Rock'n'Country
Y’a des périodes comme ça, où certains reviennent
plus souvent que de raison dans le lecteur du Cd. Ces temps-ci, c’est Jerry Lee
Lewis. Un peu oublié, le Killer, et souvent réduit à une poignée de classiques
des années 50. Des trucs très rock’n’roll (« Great balls of fire »,
« Whole lotta shakin’ goin’ on », … ce genre) de sa période Sun.
Bon, je vais pas refaire sa bio émaillée de quelques
croquignolettes anecdotes, c’est déjà en ligne ailleurs sur ce blog, mais juste
revenir sur un des aspects négligés de sa carrière, la phase country. Parce que
ce grand cintré de Jerry Lee, il a toujours été partagé entre le rock’n’roll
roots et la plouc music, et qu’il n’a jamais cessé d’enregistrer dans ce
dernier genre. Et on en trouve toujours quelques titres dans la multitude de
compilations qui lui sont consacrées. Compilations toujours articulées autour
de la même quinzaine de scies.
Jerry Lee Lewis, usual suspect |
Celle-ci se distingue du lot pour deux raisons. Elle
est balèze (40 titres), et, cocorico, française Monsieur. Réalisée par une
major (EMI), qui pour une fois a fait correctement son boulot, en partant des
masters dépoussiérés (son costaud, mais respectueux de la stricte mono
originale des premiers titres), d’une série de 45T quatre titres (on appelait
ça des Ep, aux temps antédiluviens du vinyle), sortis quasi uniquement sur le
marché français. Et la tradition voulait que derrière un titre qui serve de
locomotive commerciale, on en rajoute d’autres plus obscurs.
Résultat, on se retrouve avec une bonne vingtaine de
titres, certes pas inédits, tant tout a été compilé et recompilé un nombre
industriel de fois, mais assez peu souvent mis en avant. Et là, on s’aperçoit
qu’il y a majoritairement des titres de country. Un genre traité
respectueusement selon l’Evangile de Saint Hank Williams, mais avec la Lewis
touch, à savoir un piano bien en avant, et une certaine énergie, pour ne pas
dire hystérie, peu coutumière dans la country. Evidemment, on ne peut pas
ignorer que Johnny Cash faisait en même temps et sur le même label le même
grand écart entre les deux genres. Les deux hommes ont peu en commun, Cash a eu
les hits country, et quand il touchait au rock’n’roll, c’était d’une façon
convenue et assez « sage », il n’a réellement survolé les débats que
dans les années 60. Mais en cette fin des 50’s, net avantage pour Jerry Lee
Lewis dans les deux genres.
Et puis, ce double Cd permet d’apercevoir un aspect
encore plus ignoré de la carrière de Lewis, un virage soul-rhythm’n’blues au
début des années 60, avec orchestre pléthorique, cuivres, choristes, et tout le
tremblement. Même si ce n’est pas du niveau de Ray Charles, James Brown, ou ce
que produiront plus tard des labels comme Stax ou Atlantic, il y a quand même
quelques curiosités qui valent le détour, témoins une version énergique de
« Ramblin’ Rose » (oui, ce titre qui ouvre le « Kick out the
jams » du MC5), ou encore cette défenestration de « Sweet little
sixteen » de Chuck Berry (Berry et Lewis se détestent, ce qui doit
expliquer la rage du Killer dans cette version, alors que d’habitude ses
reprises sont plutôt effectuées en roue libre en mode dilettante).
Des titres bonus ont été rajoutés, manière de faire
de cette compilation un Greatest Hits. Deux regrets-reproches, ils ont oublié
dans la section bonus « Breathless », qui fait quand même partie des
incontournables du Killer, et ce Cd paru en 1993 n’a je crois jamais été
réédité et ne se trouve plus que d’occase …
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