DAFT PUNK - RANDOM ACCESS MEMORIES (2013)

Frenchy but so Chic ...
J’ai l’air de quoi moi, de me pointer avec ma chroniquette sur ce skeud moins d’une semaine après sa sortie, alors qu’il y a des gens qui depuis fort longtemps ont exprimé un avis définitif sur ce « Random … ». Au mieux en ayant écouté quelques extraits en streaming de chez Deezer (bouchers-charcutiers sonores du Net) sur leur smartphone dans le brouhaha d’un quai de métro. Même les ceusses qui de peur de se transformer en statue de sel n’en ont pas ouï la moindre note ont aussi leur opinion. Faut dire que la sortie ne s’est pas vraiment faite dans la discrétion, une campagne de pub, de presse, à faire passer le battage autour de la parution du dernier Bowie (toujours aussi mauvais, j’ai pas changé d’avis) pour un entrefilet dans un fanzine … « Random … » est un disque-événement, à ma connaissance le premier disque français (ouais, bon, presque, y’a pas que des frenchies dessus) à être numéro un mondial des ventes la semaine de sa sortie, comme n’importe quel Michael Jackson.
« Random access memories » je l’ai écouté plusieurs fois. Sur une chaîne hi-fi ou du moins vendue comme telle. Et je suis en mesure d’affirmer que c’est un disque qui va marquer l’époque, qui va compter. Peut-être parce qu’il va continuer à s’en vendre des camions, ça j’en sais rien et je m’en fous. Mais ce que je sais, c’est qu’en matière de son, il risque d’y avoir un avant et un après « Random … ». Comme il y a eu il y a quarante ans un avant et un après « Dark side of the Moon » de Pink Floyd. A côté de « Random … » toutes les productions high tech du moment font figure de lo-fi enregistré dans une cave-trou à rats … C’est d’une limpidité irréelle, d’une précision hallucinante.
Daft Punk, Pharell Williams & Nile Rodgers ... Alors, get lucky ?
Ça suffit pas, du bon son. Faut encore que toute cette matière de base formidable débouche sur des titres, des morceaux qui tiennent la route. Là, je subodore un gros malentendu. A force de campagne de pub martelée, on a essayé de faire croire que ce disque allait être une sorte de révolution, d’apogée, de référence insurpassable. Comme si tout n’avait pas été fait et refait des milliards de fois. D’autant plus que Homem-Christo et Bangalter ont essayé de calmer cette folie furieuse promotionnelle en disant que ce « Random … » était un disque-hommage. Ce qui est vrai, et Daft Punk sur le coup, loin d’être l’innovateur sensationnel qu’on essaye de nous refourguer, est plutôt un tribute-band. C’est même pas un disque du duo comme avait pu l’être en son temps « Homework », c’est un projet avec une liste d’invités et de participants longue comme le bras, dont les deux frenchies sont les instigateurs et les chefs d’orchestre.
Hommages multiples et annoncés à Chic, Giorgio Moroder et Paul Williams (le moins connu des trois, auteur notamment de la BO de « Phantom of paradise » de De Palma). Et donc, forcément, il y a beaucoup de choses qui ressemblent à ce que faisaient ces trois-là, d’autant plus qu’à des degrés divers, ils ont collaboré à ce disque, le plus présent étant Nile Rodgers de Chic, à la guitare sur plusieurs titres. Tiens, et en passant comme ça, pour donner un peu plus de grain de moudre à ceux qui ne voient que plagiat, la pochette est exactement identique, y compris le lettrage, à celle de « Legendary hearts », mauvais disque de Lou Reed des années 80.
Il y a aussi dans ce disque une trademark Daft Punk. La plus évidente, et pas la plus heureuse selon moi, est cette manie de passer toutes les voix dans un vocoder, et de façon encore plus marquée quand ce n’est pas un invité plus ou moins prestigieux au micro. Parce que niveau featuring, il y a du monde, Casablancas des Strokes, Pharell Williams des Neptunes, le Panda Bear des Animal Collective, … On espère que ces trois-là auront pris quelques leçons, parce que franchement, y’a pas photo, entre leurs disques à eux à synthés et ce qu’on entend ici …
Daft Punk. Brillants ?
La seule chose réellement connue avant la sortie de ce « RAM » (tiens, c’est aussi le titre d’un disque surestimé de McCartney des 70’s, « RAM », mais si c’est fait exprès cette similitude, là ça m’échappe totalement), c’était le single « Get lucky » avec le Pharell. Pas mal, même si relativement convenu et centriste, plus long et un peu différent sur l’album. Et le reste, qu’est-ce qu’il faut-il en penser, ma bonne dame ? Ben, avec les ingrédients de la recette, il y a des choses prévisibles, des titres qui sonnent comme du Chic 78-80, ou du Sister Sledge de cette époque, ce qui revient un peu au même (« Give life back to the music », « Lose yourself to dance »), c’est bien fait, même si on ne remplace pas facilement une rythmique comme Bernard Edwards et Tony Thompson par des requins de studio.
Le long titre (plus de 9 minutes) avec Moroder, met évidemment à l’honneur le « tchac-poum » enrobé de synthés du Giorgio qui est sa marque de fabrique et a fait le succès de ses « choses » comme Donna Summer, et le discours de Moroder (« prendre le meilleur du son des années 50-60-70 pour créer le son du futur ») en toile de fond du morceau résume bien la philosophie de ce « Random … ». Le titre avec Paul Williams (« Touch »), avec grand orchestre et grand(iloquent)s synthés, multiples changements de rythme, pourrait être qualifié d’electro-prog, et perso, ça me laisse assez froid, alors que certains y voient la pièce maîtresse du disque. Logiquement, dans les titres très typés fin des 70’s, on retrouve aussi des allusions plus ou moins fines à Kraftwerk (le traitement des voix, le son des machines), voire à Stevie Wonder (des passages de « Fragments of time », titre qui en plus cite en intro un gimmick entendu chez Prefab Sprout). « Instant crush » chanté par Casblancas doit être la meilleur titre auquel il a participé depuis des années, y compris son détestable album solo à synthés (« Phrazes for the young »).
Tout n’est pas à se pâmer de bonheur sur ce « Random … ». Qui n’évite pas le piège de la longueur (une heure et quart, des choses auraient gagné à être élaguées) et donc de la redondance et de la répétition. La fin du disque est plus « expérimentale », plus strictement « techno », mais ne convaincra certainement pas les puristes de la chose (« les Daft Punk ? juste des vendus »), et se termine par « Contact » qui me fait penser à du Jean-Michel Jarre (toujours cette obsession fin 70’s) en version big beat …
Certainement un disque quelque peu « facile », « grand public ». Mais Daft Punk, si on peut dire, avançaient à visage découvert, c’était le but recherché et donc l’objectif est atteint. Et pour une fois, ceux qui n’achètent qu’un disque par an, vont se retrouver avec sur leurs étagères une galette pas honteuse, et qui je pense pourra encore se réécouter dans les années qui viennent, tellement au point de vue sonore le « groupe » a pris une sérieuse avance sur toute la concurrence …

19 commentaires:

  1. Ça alors, moi qui pariait sur un "poubelle direct"... Tu deviens consensuel... :)
    N'empêche, c'est "rigolo" ce parcours... Electro et "branchés" dans les 90's, "popus" et en couv' de R&F en 2013...

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    1. C'est ce qu'essayent de faire tous ceux qui sont dans la zique, même si certains ont honte de l'avouer ... tu fais des disques pour les vendre au plus grand nombre ... y'a que les objectifs en terme de nombre qui changent.

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  2. Ah ben ouais tiens, encore 1979 avec Risque de Chic, ou Midnight Express...Ah ben non...M'enfin!
    T'as aussi l'intro de Layla dans le refrain de Instant Crush, et Julian avait fait un chouette morceau (Little Girl)avec Sparklehorse (Danger Mouse).
    Moi tant qu'il y a la gratte de Nile Rogers je suis preneur!

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    1. Chic, c'est un des meilleurs trucs black des seventies, sans problème ...

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    2. Ils faisaient du black metal ?

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  3. NOOOOOOOOONNNNNNNNNNNN !!!!!!!!!!!!!!! PAS TOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII AUSSIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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  4. Sans déconner, Instant Crush, c'est ignoble. On dirait le pire de Sébastien Tellier. Je suis sur le cul que tu puisses trouver ça bien. C'est inécoutable, c'est laid, c'est plus vulgaire qu'un clip de Rihanna. On dirait un ballade rock FM 80's toute moche passé à l'autotune. Moroder, ben c'est du vieux dérivatif à la Moroder quoi, un peu disco, un peu synth-funk. Ca s'écoute mais créativité zéro, autant se repasser Midnight Express hein... Get Lucky c'est à peu près de ce niveau :
    http://www.youtube.com/watch?v=xDs_aRRdp2o
    (et puis Pharell en chanteur il assure quand même très moyen)
    J'ai toujours trouvé que les Daft Punk été surrévalué d'une façon hallucinante, et ce que j'ai entendu d'extrait de cet album me fait franchement ricaner. Ils nous vendent de la vieille soupe néo-disco et synth-funk. Ce sera sans moi. D'autant que la campagne de hype a très largement dépassé les bornes (sans parler de la façon dont la presse s'est comporté en attaché de presse.)

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    1. Tu nous fais ton Liam Gallagher là ?
      J'aurais à la limite préféré dire du bien du Bowie et dézinguer les DP, le problème c'est que Bowie a pour moi fait une daube, et les Daft un disque que je trouve réussi (mais pas génial, indispensable, ou n'importe lequel des superlatifs de ce genre)...
      Bon après, Imagination (t'es un pervers, dis, moi j'ai jamais écouté ces trucs-là), Imagination est à Chic ce qu'Hugues Aufray est à Bob Dylan, ou Dubosc à Charlie Chaplin ...

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    2. Pourquoi Liam Gallagher ? A pô compris.

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    3. Le Liam s'est fendu d'une de ses déclarations fracassantes au sujet de ce disque, à peu près "c'est de la daube, moi un disque comme ça, je suis capable de l'écrire en une heure" ... Les disques de Beady Eye, il doit les écrire en trois minutes ...

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    4. Il a vraiment plus que ça à foutre. Pauvre garçon.

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  5. Je n'ai jamais écouté ces types. C'est grave ? Je les ai sans doute entendus, malgré moi, mais sans savoir que c'était eux ! La seule chose que je maitrisais à propos de ce groupe, c'est que les deux musiciens ne montraient jamais leur tête, les Terrence Malick de la musique, pas de photo ! Et puis qu'ils étaient français et connus partout, comme le groupe Air, ou l'autre mec qui a bossé avec Madonna... J'arrive pas à m'y intéresser.

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    1. C'est que t'es pas "open minded", voila tout... :)

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    2. Ramone l'a acheté, lui ! Pour offrir ou pour en avoir le cœur net ? :)

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    3. Je réponds juste pour que même chez Lester, les Daft Punk battent le record de coms postés en un minimum de temps.

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    4. Oh si Luc, à moins d'être sourd, t'as du entendre "Da funk" et "Around the world" à la fin des années 90. Et là, si tu regardais le grand journal de Canal pendant le festival de Cannes, c'était un titre de leur dernier qui servait de générique à l'émission ...

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    5. Effectivement, "Around the world" j'avais entendu ça. Bon, je trouve cela musicalement assez faible, voire limité, mais j'imagine que c'est voulu, les deux types doivent toucher leur bille je présume. "Da funk" aussi, je crois avoir entendu ça, à moi que ce soit dans "Midnight Express" (!) parce que franchement, c'est pas nouveau-nouveau... Mais bon, je ne suis pas le mieux placé pour causer dans la catégorie "dance" + "électro" + "french music". Du coup, j'en ai profité pour écouter le dernier (mais ça tu dois déjà le savoir puisque sur Deezer, on ne peut même plus aller pisser sans que la terre entière connaisse mon activité...).

      Je n'ai rien entendu de neuf, j'ai surtout entendu du recyclé. Ce qui ne veut pas dire que c'est mauvais, mais je pensais naïvement que Daft Punk était à la pointe, des défricheurs, des précurseurs, alors que (sur celui-ci en tout cas) j'ai l'impression qu'on nous refourgue du disco vaguement aérien, à la Moroder, comme l'hommage le souligne. J'aime bien (mieux) le dernier, il s'y passe des choses, des ruptures. C'est terrible à dire, mais j'ai l'impression que c'est une musique faite pour passer une soirée entre potes, donc une musique sur laquelle on peut discuter, aller et venir, sans rater quoi que ce soit, puisque la 2ème minute est pareille que la 5ème, et la 9ème... Sauf que si je mets cette musique avec les miens, de potes, ils ne vont pas le rester longtemps !!

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    6. Deezer, j'y vais très rarement, et je ne "suis" personne ... je déteste ce flicage du Net (mais aussi tous ces gens qui s'exposent, qui informent la Terre entière de leurs faits et gestes, de leurs opinions, ... faut pas qu'ils se plaignent après qu'on respecte pas leur vie privée, ou qu'on pirate leur compte, alors je vais pas faire la même chose) .... bon je m'éloigne là ...

      Ouais Daft Punk ... ben l'arnaque (basée sur la naïveté des gens) c'est de faire croire qu'ils peuvent révolutionner quoi que soit. Ils font comme tout le monde depuis une quarantaine d'années, ils recyclent. Eux leur truc, là, c'est la période disco new-yorkaise, Chic, Moroder, le Studio 54, cette sorte de choses. Si on aime pas les trucs originaux, on a aucune chance d'aimer ce disque ... J'aime pas tout de cette époque, mais y'a des choses que j'apprécie, et je trouve que les Daft ont bien fait leur truc ... de la musique en bruit de fond, oui, si on veut. de toutes façons, avec des potes, avant de regarder ce qu'il y a dans le lecteur du Cd, je préfère savoir quelles bouteilles il y a dans le frigo ... si c'est du sérieux et du copieux, je suis même prêt à supporter mayall, annie cordy, ... ou daft punk ... tant que la bière et le pinard sont bons ...

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  6. Ceci dit, "Lose Yourself to Dance" est le meilleur truc que les Daft Punk ait jamais fait, je reconnais que c'est imparable.

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