TEMPLES - HOT MOTION (2019)

Teenage lobotomy ...

Stade de France : enceinte sportive de la région parisienne, aire de jeu officielle des équipes de France de foot et de rugby. Jeux de ballons dans lesquels les susnommées équipes sont particulièrement mauvaises, celle courant après un ballon rond étant par on ne sait quel hasard, championne du Monde. Ce qui nous vaut d’entendre à tout bout de champ l’insurpassable « Feel the magic in the air, allez, allez, allez, levez les mains en l’air ». Et quand ces jeunes gens à QI tout juste positif ne squattent pas la pelouse, on peut de temps en temps y voir et y entendre d’autres choses.
Les Temples version glam ...
Les dinosaures du jurassique (Rolling Stones) ou du crétacé (Springsteen, AC/DC), les bestioles préhistoriques (Cure, Depeche Mode, U2), les animaux moyenâgeux (Mumuse, Coldplay). Autrement dit des types qui ont sorti leurs premiers disques depuis plus de vingt ans pour les moins vieux d’entre eux … et je ne parle pas des locaux, Indochine, ou (allumer le) feu Johnny, voire … Bigard (putain Bigard …).
Euh, garçon, et les Temples dans tout ça ? Ben, les Temples, ils ont tout pour jouer au Stade de France … un jour peut-être … faut pas rêver, ils sont pas sur une major, y’a que Sony, Universal et la Warner qui y envoient leurs têtes d’affiche … en tout cas, ils ont sorti un disque de pop rock machin de stadium … J’avais, en des temps immémoriaux, donné un avis ferme, définitif, etc… sur leur première rondelle. Celle-ci est leur troisième (pas écouté la seconde). Bon, j’ai pas vu ou entendu avec eux le futur du rock comme disait l’autre, mais ce « Hot Motion », je le trouve moins problématique que leur inaugural « Sun Structures ».
En tout cas, les Temples ont sorti là un disque plaisant, voire pour plaire (au plus grand nombre) … aux jeunes connectés spotifysés, voire à des vieillards de mon âge, qui, intrigués par l’espèce de Marc Bolan qui trône au milieu de la pochette, peuvent aller voir si de revival glam il est question. La réponse est non, pas de glam rock stricto sensu, mais des chansons un peu putes qui veulent ratisser large auprès d’un public point trop exigeant, et forcément potentiellement nombreux … D’où le SDF introductif.
... et version jacquard
« Hot Motion » est un disque bancal, déséquilibré. Si on l’a en vinyle, on peut à peu près zapper la seconde face, ses ballades bruyantes (« The Beam »), ou surchargées (« Monuments ») … ses titres lost in space, comme si les Temples avaient perdu le fil (« It’s all coming out ») … ses gimmicks du pire disco (pléonasme) italien des années 80 (« Step down », pourtant une bonne compo) … son titre à tiroirs, qui débute comme une ânerie folk-bâtons d’encens avant de muer pour finir en instrumental spatial (« Stop down »).
Par contre, les premiers titres, ben ma foi, pas entendu un enchaînement de titres aussi réussis depuis le premier MGMT. Cinq titres, ouais bien sûr un peu honteux tellement ils sont racoleurs, mais d’une évidence rare. Boostés par un son dernier cri, qui ne cède pas pour une fois aux sirènes des vois passées au vocoder ou à l’autotune. Parce que, selon toute vraisemblance, le James Bagshaw (celui qui ressemble à Bolan) sait chanter. Et composer (un tiers des titres, les trois composent, et fait assez rare dans ce cas de figure, les titres s’enchaînent au lieu de s’affronter par des approches différentes, impossible de dire sans lire les notes du livret qui a écrit quoi). Et produire (là le Bagshaw est seul aux manettes).

« Hot Motion » le morceau avec son intro très chaloupée et son refrain à la Chris Rea du « Love & Emotion » (et pas seulement pour des similarités phonétiques), pourrait devenir le « Dance to Joy Division » (Klaxons) des années 2020 (je me rends compte qu’avec des références comme ça, mes millions de lecteurs vont se gratter l’occiput, genre mais putain de quoi et de qui il cause là ?). « You’re either on something » est la ballade parfaite, racoleuse mais ‘achement bien foutue. « Holy Horse » sonne comme un inédit des Beatles … ou de Supergrass, rien à ajouter, c’est somptueux … « The Howl » met en avant un riff de synthés à la Cars (tiens, à propos des Cars, leur leader Ric Ocasek vient de claquer y’a pas longtemps, ça n’a évidemment pas fait les unes des JT), une partie de batterie à la « We will rock you » de Queen ; les Cars, Queen, du joli à l’oreille avec comme point commun des deux le producteur Roy Thomas Baker, pas un hasard si les Temples s’en inspirent dans le même morceau. Et last but not least de ce quintet magique « Context » qui n’est pas sans rappeler le son du premier MGMT, CQFD et la boucle est bouclée …
Curiosité de la pochette : ce logo en haut à droite qui renvoie à la signature de Prince sur certains de ces disques. Pas la moindre idée de ce que ça signifie pour les Temples et si c’est un hommage au nabot de Minneapolis …
Cinq grands morceaux, six de dispensables, soyons positif et décrétons le verre aux trois-quarts plein …


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WILLIAM SHELLER - ALBION (1994)

Spinal Bion ?

Je me souviens, je me rappelle … de ce blondinet timide, chantant les mains dans les poches des histoires d’encre bleue et de carnets à spirale. C’était quand la télé commençait à être en couleurs, et on y voyait quelques fois le Sheller pousser la chansonnette chez Drucker ou les Carpentier, entre les tocards habituels, tous ces Charles Bécaud, Gilbert Aznavour, Mireille Lama et Serge Mathieu… Il avait l’air de se demander ce qu’il foutait là, et de s’y emmerder royalement …
Et puis, il a eu son quart d’heure de gloire vers la fin des 80’s, quand tout seul avec son piano, on le voyait quelques fois dans des shows télé (un peu) moins honteux, chanter de mignonnes chansons tristes. Et comme il disait, il devait être un homme heureux …
Pour moi, c’était un de ces sous Polnareff comme la variété française en pond un tous les cinq ans, avant de passer au suivant … ce qui ne l’avait pas empêché de sortir quelques trucs risibles, au premier lieu desquels l’impérissable ( ? ) « Rock n’ dollar » (« Donnez moi Madame s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger … »), fallait y penser … Et surtout pas avoir peur du ridicule, Sheller étant aussi rock’n’roll que, au hasard, Macron … C’était dans ses débuts de carrière, il devait se chercher, et allait retenir la leçon, le rock c’était pas fait pour lui …
Ben non … Voilà t-il pas qu’en pleine vague grunge (retombante), il se paye un séjour aux cossus studios Ridge Farm, dans le cossu Surrey, studios qui ont vu défiler du beau monde (Bad Company, Roxy Music, Queen, Prefab Sprout, Bowie-Tin Machine, …), ou pas (Jethro tull, a-ha, Frankie Goes to Hollywood, OMD, …). Sheller recrute quelques requins anglais (inconnus) et met en chantier un disque de rock … Je sais pas ce qui lui passait par la tête et je m’en fous, mais force est de reconnaître que c’était pas une bonne idée du tout.
Ce « Albion » fruit de ces séances, est atroce. Les compos sont pas mauvaises en soi, Sheller est capable de trousser de belles constructions mélodiques, mais une fois passée par les pattes de cette joyeuse ( ? ) équipe, c’est d’une navritude (inutile d’écrire à Blanquer, je sais que c’est un mot qui existe pas, je suis dans ma période Ségolène – feu Chirac qui étaient coutumiers de ce genre de créations, mais qui eux faisaient pas exprès) absolue.
On retiendra de cette horreur sonore un jeu de batterie herculéen qui recycle les plus mauvais plans du rock FM (la Benatar, Foreigner, Toto, le Van Halen des mauvais jours), et un guitariste imbécile, certainement payé à la note, qui à la moindre éclaircie, se lance dans des solos imbéciles de technique vaine. Sheller, préposé à tout ce qui a des touches blanches et noires, n’est pas en reste, et s’efforce de sonner comme tous ces types qui au début des 80’s jouaient des synthés à un doigt … alors que le William est capable d’utiliser les dix …
Les coupables ...
Qu’il veuille sonner « rock », c’est son problème. Le problème, c’est que le rock, il y connaît rien. Dans les moins mauvais moments, ça sonne comme Jethro Tull ou le Genesis des 80’s, c’est dire l’ampleur des dégâts … on ne s’étendra pas par charité sur sa prestation vocale, c’est pas un hurleur, et pour faire entendre sa voix au milieu de tout ce raffut, il n’a rien trouvé de mieux que de la gonfler en la passant par tout un tas de filtres ou de vocoders …
Sur le podium des horreurs, médaille de bronze pour « Silfax », entre reggae et calypso (faut oser, avec un band qui swingue comme un régiment d’enclumes), titre pendant lequel le guitariste se « surpasse » (no comment). Médaille de bronze pour « Maintenant tout le temps » entre Gold (« Ohééé ohééé capitaine abandonnééééé » ») et une face B de Foreigner. Médaille de chocolat décernée à « Excalibur », titre dont il avait fait une version celtique qui n’arrivait pas à la cheville de Manau (les Alan Stivell des malentendants) et qu’il nous ressert là façon rock (enfin, à sa façon à lui), et « agrémentée » d’un clip très Mylène Farmer (les jolies fesses en moins), heureusement (?) introuvable sur TonTube.
En fait, il faut avoir le courage - « Albion » dure une heure (putain, une heure) – d’arriver au dernier titre le bien nommé ( ? )  « Relâche » pour trouver quelque chose ressemblant à du Sheller « d’avant », c’est-à-dire écoutable quand on a vraiment rien de mieux à faire.
Y’avait longtemps … poubelle direct …