclusivement comme du
Souchon sous Lexomil, même si Beaupain cite souvent Daniel Darc (la connexion Frédéric
Lo, producteur de l’ancien Taxi Girl et de la bande-son) et Etienne Daho. C’est
chanté avec les moyens du bord (par les acteurs eux-mêmes en studio, et en play-back
- ça se voit, pas toujours synchros – lors du tournage des scènes), pendant des
séquences du film qui font penser à un vidéo-clip réalisé par France 3 Limousin
pour le vainqueur du radio-crochet de la foire aux bestiaux de Tulle …
Leprince-Ringuet & Garrel : mélodie en balcon
Tiens, et puisqu’on en est à parler de Tulle (patrie
du grand François Hollande, non, je déconne …), le film a été tourné pendant l’hiver
2006-2007, lors les débuts de la campagne pour la présidentielle de 2007. Au début,
on voit très fugacement une affiche avec la rose du PS, et puis Garrel passe de
nuit devant la permanence électorale de Sarkozy. Et comme Honoré est un « engagé »,
on voit Garrel et Hesme travailler (ils bossent dans la presse écrite) sur un
article relatant la fameuse traque du scooter au fils à Sarko (retrouvé en
mobilisant la police scientifique et les empreintes ADN, tout ça pour un scoot,
et dire qu’il y a des nostalgiques de ce nabot …). Le genre de précision idéologique
tant datée que dispensable …
« Les chansons d’amour », c’est quand même
globalement un film élitiste (j’ai pas dit prétentieux) … ça s’adresse pas au « grand
public », c’est parfois assez chiant, le jeu des acteurs me laisse
perplexe (Leprince-Ringuet je le trouve pas bon dans son rôle d’ado qui s’éveille
à l’homosexualité, Garrel en fait souvent trop et le reste du casting souvent
pas assez, …), et la musique, passons …
« Les chansons d’amour », ça ciblait les abonnés
de Télérama. De ce côté-là, objectif atteint, le mag l’a encensé …
Ailleurs, les avis ont été assez mitigés et le film n’a pas enflammé la
Croisette lors du Cannes 2007 …
Dans l’industrie du divertissement
américaine, le nom de Minnelli est un de ceux qui comptent. Le Vincente Minnelli
donc, réalisateur multi-oscarisé, ancêtre de toute une lignée d’Italo-américains
versés dans le septième art (les Scorsese, De Palma, Cimino, Coppola, …), mais
aussi père de la Liza du même nom, reine des cabarets et revues de Broadway, et
mari de l’alcoolo dépressive, l’ex-enfant star Judy Garland.
Vincente Minnelli, c’est une
filmographie assez conséquente, placée pour la majorité de ses œuvres les plus
connues sous le sceau de la comédie musicale (« Le chant du Missouri »,
« Tous en scène », et son meilleur, « Un Américain à Paris »).
Plus quelques films plutôt noirs, dont les excellents « Les ensorcelés »
et « Comme un torrent ».
Vincente Minnelli
« Gigi » est une
comédie musicale et son plus gros succès (huit statuettes, dont meilleur film
et meilleur réalisateur), et comme d’autres films avant lui (dont une « version
française » une dizaine d’années plus tôt), inspirée d’un bouquin de Colette.
Le film de Minnelli respecte globalement les grandes lignes du livre, tout en y
rajoutant quelques touches personnelles, la plus notable étant l’ajout d’un
personnage, vieux bourgeois grivois, et oncle du principal protagoniste
masculin.
Colette a situé l’action de « Gigi »
à Paris vers 1900, au milieu d’une faune de riches et de « demi-mondaines »
(gentille expression d’époque pour désigner des femmes dont l’outil de travail
était situé un peu au-dessous du nombril) annonciatrice de la Belle-Epoque. Minnelli
a donc fait un film parisien tourné à Paris. Un Paris qu’il connaissait
peut-être, mais qu’il rend totalement fantasmatique, vision grotesque de carte
postale, de la ville de La Tour Eiffel, la ville des allées du Bois de Boulogne
(alors lieu de promenade et d’exposition de la haute bourgeoisie), la ville des
soirées chez Maxim’s, la ville des amours romantiques…
Là où ça se complique, c’est
que Minnelli a décidé d’en faire une comédie musicale et confié les trois rôles
principaux à des Français. Deux plus ou moins expatriés, Louis Jourdan et
Leslie Caron (c’est elle qui serait l’instigatrice principale du projet qui a
fini en film), plus l’inénarrable Maurice Chevalier. Tous les trois jouent
comme des savates, en faisant des brouettes. Même si ce jeu outré est un peu
récurrent avec les comédies musicales, là c’est vraiment too much. D’autant
plus que la Caron et le Jourdan sont à la ramasse sur leurs parties chantées,
heureusement peu nombreuses. Minnelli aussi est en roue libre. Certes il sait
tenir une caméra, le cadrage est précis, le montage fluide, les costumes censés
être d’époque sophistiqués, malgré un traitement des couleurs bien pétaradant …
Ce qui ne masque pas la vacuité simplette de l’histoire (il me semble que le
bouquin lu il y a des décennies est moins neuneu). Tout ça fait un peu « Un
Américain à Paris » bis.
Minnelli a toujours eu le chic
pour surexposer des ringards improbables. Dans « Un Américain … » c’était
Georges Guétary dans un second rôle (et la première apparition de Leslie Caron
qui allait en faire une vedette grâce au succès du film). Ici, on peut s’interroger
sur la pertinence du choix Louis Jourdan, totalement inexpressif et
transparent. Plus encore sur celui de Leslie Caron qui à 27 ans joue une gamine
(15 ans dans le bouquin, 17 dans le film). Certes elle est toute petite, mais
elle se force à minauder et à grimacer au-delà du raisonnable. Le pompon est attribué
à Maurice Chevalier. Rarement vu dans un film un rôle principal aussi mauvais, figure
cireuse rigide (à force de maquillage), perpétuel sourire benêt toutes dents
blanches (refaites) en avant, … si on voulait être méchant (pas mon genre,
hein, vous le savez), on dirait que pousser la chansonnette pour les officiers
nazis pendant l’Occupation n’en a pas fait un grand acteur …
La première scène résume tout
ce qu’il y a de mauvais dans ce film. Alors que des équipages de calèches
luxueuses traversent au second plan les allées du Bois de Boulogne, Maurice
Chevalier dont le personnage se définit comme un libertin forcené, reluque des fillettes
qui jouent au cerceau (dont Leslie Caron, grotesque de puérilité) en entonnant
une des chansons à succès du film « Thanks heaven for little girls ».
Dont les paroles sont encore pires que ce que laisse présager le titre, ça
donne en français des choses à haute allusion pédophile comme « c’est une veine
qu’il y ait des fillettes ». A l’heure où pour beaucoup moins que ça,
certains ont généré contre eux des hashtags incendiaires associés à des
campagnes d’opprobre et de destruction massives pour de très vieilles histoires,
il est étonnant que ce film n’ait pas été montré du doigt …
Remarquez, qui peut bien se
fader des niaiseries pareilles ?
Et pas seulement à cause de la
chanson de Madonna et de son clip, hommage-pastiche-parodie d’une chanson du
film, et pas n’importe laquelle, « Diamond are a girl’s best friend », une des plus
connues du répertoire ( ? ) de Marylin Monroe …
Marylin
Madonna
« Les hommes préfèrent les
blondes » (« Gentlemen prefers blondes » en V.O., ce qui comme d’habitude
n’est pas exactement pareil) est une comédie musicale qui reprend des ficelles
vieilles comme le cinéma (la recherche d’un mari riche quand on brille
davantage par son tour de poitrine que par son QI). Déjà un truc doublement
ringard au début des années 50, le film musical et la pin-up écervelée. Même si
de superbes comédies musicales, il en reste à venir (« West Side story »,
« Les parapluies de Cherbourg » par exemple) et si la barre vient d’être
placée très haut avec « Singing in the rain ». De toutes façons le
scénario de « Les hommes … » vient en droite ligne des années 30,
avec des références comme « Gold diggers », avec les chorégraphies
démentes mises en scène par Busby Berkeley.
Monroe & Hawks
Avec « Les hommes … »,
on est loin de tout ça. Même si derrière la caméra, il y a Howard Hawks,
excusez du peu. Howard Hawks, le type qui a tourné « Scarface », « découvert »
Lauren Bacall, et fini avec les deux westerns crépusculaires (avec à chaque
fois John Wayne) « Rio Bravo » et Rio Lobo »… Pour faire simple,
on dira que Hawks, c’est pas exactement n’importe qui…
D’autant que devant sa caméra,
y’a du matos. La Monroe, en pleine ascension vers la gloire intergalactique,
qui joue le rôle d’une blonde (si, si) délurée, cupide, maline mais (très) bête.
A ses côtés, Jane Russell, dont on aurait oublié les talents de chanteuse et d’actrice,
si Dame Nature ne l’avait pas dotée d’un généreux tour de poitrine. Elle est la
brune, plus réfléchie et moins cœur d’artichaut que sa copine blonde. Les deux
sont chanteuses sexy de cabaret. Et on suit les tribulations de Lorelei Lee
(Monroe) et Dorothy Shaw (Russell) en bateau qui vogue vers l’Europe, à Paris (
la ville romantique de toute comédie musicale digne de ce nom), enfin dans des
décors en carton censés représenter Paris…
Monroe & Russell
Le scénario est totalement crétin,
la Monroe et la Russell jouent et chantent comme des savates, et donc faut se
consoler comme on peut de la médiocrité du film. En appréciant les belles
images et le beau technicolor de Hawks, une galerie de seconds rôles
pittoresques, même si tous en font des brouettes pour avoir l’air le plus con possible,
et quelques bonnes réparties intemporelles. Et pour exciter le mâle américain
des années cinquante, quelques chansons et chorégraphies (assez quelconques)
qui voit brailler et se trémousser plus ou moins en cadence les deux belles en
tenues suggestives.
A l’époque, Russell et Monroe
figuraient toutes les deux sur l’affiche avec leurs noms écrits en caractère de
la même grosseur. Aujourd’hui, si dans la plupart des éditions Dvd et Blu-ray,
on trouve sur la jaquette le nom de Jane Russell, par contre Monroe est souvent
seule sur l’image.
C’est logique, « Les
hommes préfèrent les blondes » …
Lu (si, si, je vous assure,
pouvez aller vérifier) sur Wikipedia France à propos du film : « Bien
qu’il fût le plus gros succès au cinéma de l’année 78, « Grease » ne
gagna ni Oscar ni Golden Globe »… Tu m’étonnes … N’empêche, un nanar
atomique filmé avec les pieds et mettant en scène des figurants de quinzième
zone, est devenu culte, et rapporté des millions de milliards de dollars (voire
plus).
Kleiser, Newton-John & Travolta
Sauf qu’entre le tournage et la
sortie de « Grease », il s’est passé un truc, la sortie de
« Saturday Night Fever », avec comme acteur principal John Travolta
qui du coup est devenu superstar et sur son seul nom a drainé des millions de
types dans les salles obscures pour voir ce que certains s’imaginaient être la
suite des aventures de Tony Manero. Travolta quand il tourne
« Saturday … » n’a comme seule ligne sur son CV qu’un second
rôle dans « Carrie » de De Palma, et il est bien content d’enchaîner
« Grease », manière de mettre un peu de beurre dans les épinards. Et
tant pis si le metteur en scène de « Grease » est Randal Kleiser, un
obscur tâcheron de la Twentieth Century Fox, ayant seulement à son palmarès le
tournage de quelques épisodes de « Starsky et Hutch ». Tant pis si le
scénario de quatre lignes est le remake d’une oubliée comédie musicale jouée au
début de la décennie et disparue des radars depuis (anecdote et coïncidence, le
minot Travolta l’avait vue et en avait gardé un grand souvenir). Tant pis s’il
n’y a pas un seul nom de connu au casting. La « star » féminine est
une chanteuse ringarde australienne de trente ans (son personnage est censé en
avoir 18), une certaine Olivia Newton-John. Imaginer que pareil machin peut
faire un carton au box office n’était bien évidemment venu à l’esprit de
personne.
Grease, un casting de ouf ...
D’ailleurs faut les voir dans
les bonus tous ces nigauds (même Travolta, qui fait le SAV comme il peut, en
faisant semblant d’être concerné), affirmer sans rire que le tournage fut
magique, fantastique, génial, fabuleux, et autres superlatifs du même tonneau,
dans une ambiance de party extraordinaire. Tu parles, ils doivent pas en dormir
la nuit, en pensant au cachet de misère qu’ils ont touché alors que les
producteurs se sont fait construire des maisons avec des lingots d’or à la
place des parpaings …
A l’usage des jeunes
générations, situons le machin. Une amourette adolescente dans un lycée d’une
petite ville américaine à la fin des
années 50, où les couples se cherchent, se font et se défont autour des deux protagonistes
principaux, Danny (Travolta) et Sandy (Newton-John). Avec les obligatoires
bandes en blouson de cuir, les gentils, les méchants, les simplets, les
sportifs, les moches, les courses de bagnole, avec des pans entiers du film
honteusement pompés sur deux chef-d’œuvre (« La fureur de vivre » et
« American Graffiti »), sans le talent de Nicholas Ray, George Lucas
et leurs acteurs …Faut reconnaître quand
même que Travolta crève l’écran (il a depuis prouvé que c’était un bon comédien),
avec notamment une démarche hallucinante (on dirait qu’il marche sur des œufs
en talons aiguilles tout en frétillant de l’arrière-train), même si quand il
tente un grand écart, il est moins bon que Jaaames Brown dans cet exercice
brise-roustons.
Summer Nights
Comme c’est une comédie musicale,
il ya dans « Grease » des chorégraphies grotesques rétro fifties et
les chansons idoines. Avec notamment Sha Na Na (en gros les Au Bonheur Des
Dames ricains) qui en moins de dix ans sont passés de la scène de Woodstock au
rôle de figurants d’un orchestre baltringue pour film de série Z. Ce qui leur
permet de donner quelques versions en totale roue libre de standards genre
« Rock’n’roll is here to stay » ou « Hound dog ». Certains
morceaux ont été écrits pour le film et sont chantés par les acteurs. Bien
évidemment, ils sont devenus des hits intergalactiques, comme les deux doo-wop
mutants « Summer nights » et « You’re the one that I
want ». Remarque (forcément cruciale, parce que c’est du vécu à moi dont
au sujet duquel je cause) : dans une fin de soirée fortement avinée et
donc immanquablement régressive, je balance « You’re the one … » sur
la sono tous les potards sur onze et le dancefloor s’enflamme (expérience
plusieurs fois tentée avec succès). Bon, pour être honnête, ça marche aussi
avec « Tomber la chemise », « Stayin’ alive »,
« Waterloo » ou « Highway to hell ». En fait ça marche avec
n’importe quoi, du moment que tout le monde est bourré et le volume maximum. Et
donc, avec « You’re the one … », CQFD. Mais attention, pas avec le
pastiche des misérables comiques giscardiens Topaloff et Sim (« Où est ma
chemise grise »). Fin de la parenthèse …
You're The One That I Want
Sinon, le grand moment du film
qui me ravit, c’est à la fin, quand la super nunuche (avec coiffure et
accoutrement qui va avec) Sandy-Olivia arrive relookée en super bombe sexy
selon les standards de l’époque. En fait, elle ressemble juste à ce moment-là à
une version anorexique de Bonnie Tyler, qui de quelque côté qu’on l’envisage,
n’est pas exactement une bombe sexuelle avec ses brushings extra-terrestres et
ses futes de cuir noir moulants. Sauf que Bonnie Tyler chante mieux, mais c’est
une autre histoire …
Mais faut avouer que ça a de la
gueule sur les étagères, le Dvd de « Grease » coincé entre un de Lars
Von Trier et un autre d’Ingrid Bergman …
Des films musicaux, il a bien
dû y en avoir en France avant « Les Parapluies … ». Mais quand on
voit que les acteurs-chanteurs de la préhistoire cinématographique par ici
c’étaient Maurice Chevalier et l’improbable Fernandel, je préfère ne rien avoir
vu de tout çà.
Demy, c’est différent. Il fait
en gros partie de la Nouvelle Vague, et son inspiration artistique vient de
tous les musicals américains, où là, depuis l’avènement du parlant, il y a
quand même eu du lourd. Des chansons chorégraphiées par Busby Berkeley dont une
seule vaut l’intégrale des clips de Miley Cyrus et consœurs, en passant par les
superstars Astaire et Kelly, jusqu’au récent remake version gangs newyorkais de
Roméo et Juliette par le génial touche-à tout Robert Wise, Demy avait de sacrés
challenges à relever.
Deneuve, Castelnuovo & Demy
Non content de se lancer dans
un genre peu prisé par ici, il va pousser le bouchon encore plus loin en
faisant des « Parapluies … » un film dont tous les dialogues seront
chantés. Une entreprise un peu folle, surtout qu’il faut faire doubler tous les
acteurs par de vrais chanteurs (quiconque a en mémoire les
« chansons » interprétées par Deneuve, qu’elles soient de Gainsbourg
ou de Malcolm McLaren, mesure l’ampleur de la tâche qui attendait Demy).
Résultat logique des courses, alors que comme tout le monde (enfin, ceux de la
Nouvelle Vague), il se tourne vers de Beauregard pour le financement, il va se
faire rembarrer par ce dernier et ne trouvera son salut que dans les (moins
nombreuses) pépettes de la productrice Mag Bodard qui se lance quasiment dans
le métier à cette occasion.
« Les Parapluies de
Cherbourg » multipliera les paradoxes. Pour commencer celui d’un film
totalement désuet lors de sa parution (un mélo provincial chanté avec des
personnages qui semblent sortir des romans courtois du Moyen-Age), et qui ne
prendra pas une ride, allant même jusqu’à se bonifier avec le temps.
La Reine Deneuve
Paradoxe également d’un film
totalement kitsch (‘tain, ces décors font vraiment mal aux yeux, genre maison
de poupées) et politiquement contemporain (la guerre d’Algérie et ses
conséquences humaines et sociales). Rappelons qu’on était en plein gaullisme
triomphant, arrogant et méprisant (les « veaux » de De Gaulle valent
bien les « casse-toi pauv’ con » ou les « sans-dents »),
maintenant la France sous une chape de plomb, avec un général au pouvoir, un
ministère de l’Information (sous-entendu de la censure). Rappelons pour en
rester dans le domaine cinématographique que « Les sentiers de la
gloire » fut interdit suite à des « pressions diplomatiques »
pendant vingt ans, sans parler de « La bataille d’Alger ». Rappelons
aussi que c’est de cette époque et des pantins qui nous gouvernaient dont
« l’écrivain » Zemmour (philosophe de comptoir, penseur de chiottes,
historien de cour de récréation et sociologue de club de vacances), est
nostalgique. Tout çà pour dire qu’en 1964, coller à l’actualité est plus que
rare, et le traumatisme durera des siècles (alors que les Ricains par exemple
sont totalement décomplexés par leur Histoire récente et pas toujours glamour,
et n’hésitent pas à la mettre en scène, les Français à de très rares exceptions
ne le font pas de la leur, et à plus forte raison si elle a moins de cent ans).
Tout ça pour dire que « Les Parapluies … » est aussi un film
politique … subtil, raison pour laquelle il a évité les coups de ciseaux …
Paradoxe d’une distribution de
quatrièmes couteaux dont sortira Catherine Deneuve, l’une des plus grandes, si
ce n’est notre plus grande actrice, qui crève l’écran du haut de ses vingt ans,
et qui vieillit quand même nettement mieux que sa quasi contemporaine Bardot.
Et qui doit faire face dans « Les Parapluies … » à des comédiens
que pour être gentil on qualifiera de très moyens.
Autre paradoxe, ce film
qu’aujourd’hui on qualifierait d’indépendant, et qui est par moments de façon
un peu trop voyante une publicité pour Esso. Certes les pétroliers ont du
mettre quelques biftons dans la prod, mais Castelnuovo (le premier amoureux de
Deneuve-Geneviève dans le film), travaille dans un garage de la marque avant
l’armée, y revient à son retour, s’installe à son compte sous leur enseigne, et
son fils vers la fin joue du tambour sur
un bidon … Esso. Ca fait beaucoup …
Vernon & Deneuve
L’histoire des
« Parapluies … » est pour l’époque subversive en bien des
points. Une jeune mijaurée se fait mettre en cloque avant de se marier, et une
fois la fille de cette union née, épouse un riche bellâtre falot, se
désintéressant de son premier amour qui ne l’a pas oubliée. Et celui-ci, soldat
plus ou moins valeureux (même si le contenu de ses lettres n’est pas vraiment
un modèle de patriotisme), quand il revient d’Algérie, sombre dans la bibine,
envoie chier son patron, et fréquente les bars à putes. Tout ça vingt cinq ans
avant « Né un 4 Juillet » d’Oliver Stone …
« Les Parapluies … »
est un film fauché. Qui ne s’en cache pas, ce qui le rend encore plus
sympathique. Les contrastes sont voulus et exacerbés par Demy (comment
pourrait-il en être autrement), entre les couleurs vives et criardes des
intérieurs et l’aspect pisseux des rares scènes filmées en extérieur (y’a des
excuses, on est à Cherbourg, c’est la Bretagne en pire)… Parce que Demy a,
sinon du talent, au moins de bonnes idées, et on s’en rend compte dans la
première scène qui voit défiler le générique, avec ce plan en plongée sur ce
parapluies qui se hâtent sous l’averse.
En plus d’avoir des idées, Demy a aussi de la suite dans celles-ci.
« Les Parapluies … » est pour lui le second volet d’une trilogie
commencée avec « Lola » (évoquée par le bellâtre Marc Michel comme
son premier amour, et par un court plan d’une cour intérieure où ont lieu des
scènes déterminantes de ce premier film). Le troisième volet sera l’oublié
« Model shop » (et non pas comme beaucoup le croient « Les
demoiselles de Rochefort »). Tiens, et tant qu’à vouloir faire mon malin,
on a souvent affirmé que « Les parapluies … » se démarquait de toute
influence des autres films musicaux déjà parus. Il y a quand même une scène,
filmée en plongée, quand Deneuve se fraye un passage parmi les danseurs du
Carnaval, qui me semble un copier-coller parfait d’une de « Orfeu
Negro » de Marcel Camus …
Deneuve & Michel
Et pour en finir, puisque
« Les Parapluies … » est un film musical, deux mots sur la musique.
Signée du suffisant Michel Legrand. A force d’entendre dire à droite et à
gauche qu’il était génial, il a fini par le croire et c’est devenu une
évidence. Bon, moi il m’a toujours gavé avec ses ritournelles molles, et celles
des « Parapluies … » risquent pas de me faire changer d’avis. On
craint même au début avec le premier morceau de devoir se fader un truc genre big
band de jazz. En fait non, le gimmick suprême du film, c’est de répéter ad
nauseam le leitmotiv d’une unique phrase musicale, plutôt mignonne, mais assez
loin de Mozart ou Chopin … D’un autre côté, les pointures françaises de
musiques de film, on les cherche encore (qui a dit Eric Serra ?)…
Curieusement, alors qu’à partir
des années soixante le film musical disparaît quasiment des écrans (sauf à
Bollywood), Demy va obtenir l’autre succès de sa carrière avec « Les
Demoiselles de Rochefort ». Encore un autre paradoxe qui touche à la
carrière de ce grand artisan quelquefois oublié du cinéma des 60’s.
Conclusion : « Les Parapluies
de Cherbourg » c’est bien, voire plus, mais ça vaut pas « Saturday
night fever » …
2014. Le rock a pile poil soixante ans. Et putain il
fait son âge …
1984. Le rock a pile poil trente ans. Et putain ça
commence à merder sévère… On ne brûle plus depuis longtemps les skeuds d’Elvis
(tout juste si quelque prêcheur baptiste fait des feux de joie avec ceux
d’AC/DC sous les sarcasmes généraux), le rock est devenu mainstream et surtout un
vaste bizness. Les comptables et les directeurs de marketing ont pris le
pouvoir dans les maisons de disques, toute une industrie lourde se met en place
pour vendre de la « musique du Diable » formatée, ne lésinant sur
l’emploi d’aucune grosse ficelle pour attirer le chaland.
Smalls, Tufnel, Saint Hubbins & DeBergi
C’est dans ce contexte que paraît « Spinal
Tap », le film définitif sur le monde du rock. Pourquoi « Spinal
Tap » est définitif ? Parce qu’il appuie là où ça fait mal, et là où
ça fait rire. L’idée de génie de son réalisateur, l’inconnu Rob Reiner est de
présenter son film comme un documentaire (documenteur ?,
rockumentaire ?), sur une tournée américaine d’un groupe de hard anglais
au creux de la vague, Spinal Tap.
« Spinal Tap » est un film qui se mérite,
faut avoir auparavant lu, écouté, vu, des interviews de musiciens, leurs
disques, leurs VHS. Faut une « culture » de base de la chose rock et
du rock’n’roll circus qui gravite autour. Evidemment, le but du jeu, à travers
les situations loufoques et les scènes devenues cultes, est de rechercher
« qui sont » vraiment Spinal Tap. Ben, Spinal Tap, c’est Spinal
Tap … Autre coup génie de Reiner et sa clique, c’est de faire des décennies
après comme si Spinal Tap existait. D’ailleurs Spinal Tap existe, ils sortent
des disques, ont joué (et pas en playback) au Live Aid, ou au Royal Albert
Hall, comme on peut le voir dans les bonus du BluRay. Un peu le principe des
poupées gigognes appliqué au groupe Spinal Tap, il y a toujours un gag dans le
gag, et ça semble sans fin.
Un effet scénique avorté dans l’œuf
Rien ne fonctionnerait dans ce film si les acteurs
n’étaient pas des musiciens, ce sont eux qui ont composé et jouent leurs
titres. Définitivement, Spinal Tap existe réellement, quel que soit le niveau
de la caricature offerte. Et le monde du hard-rock (qui domine les charts et
les ventes au début des années 80) fournit un cortège d’attitudes, de codes, de
lieux communs qui deviennent jubilatoires. On retient bien sûr de « Spinal
Tap » les vannes majeures (l’ampli qui va jusqu’à onze, les « Hello
Cleveland » braillés alors que le groupe se perd dans les coulisses, la
courgette enveloppée dans du papier alu dans le slip, et quantité d’autres …).
Mais dans « Spinal Tap », tout est détourné, chaque situation, chaque
plan, chaque image, touchent au subliminal.
Spinal Tap, le groupe, est anglais. Ça évite de
froisser quelques susceptibilités chez les Américains, a priori peu portés sur
l’auto-dérision. Et pourtant, Nigel Tufnel, le guitariste brun, tire la langue
comme Gene Simmons de Kiss, accroche une ribambelle de médiators au pied de
micro comme Hendrix ou Joe Perry, a le contour des yeux maquillés comme Alice
Cooper, … Nick Saint-Hubbins, le chanteur-guitariste blond, évoque
immanquablement Robin Zander de Cheap Trick, David Lee Roth des Van Halen mais
aussi Peter Frampton (anglais certes, mais qui a écoulé les millions de son
« Comes alive » quasi uniquement aux States) … Le nom du groupe avec
le tréma sur le « N » (putain comment on fait pour l’écrire avec
Word ?) renvoie certes à Motörhead (et le basssite à Lemmy), mais aussi à
Mötley Crue et Blue Öyster Cult. Certes les analogies avec de vrais groupes
anglais dominent, mais il est amusant de constater que parmi les intervenants dans
les bonus, tous sont Américains et se focalisent sur les Anglais. Certains
« spécialistes » affirmant que le modèle de Spinal Tap serait Saxon,
ce qui est quelque peu réducteur. Certes personne dans Saxon n’était candidat
au prix Nobel, mais ils étaient pas plus cons que … les autres en fait, et
depuis on en a vu des crétins terminaux se lancer dans le gros riff qui déchire
sa race (non, pas de noms, on en finirait jamais de citer des abrutis en pantacourts).
Autrement dit, si les Spinal Tap sont présentés comme des zozos un peu limités,
peu dans les générations suivantes ont retenu la leçon et s’embourbent à qui
mieux-mieux dans le ridicule. Suffit de voir dans les bonus les Kings Of Leon,
encore bourrés et / ou défoncés de la veille, ne pas se rendre compte qu’ils
livrent une interview plus spinaltapienne que les originaux …
Les grandioses décors de Stonehenge
L’histoire et le scénario de « Spinal Tap »
tiennent sur l’ourlet d’un string de Nabila, mais chaque image, chaque mot,
chaque regard des acteurs, renvoie à quelque chose de vu ou entendu chez d’autres.
La caricature aurait pu se limiter à la mise en ridicule du hard-rock bas de
gamme, genre quand même un peu neuneu. Même pas, les dieux vivants du rock en prennent
aussi. Si Tufnel qui joue de la guitare avec un violon, c’est pas une allusion
à l’archet de Jimmy Page sur « Dazed & confused », je veux bien
prendre un abonnement pour le prochain Hellfest. Si le même Tufnel qui reste
bloqué en se roulant par terre pendant son solo, c’est pas du foutage de gueule
d’AC/DC et des Scorpions, si sa collection de guitares et son air perpétuellement
maussade, c’est pas tout repiqué sur Jeff Beck, si la double basse de Derek Smalls
c’est pas « inspiré » direct du crétin congénital Chris Squire de …
Yes (c’est bien, vous suivez) qui lui en avait trois empilées (pour en faire
quoi, on ne saura jamais), si la courgette ça vient pas de Jagger qui pendant
la tournée « Some girls » avait l’habitude de glisser une bouteille
de Coca sous sa braguette, si … etc, etc … Avec son aspect j’menfoutiste tourné
avec les pieds, « Spinal Tap » révèle de nouveaux trésors à chaque
visionnage, ou a contrario, on lit une anecdote, on voit un clip ou une
interview, et bingo, on comprend les codes d’un plan de « Spinal Tap ».
Problème de courgette à l'aéroport
Les musiciens sont au centre de l’attention,
évidemment, mais tous les personnages qui gravitent autour sont des
caricatures, à commencer par Reiner lui-même qui se met en scène en tant que
Marty DeBergi, pseudo-journaliste nonchalant auteur du « documentaire »,
la femme de Saint Hubbins qui s’improvise manageuse (just like Sharon Osbourne
avec son Ozzy) en remplacement d’un blondinet manieur de battes de cricket (Peter
Grant ? ouais, mais le manager de Led Zep avait des méthodes bien plus
brutales et n’était pas blond), les attaché(e)s de presse vils et veules, le
patron de la maison de disques Polymer (que ceux qui n’ont pas compris la
double vanne se fassent connaître, ils gagnent l’intégrale de Venom), avec pour
ce rôle-éclair Patrick McNee … même Anjelica Huston fait une apparition de
quelques secondes.
Reiner et ses scénaristes (les vrais-faux membres de
Spinal Tap) montrent qu’il maîtrisent parfaitement un genre qui tient l’essentiel
du film, et qui nous montre le présent du groupe. Mais la pseudo-histoire de
Spinal Tap qui sert de fil rouge vaut aussi le détour, avec sa kyrielle de
batteurs maudits (dont celui écrasé par sa tondeuse, l’autre victime d’auto-combustion
sur scène, un troisième étouffé par du vomi, mais pas le sien !!!) les
faux clips garantis imitation vintage (la bubblegum pop à la Herman Hermit’s,
et la pop psychédélique très Buffalo Springfield – Byrds – Floyd de Barrett).
La bande-son (originale évidemment, toujours par le même trio) s’amuse à
pasticher Queen (« Fat bottom », hymne aux pétasses à gros cul), les
groupes de hair metal (« Hell hole »). Enfin comment passer sous
silence le fabuleux concept de « Stonehenge » (encore plus fort que
le fumeux jeu de mots de Ten Years After), son intro très « Nous sommes du
Soleil » de … (remplacer les points par
des insultes, liste exhaustive souhaitée) Yes, ses délires
celtico-tolkienens, ses grandioses décors de 60 centimètres (running gag, lors
du vrai concert donné par le faux groupe au Royal Albert Hall, le menhir trop monumental
cette fois ne peut pas rentrer dans la salle) …
En conclusion, parce que je pourrais y passer des
heures, il y a dans la vie de tout mélomane à la con (le type qui écoute du
rock, quoi, et qui croit que c’est de la musique géniale faite par des génies),
un avant et un après « Spinal Tap ». La fin du temps de l’innocence,
en quelque sorte …
Du même sur ce blog :