Impérial
« Imperial bedroom » est le meilleur
disque de Costello. C’est mon avis et je le partage, quitte à choquer les
spécialistes maniaques du bonhomme (il y en a).
Une pub Afflelou ? Non, Costello & The Attractions |
Artistiquement, ce disque vient clore la période la
plus créative de l’ancien petit employé en informatique. Un Costello qui lâche
à des cadences infernales des disques qui montrent son envie d’aborder
plusieurs genres musicaux. Costello est un boulimique, tant pour la
consommation de musique que pour l’écriture de chansons, et quand il a un peu
de temps libre (mais où le trouve t-il ?), il produit les disques des
autres (le premier Specials).
Et là, avec « Imperial bedroom », jamais
auparavant le revêche binoclard n’avait aligné dans une même œuvre autant de
bonnes chansons. Car il s’agit ici de chansons comme seuls les Beach Boys ou
les Beatles savaient en écrire dans les sixties. Et n’ayons pas peur des
comparaisons, c’est à « Pet Sounds » ou « Abbey Road », que
ce Cd peut être comparé.
D’ailleurs ce n’est pas un hasard si le producteur
d’ « Imperial bedroom » est Geoff Emerick, ingénieur du son des
studios Abbey Road et second de George Martin lors de l’enregistrement … d’
« Abbey Road » (entre autres disques des Beatles).
Les arrangements (sous influence de gens comme Burt
Bacharach et d’une façon générale tous ces auteurs du Brill Building des
sixties), dans lequel l’organiste Steve Nieve tient un grand rôle, traduisent
une frénésie créatrice, que Costello avait parfois approchée précédemment, mais
qu’il ne retrouvera plus jamais par la suite. Toutes les chansons (il n’est ici
jamais question de punk, de reggae, de rock’n’roll,…) sont somptueuses, tour à
tour jazzy, pop, crooner, soul, easy-listening, …, les textes toujours aussi
caustiques.
Un seul (minuscule) reproche : Costello n’est
pas Frank Sinatra et sa voix a parfois du mal à être à la hauteur des
orchestrations grandioses présentes ici.
Et comme si l’état de grâce de cet autre Elvis avait
vraiment pris fin avec cet « Imperial bedroom », les deux disques
suivants (« Punch the clock » et surtout « Goodbye cruel world »)
seront mauvais. La suite, cette sorte de fuite en avant dans l’écriture et les
collaborations (les Pogues, McCartney, T-Bone Burnett, mais aussi Sofie Von
Otter, sa centriste de femme de chanteuse jazz Diana Krall, …), verra toujours
encore des disques sortir à une cadence effrénée … Le problème, c’est que l’on n’en trouvera plus que très épisodiquement
quelques uns de corrects …
Du même sur ce blog :
My Aim Is True
This Year's Model
Punch The Clock
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