S'il n'en reste qu'un ...
Il y a de fortes chances que ce soit lui, Jerry Lee,
le Highlander du rock. De toutes façons, ils ne sont plus que trois, de ces
années cinquante rock’n’roll … Chuck Berry est aux fraises, s’entêtant en vieux
grigou qu’il a toujours été, à donner des concerts pathétiques (il a 85 ans,
ceci explique peut-être cela, mais faut savoir raccrocher la Gibson, papy …),
la fofolle Little Richard a mis sa carrière en pointillés depuis plus de 50
ans. Et tous les autres sont morts …
Jerry Lee Lewis et sa femme : sa cousine Myra, 13 ans ... |
Jerry Lee Lewis, lui, ce serait plutôt le
Trompe-la-Mort du binaire. Donné
refroidi un nombre incalculable de fois, tant on l’a hospitalisé dans des états
critiques dus à une hygiène de vie outrancière sur bien des plans, ayant réussi
on ne sait trop comment à ne pas crever en prison … car il a été dans le
désordre accusé et jugé pour, en vrac, pédophilie (il avait épousé une fille de
treize ans, sa cousine en plus …), bigamie (il avait « oublié »
de divorcer de la précédente), multiples fraudes fiscales, voies de faits avec
arme innombrables, … Il a aussi été entendu par les attorneys pour la mort
suspecte (y gagnant son défintif surnom de Killer) de deux de ses sept ou huit
femmes successives (l’une étrangement noyée dans la piscine familiale, l’autre
ayant pris une bastos en pleine tête quand Jerry Lee nettoyait son flingue, ces
deux-là, comme par hasard, voulant divorcer et ramasser quelques dollars au
passage). Or, plus près de ses sous que Jerry Lee, malgré les efforts louables
de quelques-uns, y’a pas …
Et malgré tout ça, musicalement, Jerry Lee Lewis
reste encore crédible, publiant, certes de plus en plus épisodiquement, des
disques qui tiennent étonnamment bien la route (« Last man standing »
en 2006 par exemple). Certes assez loin de ce qu’il a fait à ses débuts sur le
label Sun de Sam Philips. Parce que chez Sun, en cette seconde moitié des
années cinquante, y’avait des clients … Pas tous en même temps, mais se sont
tout de même succédés dans le petit studio de Nashville, Presley, Perkins,
Cash, Orbison, pour ne parler que des plus connus … et Jerry Lee Lewis donc.
Pas très académique, mais efficace ... |
Un Jerry Lee qui a passé ses années glorieuses chez
Sun en équilibre entre le rock’n’roll le plus sauvage et la country
« habitée » et énergique. S’appuyant sur son « pumping
piano », dans un style ultra-destroy pour l’époque, venu des honky-tonk
louisianais où il a grandi, et une voix toute en syncopes, changements de tons
et de rythmes. Une marque de fabrique inégalable et inimitable. Même si ses pièces
d’anthologie (Whole lotta shakin’ going on », « Great balls of
fire », « High school confidential » et
« Breathless ») viennent de l’aspect rock’n’roll de sa carrière,
Jerry Lee, qui a commencé par enregistrer de la country, ne délaissera jamais
la plouc music, et à partir des années 60, en fera le genre dominant de ses
productions studio. Chez Sun, il alternera les enregistrements dans les deux
styles, à l’image de son voisin d’écurie Carl Perkins. Et puis, Lewis sera un
de ceux qui reprendront le plus les standards contemporains confirmés, pas
toujours avec bonheur cependant (on ne se frotte pas impunément, et quelque peu
en dilettante semble t-il, à des choses comme « What I’d say » de Ray
Charles ou « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), mais le
dynamisme de jeune chien fou de Lewis et quelques descentes du revers de la
main des touches d’ivoire arrivent dans la plupart des cas à faire passer la
sauce.
Cette compilation parue sur le label Varese, et
consacré aux rééditions d’oldies, (un peu comme Rhino, le prestige en moins),
fait défiler dans un ordre à peu près chronologique les standards, évidemment,
mais se distingue de la multitude de celles sur le marché par la sélection de
quelques pièces country ou de reprises peu connues du répertoire de Lewis.
Du même sur ce blog :
Elle fait pas treize ans sur la photo... (Roman Polanski mode off)
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