De 89 à 99, en quatre disques (« Mother’s milk »,
« Blood sugar sex magik », « One hot minute » et « Californication »),
les Red Hot Chili Peppers sont devenus des mastodontes du rock américain. Ils
ont vendu des disques par millions, ont pris le temps d’assurer leur service
après-vente par de gigantesques tournées des stades … Le problème avec le
succès démesuré, c’est qu’il est beaucoup plus facile à perdre qu’à atteindre.
Frusciante, Flea, Smith & Kiedis : RHCP 2002
« By the way » va en fournir un bel exemple.
Artistiquement parlant. Parce que commercialement, la machine RHCP va continuer
à dépoter du skeud en quantité. Mais « By the way » … comment dire …
L’entreprise RHCP a souvent vogué par gros temps. Et dans
des océans poudreux, ce qui aide pas forcément à souder un groupe, quand égos, histoires
de cœur, événements tragiques, viennent se rajouter à la naturelle pression
ambiante. La décennie à succès évoquée sera marquée entre autres faits
extra-musicaux par une addiction démesurée de Kiedis et Frusciante, ce dernier
allant même se « reposer » pendant la période « One hot
minute », disque charnière débiné par les premiers fans, à cause du
« remplaçant » Dave Navarro venu des « rivaux » Jane’s
Addiction (pour moi « One hot minute » est leur meilleure rondelle,
mais je suis pas fan des RHCP, donc mon avis ne vaut rien).
Pour « By the way », Frusciante non content d’être revenu
(depuis « Californication »), entend être le leader et « l’influence »
du groupe, sous prétexte qu’il a tartiné des dizaines de démos guitares +
synthés, le tout avec pour objectif de faire paraître un disque « punk »
(?). Le vieux complice Rick Rubin va essayer de mettre un peu de raison, d’ordre,
de bon sens dans la musique, et pratiquer la câlinothérapie à forte doses dans
tous ces egos démesurés qui s’affrontent. Et c’est bien le producteur qui s’en
sort le mieux. « By the way » devrait être écouté en boucle dans les
écoles qui forment les types à pousser des boutons dans un studio, parce que
niveau production et arrangements, c’est un vrai bijou. Et c’est d’autant plus
visible que le matériau de base (les chansons) est d’une rare indigence …
« By the way » est un pavé de quasiment une heure
dix pour seize titres. Et quand on fait le bilan, on a en tout et pour tout
entre deux et quatre titres à sauver de ce naufrage. Les deux indiscutables
ouvrent et ferment le disque. « By the way » le morceau est un
condensé de tout ce qui a fait le succès des Red Hot jusque là. Intro
caoutchouteuse, une mélodie très voisine de « Under the bridge » (un
de leurs premiers gros succès sur « Blood sugar … »), de gros riffs de
guitare, un rap à toute blinde, un refrain-slogan mélodique, en fait un best of
du groupe en un seul titre. Autre grand titre, le dernier, « Venice queen »,
chanson-hommage de Kiedis à sa thérapeute récemment décédée et qui l’avait aidé
à vaincre ses addictions, notamment à l’héroïne. Un titre de six minutes qui pour
une fois démontre un réel effort d’écriture et de composition. Ma magnanimité
légendaire qui me perdra me fait rajouter à cette doublette « The zephyr
song », très (trop ?) sucré single à succès à la mélodie addictive,
bien que très voisine de celle de « Californication » (le morceau).
Citation bienveillante également pour « Don’t stop » (no Fleetwood
Mac cover), qui avec son intro funky, son phrasé rap et son refrain mignon,
renvoie aux meilleures heures passées du groupe …
Le reste ? Des trucs fadasses, des ballades molles qui
encombrent la moitié de la rondelle (« Dosed », « I could die
for you », « Midnight », « Tear », « Don’t forget
me », …) comme Coldplay en tartinait à longueur d’albums à l’époque, quelques
sorties de route risibles comme l’espagnolade « Cabron » (dites pas
ça à un hispano, ça va pas lui plaire), le ridicule ska « On Mercury »,
la bien nommée « Minor thing », … j’en oublie et des pas meilleures.
Qu’est-ce qu’on pourrait dire pour défendre cette
rondelle ? Le boulot colossal de production déjà évoqué, le fait que
Kiedis soit devenu un très bon chanteur, la basse élastique de Flea, sa
symbiose rythmique avec Chad Smith, la relative discrétion de Frusciante alors
que ce disque était censé être son projet ? Certes, mais tout ça suffit
pas.
On sent les types rincés, en panne totale d’inspiration
et d’imagination, pensant noyer le poisson sous un déluge de titres
interchangeables et laisser penser qu’ils ont quelque chose à dire …
« By the way » se retrouve en équilibre très
instable sur le rebord de la poubelle …
« The Queen » est centré sur la semaine du
Dimanche 31 Août 1997 au Samedi 6 Septembre de la même année. C’est-à-dire
entre l’accident parisien qui lui a coûté la vie et l’enterrement de Diana
Spencer, plus connue comme Lady Di.
Ceci étant dit, j’ai jamais été abonné ni même lu
les torchons sur les people et les têtes couronnées genre « Gala », « Point
de vue » et assimilés, et la saga et les frasques de la famille royale
britannique, je m’en tape complètement. « The Queen », heureusement
est un film qui fait intervenir les people, mais n’est pas un film sur les
people royaux. C’est un film que je qualifierai de politique. Dont les
premières scènes montrent l’arrivée au pouvoir de Tony Blair (une paire de mois
avant que la Merco aille s’encastrer sur un poteau du souterrain du Pont de l’Alma),
et les dernières une rencontre protocolaire entre le Prime Minister et la Queen
Mom deux mois après les funérailles de Lady Di.
Mirren & Frears
C’est pour moi cette entrée en matière et le final
du film qui sont les plus importants. Le reste, la semaine évoquée plus haut, a
été tellement commenté et documenté, que mis à part des immersions (réussies) au
10 Downing Street, au domaine privé écossais de Balmoral et à Buckingham Palace,
lieux de résidence de la famille royale, ça n’apporte pas grand-chose à l’histoire,
celle qu’on écrit dans les livres. « The Queen » n’est pas une
version « alternative » de l’Histoire comme peuvent l’être le « JFK »
d’Oliver Stone ou le « Farenheit 11/9 » de Michael Moore. « The
Queen » nous montre en continu, de façon chronologique (la date est
précisée chaque fois que l’on change de journée), ces jours qui ont failli faire
vaciller la monarchie britannique, et ses siècles de pouvoirs héréditaires.
Derrière la caméra, Stephen Frears, évidemment Sujet
de Sa Très Gracieuse Majesté. Quasiment une quarantaine d’années derrière la
caméra en 2006, parsemées de quelques aimables succès critiques et populaires (« My
beautiful Laundrette », « Les liaisons dangereuses », « High
fidelity », …), sans pour autant être reconnu comme un cador des plateaux
de tournage. Il signe avec « The Queen » ce qui est certainement son
meilleur film. Et pas qu’un peu aidé par une prestation époustouflante d’Helen
Mirren, qui prouve enfin, à plus de soixante balais, qu’elle peut tenir un
grand rôle dans un grand film, cantonnée qu’elle a été dans des séries B plus
ou moins navrantes (je vais pas faire la liste, y’a Wikipedia qui le fait très
bien). Un Oscar (mérité) viendra couronner (c’est bien le mot) sa performance
en Reine d’Angleterre face à une crise morale, sociale, politique et
institutionnelle.
Evidemment, et c’est précisé à la fin du générique, « The
Queen » est une fiction basée sur des faits réels. Les seules versions de
l’histoire ne venant que du camp de Tony Blair, campé dans le film par Michael
Sheen, choisi pour une vague ressemblance. C’est lui le maillon faible du casting,
alors que sa femme Cherie (Helen McCrory), ou les membres de la famille royale
(eux aussi castés pour des similitudes physiques) s’en sortent mieux (le futur
King Charles, son père Philip, la mère d’Elisabeth).
Tony Blair prête serment
« The Queen » mélange scènes d’archives
télé et pour l’essentiel des reconstitutions, avec parfois les acteurs
superposés aux images d’actualités. Inutile de préciser que rien n’a été tourné
aux abords du Ritz, au Château de Balmoral, à Buckingham Palace, ou dans la
cathédrale de Westminster. Mais comme vous et moi et pas grand-monde n’a jamais
foutu les pieds dans ces endroits prestigieux, le subterfuge était facile (pour
la cathédrale de Westminster, images d’archives et plans serrés sur les acteurs
suffisent à entretenir l’illusion du réel).
« The Queen » a ceci d’efficace, qu’il nous
montre deux choses. Le chaos dans lequel s’est enfoncé des jours durant la
Reine et sa famille, et un Tony Blair qui très vite va finir beaucoup plus mal
que ce qu’il avait commencé. Est-ce en filigrane un règlement de comptes de
Frears avec celui qui a quand même bien trahi ses idéaux (et ses électeurs), il
se pourrait bien.
Dans quasiment tout le film, c’est pourtant Blair
qui a la main et « sauve » la Reine. Sauf que … On débute par une
Elisabeth majestueuse qui pose en tenue de grand apparat pour un portrait en pied
(enfin, assise) pour le peintre (officiel ?) du régime. La scène a lieu le
jour des élections qui vont voir la victoire du Labour de Blair. Dans la
discussion (très protocolaire) le peintre glisse que thanks God, il n’a pas
voté travailliste. Plus fine, la Reine lui fait remarquer qu’elle n’a pas le
droit de vote, mais on sent bien que ... vous m’avez compris … Et déjà, on voit
que « The Queen » ne sera pas un pensum historique pesant. La finesse,
l’ironie, le second degré, le tongue-in-cheek sont souvent de la partie. Grand
numéro d’équilibriste de Frears et de son scénariste Peter Morgan, d’autant
plus que les faits évoqués ne sont pas vraiment légers et ont traumatisé toute une
nation. Quelques jours après les élections, entrevue officielle et en privé de
Blair et Elisabeth pour l’investiture du premier Ministre. Blair, d’apparence
joviale, décontractée et souriante, est intérieurement tétanisé par la
solennité du moment. Beaucoup plus que sa femme, qui le rejoint dans la foulée
(dans la famille Blair, et pas seulement dans le film, c’est elle qui était à
gauche). On voit déjà l’instinct politique de la Reine qui a auparavant demandé
à son chef du protocole de venir l’appeler au bout d’un quart d’heure pour ne
pas éterniser la rencontre avec les prolos Blair, à qui elle n’a pas manqué de rappeler
que son premier Premier Ministre fut un certain Winston Churchill …
Débordée par l'actualité ...
Ces décennies de pratique et de finesse politique vont
se fracasser deux mois plus tard lors de l’accident de Diana. Lorsque le décès
est confirmé, les certitudes et les siècles de tradition volent en éclats.
Charles, bien qu’ex-mari cocu (la réciproque est aussi vraie) sent que toute la
famille royale doit rendre hommage à celle qui fut femme de l’héritier du
trône, d’autant plus qu’elle est adorée par le pays. Il va trouver en face lui
la Reine, son époux et sa grand-mère (en gros « c’est pas une Windsor, c’est
plus ta femme, que sa famille – les Spencer – se démerdent »). Toute la
famille royale est au moment du décès en villégiature dans sa propriété privée
de Balmoral en Ecosse et il n’est pas question de retourner à Londres, de faire
quelque discours ou intervention que ce soit et d’organiser des funérailles d’apparat.
Le futur King Charles (étrangement, Frears ne fait jamais apparaître ni ne cite
la Camilla) doit s’appuyer sur Blair pour faire rapatrier le corps avec un
minimum de solennité en Angleterre.
Blair et son équipe sentent bien que la pression
populaire est en train de monter contre la Reine et les coups de téléphone se
multiplient entre Downing Street et Balmoral où toute la famille Windsor
continue ses activités champêtres et bucoliques (la pêche, la chasse, les grillades,
les ballades en Land Rover) comme si de rien n’était. Ces face à face par
British Telecom interposés sont passionnants, entre un Blair qui s’affirme de plus
en plus et une Queen qui s’agace de son attitude mais commence à douter. C’est
la pression populaire, cumulée à des sondages (secrets) calamiteux pour la
monarchie attaquée par toute la presse sans exception, qui conduira à son
retour à Londres, ses déambulations devant les tonnes de fleurs entassées
devant les grilles de Buckingham Palace, son message de deuil à la Nation, les
obsèques nationales avec Elton venu entonner un « Candle in the wind »
(on l’entend pas mais on le voit entrer dans la cathédrale), enfin tout ce que
les télés du monde entier (passage de temps en temps de vrais extraits de JT d’un
peu partout) ont montré non stop et en direct pendant toute la semaine.
Blair calling : Allo, non mais allo quoi ...
La monarchie a tremblé, la popularité de la Reine s’est
effondrée, Blair triomphe (sa fameuse expression de « Princesse du peuple »
lors d’un discours d’hommage à Diana). Mais le film s’appelle « The Queen »
et pas « Tony ». Quelques semaines plus tard, lors des rencontres
hebdomadaires avec son Premier Ministre (2500 à ce moment-là, comme le lui
rappelle Blair), on voit celle à qui il est interdit de faire de la politique
avoir repris les choses en main, et humilier (toute en sourires et formules malicieuses)
un Tony Blair qui lui est déjà sur la pente descendante …
Helen Mirren est époustouflante dans son rôle, et
pas pour seulement pour son apparence similaire (l’allure, les fringues
terriblement désuètes, paraît-il sa façon de s’exprimer, mais là je peux pas
dire, j’ai pas de Cds de la Queen Elisabeth). Elle rend magnifiquement le
désarroi d’une femme devant laquelle tout le monde s’est toujours courbé, et
qui se retrouve face à une situation qui fait voler toutes ses certitudes en
éclats. Mention particulière également à James Cromwell excellent dans le rôle
de son mari, qui présente la facette la plus conservatrice de la famille, à
grand renfort de réparties cinglantes (et donc ridicules).
Deux anecdotes pour finir.
Aussi méticuleux qu’ait voulu être Frears, il a
laissé passer un pain au montage. A un moment, on voit la Reine partir se
balader en 4X4 et elle fait monter deux clébards noirs (des labradors ?)
dans la voiture. A la scène suivante, lorsqu’elle rouvre la portière, il en
descend trois. L’autre énigme du film, ce sont les deux face à face de la Reine
avec un cerf gigantesque, le premier alors qu’elle en panne avec sa vieille Land
Rover, et le second alors qu’il a été abattu par des chasseurs d’un domaine
voisin. Les spéculations les plus étranges se sont multipliées sur la
symbolique sous-entendue. Frears affirme que ça fait partie des scènes sans
aucune signification, juste là pour leur rendu visuel, et donner une durée « décente »
au film (une heure quarante) …
Tout commence avec les Sex Pistols … ou plutôt tout
commence avec la fin des Sex Pistols. Le plus célèbre – provocateur – vendu
(rayer la ou les mentions inutiles) orchestre punk, une fois paru son manifeste
« Nevermind the bollocks » part vite en sucette (merci au crétin
ingérable Sid Vicious, et aux divagations managériales de Malcolm McLaren), de
toute façon, comment aurait-il pu en être autrement, les Sex Pistols par
définition et essence n’étaient pas faits pour durer …
Walker, Levene, Wobble & Lydon : Public Image 1978
Le premier à claquer la porte (il ne supportait pas
McLaren) et signer de fait la mort du groupe est Johnny Rotten. Qui reprend son
état-civil (John Lydon), et entend montrer à la Terre entière que son génie n’a
pas besoin d’un groupe de bras cassés et de McLaren pour éclater à la face du
monde … Lydon étant quelque peu connu, il n’a pas trop de mal à monter un
groupe. Et tant qu’à faire, il choisit pour l’accompagner des gens qu’il
connaît depuis longtemps. Keith Levene à la guitare. Pote de Vicious et ayant
fait partie d’une des formations du Clash avant qu’ils enregistrent leur
premier disque pour CBS. Jah Wobble tiendra la basse. Lui et Lydon se
connaissent depuis des années, il a appris la basse de façon autodidacte parce
qu’il est fan de reggae et de dub, et n'a pas la réputation d’un type commode,
ses poings étant son principal outil de communication … Le batteur (Jim Walker)
sera recruté via une petite annonce.
Au départ et encore plus une fois la machine Public
Image en marche, il sera évident que c’est le groupe de Lydon. Il faut des
envies de généalogiste pour recenser tous ceux qui participeront au groupe,
censé être encore en activité, même si ses parutions sont très épisodiques
depuis le début des années 90. La première formation n’échappe pas à la règle
du turn-over. Le batteur ne fera qu’un album, Jah Wobble se fera virer en 1980,
et Keith Levene en 83, ces deux-là gardant une rancune certaine à Lydon …
« Public Image » le single inaugurera la carrière de
Public Image le groupe. Et assure la transition avec les Pistols. On est en
terrain sonore connu (la voix de Lydon, la pulsation rock brute de décoffrage),
avec un petit côté grinçant et répétitif en plus. Ce titre ouvrira la seconde
face du vinyle original.
Qui atteint pile les quarante syndicales minutes. Au
prix de quelques délayages. Faut dire que le budget alloué par Branson et
Virgin a surtout servi en « remontants » divers et variés, et que
cette bande d’ingérables n’est pas forcément la bienvenue dans un studio d’enregistrement
(la légende – mais en est-ce une – prétend que Jah Wobble démolira un ingé-son
tatillon et pas convaincu de sa technique à la quatre-cordes). D’où des titres
à rallonge (quatre titres sur huit flirtent où dépassent les six minutes, voire
les neuf pour « Theme »), assez loin des formats punks de 2’30 alors
de rigueur, des mixages étonnants (« Attack » beaucoup plus mat et
étouffé que ce que l’on avait entendu jusque-là, ou « Fodderstompf »
le reggae-dub expérimental et mutant final) montrent que du personnel qualifié
et compétent n’est pas inutile en studio, surtout quand le trio a eu l’idée
saugrenue de produire la rondelle …
Il n’en reste pas moins que « Public
Image » constituera une déflagration non négligeable dans le landernau musical
londonien. Par facilité linguistique, on appellera ce nouveau son post-punk,
étiquette facile et qui permettra de ranger tous ceux qui s’en inspireront (…
ou pas, il suffira qu’ils ne respectent pas les « règles »
originelles du punk pour s’en trouver affublés).
« Public Image » n’invente rien, mais
pioche et assemble des choses que l’on n’avait pas l’habitude de voir frayer
ensemble (un peu de musique industrielle, de rock, de krautrock, de punk-rock,
de prog même, le Johnny est très fan de Peter Hammill le chanteur de Van der
Graaf Generator, et ça s’entend parfois). Technique musicale rudimentaire
oblige, on est dans le lancinant, le crissant, le grinçant et le répétitif.
Hormis des schémas de batterie saccadés, l’approche musicale est assez souvent
celle du reggae, avec basse en avant et guitare à contre-temps (mais jouée
façon tronçonneuse). Maintenant on a entendu des millions de groupes (pas
forcément les plus doués) jouer comme ça, mais force est de reconnaître qu’en
1978, c’était plutôt novateur.
Et puis, ne surtout pas oublier que Lydon, en plus
d’une technique de chant assez particulière, genre muezzin qui appelle les
fidèles à la prière, est un type qui n’a pas la langue dans sa poche (avoir
affaire à lui en interview ou en conférence de presse était un exercice attendu
– et redouté – par tous les journaleux rock), et un certain sens des punchlines
qui dépasse largement les capacités de Praud, Bouleau, Salamé ou Polony.
Sur « Public Image » le thème central est
la religion (chrétienne en l’occurrence, mais Lydon les déteste toutes). Le
Paradis est appelé à aller se faire foutre dès le premier titre
(« Theme »), titre noirâtre sur la mort (le verbe « to
die » revient bien une vingtaine de fois). C’est encore pire sur les deux
« Religion ». Le « Religion I » est juste un court speech
ultra-violent (1’25) contre l’Eglise catholique. Et manière d’enfoncer le clou
dans les paumes des mains ou la plante des pieds de ceux qui auraient pas
saisi, les mêmes paroles sont mises en musiques sur « Religion II ».
Et cerise confite sur l’hostie rance, « Annalisa » sur une trame de
rock assez simple et basique, donne le point de vue de Lydon sur Anneliese
Michel, jeune allemande prétendument possédée et exorcisée 67 (!) fois, jusqu’à
ce qu’elle meure la vingtaine à peine dépassée …
Pour être tout à fait exhaustif, mentionnons
« Low life » qui ne vaut que pour les psalmodies nasillardes de
Lydon.
Lequel, quoi qu’il ait pu en dire, n’a pas atteint
avec Public Image l’aura naturellement indépassable des Sex Pistols. Livré à
lui-même, avec des comparses extatiques aux ordres, Public Image (qui
s’appellera selon les circonstances Public Image, Public Image Ltd, ou P.I.L.)
deviendra vite une carricature de son premier disque (« Metal Box »
est aussi bon, la suite ne sera que dégringolade artistique), n’obtenant son
seul vrai succès qu’avec le single bâclé et (donc forcément) répétitif
« This is not a love song » …
Plus dure sera la chute … Quatre ans après s’être
extirpés du néant, la bande des frères Gallagher est à peu près devenue la plus
grosse attraction musicale du monde dit libre. Il y en a qui arrivent à gérer
ce statut et tout le gigantisme dans tous les domaines qui va avec, comme au
hasard les Stones. Mais pas Oasis …
D’abord parce que les types sont ingérables. Enfin, les
deux qui comptent, les deux frangins. Avec mention particulière à Liam,
oscillant en permanence entre Sid Vicious et Mr Bean, capable de réparties
incendiaires et parfois drôles, mais aussi de boxer sa gonzesse. Tout ceci
hypertrophié par beaucoup d’alcool et de coke. Mais ça fait vendre du tabloïd
(la pseudo guéguerre Blur-Oasis), et donc entretient la surmédiatisation du
groupe.
Oasis 1997
Qui peut s’appuyer sur ses deux premiers disques plus que
bien torchés, reprenant les choses là ou Beatles et Stones les avaient laissées
en 68, et Who et Faces en 71. A la manœuvre, et donc à l’écriture, Noel, lider
maximo de la bande. Qui a trouvé un gimmick au niveau du songwriting qui fait
que ça accroche. Des mélodies mid tempo (qu’il suffit d’accélérer ou de
ralentir pour avoir un nouveau titre), des guitares lourdes, une rythmique qui
enclume, et des arrangements et des constructions de titres (à peu près
toujours les mêmes) qui semblent être ce que le peuple (celui qui contribue à
faire des chiffres de vente colossaux) a envie d’acheter à ce moment-là.
Alors, qu’est-ce qui les a pris avec ce « Be here
now » ? J’en sais rien et je m’en fous, mais je m’en doute un peu.
Tout le monde (le Noel, toujours responsable de tous les titres, le reste du
groupe, le management, le label, …) a pris le melon. A voulu faire un disque
qui marque l’Histoire. A la manière d’un Michael Jackson qui écrivait tous les
jours sur le miroir (qu’on imagine grand comme un parking de supermarché) de sa
salle de bain « 100 millions », soit le nombre de disques qu’il
voulait en vendre alors qu’il s’attelait au successeur de
« Thriller ». Et si le Michou se shootait à l’oxygène dans un caisson
hyperbare, les Oasis carburaient à des trucs qui te déglinguent aussi les
neurones.
Comment personne, parmi tous ceux qui étaient concernés
avant que le disque sorte, n’a été foutu de se rendre compte qu’il y avait un
gros souci avec « Be here now ». Peut-être quelqu’un a-t-il osé faire
la remarque aux sourcilleux frangins, mais il est sûr qu’il n’a pas été écouté
…
Deux frères ...
Tout dans « Be here now » empeste la
mégalomanie. De la pochette à « messages » et énigmes, à cette
litanie de titres interminables. Le lecteur de Cd affiche 71’38’’ pour onze titres.
Presque six minutes par morceau, et il y en a même un (« All around the
world ») qui dépasse les neuf minutes. Et comme les types sont pas des
virtuoses, ça mouline à l’infini le même accord, et c’est pas les claviers (qui
rejouent généralement les accords de guitare) qui viennent aérer ce son. Toutes
ces couches instrumentales empilées, mixées tous les potards sur onze, ça fait
beaucoup plus de bruit que de musique. Parce que la partie musicale de
l’affaire est réduite au strict minimum, des trucs qu’on a déjà entendus sur
les deux disques précédents, en plus concis et plus imaginatif (la bonne
trouvaille de la scie musicale sur « Wonderwall » par exemple). En
gros le son de « Be here now » est peu ou prou celui du magma de guitares
saturées qu’on trouvera un peu plus tard sur le live « Familiar to
millions ». Qui lui a tout de même l’avantage d’être aussi un greatest
hits live.
Bon, des hits, il y en a deux de corrects sur « Be
here now ». Pas forcément par hasard, ce sont deux ballades très typées 70’s,
où il faut le reconnaître, Oasis excelle. « Don’t go away » ne
déroutera pas les fans des Red Hot Chili Peppers, n’est point trop
assourdissante, et a l’immense mérite d’avoir un final à la guitare acoustique,
ce qui offre une pause bienvenue pour les oreilles …« Stand by me », elle, figure dans
la poignée des meilleurs titres d’Oasis, avec sa montée progressive vers un
refrain qui sait se faire désirer. Dans à peu près le même registre, un bon
point également au morceau-titre, qui ne marque tout de même pas autant les
esprits … Des titres dont la construction convient parfaitement au style vocal
de Liam Gallagher, jamais aussi à l’aise que dans les tempos lents. Ce qui nous
amène à souligner son inaptitude souvent criante lorsque le rythme s’accélère.
Le lad suprême est à la ramasse sur le up tempo de « My big mouth »,
et la plupart du temps est obligé de gueuler plutôt que de chanter pour pas se
faire écrabouiller vocalement par le mur de guitares.
Du coup, tout ce que les détracteurs d’Oasis avaient
d’emblée mis en avant se trouve ici de façon exacerbée. Le manque d’imagination
de l’écriture de Noel, la manque de souplesse vocale de Liam, la technique
musicale rudimentaire de l’ensemble, les citations-hommages-pastiches un peu
trop voyants (Lennon et les Who sur l’insignifiant « Fade in – Fade
out », « It’s getting better » qui cite par son intitulé les
Beatles de « Sgt Pepper’s … » mais est un des plus mauvais de la
rondelle avec l’épouvantablement strident « I hope, I think, I
know »). Pour tenter de sauver la face, Oasis va même jusqu’à
s’autoparodier (« The girl in the dirty shirt » reprend tous les tics
d’écriture de Noel et tous les tics vocaux de Liam entendus jusque là).
En fait un seul titre résume l’affaire. Le premier, « D’you know what I mean ? ». Une
intro avec bruit d’avions (on se croirait dans « The Wall » ou « The
final cut » de Waters / Pink Floyd), des borborygmes de synthés … Il faut
attendre une minute pour que le titre « démarre », avant que
s’enchaînent clins d’œil appuyés à tout ce qui a fait le succès du groupe, sans
que jamais celui-ci ne semble mettre un terme à cet enchaînement de grosses
ficelles (7 minutes 42 secondes au compteur).
Un mot sur l’ésotérique pochette. On voit bien qui
« commande ». Noel au premier plan, Liam un peu en retrait, les trois
autres loin derrière. Un calendrier qui indique la date de sortie dans le pays
concerné, une Rolls dans une piscine (référence à une anecdote avinée de Keith
Moon), une montre sans aiguilles (là, ça m’étonnerait que ça fasse allusion au
film de Bergman « Les fraises sauvages » où on en voit une
similaire), la Vespa, le vieil électrophone (la nostalgie, camarades, c’était
mieux avant), la mappemonde du premier disque, et puis plein de détails que seuls
peuvent assimiler les fans hardcore … Il paraît que c’est une des pochettes les
plus chères de l’histoire du rock … bâillements …
La suite de l’aventure ne sera pas meilleure, loin de là.
Vladimir Gallagher devra lâcher du lest, laissant les autres (malheureusement)
écrire des chansons, en contrepartie de quoi il passera (malheureusement)
occasionnellement derrière le micro, le tout dans une ambiance de guerre civile
fratricide qui durera une dizaine d’années avant le sabordage parisien.
Bien que globalement très médiocre, « Be here
now » est le dernier disque studio encore écoutable d’Oasis …
Et s’il ne devait en rester qu’un des disques des
Smiths, ce serait celui-là. Loin, très loin au-dessus des autres, n’en déplaise
au fan-club (ou aux Inrocks, ce qui revient au même). Et pourtant, quand il
sort, ce « The Queen is dead », troisième disque du groupe, les
Smiths n’ont déjà plus rien à prouver. Et il n’y a même pas deux ans et demi
qu’ils ont fait paraître leur inaugural album éponyme.
Entre-temps, ils sont devenus une institution en
Angleterre, dernière sensation de rock indé à guitares. Dans un paysage musical
gangréné par de la pop à synthés, ils s’obstinent dans une formule
guitare-basse-batterie-chant … Bien aidés pour atteindre les sommets par les
machins de plus en plus pompiers que publient les acclamés une paire d’années
plus tôt U2 et Simple Minds (de toutes façons disqualifiés pour le titre de
meilleur groupe anglais, les premiers sont Irish et les seconds Scottish). Tous
les magazines musicaux anglais vouent une vénération aux Smiths. Faut dire que
les Anglais aiment bien le rock, surtout quand c’est eux qui le font. Et donc,
plus les groupes forcent sur le « so british », plus le public local leur
fait un triomphe. Après les Jam et en attendant Oasis, c’est l’heure des Smiths
… même Londres, pourtant souvent jalouse et aimant afficher une supériorité
arrogante vis-à-vis des ploucs provinciaux, s’entiche de ces Mancuniens. Ailleurs
dans le monde, que dalle, au mieux un succès d’estime… Un peu normal, les
Smiths ne sont pas les Beatles, et ne cultivent pas l’universalisme musical.
Et ne changent rien avec « The Queen is
dead ». Qui débute par le morceau éponyme, rengaine uchronique (et un des plus
longs titres enregistrés par les Smiths, plus de six minutes) se moquant du
grand dadais de Charles, appelé à régner maintenant que sa mère est morte.
Caustique et moins direct que le « God save the Queen » des Pistols,
mais pas moins malin. On reste au second degré (un Anglais digne de ce nom ne
doit pas s’attaquer de quelque façon que ce soit à la Couronne). Ce ne sera pas
toujours le cas. Morrissey deux ans plus tard sur son premier disque solo chantera
un peu équivoque « Margaret on the guillotine » (vous me direz,
Thatcher était pas Reine …).
Morrissey & Marr
Fidèles à leur réputation friendly gay, les Smiths
mettent un beau mâle sur la pochette (Alain Delon, photo tirée du peu connu film
« L’insoumis » d’Alain Cavalier), et reconduisent une méthode gagnante.
Marr compose toutes les musiques, Morrissey tous les textes, Stephen Street est
à la console (même si cette fois-ci Marr et Morrissey co-produisent avec lui).
Les progrès viennent d’une qualité mélodique supérieure, sans titres de remplissage
un peu bâclés, d’un chant tout en micro-nuances de Morrissey (finies les
pénibles montées dans les aigus), et d’un Johnny Marr qui se lâche à la
guitare. Sans foutre les Marshall sur onze, sans se perdre dans des solos
pentatoniques à rallonge (d’autant plus que les Smiths ont très peu à voir avec
les gammes bluesy) « The queen is dead » est le disque qui permet de
comprendre pourquoi ce type discret et taiseux est considéré comme le meilleur
guitariste des années 80 ;
Et il contraste avec l’exubérance de Morrissey au
niveau des textes, qui prend un malin plaisir à cultiver une sorte
d’impressionnisme loufoque (la mélodie la plus enjouée, celle de
« Cemetary Gates », est une visite des pierres tombales des grands
poètes romantiques anglais, Wilde, Yeats, Keats). Le gars est capable d’hommages
littéraires, mais ne dédaigne pas le nonsensique complet (« Frankly Mr
Shankly » et sa mélodie sautillante, l’exubérant « Somme girls are
bigger than others »). Comme souvent, Morrissey est là où on ne l’attend
pas, Marr a plusieurs fois évoqué sa surprise de le voir écrire des paroles légères
sur des rythmes tristes et inversement, de mettre les refrains sur ce qu’il
avait composé comme couplets, … ce sont ces contrastes surprenants qui participent
aussi au charme des Smiths …
Mais point n’est besoin d’une licence de musicologie
ou d’une maîtrise parfaite de la poésie de la langue anglaise pour apprécier ce
disque. Il y a des choses d’une évidence immédiate. « I know it’s
over » par exemple, la ballade sixties revisitée façon crooner avec un Morrissey sur les traces vocales de Sinatra. Quand on sait combien se sont
vautrés dans le pathos ou la grandiloquence dans ce genre d’exercice, on
apprécie d’autant plus ici le résultat.
Les Smiths, comme les plus grands sont aussi un
groupe à singles. Pas forcément présents sur les albums, même si ici on a trois
qui ont bien marché dans les charts : « Bigmouth strikes again »,
le meilleur selon moi avec un grandiose Johnny Marr, « There is a light
that never goes out », et son riff présentant des similitudes troublantes
avec celui de « There she goes again » du Velvet Underground, et « The
boy with the thorn on his side », un peu surchargé à mon goût, sur la
thématique de la jalousie passionnelle meurtrière. Je lui préfère le loufoque,
enjoué et moqueur « Vicar in a tutu ». Et s’il faut trouver un
maillon faible à cette rondelle, ce sera « Never had no one ever »
(un peu trop) tourbillonnant et (un peu trop) lyrique …
« The
Queen is dead » sera l’apogée des Smiths. Un autre disque suivra qui sent l’épuisement du
filon (« Strangeways, here we come »), Marr aura envie d’explorer d’autres
horizons musicaux, Morrissey (ancien président du fan-club anglais des New York
Dolls) voudra mettre un peu de paillettes glam dans ses chansons, et la section
rythmique Rourke et Joyce en aura assez de jouer les faire-valoir anonymes des
deux stars qui se partagent l’écriture …
Comme son nom ne l’indique pas, Fever Ray n’est pas
un groupe. C’est le nom de scène d’une allumée suédoise, répondant au patronyme
de Karin Dreijer, connue (?) comme étant la partie chantante d’un duo fraternel
The Knife (jamais entendu, ou pire, aucun souvenir).
Donc la Karin à travers son avatar Fever Ray se la joue
perso. Pas de manière boulimique, quasiment dix ans séparent son premier disque
(qui contient son titre le plus connu « If I had a heart » qu’on
trouve dans plein de séries et de films), de celui-ci. Elle fait ses rondelles
toute seule, c’est-à-dire en empilant des couches de programmations, de synthés
et de bidules bruyants divers. Comme pas mal de monde aujourd’hui… Et quand par
hasard il y a un être humain qui se pointe (oh, pas souvent, un peu de flûte
sur un titre, de violon sur un autre), on voit pas franchement la différence.
Ce qui saute par contre aux oreilles, c’est la voix
de la demoiselle (enfin demoiselle qui a dépassé la quarantaine quand paraît ce
« Plunge »), pitchée au-delà du raisonnable. En gros, le pitch, c’est
pousser des boutons sur une console ou un plug-in pour changer la tonalité de
la voix, généralement pour la monter dans les aigus. Comme Major Lazer ou DJ
Snake qu’ils disent sur Internet. Comme si quelqu’un doté d’une paire d’oreilles
en état de fonctionner savait qui sont ces deux types … D’autres plus cultivés (?)
citent un titre de Rihanna dans les 90’s comme exemple de voix pitchée… Tant
qu’à faire … Il n’est venu à l’idée de personne apparemment de se référer à
Camille, le faux double féminin de Prince sur le fantastique album « Sign
the times » (en 1987). Comme quoi ceux qui vous balancent des noms récents
n’ont jamais écouté un bon disque de leur vie, CQFD …
Et pour être sûre de pas passer inaperçue, la Karin a
le crâne rasé (esprit de Sinead O’Connor, es-tu là ?) et se tartine le
museau de peintures baveuses diverses et peu variées (en gros du rouge, du
blanc et du noir), comme si elle allait tourner un film de zombies péruvien, et
fringuée comme si elle sortait d’un sarcophage … ceci étant, les goûts et les
couleurs, hein … précision, c’est elle sur la pochette du disque, maquillée (?)
sobrement (?) avec du chocolat. A moins que ce soit du caramel ou du Nutella …
Macron, on t'a reconnu ...
Une voix suraiguë sur des machines, ça fait de suite
penser à Björk (et un peu à Kate Bush). Evident sur quelques titres
(« Wanna sip », « Red trails »), et toujours en filigrane.
J’ai décelé aussi de forts relents du Depeche Mode « dark » des
débuts (« Mustn’t hurry », « An itch », « This
country »). La demoiselle cite fréquemment Aphex Twin (les synthés chelous
sans aucune mélodie), grand bien lui fasse. Moi je pousse le vice à citer Phil
Collins, ou au moins la mélodie de la scie « In the air tonight » sur
« Falling ».
Parce que des mélodies, ben y’en a pas trop. Un peu
plus sur la seconde partie (seconde face vinyle ?) du disque, où elle
force un moins sur le pitch de la voix (le morceau-titre qui casse pas des
briques est pas trop mal, normal c’est un instrumental), « To the moon and
black » est le titre le plus facile, évident de la rondelle, « Mama’s
hand » très typé techno 90’s se laisse écouter les soirs de déprime …
Je vais encore passer pour un blaireau rétrograde,
mais je vois pas grand intérêt à ce « Plunge ». C’est pas infect,
mais bon … C’est de l’art, c’est une performeuse, me souffle-t-on … sans
rire ? D’après quelques vidéos live, elle bouge autant que Bob Dylan sur
scène, toujours dans l’obscurité (merci Tricky) d’où ne ressort que la trace
blafarde de son visage maquillé …
Comme je vois pas grand-chose d’agréable à dire sur
ce machin, on va en rester là … Who’s next ?
Comme indiqué en sous-titre, « For your
pleasure » est « the second Roxy Music album ». Et même si une
demi-douzaine suivra, « For your pleasure » sera le dernier de la
formation d’origine. Avec Brian Eno s’entend. Autant commencer par lui … ce
type me laisse assez circonspect avec ses théories (les stratégies obliques,
comme si dans le rock il fallait être un stratège, ceux qui l’ont inventé ne
connaissaient même pas l’existence de ce mot), sa litanie de disques ambient,
pour les aéroports, … qui remplacent avantageusement les somnifères … Tout ça
pour le côté obscur de la farce … Parce qu’en face, on le retrouve très
impliqué (souvent comme producteur, ou metteur en sons, comme on veut) de
quelques rondelles pas dégueulasses, genre les Bowie période Berlin, les
meilleurs Talking Heads ou U2, et … « For your pleasure » sans
oublier une poignée de disques à lui superbes dans les 70’s … Difficile de dire
avec précision la part d’Eno sur « For your pleasure », parce que
Roxy a un sacré leader maximo, en la personne de Bryan Ferry, qui signe, ce qui
n’est pas rien, la quasi-totalité des musiques et des textes. Mais ces chansons
sonnent toutes d’une façon étrange, inédite, inouïe, quand Eno les a
tripatouillées (tout un tas de bruitages, de sons passés à travers des ordis ou
des synthés), que ce soit en studio ou sur scène (lors des concerts, il est à
la table de mixage, pas sur les planches).
Roxy est un groupe étrange, dans ce début des
seventies où la bizarrerie la plus extravagante est la norme. Cité juste après Bolan
et Bowie lorsqu’il s’agit de définir le glam-rock, on le retrouve en bonne place
sur toutes les compilations prog seventies. Vous me direz, c’est en ratissant
large qu’on trouve le plus de fidèles. A mon sens, Roxy penche beaucoup plus
vers le glam que vers le prog (cette funeste engeance a tendance à vouloir
rattacher à sa chapelle plein de choses et de gens qui n’ont rien à voir avec
Genesis, Yes, les types de Canterbury and so on …). Même si on retrouve chez Roxy Music,
l’espace de quelques mesures les sonorités alambiquées et les arrangements
tarabiscotés qui font tout le charme (?) des progueux … Et de toutes façons,
niveau glam, les Roxy écrasent toute la concurrence au moins visuellement (voir
leurs tenues sur la pochette intérieure), à faire passer Bowie pour un attaché
parlementaire du Modem …
Tiens, et puisqu’on parle pochette, autant causer de
celle-ci, une des plus connues du rock. Parce que d’emblée Roxy Music s’est
plus fait remarquer par ses pochettes que par sa musique. La légende prétend
que le groupe a été signé par Chris Blackwell sur Island au vu du projet de
maquette pour la pochette de son premier album, une mannequin allemande façon
playmate Playboy sur une pochette en recto et verso (gatefold). Pour « For
your pleasure », le principe est le même. Pochette gatefold, même
photographe (Karl Stoecker). Autant la précédente était lumineuse, autant
celle-ci est sombre. Elle est captée dans un grand studio (pour y faire rentrer
une limousine), vinyle noir sur le sol, décor Las Vegas by night. Le modèle
choisi est Amanda Lear. Bustier, robe fourreau et longs gants de cuir noir,
talons aiguille vertigineux, cambrure de gymnaste des pays de l’Est, panthère
noire tenue en laisse. Un peu au second plan, Bryan Ferry (chauffeur ?,
compagnon ?) semble l’attendre à la portière d’une limousine. Amanda Lear n’est
pas vraiment une inconnue. Muse-amante de Salvador Dali dans un improbable
triangle amoureux (l’autre sommet du triangle est Gala, épouse légitime de Dali),
ancienne compagne de Brian Jones (la chanson « Miss Amanda Jones »
sur « Between the buttons »), et à l’époque de la photo, compagne (en
pointillés) de Bryan Ferry. Cette pochette marquera bon nombre de personnes.
Dont particulièrement un chanteur anglais, qui se renseignera sur cette blonde
longiligne, la contactera et se mettra en couple avec elle pendant quelques
années. Que ceux qui ne savent pas qu’il s’agit de David Bowie se fassent
connaître, il n’y a rien à gagner …
Et la musique, au fait, dans ce disque ? bonne question,
garçon, j’y viens … « For your pleasure » débute par une cavalcade glam,
« Do the strand », avec un sax façon corne de brume (dans la lignée « Fun
house » des Stooges, ou de Bowie) et un piano annonciateur du style Mike
Garson (bientôt chez Bowie). « Beauty queen » est la ballade épique
très 70’s, « Strictly confidential » est le titre qui fait que parfois
Roxy est associé au courant prog (on dirait du Genesis supportable, donc à peu
près du Van der Graaf Generator). « Editions of you » est le titre le
plus méchamment rock, avec un solo de sax traité par Eno qui le fait ressembler
à un solo de guitare. Ce titre fait penser au « Suffragette City » de
… Bowie (décidément) et le malin Damon Albarn devait bien l’avoir en tête quand
il a composé « Song 2 ». La première face du vinyle se terminait par « In
every dream home a heartache », ballade reposant au début sur des sonorités
électroniques avant un grand final d'électricité rugissante, et chanson d’amour adressée à … une poupée gonflable « I
blew up your body, but you blew my mind ».
La seconde face est plus expérimentale, entamée par « The
Bogus man » longue (presque dix minutes) mélopée lancinante, pas très
éloignée du krautrock de Can. « Grey lagoons » revisite la face
glam avec sax et guitares saturées en avant, dans la lignée de ce faisait Elton
John à la même époque (l’album « Goodbye yellow brick road »). Fin
des hostilités avec le morceau-titre, ballade malade (traitement des sons de sax
et de batterie) sur fonds de synthés inquiétants, anxiogènes.
Il ressort de tout ça que Ferry est un grand
auteur-compositeur (le format chansonnette de trois minutes est pulvérisé, mais
ça reste facile d’accès) doublé d’un grand chanteur, à la palette vocale
étendue, comme une sorte de Sinatra glam. Que le band derrière tient la route (Phil
Manzanera est un grand guitariste et sera par la suite un sessionman très
recherché, la rythmique est efficace dans des schémas pourtant parfois
compliqués, le sax de MacKay se démarque des plans archi-rebattus du rhythm’n’blues).
Et que Eno confère une étrangeté sonore (ça sonne bizarre, sans être
expérimental – prise de tête).
Cette formation et ce disque seront l’apogée de Roxy
Music. Certes le groupe sera populaire, reconnu commercialement, les disques
suivants se vendront bien mieux que ce « For your pleasure », mais
aucun n’atteindra sa beauté étrange et vénéneuse …
Adam & The Ants n’est pas un groupe … ou si peu.
Derrière cette pignolade, un sujet arriviste de Sa Très Gracieuse (?) Majesté.
Répertorié à l’état-civil Stuart Goddard, il s’affuble du sobriquet Adam Ant
(jeu de mots genre Alladin Sane / A lad insane). Adamant ça veut dire inflexible,
intransigeant. Comme dirait Brassens, la suite lui prouva que non.
Pirates des Caraïbes ? Non, Adam & The Ants
Arrivé sur le « marché » trop tard pour
faire partie de la première vague punk, il monte un groupe (Adam & The
Ants,) qui œuvre dans le style et sort un disque que personne ne remarque. Prêt
à tout pour réussir, il colle au train de Malcolm McLaren pour que
« l’inventeur » des Sex Pistols le manage. Affaire conclue et marché
de dupes. Tel un tamanoir, McLaren aspire les Ants et en fait Bow Wow Wow,
backing band d’une (très jeune) nymphette asiatique du nom d’Annabella Lwin,
laissant l’Adam seul à son triste sort … Mais le garçon est obstiné, remonte
une nouvelle mouture des Ants, court les friperies et les salons de coiffure et
de maquillage, et se crée un look d’un mauvais goût tout britannique, à base de
peinture sur le museau genre Bowie-Aladdin Sane (who else ?) et de tenues
militaires à brandebourgs début XIXème siècle (just like Hendrix).
Ainsi grimé et affublé Adam et ses Fourmis part à la
conquête des charts … et l’arriviste arrive à ses fins. Quelques singles
(mauvais ou pire) classés, quelques passages télé, quelques papiers et unes des
hebdos musicaux, l’affaire est dans le sac et tourne un temps à plein régime.
L’Adam prend un melon monumental, s’imagine un prophète musical pour les
décennies à venir et après deux albums très bien vendus, vire les Ants pour
continuer solo l’aventure. Forcément, dans un pays (l’Angleterre) et une époque
(le début des années 80) où une nouvelle mode se dessine tous les trois mois,
la mayonnaise tourne vite vinaigre et malgré quelques piteuses tentatives de
come-back en solo ou avec des Ants, le sieur Goddard retourne dans le néant
dont il n’aurait jamais dû s’extraire, laissant au passage l’image d’un crétin
ultra-prétentieux …
« Kings of the wild frontier » est le second
disque des Ants, et le premier après l’interlude McLaren. Ne reculant devant
aucune sottise, l’Adam élabore un concept : sa musique destinée à
émerveiller le monde est inspirée par the real thing, les – on ne rit pas –
percussions tribales du Burundi. En fait, dans le meilleur des cas, c’est un ersatz
de Diddley beat avec un batteur et un percussionniste limités. Et l’Adam chante
comme une casserole, secondé par des chœurs « tribaux » et moults
effets de studio.
Adam Ant & Marco Pirroni
Malgré ce, pas de poubelle direct. Non pas qu’il y
ait un grand hit qui a traversé les décennies ou même quelque compo point trop
mauvaise. Non, l’arme fatale des Ants s’appelle Marco Pirroni et joue de la
guitare. Les tâtillons noteront des passages éclairs dans des embryons du Clash
ou de Siouxsie & the Banshees, mais c’est dans les Ants qu’il se révèlera.
Il sera à l’Adam ce que Steve Stevens sera à Billy Idol, le rouage essentiel
qui œuvre dans l’ombre. Pirroni est un des maîtres riffeurs de ce début des
années 80, c’est bien simple, moi je n’entends que lui sur ce disque … Il
tronçonne des riffs monumentaux sur « Dog eat dog », « Killer in
the home », « The magnificent five », pastiche carrément les Shadows
avec guitare twang sur « Los rancheros », et s’évertue à sauver les
compos (il les co-écrit toutes d’ailleurs) du vide abyssal auquel elles
semblaient vouées. Aussi talentueux (et d’un caractère de cochon) que soit le
Pirroni, il restera avec le baltringue Adam, le suivra en solo, même si
prudemment il lui fera quelques infidélités, se faisant remarquer en tant que
session man (sur les deux premiers Sinead O’Connor notamment).
Il faut croire que malgré tout Adam And The Ants a
conservé quelques vieux fans, ce disque ayant été souvent réédité, avec force
bonus (démos, versions single, alternate mix, …) aussi dispensables que les
titres de la version originale …
M’en souviens … Le dénommé George O’Dowd, plus connu sous
le surnom de Boy George et à peu près Culture Club et autres avatars à lui tout
seul, avait fait au temps de sa gloire la couverture de Best et Rock &
Folk, avec copieux articles de fond (?) à la clef. Me souviens aussi du
courrier des lecteurs avec des gens outrés que pareille chose ait place dans
les colonnes de ces vénérables magazines … avec le recul, tout ça n’est pas
bien grave, les gars réagissaient comme leurs parents quand ils avaient vu ou
entendu Elvis, Stones et Beatles. Il y en a beaucoup qui aiment bien leurs
balises, leurs repères, et leurs œillères. Le Boy George, condamné et fusillé
sans même avoir été entendu … ou trop entendu … Imaginez, ce type et son
pseudo-groupe ont été à la deuxième place des charts US (le premier c’était
Michou Jackson avec « Thriller »).
Culture Club 1983
Ouais Boy George et Culture Club faisaient encore plus
fort que T.Rex. Bolan au début des seventies recrutait l’essentiel de son
public (et de son succès considérable) dans les cours de récréation des
collèges (les filles entre 12 et 15 ans). Boy George, lui, faisait carrément la
sortie des écoles primaires. Les gamines de 9 à 12 ans l’adoraient … et tant
que j’en suis à me souvenir, les préposés aux concerts relataient la foule de
parents se pressant devant les endroits où il se produisait, attendant la sortie
de leurs chères têtes blondes, il y avait encore plus de monde à l’extérieur
qu’à l’intérieur de salles hystériques, forcément hystériques …
On pourrait ergoter pendant des heures pour savoir
comment on a bien pu en arriver là, comment on a pu passer en tout juste une
décennie de « Exile on Main St » à « Colour by numbers » …
On va s’en tenir à Boy George … Qui était avant même d’avoir mis les pieds en
studio une figure de la nuit londonienne. Tous les témoignages de ses
contemporains sont formels, avant d’être célèbre, il avait déjà ce look
totalement improbable à base de pantalons et longues tuniques bouffantes,
dreadlocks multicolores et chapeau de rabbin. Sans oublier les tonnes de
maquillage sur le museau. Autant dire que même dans le contexte
« branché » (post-punk et nouveaux romantiques, tout dans le look et
pas grand-chose pour les oreilles) de l’époque il passait pas inaperçu. Il
« démarre » dans le music-business sous l’égide de l’escroc en chef
Malcolm McLaren (inventeur, manager et communiquant des Sex Pistols) par un
rôle-éclair de choriste dans Bow Wow Wow. Pseudo groupe monté de toutes pièces
par McLaren autour d’une nymphette anglo-asiatique (Annabella Lwin), vendu
comme du « rock tribal » (le « groupe » essayait de refaire
le gag du « I want candy » des Strangelove, pseudo-peuplade primitive
enregistrant du rock, en fait une blague de requins de studio à la fin des
60’s, où l’on retrouvait Richard Gottherer, futur producteur des premiers
Blondie). Les Bow Wow Wow ont fait parler d’eux avec leur premier disque, dont
la pochette pastichait « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet, avec
l’Annabella à poil au milieu de ses « musiciens ». Seul problème,
elle avait quatorze ou quinze ans, donc gros scandale, donc mission accomplie
pour McLaren …
Boy George 1988
Boy George n’est déjà plus de ce naufrage, il a monté Culture
Club avec son copain de l’époque et deux autres zozos. Signé à cause de son
look par Virgin, qui balance quelques singles sans conviction. Les deux
premiers sont des bides, le troisième s’appelle « Do you really want to
hurt me ». C’est un truc commencé quasi a capella, sur une base bien
policée de reggae et de soul. Tout ce que la planète compte de stations de radio
va diffuser ce morceau en boucle, qui est, il faut le reconnaître, le genre de
scie imparable qui peut plaire à un maximum de personnes. Le George a un atout
maître, occulté par son androgynie et son look extravagant : il chante
juste (chose pas forcément courante à l’époque), avec une voix aussi à l’aise dans
des sonorités graves que très douces. Et un vibrato dont il ne se sert pas pour
bêler, comme le premier Julien Clerc ou Véronique Sanson de passage … La
première comparaison vocale qui me vient à l’esprit, c’est – excusez du peu –
Sam Cooke. Boosté par le single, le premier 33 T (très dispensable) se vendra
par camions, d’autres singles seront extraits. La suite, l’album « Colour
by numbers » sera meilleur, contenant le meilleur titre de Culture Club, « Church
of the poison mind » (un beat Tamla-Stax, une partie d’harmonica, des
chœurs féminins très soul).
La suite sera une chute vertigineuse. Quelques rondelles
de plus en plus mauvaises, des singles qui se vendent beaucoup moins, et la
dissolution du groupe. Ceci pour le côté musical de l’affaire. Parce qu’en même
temps, le bon George se révèlera un déglingo total, dans la lignée des Keith
Richards – Johnny Thunders. Si son côté homosexuel forcené ne lui a pas causé
trop de tort, de multiples descentes de flics qui repartaient de chez lui avec
des quantités considérables de poudres blanches (qui ne lui servaient pas à se
maquiller), lui vaudront scandales à répétition via les tabloïds anglais très
friands de ce genre de faits divers. Cerise sur le space cake, les flics
trouveront un jour chez lui un macchabée dans un placard, refroidi par une overdose.
Case prison direct, avant qu’il soit euh … blanchi par la justice.
Jesus Loves You 1992
Entre-temps, c’est en solo qu’il continue la musique. En
tant que DJ (il y a des décennies qu’il est reconnu comme une pointure du
genre), et en sortant des disques solo. Sur son premier figurera ce qui est pour moi
son meilleur titre, le reggae ralenti de « Everyhing I own » (ce
titre est des Américains de Bread, sortes de Badfinger d’Outre-Atlantique, et
la version de Boy George est calquée sur la reprise reggae qu’en avait fait le
Jamaïcain Ken Boothe). Boy George nous fera ensuite sa Nina Hagen, sombrant
dans le mysticisme oriental, virant bouddhiste zen, se rebaptisant Jesus Loves
You (à moins que ce soit le nom de son groupe), avec le répertoire crétin qui
va avec, comme tous ces types défoncés jusqu’à la moelle, qui ont vu leurs
péchés et la lumière de la rédemption. Témoin sonore de cette époque « Bow
down Mister », quasi-plagiat du « My sweet Lord » de George
Harrison, lui-même plagiat du « He’s so fine » des oubliées Chiffons
…
Ce « Spin Dazzle » de 1992 avec pochette aux
motifs hindouistes de rigueur et logo Hare Krishna (il me semble qu’il est
revenu de ces fadaises), relate donc en quinze morceaux le parcours du garçon
George. Les quatre titres déjà cités y sont évidemment. Parmi les autres, deux
ou trois sont écoutables (grâce à la voix essentiellement), comme « Miss
me blind » (la ballade triste) ou « After the love » (gentille
soul blanche).
Tout le reste est à jeter, ça va des follow-ups ratés de
ses succès (« Time »), à des eltonjohneries bas de gamme (« To
be reborn »), en passant par des comptines pour écoles maternelles
(« Karma chameleon »). Et quelques-unes sont encore plus pourries par
des remix d’époque (92, le règne de la house music) …
Pour desperate housewifes autour de la cinquantaine only…