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DON COVAY & THE JEFFERSON LEMON BLUES BAND - THE HOUSE OF BLUE LIGHTS (1969)

 

Et la lumière (bleue) fut ...

La bio de Don Covay, elle coche tellement toutes les (bonnes) cases que c’en est limite cliché … Au hasard et en vrac, énième rejeton né dans les années 30 parmi une demi-douzaine de frères et sœurs d’une famille pauvre avec paternel prêcheur, le Don a fait ses classes dans les chorales gospel de l’église à papa, a tâté du groupe doo-wop, savait jouer de plein d’instruments, composait, chantait, a commencé sur scène en première partie de Little Richard. Son premier petit succès en 1964 sera un titre qu’il a écrit (« Mercy mercy ») qui se retrouvera illico sur un disque des Stones. Trois ans plus tard, une autre de ses compositions (« Chain of fools » en haut des charts US) ouvrira le très successful « Lady Soul » d’Aretha Franklin. Don Covay est maintenant connu dans le milieu …


Mais pas pour autant reconnu de l’amateur de musique lambda. Il a sorti sous son nom une paire de disques qui selon l’expression consacrée, n’ont pas trouvé leur public. « The house of the blue lights » est sa troisième livraison. Il a regroupé autour de lui quelques fines gâchettes des studios, et baptisé son band hétéroclite (black & white) du nom ronflant de Jefferson Lemon Blues Band (que ceux qui n’ont pas compris la filiation se fassent connaître, il y a une bordée d’insultes à gagner).

On trouve dans le JLBB des gens aussi divers que le guitariste Joe Richardson (a tourné avec Chuck Berry et composé avec Alan Wilder de Depeche Mode, c’est dire si le gars est éclectique) ou John Hammond Jr. à l’harmonica et la guitare rythmique (le fils de son père, qui a signé - et généralement découvert - pour Columbia Billie Holliday, Aretha Franklin, Dylan, Cohen, Springsteen, et une palanquée d’autres à peine moins connus …). Rajoutez une section rythmique, une autre guitariste (Margaret Williams), plus parfois des cuivres, un piano, un B3 (les types sont pas crédités) Covay chante, tient la guitare lead, a composé la plupart des titres et produit l’album … Et donc avant même de l’avoir écouté, on sait qu’il va y avoir de la guitare (quatre, enterrés les bouseux sudistes à venir), du blues, et de la jam …


No surprise, on a tout ça … pour un résultat ma foi, plutôt convaincant. Bon, « The house … » n’est pas un classique du genre (blues, rhythm’n’blues, soul, machin, truc, …), même pas un classique oublié. Plutôt une bonne surprise tant la rondelle semble oubliée des amateurs (qui comme leur nom l’indique, s’extasient soit pour les classiques que tout le monde connaît et/ou d’imbitables machins obscurs). Le Don, il sait se tenir devant un micro (voix plutôt malléable, qui ne se cantonne pas à un seul registre), sait se servir d’une guitare, et compose des titres, qui s’ils ne lui apporteront pas gloire et fortune, n’ont rien de honteux. Parenthèse, j’ai pas la moindre foutue idée de comment sonnait le vinyle original, mais la réédition Atlantic 1000 (?), remastérisée par les Japonais pour le marché japonais, sonne du feu de Dieu, et pour le même prix (un billet bleu d’occase environ) qu’un vinyle d’époque crachotant, ou une réédition Cd asthmatique, vous avez la foudre dans les haut-parleurs …

Bon, un disque de black music se doit de rendre hommage aux anciens du truc. Ici, ça ne tarde pas. Première piste, le « Key to the highway » de Big Bill Broonzy. La version de Covay essaie déjà d’extrapoler du pur blues c’est pas mal, même si on a forcément l’oreille parasitée par les multiples versions (parfois excellentes) qu’en a donné Clapton (entre autres). On peut zapper les deux titres suivants, le correct sans plus blues-rock « Mad dog blues », et le feignasse « The blues don’t knock » égayé par son piano.

Les choses plus sérieuses commencent avec « Blues ain’t nothin’ … », rhythm’n’blues avec harmonica, fouillis sonore, qui ravira les amateurs des premiers Rolling Stones. Suit la pièce centrale qui donne son titre au disque. Divisée en deux parties, elle clôturait chaque face du vinyle original. « The house of blue lights Pt 1 » est introduit par un orgue Hammond. Ce titre bluesy très lent est ensuite, non pas chanté, mais crié, hurlé par Don Covay, on a droit à quelques solos de guitare (Covay aussi) qui s’entrelacent avec le B3. Un peu plus de sept minutes qui ridiculisent la plupart de la concurrence, pourtant nombreuse et pas forcément manchote de l’époque. Grand classique inconnu (ou à peu près). La Pt 2 est plus courte, plus expérimentale (incantations a capella genre prêcheur fou, quelques notes de sitar) avant de revenir sur le thème du titre où en plus du Hammond B3, c’est l’harmonica qui est mis en avant.


Avant cette Pt 2, de bonnes choses. Un hendrixien « Four women », rhythm’n’blues tout en syncopes et saturation avant une échappée dans une faille spatio-temporelle avec « Steady roller ». Titre a priori enregistré live en studio, c’est un duo entre Covay et Hammond, et c’est surtout la meilleure imitation de Robert Johnson jamais entendue. Evidemment, ils s’y mettent à deux pour recréer son jeu de guitare, le son est très approximatif, y’a quelques pains et hésitations, on entend les deux compères taper la mesure avec le pied, et Covay imite la voix aigue et nasillarde de l’homme qui a pactisé avec le diable au fameux crossroads. Amusant et bluffant.

Le titre le plus dément arrive ensuite. « Homemade love » qu’il s’appelle. Intro au piano, rythme soul alangui, avant une accélération rhythm’n’blues ponctuée par une escouade de cuivres et un duo vocal entre Covay et sa guitariste Margaret Williams, impressionnante avec sa voix hurlée suraiguë. Redoutable machine à groove et mélodie qui il me semble bien cite le « Dancing in the streets » de Martha & the Vandellas. Accalmie puis nouvelle accélération au final du titre qui là fait penser au Joe Cocker frisant l’épilepsie à Woodstock. Parenthèse, je suis preneur d’infos sur Miss Williams dont même les pages Wikimachin en anglais semblent ignorer l’existence …

« But I forgive you blues » et « Shut your mouth » marquent moins les esprits, le premier est du classic blues-rock, le second un rhythm’n’blues au tempo enlevé comme on en entendait sur toutes les rondelles de l’époque …

Ce « House of blue lights » restera la masterpiece de la discographie guère pléthorique de Don Covay. Je connais pas sa bio, mais je pense que ses activités d’auteur et de producteur suffisaient à son bonheur, il semble pas avoir recherché fortune et gloire à tout prix …

Je conseille l’achat de ce « House of blue light ». Ne vous trompez pas, y’a une purge de Deep Purple qui s’appelle pareil …





KEVIN ROWLAND & DEXYS MIDNIGHT RUNNERS - TOO-RYE-AY (1982)

 

L'arbre qui cache la forêt ...

Cet arbre, ici il s’appelle « Come on Eileen », c’est un des titres les plus connus des peu glorieuses 80’s, et un des meilleurs de cette décennie décriée (le plus souvent à juste titre). Il suffit d’aller chez Google, taper Dexys Midnight Runners et magie culturelle pour incultes, on a une litanie de clips de « Come on Eileen » qui s’affiche. Autre test amusant (?) tapez Dexys Midnight Runners + one hit wonders et vous récupérez des milliers de pages qui vous expliquent pourquoi Dexys est un one hit wonder band. Bon, je vais laisser les grands mots genre cancel culture, erase culture, voire révisionnisme à ceux qui les utilisent sans en connaître le sens, et m’en tenir aux faits.

Famille nombreuse, famille heureuse ?

Oui, « Come on Eileen » fut un énorme hit il y a plus de quarante ans et pour peu qu’on ne suive pas aveuglément, forcément aveuglément, les playlists générées par AI des racketteurs musicaux du web genre Deezer, Spotify, Qobuz, Apple, Amazon, YouTube et autres, « Come on Eileen » on peut encore l’entendre et l’écouter avec plaisir.

Mais non, les Dexys, outre « …Eileen », ont placé trois autres titres fort honorablement dans les charts (surtout européens) au début des 80’s. Tout d’abord « Geno », hommage au soulman déjà oublié à l’époque Geno Washington (issu de leur premier Lp « Searching for the young soul rebels », titre number one en Angleterre), ensuite chronologiquement « Celtic Soul Brothers », « Come on Eileen » et « Jackie Wilson said », tous trois issus de ce « Too-Rye-Ay ».

Dexys Midnight Runners, c’est comme Deep Purple, y’a eu plusieurs Mark. Seul point commun à toutes les formations, le dénommé Kevin Rowland, né en Angleterre mais d’origine irlandaise, ce qui comptera et pas qu’un peu pour ce « Too-Rye-Ay ». Parcours classique d’un ado british des 70’s, des college bands, un groupe punk oubliable et oublié (Killjoys), la « révélation » soul et la formation des Dexys. Premier disque et premier hit donc, puis le Kevin pas le type le plus facile à vivre du coin, prend le melon, et entend faire du groupe son faire-valoir. La Mark II sera donc baptisée Kevin Rowland & Dexys Midnight Runners. Hormis le tromboniste Big Jim Paterson, tout le monde est viré, une rythmique, un guitariste, des claviers, une section de cuivres et un duo de violonistes (The Emerald Express) est recrutée.

Kevin Rowland

Niveau influences, ça bouge aussi. Soul et rhythm’n’blues américains encore et toujours, mais surtout la musique irlandaise, traditionnelle ou pas, avec en point de mire les deux figures tutélaires de l’île, les Chieftains et plus encore Van Morrison. Hasard (fortuit) de la chronologie musicale, les Dexys période « Too-Rye-Ay » peuvent être considérés comme des précurseurs des Pogues, même si hormis l’aspect famille nombreuse sur scène, les deux groupes ont peu de choses en commun …

Résultat, DMR est un des groupes représentatifs des 80’s, et pourtant plutôt isolé et n’ayant pas généré de « disciples » sonores. D’ailleurs leur son, mis à part quelques rares tics d’époque, est basé sur une certaine forme de nostalgie auditive. Seul point original (et agaçant, voire rédhibitoire pour certains), le chant de Kevin Rowland, toujours en quête de sommets dans les aigus, démarche vocale plutôt marginale dans les genres de musique noire dont il s’inspire (Curtis Mayfield ou Prince dans leur chant falsetto étant les exemples de voix qui peuvent être rapprochés de celui de Rowland). Mais qu’on aime ou pas ce style de voix, force est de reconnaître que le gars Rowland est un chanteur qui marque son territoire, et en plus (ce qui aide bien quand on veut être leader absolu d’un groupe) c’est quasiment l’unique pourvoyeur des titres du groupe.

Rowland est un control freak total. Non content d’écrire, de chanter, de gratouiller une six-cordes, de co-produire le disque (avec le duo Langer / Wistanley, producteurs des premiers Madness, autrement dit des types qui savent comment claquer des hits), d’être l’image du groupe (c’est lui of course tout seul sur la pochette), il impose un code vestimentaire à sa raya (entre les poulbots parisiens et les prolos des « Raisins de la colère »). Mercury mise sur lui et passe toutes ses tocades (voir la pochette, c’est Kevin Rowland & DMR), avant de clouer son cercueil quelques années plus tard (l’insuccès du successeur de « Too-Rye-Ay », « Don’t stand me now » en 1985, et la débandade des DMR qui en découlera, feront de Kevin Rowland une sorte de paria, et les multiples rééditions de « Too-Rye-Ay », si elles garderont la pochette originale, seront créditées dans le catalogue de Mercury aux DMR, exit Kevin Rowland …).

En résumé, y’a quoi dans « Too-Rye-Ay » ? « Come on Eileen », dernier titre du vinyle original, est plutôt atypique. C’est le morceau le plus « facile », le plus évident, le plus pop au sens noble du terme. C’est dans ce titre qu’on trouve les onomatopées « too-rye-ay » (entre autres) qui donnent le titre du disque. « Come on Eileen », c’est un titre à guitares où y’a pas de guitares, remplacées par les deux violons, et doté d’un pont mirifique à enseigner dans les écoles. Succès mérité et morceau indémodable aux paroles absconses (certains sourds ignorants ont prétendu qu’il était destiné à la violoniste, future compagne de Rowland, mais son prénom c’est Helen et pas Eileen).

Kevin Rowland & Helen O'Hara

Poursuivons l’exploration de la rondelle par les hits, puisqu’on a commencé … « The Celtic Soul Brothers », on peut le trouver too much. Too much le rythme quasi tachycardique, too much la voix suraigüe de Rowland, too much ces violons omniprésents. Reste que c’est malgré tout une entrée en matière qui ne passe pas inaperçue, et pas la façon la plus con de débuter un Lp. « Jackie Wilson said » est une reprise de Van Morrison (sur l’album « St Dominic Preview » de 1972, donc dans la « bonne » période de l’Irlandais, si tant est qu’il en a eu de vraiment mauvaises). C’est un grand single chez les DMR, autre hommage (après « Geno »), à un des soulmen américains plus ou moins oubliés des 60’s. Le titre est plein de breaks, de changements de rythmes, festif et entraînant, rien à redire sur son (trop modeste) succès. Parenthèse : hasard ou pas, Jackie Wilson resurgira au milieu des 80’s avec une reprise de son premier titre « Reet Petite » de 1957, boosté par un clip animé rigolo à base de pâte à modeler, qu’on verra beaucoup sur la jeune chaîne MTV.

Et les reste de « Too-Rye-Ay » ? C’est loin d’être du remplissage. « Let’s make this precious », c’est de la soul épique qui évite le piège du pompier, pompiérisme dans lequel n’est pas loin de tomber « All in all », et dans lequel finit par se vautrer le trop démonstratif « Until I believe in my soul », gâché par son intro à la flûte (Machucambos syndrome ?), son break jazzy, sa partie murmurée pour un verdict sans appel : maillon faible du disque …

Dans la case titres réussis, on peut mettre « Old », la ballade tire-larmes, celle que tu te chantes dans ta tête, seul au pub, bien bourré, parce que la garce est pas venue, ou pire, s’est barrée avec un autre … « Liars A to E » vaut le détour, mid-tempo soul qui grâce à ses chœurs féminins, pourrait même plaire aux amateurs de gospel …


L’ensemble remplit bien l’espace sonore (y’a une tripotée de musiciens, quelques machines discrètes, mais des vrais cuivres et s’il le faut des vieux bahuts genre Hammond B3). Une réserve pour les crincrins, même si elles sont que deux, on les entend en permanence, et si vous voulez mon avis, et si vous le voulez pas vous l’aurez quand même, si l’une des deux nanas (Helen O’Hara) n’avait pas été la copine du Kevin, je parie qu’on les aurait moins entendus … Même si pour jouer des machins tendance celtique, c’est l’instrument de base …

J’ai racheté le bestiau en Cd (réédition Mercury de 1996), qui présente plein de bonus et qui démontre deux trucs : y’avait pas grand-chose à rajouter au vinyle d’origine, un seul inédit tient la route (« TSOP » pour The sound of Philadelphia, hommage au Philly Sound et donc un peu hors-sujet sur « Too-Rye-Ay »). Plusieurs titres live qui montrent que si le groupe refait quasiment à la note près la version studio, ça fonctionne (« Jackie Wilson said »), mais quand il essaye d’étirer, de multiplier tempos et breaks, ça finit par lasser (« Come on Eileen » tout juste passable, une reprise du « Respect » d’Otis Franklin trop longue et trop brouillonne).

Malgré tout un des rares bons disques du millésime 82 qui n’a pas produit foule de grands crus …



Des mêmes sur ce blog : 

Searching For The Young Soul Rebels





SOLOMON BURKE - ROCK 'N SOUL (1964)

 

Un certain Mick Jagger ...

Ça vous dit quelque chose, le nom de Mick Jagger ? Oui ? ‘tain, vous devez être vieux … Peut-être pas autant que Sir Mick, mais bon … Donc le Mick, il y a cinquante ans qu’il imite (le chant, la gestuelle scénique), en évidemment plus vieux et moins bon, le Jagger du début des seventies. Avant cela, Mick Jagger sur scène avait beaucoup emprunté à Tina Turner, et encore avant à James Brown. Et quand il a commencé, vers 63-64, son modèle principal c’était Solomon Burke. Solomon qui ? … Bougez pas, je vous présente le bestiau …

Même si aujourd’hui, on cite à peu près aussi souvent Solomon Burke quand on cause musique, qu’on cite Raymond Kopa en parlant cyclisme ou Louison Bobet dans une discussion sur le foot (oui, je sais, y’a un twist, c’est pour voir si vous connaissez vos classiques).


Le brave (?) Solomon, il est, pour être gentil, un peu tombé dans l’oubli et il risque pas trop de revenir au sommet, vu qu’il a claqué en 2010. Il fait partie de toute une litanie de chanteurs américains de … musique noire pour faire simple, qui ont eu leur quart d’heure de demi-gloire au début des sixties, coincés temporellement entre Jaaaames Brown (la figure tutélaire), Sam Cooke (le beau gosse hyper populaire à la voix de velours) et les futures stars soul à venir (les types des écuries Stax et Atlantic, les Otis Redding, Wilson Pickett, Sam & Dave, …). Sans oublier les hits de la Tamla ou de Spector … Malgré tout, des Ben E. King, Arthur Alexander, Don Covay, Geno Washington, Jackie Wilson (ces deux derniers ayant suscité deux – belles – chansons des Dexys Midnight Runners au début des 80’s), récoltaient quelques hits et pouvaient prétendre atteindre le haut de l’affiche. Solomon Burke faisait partie du lot.

Des premiers enregistrements au début des années 60, une signature chez Atlantic, commencent à le sortir du troupeau d’anonymes qui s’escriment dans la chanson. Burke a pour lui une voix malléable, avec une facilité certaine pour monter dans les aigus et descendre dans les graves, et une présence sur scène physique et énergique. « Just out of reach » sera son premier succès, paru en 1961, et présent dans les charts à l’occasion d’une réédition deux ans plus tard. « Cry to me » suivra quelques mois plus tard. Le premier est une ballade soul interprétée d’une voix suave qui n’est pas sans rappeler le King Elvis himself lorsqu’il s’adonnait à ce genre de ritournelles. « Cry to me » est d’une structure plus travaillée, empruntant toujours à la soul, mais le tempo s’accélère, laissant apparaître des sonorités venues du doo-wop et du rhythm’n’blues. C’est le moment que choisit Atlantic pour faire de Burke une de ses priorités. Un auteur maison, qui commence dans la production, Bert Berns, est chargé du disque, sous le regard et les oreilles attentives de Jerry Wexler, producteur en chef d’Atlantic (et plus ou moins bras droit d’Ahmet Ertegun, fondateur du label). Solomon Burke devient une affaire sérieuse.


Ce « Rock ‘N Soul » qui résultera des séances, indique par son titre même la direction choisie. La soul est le matériau de base, mais un pont veut être construit avec le « rock » au sens le plus large, c’est-à-dire un crossover entre musiques blanches et noires. Rien de nouveau et d’extraordinaire dans la démarche artistique, si ce n’est que généralement, ce sont des chanteurs blancs qui allaient vers la musique noire (le cas d’école Presley), plus rarement l’inverse.

Burke bénéficie donc de la machine Atlantic, ce qui n’est pas rien. Et de titres qui pourraient bien marcher. Bon, pas les siens, Burke compose peu (deux titres vers la fin du disque, pas les meilleurs), mais il peut compter sur un tracklisting sur-mesure, pour l’essentiel des reprises. Et pas de n’importe qui. Figurent dans les crédits des noms comme Wilson Pickett, Woody Guthrie, Don Covay, Leiber & Stoller, … Ce « Rock ‘N Soul » va pourtant être doté d’un son assez curieux, avec une place souvent démesurée accordée aux choristes dont les voix au premier plan viennent parasiter Burke, pourtant pas vraiment un aphone au micro. Nouveau concept musical (rock ‘n soul) et donc nouveau concept sonore ? Je sais pas, mais ça pique parfois les oreilles …

Tout est fait pour attirer le chaland. Les « vieux » hits « Just out of reach » et « Cry to me » sont de la revue, et oui, on peut trouver des chansons qui tirent (un peu) vers le rock’n’roll … Bon, pas tant que ça en fait, seule « Hard ain’t it hard » peut être raccrochée au wagon du binaire. L’essentiel est composé de soul parfois énergique (« Goodbye baby (Baby goodbye), « You’re good for me »), mais le plus souvent sous forme de ballades (« Can’t nobody love them all », « Someone to love me », « He’ll have to go », cette dernière ayant dû pas mal plaire à Willy DeVille). Dans l’intitulé du disque, Burke aurait aussi pu rajouter « pop » (« Won’t you give him » semble sous forte influence Beatles), voire « gospel » et « jazz » (« You can’t love them all » a des effluves de ces deux genres. Pour faire simple, « Rock ‘N Soul » c’est un peu un fourre-tout (pas mal foutu cependant) de plein de musiques à l’époque plutôt mainstream.

L'Ecole des Fans ...

Et Jagger et les Stones, alors ? On y vient, on y vient… le jeune Mick était fan, essayait de tenir la scène comme Burke, et les Stones ont allègrement pioché dans son répertoire à leurs débuts. Ils ont repris quatre titres interprétés par Burke, dont deux qui font partie du tracklisting de ce « Rock ‘N Soul » : « Cry to me » et « If you need me », ce dernier quasiment plagié dans leur « Time is on my side ». Et comme les Stones sont des garçons bien élevés qui payent leurs dettes, ils ont parfois invité Solomon Burke à venir pousser la chansonnette avec eux sur scène dans les années 2000, quand ils avaient pris l’habitude de faire participer des guests à leur rock’n’roll circus…

Burke avec ce disque récoltera quelques hits mineurs qui visiteront le ventre mou du Billboard… mais aucun n’imprimera, même pas un « Everybody needs somebody » qui fera par contre la fortune et le succès des Blues Brothers. Burke, même très diminué en fin de vie, continuera tant qu’il le pourra de se produire sur scène, non sans avoir contribué à assurer sa descendance (on parle tout de même d’une vingtaine d’enfants légitimes) …


ERYKAH BADU - MAMA'S GUN (2000)

 

Soul's not dead ...

Un disque de soul en l’an de grâce 2000 ? Et pourquoi pas un disque de r’n’b tant qu’on y est ? Ouais, je sais les deux termes ont été plus que galvaudés en cette fin de siècle. Et on retrouve sous ces deux vocables des choses et des gens qui n’ont rien à voir avec la soul ou le rhythm’n’blues, tels qu’on entendait ces deux termes dans les glorieuses années 60 et 70 … Pourtant, quelques-uns et unes, peu nombreux, ont tenté vaille que vaille contre les vents mauvais des diktats du music-business de perpétuer les nobles idiomes. En sachant pertinemment qu’il y avait du taf pour faire aussi bien qu’Aretha, Jaaames, Marvin, Stevie, Curtis et les autres.


A quoi on les reconnaît ces gens-là ? Pour les mecs, c’est compliqué, ils sont parfois plus sobres vestimentairement (moins de couleurs flashy, moins de bagouzes) mais pas toujours … Pour les meufs, c’est plus simple (et ça tombe bien, Erykah Badu est une vraie meuf, mère de famille, tout ça …), suffit de googleler leurs photos. Si vous voyez une pétasse à wonderbra et string apparents, maquillée comme un camion portugais, un conseil, passez votre chemin … si la nana à l’air normale, ça sent la bonne pioche.

Erykah Badu a pas un physique de top model, et pose pas façon entraîneuse de bordel mexicain. Par contre elle sait faire des disques. Celui-ci est son second, le premier (« Baduizm ») l’avait faite favorablement remarquer. Et ce « Mama’s Gun », il est très bon … même si évidemment, il arrive pas à la cheville des rondelles majeures des zozos précités deux paragraphes au-dessus. Mais la Erykah coche plein de cases. Le label, c’est Motown. La vénérable maison de Detroit avait depuis ses années soixante fini de manger son pain blanc, les mirifiques succès des artiste signés par Berry Gordy n’étaient plus qu’un très lointain souvenir. Mais y’a des étiquettes sur un disque qui restent magiques … Ensuite, la Erykah a su s’acoquiner avec les bonnes personnes, cumulant dans les crédits du disque ceux qui savaient écrire des chansons et qui faisaient des disques avec des vrais instruments. Il y avait toute une connexion où l’on trouvait les types de Outkast (un des deux, Andre 3000 est le père du mioche à Erykah), ceux des Roots (particulièrement leur batteur et tête pensante Questlove) et derrière le micro des gens comme D’Angelo ou Common qui avaient du succès avec d’honnêtes rondelles. La revanche de l’humain sur les machines, et c’est d’autant plus appréciable quand il s’agit de musiques qui se veulent vintage … Bon, au débit de ce « Mama’s Gun », la longueur. Une heure dix, c’est un peu beaucoup longuet …


Les titres up ou mid tempo sont au début, la deuxième partie du Cd fait la place aux rythmes beaucoup plus lents. Le changement intervient avec le morceau « A D 2000 », qui comme le « American skin (41 shots) » de Springsteen fait référence à la mort d’Amadou Diallo, jeune guinéen de 22 ans, dégommé par les flics new-yorkais lors d’un banal contrôle d’identité (ils lui ont tiré dessus à 41 reprises, et l’ont touché 19 fois, no comment …).

Tous les titres du disque sont enchaînés, ce qui renvoie forcément au « What’s going on » de Marvin Gaye. Mais pas seulement à cause de ça. Il y a des paroles pas très cons (« concernées » comme on disait dans les seventies), et des influences, des rythmes, des sonorités jazzy. Même si par cet aspect, on est plus proche de Sade, la belle nigériane à la musique glaciale au début des 80’s (le single « Didn’t cha now », et surtout « Time is a wastin’ »). Vocalement, Badu est assez neutre, très loin des hurleuses à la Aretha. Bon point, des saletés de machines et de plug-ins ne viennent pas y superposer leurs effets, la voix reste naturelle, et c’est du chant, pas du rap. On pense plusieurs fois au génial Stevie Wonder des 70’s (notamment sur « Bag Lady », le single qui a le mieux marché, tout en haut des charts), à d’autres moments au non moins génial Curtis Mayfield (l’introductif « Penitenciary philosophy », cocottes funky, quelques notes de guitare wah-wah, pas aussi bien que la B.O. de « Superfly », mais bien mieux foutu que la plupart des titres des Red Hot Chili Peppers dans cette veine-là). Il paraît que la dame est fan de reggae. A part avec le vert-jaune-rouge délavé de la pochette, rien dans la musique ne semble en découler …


Le disque se conclue par un long, très long (10 minutes) titre (« Green eyes ») en trois parties, qui est censé être le sommet de la rondelle. Perso, il m’a plutôt gavé, tout comme à un degré moindre « … and on », réponse au « On and on » qu’elle avait fait avec son mec (le Andre 3000 déjà cité dont elle est séparée). On en a rien à foutre, mais c’est très en vogue dans les « musiques urbaines » ces interpellations perso sur fond de règlement de comptes, même si ici ça reste très soft … Je lui préfère nettement le gentiment funky « Booty » (second degré ironique, entre le Prince de « Parade » et le Wonder de « Songs in the key of life »), « My life », très typé Philly sound, la rustique et jazzy « Orange moon », très lente, avec ses grillons en fond sonore (même si question couleur de lune, je lui préfère la bleue d’Elvis ou la jaune des Neville Brothers).

Un bon disque de soul en l’an 2000 ? Si, si, ça existait …


SHANNON SHAW - SHANNON IN NASHVILLE (2018)

Ghostbusters ...

« Shannon in Nashville » agite tellement de mouchoirs rouges qu’on n’a pas envie d’être dupe de tous ces appels du pied un peu trop voyants. Frontwoman, une sorte de Beth Ditto blonde au tour de taille imposant. Coiffée d’une improbable choucroute qui ne semble attendre que le moindre zéphyr pour se déliter, version platine de l’excroissance capillaire qui surmontait le front de l’Amy Winehouse. Au générique, ordonnateur suprême de la chose (écriture, guitares et autres instruments bruyants, production), Dan Auerbach des famous Black Keys. Et un titre de disque qui renvoie à deux classiques absolus de la préhistoire qui rocke et rolle, « Dusty in Memphis » et « Elvis in Memphis », Tennessee connexion oblige.

Et vous savez quoi ? Eh bien, toutes ces plus ou moins subtiles allusions, pour une fois, elles sont justifiées… Evacuons le look bibendum, la Shannon n’a hormis un confortable embonpoint, rien à voir avec la leadeuse des feu Gossip. Par contre, que ceux qui portent encore le deuil de la Winehouse et qui ont oublié de se faire couillonner par les ersatz à voix rauque soul blues genre Adele reprennent goût à la vie, en voici une gueuleuse de bastringue qui a du coffre. Shannon Shaw est de la race des grandes, de celles qui te fileraient envie de chialer rien qu’en lisant le bottin. Même si les similitudes les plus évidentes sont à rechercher du côté d’une autre enrobée, la hurleuse soul en chef Aretha Franklin (R.I.P). Un style vocal qui a ses légions de fans, mais dont le côté braillard trop mis en avant peut susciter à la longue un certain embarras. Shannon Shaw a parfois tendance à se mettre en surrégime, on dira que c’est parce qu’elle a tout à prouver et à démontrer.
Shannon Shaw version Breakfast in America ?
Même si c’est pas une inconnue totale … quoi que … Son groupe précédent qui l’avait révélée ( ? ) et dont elle était la bassiste-chanteuse, Shannon & the Clams, trio voire quatuor de tâcherons se revendiquant pêle-mêle du punk, de la soul, du doo-wop et autres vieilleries vintage, ne remplissait pas les arenas, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais ce groupe avait su attirer l’oreille de Dan Auerbach, qui a produit son dernier disque et proposé l’affaire en solo à la Shannon (disque et contrat de distribution via son label Easy Eye Sound). Avec évidemment en point de mire le « Dusty in Memphis », rondelle qui avait vu l’Anglaise se réinventer passant de grande chanteuse de variété pop un peu neuneue et engoncée à shouteuse soul, blues et rhythm’n’blues sous la houlette du nabab d’Atlantic Ahmet Ertegun… Auerbach n’est pas Ertegun, même les supporters du PSG le savent. Mais bon, il essaie … et plutôt bien. Bizarrement, et même si Winehouse et Springfield sont des comparaisons justifiées, c’est du côté de l’Elvis himself que je trouve le plus de similitudes. L’Elvis qui avait rué dans les brancards du colonel Parker et s’en était allé enregistrer les choses dont il rêvait à Memphis sous la houlette de Chips Moman, accompagné par les sessionmen hantant l’American Sound Studio. Deux de ces maintenant vénérables ancêtres se retrouvent sur tous les titres de ce « Shannon in Nashville », l’organiste Bobby Wood et le batteur Gene Chrisman.
Bon, Auerbach et la Shannon qui cosignent tous les titres ne sont pas au niveau de Jerry Butler, Hank Snow ou Burt Bacharach qui avaient fourni les titres au King. Il n’y a rien dans « Shannon in Nashville » qui égale ou s’approche de merveilles comme « Only the strong survive », « Any day now » ou « In the ghetto ». Et là où le bât blesse le plus, c’est au niveau de la production. Auerbach en fait des tonnes, empilant les pistes de claviers, de cuivres, de vocaux, mixant tout exagérément en avant, façon démonstration de force technique, alors qu’un peu plus de feeling et de retenue auraient été mieux appropriés. Bon, ce type fait partie des Black Keys, pas le groupe le plus finaud de la Terre, faut pas lui demander l’impossible.
Shannon Shaw, Bobby Wood, Dan Auerbach & Gene Chrisman
Ceci étant, il n’en reste pas moins que « Shannon in Nashville » est un putain de bon disque et qu’il m’étonnerait qu’il en sorte beaucoup de ce niveau dans les prochains jours. Les compositions sont bonnes, y’a de super mélodies, on n’a pas un titre photocopié treize fois pour arriver aux quarante syndicales minutes, et la Shannon est impressionnante derrière le micro. Il y a de l’émotion, de la retenue, des démonstrations de puissance vocale qui lorsqu’elle ne donnent pas dans le systématisme forcé laissent entrevoir l’immense chanteuse qui se révèle devant nos oreilles pas habituées à pareil festin sonore par les mornes temps qui courent. La bougresse s’exhibe sans retenue, mettant dans ses paroles ses joies et ses peines et tout ça ça devient son blues. Elle a pas peur de montrer son cœur en mille morceaux (« Cryin’ my eyes out »), mais compte pas passer sa vie à chialer sur le tocard qui l’a larguée (« Freddies ‘n’ Teddies »), à des lieues des pleurnicheries de circonstance qu’on entend partout. On a les lents crescendos soul (« Golden frames »), des ballades millésimées (« Goodbye summer », « I might consider », « Coal on the fire »), des mélodies pop (« Leather, metal, steel », « Lord of Alaska »). Le fantôme de la Winehouse hante « Bring her the mirror », celui d’Elvis « Love can’t explain » ou « Cold pillows ». En fait, tous les titres mériteraient la citation … rien de faible, rien qui sonne comme du remplissage …
Disque de l’été qui devrait même passer l’hiver … Peut-être disque de l’année donc …



SANTANA - SANTANA (1969)

Chicano Revue ...
Aujourd’hui, Santana (le Carlos) est aussi chiant que les disques qu’il fait. Vous me direz , c’est pas le seul de sa génération et qu’on peut pas être et avoir été, ce genre de choses … N’empêche, voir ce pépé après des années de mutisme méprisant revenir tout sourire devant des journalistes pour faire vendre sa dernière daube jazz-rock-zen-cool-bouddhiste et les concerts qui vont avec où se rendent tous les hipsters En Marche (les mêmes qui vont voir les « performances » de Souchon et de la Dion et vont nous niquer profond pendant cinq ans avec leur autre façon de faire de la politique participative et diverses couillonnades du même genre), montre que vieillesse et dignité ne sont pas deux mots qu’on peut accoler facilement dès qu’il s’agit de rock ou de quelque chose qui est censé y ressembler.
Vérification faite, le dernier disque en date de Santana sur mes étagères, c’est le très mauvais « Amigos », plus de quarante piges au compteur. Et pourtant, ça avait plus que bien commencé … Flashback …
Santana, le groupe
Quartiers « populaires » de San Francisco, fin des années 60. Deux jeunes passionnés de musique traînent toujours ensemble. L’Américain pur jus Greg Rolie et le Mexicain de naissance Carlos Santana. Ils passent leur temps à écouter les Beatles, les Doors, Hendrix, et toute la scène psyché qui explose en Californie. Rolie a une formation de pianiste et se régale de maltraiter son orgue Hammond. Santana est guitariste. Des groupes sans lendemain sont montés sous l’égide des deux potes. A moment donné, parmi ces orchestres à géométrie variable, une tendance se dessine. Il y a beaucoup de batteurs ou de percussionnistes, beaucoup de métèques pour en jouer, le plus souvent comme Santana ayant leurs racines de l’autre côté du Rio Grande, et les rythmes latinos se mêlent aux rythmes rock.
Sentant qu’ils tiennent un truc, Rolie, Santana et leurs potes réussissent à faire venir à une répète une « star » chicano comme eux, un certain Gianquinto, dont le titre de gloire est d’accompagner parfois l’harmoniciste James Cotton. Le verdict du pro est sans appel : les titres sont trop longs, chacun y allant de son solo égomaniaque. Première baffe (ils ne lui en voudront pas, il sera recruté comme arrangeur lorsqu’ils iront pour de bon en studio). Les basanés ne se découragent pas, tournent inlassablement là où on veut bien d’eux à Frisco. Apothéose, leur réputation scénique finit par parvenir aux oreilles de Bill Graham (le patron du Fillmore et le Parrain de toute la scène musicale psyché, celui qui peut faire ou défaire les stars) qui lui aussi vient écouter les bestiaux. « C’est quoi votre bordel, vous faites que des instrumentaux, mettez des paroles si vous voulez que quelqu’un vous écoute un jour ». Deuxième baffe dans les rêves de gloire.
Santana, le Carlos
Mais les gars s’obstinent, suivent ces deux conseils, raccourcissent leurs compos et chantent (enfin, si on veut, voir plus loin) par-dessus (Rolie avec Santana aux backing vocaux). Fin 68, le groupe baptisé définitivement Santana rentre en studio pour un single qui sort début 69. « Evil ways » va scotcher tous les hippies. Et définir le Santana sound. Un rythme très chaloupé, des percus de partout, le B3 de Rolie et la Gibson SG du Carlos étant obligés de faire des prodiges pour se faire une place dans tout ce bordel tambouriné. Petit succès dans les charts, et le groupe entre-temps signé par la Columbia part en studio enregistrer son premier 33T. Bon, à cette époque-là, il sortait des singles fabuleux tous les jours et des albums de légende toutes les semaines ou quasiment. « Evil ways » et ses auteurs sont plus ou moins oubliés quand début Août paraît « Santana » le disque.
Coup de bol, Santana a été retenu pour ouvrir une journée à Woodstock. Le 16 Août en début d’après-midi, sous un soleil de plomb, les Santana prennent la scène d’assaut. Avec son guitariste qui a envie d’en découdre devant cette foule de festivaliers en train de se réveiller. Faut dire qu’on l’a vu avant le gig discuter avec Jerry Garcia, pape-gourou des hippies, et descendre une quille de Mezcal. Le groupe à l’unisson suit son leader, et le Santana band va livrer un des cinq morceaux de légende du festival, une version cataclysmique de leur pièce de bravoure « Soul sacrifice ». (Pour info, les quatre autres titres historiques de Woodstock sont le « No rain, no rain » du public, « I’m goin’ home » d’Alvin Lee et de ses Ten Years After, « I want to take you higher » de Sly et sa Famille Stone et le « Star spangled banner » concassé par Hendrix à l’aube blême du quatrième jour devant des rescapés hébétés). En tout cas, sur la foi de cette seule prestation enragée, l’histoire de Santana (le groupe et son leader) va prodigieusement s’accélérer.
« Santana » le disque est excellent, voire plus. Aurait-il permis à ses auteurs la gloire qui fut la leur sans leur prestation explosive à Woodstock, the answer my friend is blowin’ in the wind … Assez intelligemment, la réédition de 1998 a la bonne idée de rajouter au 33T studio trois titres joués à Woodstock dont évidemment « Soul sacrifice ». A noter que live, les titres durent le double que leur version studio, chassez le naturel et il revient au galop …
Aujourd’hui ce « Santana » premier du nom reste une des pierres angulaires du groupe (et de son leader), et avec son successeur « Abraxas » un des trucs à avoir absolument sur ses étagères. On y trouve, quarante siècles avant Fishbone, les Red Hot Machin et tous les autres balourds en pantacourt ce que doit être une fusion de genres musicaux réussie. A tel point que le débat fait encore rage (voir les notes de livret de la réédition) : Santana a-t-il inclus des rythmes latinos au rock ou le contraire ? Vous avez deux heures avant que je ramasse les copies, c’est coefficient 6 je vous rappelle…
Santana, Woodstock,16/08/1969
Parce que jusqu’à présent, les sonorités chicanos dans le rock, ça se limitait à « La bamba » de Ritchie Valens et au Farfisa hispanique de Sam « Wooly Bully » the Sham (qui était Texan) ou de Question Mark « 96 Tears » & the Mysterians (qui eux étaient du Michigan). « Santana » n’est pas un disque communautariste (comme en feront plus tard Los Lobos), il participe juste à faire avancer le schmilblick, à ouvrir d’autres portes, d’autres espaces au rock, pour reprendre la terminologie doorsienne de l’époque.
« Santana » est d’une redoutable cohérence. Neuf titres qui explorent ce mix entre culture latino-américaine et rock, les deux qui s’en écartent un peu (« Shades of time » plutôt soul et « Persuasion » heavy rock psyché à la Cream) semblant bien fades et convenus à côté du reste, alors qu’ils ne sont loin d’être indignes. Le reste, c’est emmené par des percussions qui sortent de partout (trois types, Carabello, « Chepito » Areas et Shrieve aux diverses batteries, percus, congas, timbales). Fidèles à leur idée de départ, les Santana couchent sur vinyle quatre instrumentaux (et les textes du restant seront très concis et d’une valeur littéraire proche du zéro absolu, mais on s’en cogne) « Waiting » en intro, le court « Savor », « Treat » comme un avant-goût du Carlos roi du sustain, et évidemment « Soul sacrifice ». On pourrait même y rajouter le single « Jingo » qui se contente de quelques onomatopées, un titre repris au percussionniste nigérian Olatunji (déjà plagié par Gainsbourg avec « Marabout »), voire la jam bordélique soul de « You just don’t care », tant les deux titres se composent du minimum syndical niveau paroles.
La mythique pochette avec sa tête de lion stylisée est signée Lee Conklin, un des illustrateurs (affiches, pochettes de disque) les plus connus du mouvement psychédéliques.
Conclusion : comme pas mal de choses, Santana, c’était vraiment mieux avant …


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Amigos



JANIS JOPLIN - PEARL (1971)

La dernière séance ...
3 Octobre 1970. Janis  vient de terminer l’enregistrement les parties vocales de « Me and Bobby McGee », puis elle écoute la partie instrumentale d’un autre titre « Buried alive in the blues » que son groupe vient aussi de terminer. Elle trouve ce morceau génial, promet de se surpasser le lendemain pour le chanter, quitte le studio, monte dans sa Porsche fushia peinturlurée. On la retrouvera le lendemain morte (overdose) dans son appartement. Deux semaines pile après Jimi Hendrix, y’a des débuts d’automne meurtriers … Paraît-il qu’alors qu’elle commençait à se ranger des vélos, elle s’était entichée depuis quelques temps, en éternelle croqueuse de mecs au cœur d’artichaut, d’un play-boy dealer qui lui aurait refilé la dose mortelle d’héro …
Ce disque sur lequel Janis Joplin travaillait sortira quelques mois plus tard. Il s’appellera « Pearl », le surnom de Janis. Et sera son plus grand succès. Bon, les morts vendent bien, on le sait, c’est un marché très porteur, le disque posthume. Et qui souvent n’arrive pas à la cheville des autres, ceux réalisés du vivant de l’artiste (voir le cas d’école Hendrix). Sauf que pour Joplin, « Pearl » est son meilleur disque. D’assez loin. Pour au moins deux raisons.

Janis n’a jamais aussi bien chanté, ses concerts de l’été 70 sont des triomphes. Elle se défonce (un peu) moins, son entourage artistique essaye de veiller sur elle, et du coup elle a retrouvé cette voix de feu et de sang qui a fait d’elle la reine de Frisco puis du peuple hippy.
Et puis, pour la première fois de sa carrière, Janis Joplin a un backing band qui assure, qui surclasse totalement les bourrins limités (pléonasme) de Big Brother, ou le dilettantisme défoncé du Kozmic Blues Band.
Le groupe qui accompagne maintenant Janis répond au nom de code Full Tilt Boogie Band. Une bande d’anonymes, mais qui sous la conduite de Paul Rotchild (le producteur des Doors), joue précis, lourd et swinguant à la fois. Une formation resserrée (guitare, basse, batterie, claviers). Finies les stupides guitares fuzzy monolithiques de Big Brother, finis les maudits cuivres du Kozmic Blues Band, encore plus insupportables en live qu’en studio. Pour « Pearl », le jeu et l’enregistrement sont basiques, roots, près de l’os. Dès l’inaugural « Move over » la différence saute à la figure, ce rythmn’n’blues au tempo de plomb paraît tout aérien, et puis quand arrive le chant, affaire classée, chef-d’œuvre d’entrée …
Parce que Janis, quelle voix … Joplin, c’est pas la voix la plus technique du monde, genre diva blette à la Dion ou Streisand, ou Castafiore qui promène ses octaves à l’opéra. Janis, elle chante pas, elle parle avec ses tripes, il se dégage de sa voix un charisme et en même temps une animalité que personne avant ou après n’a jamais approché (qui a dit Beth Hart, si encore t’avais dit Nicole Croisille, t’aurais eu l’air moins con …). Janis, plutôt moche (pour être gentil), fringuée avec un mauvais goût bien texan, mettait tout le monde, et surtout les mecs à ses pieds dès qu’elle l’ouvrait, elle avait pas besoin d’être court-vêtue et de simuler des fellations de micro (Tina, si tu me lis …). Suffisait juste qu’elle se mette à chanter, même si ce verbe est bien trop limitatif en ce qui la concerne …
Janis Joplin & Full Tilt Boogie Band
« Pearl » est un déluge vocal, mais pas une démonstration (bon, si, hormis la courte récréation a capella de « Mercedes Benz », titre amusant mais très anecdotique qui allez savoir pourquoi, deviendra emblématique de Joplin). Janis met son incroyable puissance de feu au service de tempos lents ou médium, des bases de soul ou de rythm’n’blues (la musique noire, la seule qui vaille quand on a une voix d’exception), qu’elle incendie de crescendos d’anthologie. Faut être clair, y’a rien à jeter de cette demi-heure. Mais en plus, il y a des sommets. « My baby » est juste énorme, faut avoir entendu ça une fois dans sa vie pour pas crever idiot. « A woman left lonely » on sent que cette chanson est tellement la sienne, tous ces types qui l’ont draguée juste pour la tirer un soir et pouvoir fanfaronner devant leurs potes le lendemain, que le terme de soul n’a jamais mieux portée son nom.
Presque tout dans « Pearl » est prévisible, mais personne n’attendait sur disque Janis à ce niveau et surtout accompagnée de la sorte. Cette bande d’inconnus joue avec une cohésion, une efficacité qui laisse pantois, ils semblent en osmose avec leur chanteuse (et pourtant ils n’enregistrent pas ensemble). Ecouter « Buried alive … », appréciez la machine de guerre, et imaginez ce que Janis en aurait fait. En fait le seul écart à la musique noire, c’est une chanson écrite par un de ses ex, l’auteur country Kris Kristofferson, « Me and Bobby McGee ». Jamais on n’aurait imaginé que la plouc music puisse atteindre une telle intensité émotionnelle.

Janis Joplin était totalement unique dans son rapport avec le chant et la musique. D’innombrables shouteuses, blanches ou noires, plus ou moins douées, essaieront de marcher sur ses traces. Seule à mon sens Amy Winehouse  réussira, allant même, entre autres similitudes, jusqu’à mourir à 27 ans …

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STEVIE WONDER - INNERVISIONS (1973)

Wonder Man ...
« Innervisions » est le troisième disque du quintet magique consécutif de Stevie Wonder (de « Music of my mind » à « Songs in the key of life »). Autant dire qu’on peut y aller … à l’aveugle (sorry Stevie…).
Plus que tous les autres dinosaures des 70’s (pas de noms, hein je suis un gentil moi, mais enfin j’ai dit tous …), Wonder est celui qui a le plus sombré artistiquement dans les décennies suivantes. Faut dire qu’il avait placé la barre tellement haut, pour moi c’est l’auteur black essentiel des années 70. Un touche-à-tout de génie, et pas un hasard s’il a été souvent comparé à un autre aveugle, Ray Charles, le Genius himself.
Stevie Wonder, sur ce « Innervisions », il se ballade littéralement, posant à chaque coup des jalons définitifs dans les styles qu’il aborde. Enfin, presque, il y a bien un maillon faible dans ce disque, la lente roucoulade amoureuse baveuse et molle, un genre dont il tartinera ses skeuds dans les décennies suivantes. Ici, c’est « Golden lady », on passe sans en dire tout le mal qu’elle mérite …

Le reste, c’est juste parfait. On commence par « Too high », c’est du jazz-funk qui groove mille fois plus que Herbie Hancock (qui a dit Jamiroquai, tu te casses et vite, et pourquoi pas Gilbert Montagné tant qu’à faire, il est aveugle lui aussi, comme quoi ça suffit pas …), et Wonder ressort dans le final l’harmonica du Little Stevie qu’il fut chez Motown, dressant un pont entre son passé et le futur qu’il est en train d’écrire. Le jazz, Stevie Wonder connaît et apprécie (nobody’s perfect), mais chez lui, ça sert de garniture, c’est pas une obsession. Et surtout grâces lui soient rendues, il ne cherche pas à tout prix la fusion, ou pire, le fuckin’ jazz-rock. Par contre, quand ça peut apporter quelque chose à la musicalité d’une chanson, il n’hésite pas, quitte à oser les mariages les plus improbables, sur « Visions », où un fonds jazzy sert d’écrin à une ballade folk très dépouillée, tout juste agrémentée de quelques notes de guitare acoustique. L’occasion de souligner que Wonder arrive à faire des disques fabuleux en jouant de tous les instruments (à l’exception des guitares sous toutes leurs formes, mais il se débrouille pour s’en passer le plus souvent), et notamment d’une panoplie de synthés pour l’époque très high-tech (comme quoi, si dans les disques à synthé, ça déconne souvent, c’est pas la faute à l’instrument, mais à ceux qui en jouent …).
Le premier choc musical arrive en troisième position sur le disque, c’est « Living in the city » et ça sonne comme du … Creedence (le jeu de batterie, la voix), c’est un immense blues-rock (sans guitares, et non, c’est pas une hérésie …) dans lequel Stevie se fout les cordes vocales minables, dans un style très Fogerty, jusque dans le texte (le rêve du mirage citadin vu par les campagnards noirs). De la pulsation rock, il y en a, et pas qu’un peu, dans « Higher ground », c’est le meilleur titre des Red Hot Chili Peppers (alors que la bande à Kiedis était à la maternelle), avec les fameuses cocottes funky (jouées ici au synthé) des milliards de fois copiées. Pas un hasard si les RHCP le reprendront sur leur premier disque à avoir un certain succès (« Mother’s milk ») dont il sera bien évidemment le single extrait.
Sesame Street featuring Stevie Wonder, 1973
Et puis, il y a les choses dans l’air du temps, que Wonder arrive à transcender. Et il faut plus que du talent pour éviter le centrisme guimauve quand on s’attaque à des choses aussi éculées et entendues que le groove medium funky (« Jesus children of America »), la lentissime ballade soul (« All in love is fair »), ou le machin caraïbe chaloupé (« Don’t you worry ‘bout a thing »). On en connaît, et pas des foncièrement mauvais, qui se sont couverts de ridicule dans ce genre d’exercices …
Last but not least, au final, manière de montrer que s’il est aveugle, il n’est pas pour autant sourd à ce qui se passe dans la société où il vit, mine de rien, en se livrant à un pastiche-hommage de l’une de ses idoles (Beatle Paulo McCartney), il se lance dans un pamphlet vitriolé adressé à Richard Nixon (« He’s mistra know-it-all »), qui Watergate aidant, le méritait bien.

Au dos du disque, il y a écrit (comme sur ses autres disques des 70’s) « written, produced & arranged by Stevie Wonder ». Ce type, que l’on a trop facilement réduit dès les mauvais disques arrivés à un soulman neuneu, fleur bleue et variétoche, c’est quand même et avant tout un des plus grands artistes et génies de la musique populaire, tous genres confondus …

Du même sur ce blog :
Talking Book


MINK DEVILLE - RETURN TO MAGENTA (1978)

De la suite dans les idées ...
« Return to Magenta » est le second disque de Mink DeVille. Et un challenge. Succéder au parfait « Cabretta », qui avait reçu des louanges quasi unanimes, sans cependant se vendre par camions (ce qui sera un handicap récurent et finalement fatal pour le groupe, lâché au bout de trois disques par son label Capitol).
Aujourd’hui, « Return to Magenta » est un des disques oubliés de Mink DeVille. Un peu coincé entre « Cabretta » et « Le Chat Bleu », les disques majeurs du groupe dans les 70’s. Mais un disque qu’il faudrait peut-être songer à réévaluer.
Même si … comment dire. « Return to Magenta » est écrasé par son début. L’enchaînement des trois, voire des quatre premiers titres est fantastique. Et tout le restant en souffre, le cœur du disque est en comparaison bien en dedans, et malgré un final intéressant, il en reste une impression de montagnes russes qualitatives.
Mink DeVille le groupe fin 70's
Alors, par ordre d’apparition dans les oreilles, « Guardian angel », entre soul, doo-wop et rhythm’n’blues, porté par la superbe voix (et pour l’occasion dans le registre où elle est la meilleure) de Willy DeVille, c’est juste parfait. Le groupe, honteusement sous-estimé parce qu’on l’a trop souvent confondu et assimilé à son emblématique leader fait également un sans-faute. Bon, faut dire qu’il y a Jack Nitzsche aux manettes, et quand comme lui on a commencé à pousser des boutons sous les ordres de Phil Spector, si on est pas trop con, on arrive à mettre des instruments en place. Il y a quelque chose de spectorien dans ce disque. Rien qui ressemble au Wall of Sound, mais un choix de mettre tout le son au centre, qui allait à contre-courant de toutes les modes de l’époque, ces effets et ces arrangements passant d’un canal à l’autre. « Return to Magenta » est un disque stéréo qui sonne comme un disque mono, le seul format sonore valable selon Spector, et nul doute que Nitzche a retenu cette leçon-là aussi …
« Soul twist », ce serait plutôt du rhythm’n’blues avec ses riffs de cuivres millimétrés, là aussi c’est à tous les niveaux du travail d’orfèvre. « A Train Lady », c’est la ballade soul millésimée, le genre de titres que Willy DeVille aimera mettre en scène en live, tout en poses christiques d’amoureux transi, et ça complète sans la moindre fausse note le tiercé introductif de ce disque.
Ensuite, une reprise de Moon Martin, autre très grand mésestimé de l’époque, et dont Willy DeVille a le premier su reconnaître le talent (il avait déjà repris un des ses titres, le fantastique « Cadillac walk » sur « Cabretta »). Ici, il relit le pétaradant « Rolene » et le groupe sert un boogie’n’roll brûlant.
Willy DeVille
Et puis, … la boulette, le truc qu’il fallait pas faire, le titre reggae (« Desperate days »), on dirait du Jimmy Cliff période hyper-commerciale, et ça va à peu près aussi bien à Mink-Willy DeVille, que la présentation d’une émission littéraire à Franck Ribéry … On sait (enfin ceux que ça intéresse, pas des foules considérables quand même) Willy fortement attiré par les rythmes caraïbes, mais là, c’est juste que c’est totalement raté, daté et ringard … Et on a encore ce funeste titre dans les oreilles quand arrive la roucoulade, jolie mais tellement prévisible, jusque dans ses notes d’harmonica de « Just for friends », et l’impression que le niveau est en train de descendre de quelques crans s’installe. C’est malheureusement confirmé par la suite, le Diddley beat bluesy un peu pataud de « Steady drivin’ man », et le dernier titre, un court rock’n’roll punky (« Confidence to kill ») est à mon sens un autre hors-sujet, Willy DeVille, qui était un habitué du CGGB à ses débuts n’a plus besoin de prouver quoi que soit, il fait là un espèce de punk-rock avec lequel sa musique n’a rien à voir.
Heureusement, le remuant « Easy slider » et la ballade hispanisante « I broke that promise », toutes les deux réussies, avaient presque sauvé auparavant cette seconde partie du disque.
Evidemment, on peut être déçu de quelques morceaux à la ramasse ou un peu faibles, mais l’histoire montrera qu’il en est ainsi de tous les disques majeurs de Willy-Mink. Il ne fera (hormis pour moi « Coup de grâce », mais les « vrais » fans du bonhomme n’aiment pas ce disque « commercial ») aucun disque parfait, mais toujours, même quand il semblait au fond du trou, il trouvera le moyen sur chacune de ses rondelles d’aller tutoyer les anges.

Ici, il y arrive la moitié du temps. Un disque à réévaluer, je vous dis, et pas un follow-up inconsistant de « Cabretta », comme on le présente trop souvent …

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Le Chat Bleu