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JAMES WHITE & THE BLACKS - OFF WHITE (1979)

No Wave ...

Ce type, James Siegfried / Chance / White, il faisait figure d’alien à une époque (la fin des 70’s) et un endroit (New York) qui pourtant voyait surgir à tous les coins de rue des types plus bizarres les uns que les autres. Déjà, avec sa tronche de Simpson, ce grand échalas ne passait pas inaperçu. Son entourage non plus… Dans sa mouvance et son sillage, on trouve quelques noms qui font grincer les dents à tout fan de Julien Doré normalement constitué. Les deux plus célèbres potes de James White sont Lydia Lunch (performeuse hyper féministe genre sado maso punk bondage) et Robert Quine (guitariste chauve et grinçant des Voidods de Richard Hell et qu’on retrouvera plus tard sur des disques de Lou Reed, John Zorn ou Tom Waits).
James White
L’alors dénommé James Siegfried (son vrai blaze) traîne sa jeunesse dans le Lower East Side de New York dans le milieu des seventies. Il fréquente tous les rades minables dans lesquels des gens « différents » se produisent. Et prend une grosse claque en voyant (et accessoirement écoutant) les Ramones au CBGB. Problème, comment faire ce qu’on n’appelait pas encore punk quand le seul instrument dont tu sais jouer est un putain de sax ténor et que t’as bouffé du jazz toute ta jeunesse ? D’autant que rayon sax, y’ a un type qui commence à faire parler de lui dans les milieux branchés new yorkais, un certain John Lurie au sein de son groupe les Lounge Lizards.
James Siegfried devient James Chance, et après un bref passage  dans Teenage Jesus & The Jerks (où il croise Lydia Lunch), monte un groupe, les Contortions, et commence à mélanger punk, funk, jazz, et d’une façon générale tout ce qui lui passe par la tête pourvu que ça sonne comme rien de déjà entendu. Les habituelles galères de contrats, de disques qui attendent une éternité avant de sortir, et de toute façon mal distribués, de 45 T supposés essentiels qui font un bide monstrueux seront le quotidien des Contortions. Même si la grande carcasse de James Chance force le respect. D’ailleurs il n’hésite pas à descendre dans le public pour secouer ceux qui ne semblent pas apprécier sa musique …
Le déclic pour Chance viendra de rencontres. Celle d’Anya Philips, qui deviendra sa muse (et manager) et celle de deux Européens venus humer l’air sonore de New York, l’Anglais Michael Zilkha et le Français Michel Esteban, qui viennent de fonder ZE Records, petit label qui essaye de signer la fin de la comète punk. Ils se contenteront de Dr. Buzzard’s Savannah Band (futurs Kid Creole & The Coconuts), de la copine d’Esteban, la frenchie Lizzy Mercier Descloux. Et du nouveau groupe de Chance (rebaptisé White ), les Blacks, assemblage de musiciens (mais pas toujours) croisés au gré de ses pérégrinations …
The Blacks live
C’est ZE records qui donnera sa meilleure chance à Chance / White. En lui permettant de sortir un album digne de ce nom (entendez par là qu’il a eu l’occasion de passer quelques jours en studio). Les influences majeures de ce « Off White » s’épèlent à ce moment-là Lounge Lizards et DNA (autre groupe inclassable mené par la figure forcément underground Arto Lindsay), et comme le résultat est assez … déroutant, au lieu de classer ça sous le générique new wave fort en vogue en cette fin des années septante, on l’appellera no wave.
« Off White » part dans tous les sens et parfois même ailleurs.
Seuls points communs à tous les titres, une basse très en avant (George Scott) très groovy et très funk ; le sax strident de White (influences revendiquées Albert Ayler et Lester Young) ; et quand il se hasarde à euh … chanter la voix grave et gutturale de White. Le disque se situe à la confluence du free jazz, du funk et de son avatar populacier le disco, et du punk envisagé par son aspect vitesse et énergie.
Généralement, ça fait plutôt mal aux oreilles. Volontairement, car contrairement aux punks, les types savent jouer, sont d’un niveau technique supérieur à la norme. Parfois même, on s’approche du radiophonique, enfin, d’un truc qui pourrait passer tard à la radio quand tout le monde dort (« (Tropical) Heat wave »). D’autres fois, la structure squelettique de ces funks mutants renvoie aux Talking Heads (les décharnés « Almost black (Pt I & II) »). « Contort yourself » oscille entre funk décapant et punk strident, alors que sa version remix (par August Darnell futur leader maximo de Kid Creole) est beaucoup plus élastique, funky, et dotée d’une intro techno qui annonce les joueurs de disquettes des années 90. « Stained sheets » fait alterner beuglements de sax free jazz et gémissements (de souffrance ? de plaisir ?) d’une femelle en rut (Lydia Lunch). « White savages » ajoute au boucan habituel des sonorités quasi industrielles, la guitare stridente de Bob Quine est très en avant sur le morceau-titre, « Bleached black » conclue la rondelle avec son tempo plus lent et plus lourd…
James White et Deborah Harry, une copine new yorkaise
La section bonus de la (belle) réédition de 2004 comprend quatre longs titres. « Christmas with Satan » passe du côté obscur de la farce et du coq à l’âne, et fait se confronter et se succéder une intro piano sax à la Tom Waits, des dissonances krautrock tendance Can, du jazz-funk et du jazz de voleurs de poules façon Emir Kusturica … amusant, même si usant … Trois titres live enregistrés en 1980 dans un club de Rotterdam font se succéder (pas dans l’ordre indiqué sur la pochette) une reprise punk de Michael Jackson (« Don’t stop till you get enough »), une sorte de blues mutant (« Exorcise the funk ») et un machin rêche et rigide très (mal) barré (« Disposable you »).
Ce « Off White » ne rencontrera pas son public (en termes clairs, ce sera un bide commercial monumental). Il sera cependant considéré par beaucoup comme la pièce essentielle du courant no wave. Bizarrement, on n’a pas trouvé à ce jour d’audacieux (tant mieux ?) pour se lancer dans un revival de ce courant éphémère dont les figures « marquantes » furent au début des 80’s des gens comme Defunk ou les Bush Tetras …
« Off White » est étrange et ambitieux. J’écoute pas ça tous les jours, mais une fois en passant, why not ?



CHILDISH GAMBINO - AWAKEN, MY LOVE (2016)

Payer les dettes ?
Il paraît que Donald Glover (qui est Childish Gambino à lui à peu près seul, enfin pas tout à fait, voir plus bas) est un touche-à-tout (de génie, disent ses deux fans et demi en France). Là-bas, au pays de l’autre Donald, il fait des films, l’acteur, de la musique, du rap, … Une sorte de Will Smith underground. Ce qui n’est pas vraiment un compliment, mais bon, … Quoique, la black music US est tellement au fond du trou (quand on voit leurs « stars », les Kanye West, Jay-Z, Rihanna, Beyoncé, ça fout quand même un peu les jetons) depuis des lustres, que réussir à faire parler de soi en dehors de frasques people est un bon point.
Donc le Childish – Glover donnait jusque-là dans le rap. Et là, il nous sort un disque de musique noire 70’s, clamant haut et fort son admiration pour Clinton. Non, pas Hillary ou Bill, mais George, le gourou-leader de Parliament et Funkadelic, un des types les plus innovants et samplés de la Terre depuis presque quarante ans, le master es P-Funk himself.
Ecce Homo ...
Et bizarrement, ce « Awaken, my love ! » me fait beaucoup plus penser à Prince (enfin, celui-là aussi devait beaucoup à Clinton), et plus précisément (tant le nabot est parti dans tous les sens), au Prince de la fin des années 80 – début des années 90. La voix (souvent forcée, on dirait bien) de fausset de Glover étant le marqueur de similitude sonore le plus flagrant.
Arrivé à ce stade-là, on pourrait mettre un point final et tourner la page, genre « ouais, encore un zozo sans imagination, qui ne fait qu’imiter ce que d’autres ont fait mieux que lui, avant, etc … ». Sauf que la musique dans le collimateur de Childish Gambino est un peu plus élaborée que du punk ou du rock garage. Et qu’on cause là de soul, funk, p-funk, … des seventies, c’est-à-dire d’une époque et de genres musicaux qui ont atteint une créativité, une complexité et une sophistication inégalés depuis. En gros, si t’es pas bon et que tu touches à ça, tu te vautres lamentablement. Et il faut reconnaître que Childish - Glover s’en tire pas trop mal.
D’abord parce qu’il peut s’appuyer sur un alter ego de l’ombre, le dénommé Ludwig Goransson, qui co-écrit, co-produit, joue d’une multitude d’instruments, et plutôt bien de la guitare. Ah, parce que je vous ai pas dit, y’a pas un orchestre d’ordinateurs derrière tout ça, mais des types qui jouent sur des instruments, y compris sur des synthés ou des claviers vintage, ou en tout cas qui sonnent vintage.
Il y a dans ce « Awaken … » une bonne petite moitié des titres qui sont bien, voire plus. Le premier titre (« Me & your Mama »), où on change de ton et de son toutes les deux minutes (intro cristalline, chœurs gospel, funk lourd, accalmie jazzy) donne envie d’écouter la suite. Même s’il ne trouvera son équivalent que sur le dernier titre (« Stand tall »), lui aussi morceau à tiroirs, et pour sa part très fortement réminiscent du Wonder de l’extraordinaire « Songs in the key of life ».
Entre ces deux sommets, à boire (un peu de soupe) et à manger (du consistant). Principal reproche, noyer sous les arrangements (parfois judicieux, c’est pas le propos) ce qui a fait l’essence du p-funk, hérité d’ailleurs de James Brown, le groove hypnotique. Tu chopes une assise rythmique en béton, répétée ad lib, et tu fais tricoter les autres instruments par-dessus. Plus facile à dire qu’à faire, évidemment, la preuve ici, où des titres comme « Boogieman » et « Zombies » (avec ses étonnantes parties de guitares que ne renierait pas un Robert Fripp) sont les seuls qui répondent à ces règles-là.
Childish Gambino live : Iggy Pop syndrome ?
Parce qu’ailleurs, même si on reste bien dans la black music des 70’s, ce sont plutôt d’autres noms qui viennent à l’esprit (plus par la suggestion que par la copie conforme, faut être honnête). « Redbone » avec sa voix passée au vocoder fait penser à du Al Green en accéléré sous hélium, et ça me laisse tout de même perplexe, la ballade soul-funk « Baby boy », on dirait du Marvin Gaye de la fin des seventies, la géniale osmose voix-musique en moins. Et on trouve à mon sens résumé sur ce titre tout le problème du disque, c’est de l’hommage bien fait, mais ça n’arrive pas au niveau du talent, voire du génie de Clinton, Gaye, Green, Wonder, ou de leur cousin commun, le perturbé Sly Stone.
Il n’y a vraiment qu’un titre à part, l’incongru dans le contexte « California », dancehall tendance raggamuffin, un genre que l’on croyait porté disparu depuis qu’on est sans nouvelles depuis bien vingt cinq ans de Shabba Ranks, Buju Banton, et de tout ce qui vient de Jamaïque en général. C’est pas mal foutu, mais un sous-genre de reggae au milieu de ce disque, ça fait un peu ballot et hors sujet …

Conclusion : y’en a pas. Comme dans ce disque qui s’achève sans prévenir en plein milieu d’un morceau comme si on venait de te débrancher l’ampli.



LIVING COLOUR - VIVID (1988)

Du symbole au cliché ?
Living Colour, ils avaient toutes les chances de leurs côtés pour être un des groupes phares des années 90. Susceptibles de rassembler sur leur le nom le public de tous les courants, de toutes les chapelles. Avec clignotant bien fort au-dessus de leur nom, le mot qui allait devenir incontournable : fusion. Living Colour mélangeaient tout, le rock, le rap, le funk, tentaient la synthèse de ces genres bien cloisonnés … Et en plus, ils étaient Noirs.
On mit tous les atouts de leur côté, la major (Epic), le plan com (des Noirs qui rockent dur, rendez-vous compte …), des noms ronflants en guest (les leader de Public Enemy, posse majeur du rap, mais aussi un certain Mick Jagger). Et l’affaire a pourtant capoté …
Living Colour
Sans remonter jusqu’à Hendrix ou Phil Lynott, des Blacks mélangeant les genres, il y en avait déjà eu. Les Bad Brains avaient tenté l’aventure au début de la décennie avec leur punk-reggae-hardcore. Sans faire s’affoler les chiffres de vente. Les Living Colour ne réussiront guère mieux commercialement, « Vivid » marchera un peu aux States, les autres nulle part. Avec peu ou prou les mêmes recettes, Red Hot Chili Peppers ou Rage Against The Machine feront fortune. Parce qu’ils étaient meilleurs ? Bof, pas vraiment … Parce qu’ils avaient la peau plus claire ? Hum, peut-être bien …
Living Colour, ça en devenait presque embarrassant leurs symboles alignés et leur carnet d’adresses. L’affaire reposait sur Vernon Reid, guitar-hero déjà reconnu alors qu’il jouait dans les pénibles Defunkt (dispensable groupe de jazz-fusion-machin), et leader de fait de Living Colour (guitare ultra-technique en avant, pléthore de solos, seul compositeur de la moitié des titres). A la production, Ed Stasium, le spécialiste du rock pour arenas, pas mal pour un premier skeud. Ça sonne du feu de Dieu, des énormes batteries compressées au cœur de l’espace sonore, des arrangements bling-bling, le truc qui t’en fout plein les oreilles. Manque juste deux choses, un peu essentielles quand même : des titres bien construits (ça se veut compliqué, élaboré, plein de breaks et de changements de rythme, en fait c’est assez pauvre mélodiquement et déjà entendu des milliards de fois), et un bon chanteur (le préposé au micro, Corey Glover, est d’une quelconquitude assez affligeante). Last but not least, Living Colour pouvait compter sur un attaché de presse enthousiaste, le dénommé Mick Jagger. Qui, Stones moribonds oblige (Jagger et Richards étaient sérieusement fâchés, ils en venaient aux mains en studio, et les disques des Stones des années 80 sont misérables), tentait par tous les moyens de se maintenir sous les sunlights, à grands coups de disques solo risibles et de name dropping effréné, clamant à qui voulait l’entendre, que cette fois c’était sûr, il avait découvert the next big thing. Avec Living Colour, il produit même deux titres, fait les chœurs sur un (« Glamour boys »), et joue de l’harmonica sur l’autre (« Which way to America »). A peu de chose près les deux plus mauvais de « Vivid ».
Vernon Reid
Living Colour est un concept. Qui ne vole pas bien haut, mais qui à l’époque pouvait paraître quelque peu original. Du rock pour Blancs joué par des Noirs,  « militant » comme leurs voisins rappers new-yorkais (ils sont potes avec Public Enemy, d’où le petit featuring de Chuck D et Flavor Flav), une approche musicale somme toute conventionnelle et commerciale. Le titre introductif « Cult of personality » fera son petit bonhomme de chemin dans les charts et sur MTV, « Glamour boy » et « Open letter (to a Landlord) » auront moins de succès. La base du disque, c’est de passer à la sauce hardos du funk, du rap, des ballades, de la pop … Quelquefois ça fonctionne assez bien (« I want to know », « Broken hearts »), le plus souvent, ça ne ravira que les fans de solos de gratte, où là, faut le reconnaître, le Reid assure (m’étonnerait pas qu’il figure en bonne place dans ces classements stupides des best guitar heroes). A noter une reprise qui se veut déstructurée (mais pas tant que çà, on reconnaît quand même) du « Memories can’t wait » des Talking Heads.
« Vivid » n’est pas un disque abominable. Juste dans le ventre mou de ces œuvres « de fusion » qui vont se multiplier pour quelquefois le meilleur et le plus souvent le pire au tournant des années 80.

Par contre, faudrait songer à empaler le responsable de la réédition de 2002, qui ajoute une minable reprise du « Should I stay … » du Clash, une paire de remix aussi tristes qu’un réveillon sans bûche, et une paire de titres live qui n’ont pas dû donner à grand-monde l’idée d’aller voir Living Colour en concert lors des tournées de reformation … Ah ouais, je vous ai pas dit, ils ont sorti trois disques avant de se séparer, le plus connu de la bande, Vernon Reid, s’est lancé par la suite dans le jazz-metal ou une saleté de ce genre …


SLY & THE FAMILY STONE - THERE'S A RIOT GOING ON (1971)

The Sly Stone Funk Explosion …
Il y a des disques sur lesquels il n’y a rien à dire. Qu’ils soient bons ou mauvais n’est pas le problème. Il y a derrière eux des personnages falots, discrets, des monsieur Tout-le-monde dont on ne sait rien ou presque, et dont on n’a pas envie d’en savoir plus (Plastikman a t-il des enfants, sort-il en club, mange t-il bio ? on s’en cogne …). Et puis il y en a d’autres qui sortent des disques (bons ou mauvais), mais qui ont une aura, une flamboyance, l’art de ne pas passer inaperçus, et dont le parcours entretient la saga mythique (donc souvent enjolivée) qui donne tout son intérêt, toute sa substance à la musique qu’écoutent les djeunes (ou les vieux djeunes) depuis des décennies. Des gens dont les disques sont indissociables de leur vie, de leur histoire.
Sylvester Stewart alias Sly Stone fait sans conteste partie de la seconde catégorie. « There’s a riot going on’ » est son chef-d’oeuvre. Qui n’est pas là par hasard. Il y a toute une histoire, toute une façon d’aborder la vie derrière. Alors bougez-pas, asseyez-vous, Tonton Lester  va vous raconter tout çà …
Il était une fois …
Sly Stone et ses tenues de scène austères ...
Woodstock, dans la nuit du 16 au 17 Août 1969. Après le Grateful Dead, Creedence, L’Airplane et Janis Joplin (qui viennent tous de se vautrer devant 500 000 hippies), et avant les Who (le pire concert de leur carrière dixit Daltrey), Sly et sa Famille Stone montent sur scène. Cinquante minutes plus tard, le meilleur concert du festival est terminé. Le Cd de l’intégralité du show bouillant, avec un Sly Stone complètement « high » en chef d’orchestre d’une folle sarabande de groove total sortira quarante ans plus tard (« Sly & The Family Stone - The Woodstock Experience »). Par leur prestation mémorable à ce festival, certains vont débuter une carrière de superstar : l’ancien plombier Joe Cocker, le basané Carlos Santana et son groupe du même nom, Ten Years After avec les solos supersoniques d’Alvin Lee. Mais pas Sly & the Family Stone.
Dont le disque qui est sorti avant le festival (le très excellent « Stand ! ») se vendra correctement mais sans plus. Le groupe est atypique, pour Woodstock et l’époque. Construit autour de la famille Stewart (Sly, Freddie, la petite sœur Rosie), il est mixte et multiracial (plutôt rare à l’époque), et n’œuvre pas dans le folk / rock qui était la tendance majoritaire et de Woodstock et du rock. Et puis son leader ne passe pas inaperçu. Ses fringues flamboyantes, sa démesurée coupe afro, sa consommation effrénée de femmes et de drogues en font quelqu’un « dont on parle ».
Sly & The Family Stone
Et « Stand ! » et les concerts de la Family Stone vont peu impressionner le « grand public », mais fortement un certain nombre de musiciens. Hendrix, qui traînera un peu avec Sly, mais surtout Miles Davis. Le peu modeste joueur de trompette (que certains ont qualifié de meilleur musicien du siècle, ce qu’il a fini par croire) s’aperçoit que la musique de Sly groove et swingue mille fois plus que la sienne. Il va dès lors littéralement assiéger le studio transformé en lupanar (ou le contraire, on y trouve people, alcool, drogues, groupies, putes, dealers, le tout en grandes quantités) dans lequel se terre Sly qui tente tant bien que mal (plutôt mal, il ne se nourrit que de cocaïne et de filles consentantes) d’enregistrer le successeur de « Stand ! ». Cette fréquentation de Sly aura pour Davis deux conséquences non anodines, dont les effets sont liés. Il va négliger sa femme, la longiligne et bouillante Betty. Hendrix la réconfortera, c’est du moins ce que prétend la rumeur, avant qu’elle divorce. Musicalement, Miles Davis va prendre une claque dont il ne se remettra pas, l’univers sonore de Sly étant un peu plus coloré et chatoyant que le sien. Davis va laisser tomber ses stricts costards de blaireau new-yorkais, s’habiller flashy (comme Sly), se coiffer afro (comme Sly), se défoncer démesurément (comme Sly), tenter d’inventer un univers sonore en prise directe avec le rock au sens large (comme Sly). Le premier disque de Davis après la fréquentation de Sly Stone s’appelera « Bitches brew », c’est une daube, mais une daube qui a compté à l’époque. De même, Davis va penser pouvoir devenir avec sa bouillasse jazz-rock une superstar du rock’n’roll circus, et il figurera comme tête d’affiche au festival de l’Ile de Wight en 1970, avant que les chevelus de tout bord finissent par se rendre compte de l’imposture. Que pense Sly de tout çà ? Que Miles Davis est juste un putain de nègre qui le gonfle grave, et il ne tardera pas à l’éjecter de son antre. Sly, complètement à l’Ouest, ne respecte rien ni personne.
Un autre, qui ne fréquentera pas Sly (il est totalement straight, enfin pour encore dix ans, il se rattrapera par la suite), mais qui prendra son aura en pleine poire, c’est Jaaaaames Brown. Le Parrain jusque là incontesté, avec ses antiques JB’s, de la black music qui groove se voit très nettement dépassé sur sa gauche par les prestations étincelantes de la Family Stone. Ce que Brown commençait à entrevoir (la pulsation rythmique démesurée au centre de la musique), c’est Sly Stone qui le concrétise. Conséquence : Brown va virer l’essentiel de ses vieux fonctionnaires en costard, et monter un nouveau groupe, autour de deux jeunes frangins flamboyants, Catfish et Bootsy Collins ; premier disque de ce nouveau groupe, « Sex machine », et James Brown relance sa carrière. Enfin, et pour en terminer avec l’influence colossale qu’exercera au tournant des années 70 Sly Stone sur la musique, il convient de citer Prince, qui sera un de ses plus doués suiveurs et qui n’a de cesse depuis le début de sa carrière de mélanger toute les formes de musique répertoriées.
Parce que Sly Stone, très vite calciné par son excessif train de vie, va perdre les pédales. Il se voit en incontesté leader musical de son époque, et pourquoi pas, en gourou-leader de tous les Noirs américains. Le costume est un peu trop large pour ses épaules. Ce qui ne l’empêche pas de s’attaquer dans une incohérence totale à son nouveau disque, qui doit transmettre à son « peuple » LE message politico-mystique que celui-ci est censé attendre, tout en proposant la meilleure musique de la planète. Et en réglant au passage leur compte à tous ces roitelets de la black music qui sont au sommet des hit-parades. Sur bien des points, cette tâche démesurée sera un naufrage.

Sly va se mettre à dos l’essentiel de son groupe, surtout la section rythmique. Le batteur Greg Errico (un Blanc) sera jugé incapable d’assurer le groove, Sly le remplacera souvent lui-même à la batterie. Idem pour le bassiste, et là on parle pas de n’importe qui, mais de Larry Graham, l’autre plus grand bassiste du funk avec Bootsy Collins. Seuls échapperont aux colères homériques de Sly Stone son frère le guitariste Freddie, et sa sœur la trompettiste-chanteuse Rosie. A tel point qu’au bout de deux ans de sessions, les intéressés eux-mêmes ne savent plus qui joue et qui joue quoi sur ce disque, les pistes ayant été sans cesse effacées et réenregistrées. Certains prétendent même que Lennon et Clapton (qui ont traîné et jammé un temps avec-chez Sly) seraient présents sans le savoir ni être crédités sur ce disque.
Qui au bout d’un marathon de séances studio de presque deux ans assorti de millions d’anecdotes, s’intitule « There’s a riot going on’ », en forme de réponse cinglante au gentil et insignifiant (du moins jugé comme tel par Sly) « What’s goin’ on » de Marvin Gaye. Enième provocation de Sly, le morceau-titre dure quatre secondes et ne contient que du silence (si le « morceau » figure toujours sur le tracklisting des rééditions, il n’a souvent plus de piste attribuée, son titre est juste accolé au précédent « Africa talk to you … »).
Au vu de sa gestation, on se doute bien que « There’s a riot … » n’est pas un disque « normal ». Il y a des choses absolument géniales et du total n’importe quoi. Bizarrement (l’inverse aurait été logique), c’est le génial qui domine très largement. Il y a des trouvailles rythmiques fabuleuses qui redéfinissent l’essence même de la musique noire qu’il s’agisse de soul, de funk, de jazz, de rhythm’n’blues. Tous les genres sont engloutis, malaxés, triturés dans chaque titre, pour finalement donner naissance à des objets sonores dont la qualité et la cohérence surprennent, eu égard à la santé mentale de leur auteur. « There’s a riot … » réussit l’exploit d’être à la fois dans l’air du temps (on pense à Marvin Gaye, Isaac Hayes, Curtis Mayfield, …) et totalement futuriste pour son époque.
Les deux pièces essentielles du disque se situent à la fin de chaque face de vinyle. Ce sont les deux titres les plus longs. « Africa talks to you (The asphalt jungle) » et « Thank you for talkin to me Africa » se répondent comme les talkin’ drums de la musique traditionnelle africaine. C’est l’appel à la Terre Nourricière d’Afrique, ce sont deux tourneries hypnotiques, la première plus barrée (free soul-funk ?), la seconde reposant sur un groove pachydermique de basse. La basse qui est au cœur de tout « There’s a riot … », lente, lourde, sinueuse, c’est elle qui dirige tout.
Sylvester Stewart aka Sly Stone
Ensuite, l’enrobage, ça dépend de l’humeur hautement versatile de Sly Stone. Tous les genres se mélangent. La couleur jazz peut dominer, comme sur le fabuleux (et ça me coûte de trouver fabuleux un machin de fuckin’ jazz) « Just like a baby ». Ça  peut être beaucoup plus soul que ce soit la soul suave de ce début des seventies (« Family affair »), la soul énergique des sixties (l’introductif « Luv n’ haight », avec un duo vocal de Sly et Rosie), la ballade soul intemporelle (« Time »). Le rhythm’n’blues pointe le bout de son nez  (« Brave & strong », comme si James Brown avait pris du LSD), une ritournelle sunshine pop arrive sans prévenir (« Runnin’ away »), le funk lourd et lent domine « Poet ».
Et puis, de temps en temps, parce qu’il y a chez Sly des fils de la même couleur qui se touchent (ou pas), on a droit à des morceaux totalement explosés et délirants. Mention particulière dans ce registre à « You caught me (Smilin’) » où traînent les carcasses de structures soul, jazz et pop dans un joyeux foutoir. Et médaille d’or du titre le plus barré à « Space cowboy », dans lequel la famille Stone vire country à grand renfort de yodels tyroliens. Niveau trous dans le cerveau, ce titre est parfait, mais comparé aux autres, c’est juste un assez mauvais gag de défoncé …
L’accueil critique de « There’s a riot … » sera bon, celui du public mitigé. Il faut dire que Sly, qui a claqué une fortune en enregistrement (et en substances et « accessoires » divers) commence à voir sa côte baisser auprès de son label. Les gros cigares d’Epic n’apprécient que très modérément ses extravagances de génie auto-proclamé. La façon dont Sly traite son entourage lui sera encore plus préjudiciable. Larry Graham le premier quittera le groupe, un paquet des musiciens de ce conglomérat quasi anonyme qu’est devenu la Family Stone (sur « Stand ! » ils étaient six, tous crédités, ici plus personne sauf Sly, auteur, arrangeur et producteur) feront de même. Seuls lui resteront fidèles encore quelque temps son frère Freddie et sa sœur Rosie. Bon et pour en finir, parce que ça commence à durer, cette chro, signalons que la Rosie en question épousera le manager (enfin, celui qui essaie de gérer cette débandade permanente) Bubba Banks, enlèvera une lettre à son prénom et sous le nom de Rose Banks, sortira au milieu des seventies un disque funky devenu culte et jamais réédité en Cd, l’excellent « Rose ».

Quand au groupe Sly & The Family Stone, malgré d’autres sorties de disques régulières pendant quelques années, il ne retrouvera jamais le niveau de « Stand ! » et « There’s a riot … ». Sly, lui, toxico au dernier degré, louvoiera à partir du milieu des années 70 entre les métiers de dealer et de clochard, tâtera du pénitencier, réapparaissant épisodiquement à l’improviste pour annoncer au monde qu’il va bientôt sortir un disque d’exception. A ce jour, il n’est pas encore paru …

Du même sur ce blog :
The Woodstock Experience 


DR. JOHN - IN THE RIGHT PLACE (1973)


Le sorcier ...

A l’instar de Robert Johnson, Malcolm John Rebennack, alias Dr. John, aurait-il pactisé avec quelque force maléfique ? Parce que ça a l’air tellement facile pour lui … même dans ses disques mineurs (« In the right place » n’est pas celui qui revient le plus souvent quand on cite ses meilleurs), il y a de quoi rester béat devant quelques-unes de ses trouvailles.
Dr John c’est un peu le savant fou, le type qui dans son laboratoire assemble une formule connue de lui seul, touillant sans relâche sa recette pour arriver à cette macédoine sonore unique, dont on reconnaît tous les ingrédients. On se dit que c’est bête comme chou, et on s’étonne que personne ne l’ait fait avant lui, de picorer dans un siècle de musiques populaires américaines pour y trouver les épices dont il va assaisonner ses titres.
John, John, et John en 1973. Un seul est Dr. (un indice, c'est celui qui a l'air malade)
En plus, pour ce disque, Dr John a réuni en studio rien moins que ceux qui sont souvent considérés comme ses concurrents es groove from New Orleans, les fantastiques Meters, alors au sommet de leur gloire. Et le liant de tous ces titres montre qu’entre ces musiciens ayant bien des choses en commun, il n’y a pas de compétition, mais bien une saine émulation pour tirer les morceaux vers le haut.
Même si l’ensemble fait un peu trop scolaire à mon sens, restant dans des sentiers relativement balisés, alors que Dr John ou les Meters, séparément, ont fait plus fort, plus fou, plus … enfin mieux quoi. Il serait quand même assez vain de chipoter, de chercher l’erreur de cette fine équipe, renforcée par l’omniprésence d’Allen Toussaint, multi-instrumentiste en studio et co-producteur du disque. C’est joué parfaitement, et c’est peut-être bien ça le problème …
N’empêche « Right place wrong time » qui ouvre de façon funky le disque est un classique du bon Dr., que l’on retrouve sur toutes ses compilations dignes de ce nom. Tout comme le suivant, « Same old same old », qui ravive le son de l’indépassable « Gris-gris », premier et meilleur disque de Dr. John. Deux titres de moins de trois minutes. Alors que l’on sait que tous ces types peuvent dérouler du groove beaucoup plus longtemps. Il y a un parti pris dans « In the right place » de faire dans la concision (onze titres en à peine plus de demi-heure), dans l’exercice de style. Quasiment tous les genres de musique noire en vogue dans les années 60-70 sont abordés, le rhythm’n’blues et la soul sont omniprésents, faisant la part belle à des cuivres additionnels (« Travelling mood »), à des chœurs féminins (« Peace brother peace », avec sur cette dernière des accords qui ressemblent étrangement à ceux de « Hard to handle » d’Otis Redding). Dr. John fait des efforts au niveau vocal, rendant presque compréhensible le grognement d’ours qui lui tient lieu de voix, même si quand la mélodie est difficile, il montre ses lacunes (« Just the same »).
C’est bien fait, normal y’a quand même de sacrés clients, mais ça ronronne quand même un petit peu, le « boulot » donne parfois l’impression d’être un peu bâclé (la pochade jazzy et chaloupée de « Such a night »), tout ce beau monde s’amuse bien (le très blaxploitation « Shoo fly marches on » fait très Curtis Mayfield période « Superfly »), poussant même la joke jusqu’à imiter les Stones de « Exile … » (Dr. John et les Meters ont ouvert des concerts pour eux), le titre s’appelle « Cold cold cold » et c’est assez bluffant …
Il y a tellement de talent chez ces gens, que là où beaucoup se seraient vautrés, eux réussissent à faire un disque très correct, et peut-être une des portes d’entrée les plus faciles pour l’œuvre tentaculaire de Dr. John …

Du même sur ce blog :
Gris-Gris
The Very Best Of Dr John 
Locked Down

STEVIE WONDER - HOTTER THAN JULY (1980)


Un coup de froid ...

Les années 70 ont été la décennie prodigieuse de Stevie Wonder, culminant en 1976 avec le double 33T « Songs in the key of life », qui devrait être dans le Top 10 de quiconque ayant des oreilles et un cœur en état de marche … On ne sort pas indemne de la production de tels monuments, et Wonder attendit trois ans avant de lui donner une suite, plus ou moins un album de commande pour une bonne cause ou prétendue telle (une fondation écolo), le pas terrible (également double vinyle) « Journey throught the secret life of plants ». On l’excusa pour ce faux pas et on attendit la suite. Qui s’appelle « Hotter than July ».
Et rien qu’à voir le livret, liste interminable de musiciens de séances, on se dit que pas mal de choses ont changé. Révolu le temps de l’ermite génial révolutionnant la soul musique tout seul dans son studio avec ses machines, place au notable de la variété qui vient livrer son nouveau blockbuster. Car c’est bien de courbes de ventes qu’il s’agit avec « Hotter than July », qui sera le disque de Wonder qui se vendra le mieux (on parle de millions d’exemplaires, là, pas de succès d’estime).
Pour moi, « Hotter than July » marque le début de la fin, de cette inexplicable dérive qui verra un des artistes les plus doués et les plus originaux de sa génération, sombrer dans la mélasse artistique. Bon, il n’y a encore rien d’aussi honteux que « I just call to say I love you », mais enfin on s’en approche à grand pas. Le plus frappant est l’évolution de la voix de Stevie Wonder. Auparavant gorgée d’émotion et de feeling, ce qui l’entraînait parfois à la limite de la justesse, elle est sur ce disque très en place, trop en place, techniquement irréprochable, mais beaucoup moins chaude que par le passé récent. En cause aussi, ce revirement artistique, qui le voit passer de la création solitaire de disques à une liste de participants interminables sur tous les titres. Des musiciens compétents de studio, certes, mais sûrement pas des pointures qui auraient tiré les morceaux vers le haut. Oui, je sais, il y a Michael Jackson sur un titre (« All I do »), mais il n’était pas encore le « King of Pop », il n’est que dans les chœurs, et on ne  le distingue même pas …
Certains de ses biographes ont souligné, peut-être à juste titre, l’instabilité de sa vie privée à cette époque-là, une relation pas au beau fixe avec sa compagne Yolanda Simmons, conjuguée à la présence de son ancienne femme Syreeta Wright dans les chœurs du disque. Mais bon, Stevie Wonder a toujours eu un cœur d’artichaut, c’est pas ça qui l’avait empêché de faire de bons disques auparavant. Peut-être simplement est-il comme à peu près tous les autres, après avoir atteint les sommets, il ne pouvait qu’en redescendre.
La cassure est pour moi nette, sans que pour autant ce « Hotter than July » soit infâme. Il est bien moins bon que les précédents, c’est tout. Même s’il subsiste de belles choses comme « I ain’t gonna stand for it » disco-funk dans l’air du temps mais tout entier imprégné de la « patte » Wonder, la ballade lacrymale « Lately », encore digne, mais qui annonce toutes celles pleurnichardes à venir. Egalement au crédit de ce disque, les trois hommages, avec des résultats différents.
La meilleure vente en 45T de Stevie Wonder
Un à Tammi Terrell, la chanteuse de la Motown morte sur scène dans les bras de Marvin Gaye, et pour laquelle l’alors tout jeune Little Stevie avait écrit un titre resté par la force des choses dans les tiroirs, ce « All I do » réarrangé pour l’occasion ici, et morceau sinon crucial, du moins intéressant.
Second hommage à Bob Marley qui par son charisme avait fortement impressionné Wonder. En pleine reggaemania et Marleymania, Wonder écrit ce qui deviendra le plus gros hit du disque « Master Blaster (Jammin’) » en partie inspiré par le « Jammin’ » de Marley. La mort de Marley six mois après la sortie de « Hotter than July » affectera profondément et durablement Stevie Wonder.
Dernier hommage (et dernier titre du disque) « Happy birthday » à la mémoire de Martin Luther King et pour que soit instauré un jour férié correspondant à l’anniversaire de sa mort, ou plutôt de son assassinat. Intention hautement louable, sauf que ce morceau est une horrible scie interminable …
La poignée de titres restant sont soit mauvais (« Rocket love », « As if you read my mind », l’atroce « Catch in your face ») soit insignifiants (« Did I hear … », « Do like you »).
« Hotter than July » est le disque charnière de Stevie Wonder. Avant tout est bon, par la suite tout sera à peu près à jeter …

Du même sur ce blog : 
Talking Book
Innervisions

PRINCE CHARLES & THE CITY BEAT BAND - STONE KILLERS (1982)


De haute lignée ...

Prince Charles (de Boston, à ne pas confondre avec le mari cocu de feue Lady Di), était à peu près totalement inconnu quand il a sorti ce disque en 1983, et malheureusement pour lui le restera relativement par la suite. Et pourtant, il livre avec ce « Stone killers » une œuvre de funk lourd et monumental, une tuerie pleine de groove …
Imaginez une sorte de big band funk du niveau de Funkadelic, mixant tout au long de ses morceaux (généralement durant tous entre 6 et 8 minutes), funk bien sûr, mais aussi rap et rythmiques électroniques. Les grooves sont éléphantesques, les basses pachydermiques et le ton est donné dès le premier morceau, le superbe « Don’t fake the funk », bien meilleur que son successeur « Cash money » pourtant choisi comme single à l’époque. Seul problème, ces deux morceaux sont amochés par deux ignobles solos de flûte (de Prince Charles himself), qui ont plus à voir avec le sinistre Ian Anderson de Jethro Tull qu’avec James Brown. Mais la fête n’est cependant pas gâchée car on voit débouler le très « princier » (de l’autre Prince qui venait de sortir « 1999 », vous suivez ?) « I’m a fool for love », avant l’instrumental hénaurme « Jungle beat » qui à lui seul résume tout Rita Mitsouko (à tel point que Prince Charles travaillera par la suite avec le duo parigot). Le Cd se conclut par un « Video freak » aux rythmes computerisés chers aux teutons de Kraftwerk.
Depuis sa sortie, ce disque a été peu souvent réédité et n’est pas toujours facile à trouver. Si vous réussissez à mettre la main dessus, vous ne le regretterez pas.

Dr. JOHN - LOCKED DOWN (2012)


Plutôt ouvert, le Dr.

A près de soixante dix balais, il aurait pu se contenter de sa petite réputation auprès du « grand public » et de sa grosse cote auprès des autres musicos. Le musician’s musician par excellence. Il aurait pu continuer à sortir des disques tous les deux-trois ans, qui certes ne valaient pas ceux de ses débuts à la fin des 60’s, mais qui bon an mal an, ravissaient son public clairsemé.
Ce « Locked down », rien qu’à voir la pochette, on sent qu’il s’est passé un truc. Pas au niveau de la coiffure, Dr John s’est toujours coiffé avec un poulpe. Non, non, l’indication cruciale, elle est en bas à droite, c’est le logo du label, Nonesuch. Le label des aujourd’hui très bankables Black Keys. Dont le guitariste Dan Auerbach a produit et co-écrit tous les titres de ce « Locked down ». Que les fans du duo à la mode ne se jettent pas sur ce disque, le bon docteur ne s’est pas fait phagocyter par le Black Keys sound. Dr John, c’est pas le genre à se laisser impressionner par le premier type à la coule venu. Pensez, on la fait pas à un gars qui ouvrait pour les Stones au début des seventies. Dr John fait du Dr John, avec du piano (son instrument de prédilection sous toutes ses formes) omniprésent, tout juste peut-on noter de temps en temps quelque guitare d’Auerbach qui dépasse du fouillis sonore habituel … Parce que McRebennack (son vrai nom), c’est le spécialiste de l’épais potage sonore, bien épais et consistant, d’où surnagent des bouts de blues, de jazz, de soul, de rhythm’n’blues, des fanfares cajun, du groove à la tonne, une incompréhensible voix nonchalante, … et tout ça mélangé, malaxé, trituré dans absolument tous les morceaux. Le New Orleans groove dans toute sa splendeur par un des ses meilleurs démiurges … On est ici en terrain connu.
Sauf que la confrontation-collaboration avec Auerbach a peut-être obligé Dr John à sortir de sa routine, à écouter et partager avec un autre, alors qu’il avait depuis longtemps l’habitude de n’en faire qu’à sa tête. Rarement sa voix aura été aussi claire et précise, lui qui d’habitude se contentait de marmonner et grommeler sur sa musique. Sans que pour autant on puisse le confondre avec Florent Pagny.
En fait, le seul moment de flottement à l’écoute de ce disque, c’est pendant l’intro de « Locked down », le titre. Une similitude rythmique très troublante avec … le Magma de73. Le reste est, comme d’habitude, indescriptible, humide, sale, moite, un joyeux foutoir groovy et festif. On jurerait entendre le ronronnement des antiques amplis à lampes tant on est loin du son actuel ripoliné et ultra-compressé.
De temps en temps, on perçoit une tentative de prise de pouvoir par Auerbach, quand la rythmique se rigidifie un peu (« Revolution »), ou « You lie » avec sa guitare aux riffs très Black Keys, avant que les cuivres ne viennent faire tanguer et swinguer ce boucan … Et puis, on sent que les deux ont du s’amuser, en écrivant pour recréer des choses que l’on n’avait plus l’habitude d’entendre. Une paire de titres très blackxploitation (« Gateway », « Eleggua »), qui voient passer les ombres de Richard Roundtree, Ron O’Neal, Shaft, Superfly, Curtis Mayfield et Isaac Hayes. On a droit aussi en filigrane sur quelques morceaux à des chœurs féminins traités façon hippie enjoué, des choses qui rappellent « Jesus-Christ superstar », « Hair », ce genre de comédies musicales désuètes fleurant patchouli et baba-coolisme. Marrant, parce qu’effet madeleine proustienne garanti.
Il faut attendre les deux derniers titres pour avoir les choses les plus classiques, celles dont on peut désosser le  plus facilement la mécanique. C’est très fin années 60, l’un dominé par un Rhodes, l’autre par un B3, et ça évoque furieusement ce que faisait Dylan à cette époque-là, c’est dire si c’est du très bon …
Résultat, on se retrouve, un peu con parce qu’on l’avait pas vu (re)venir, avec un bon disque de Dr John sur les bras. Qui ne vaut pas « Gris-gris » ou « Gumbo », mais n’en est pas si loin que çà …

Du même sur ce blog :
Gris-Gris
In The Right Place
The Very Best Of Dr John 

JAMES BROWN - IN THE JUNGLE GROOVE (1986)


Du groove (et des souris ?)

Au milieu des années 80, tout le monde s’en tamponne de James Brown, il n’est plus dans le coup, tout juste bon à sortir des stupidités comme le grossier « Living in America ». Plus personne ne l’écoute. Plus personne, … sauf les rappeurs qui pillent à qui mieux mieux son catalogue pour poser les structures rythmiques de leurs titres. Certes, les avocats du vieux coq d’Atlanta multiplient les procédures et l’argent rentre dans les caisses du Parrain de la soul, mais artistiquement, James Brown est submergé par tous ces nouveaux sons (bientôt la house, et les joueurs de disquettes qui achèvent juste de lire la notice de leur Atari ne se priveront pas non plus de sampler dans sa discographie).
Son historique maison de disques Polydor réagit, et plutôt qu’une énième compilation survolant ses hits 50’s et 60’s, lâche un pavé dans la mare, manière de remettre les pendules à l’heure. Et ce pavé (70 minutes tout de même) s’appelle « In the jungle groove » et met l’accent sur la période la plus samplée de James Brown : son évolution musicale à la fin des années 60.

A cette époque-là, le disque du « tournant », c’est « Sex Machine », faux live mais gigantesque leçon de soul. Le nouveau backing-band de Brown recruté pour l’occasion, articulé autour des frangins Collins (guitare et basse) et de rescapés des antiques JB’s (Wesley, Stubblefield, et le toujours fidèle Bobby Bird), change radicalement l’enrobage sonore du Godfather. Fini le classic soul sound, et place à des structures rythmiques répétitives et lancinantes, le chant devient cri et hurlement, les cuivres répètent ad lib juste quelques notes … la recherche de la transe par l’épure se substitue à celle de la danse. Des albums, souvent inégaux, seront produits en nombre, et la machine à funker James Brown, un temps menacée par la comète Sly & the Family Stone, sera définitivement supplantée par George Clinton et ses tribus bariolées (Parliament, Funkadelic). Mais malgré tout, il y aura dans ces années 70 de grands titres signés Brown.
When he was king, James Brown à Kinshasa, 1974
Cette compilation en sert quelques-uns uns, et des fameux. Et pour faire « in », certains se voient même affublés du qualificatif de « remix » ou « extended », la bonne blague, on voit pas vraiment la différence. Le must de la blague étant le remix mono ( ! ) de « Get up … », brut de décoffrage, direct dans le plexus pour montrer que le groove, tu l’as ou tu l’as pas. On trouve bien sûr « Funky drummer », une des rythmiques les plus samplées du monde avec ses ambiances jazzy, « Give it up or turnit a loose », l’implacable groove mathématique de « Talkin’ loud … », l’épure squelettique mais infernale de « Soul power ».
Musicalement, c’est une tuerie sous hypnose, les types ne lâchent et ne relâchent rien (les titres durent entre sept et dix minutes), et là c’est pas Cubase en position « repeat », c’est du jus de coude (la colossale ligne de basse de Bootsy Collins sur « Hot pants », c’est quand même quelque chose, ma bonne dame …). Le James est peinard derrière une assise pareille, il n’a plus qu’à pousser quelques hurlements de temps et temps sur l’imperturbable rengaine que lui servent les autres. A tel point que le « Blind mind can see it » qui clôt cette compile est quasi instrumental.
Bon, évidemment, les grincheux pourront toujours dire que c’est toujours le même bouzin, et ils auront pas tout à fait tort. C’est quand même un choix délibéré de Brown, qui s’en est exliqué à maintes reprises, il voulait sortir de l’aspect chanson de la soul et du funk, et revenir à l’essence même de la musique noire, la trame percussive tribale. Et contrairement à d’autres stars des 60’s ou 70’s totalement larguées par ce qui se tramait dans les ghettos new-yorkais ou les entrepôts de Detroit, James Brown est allé se frotter à l’electro (Afrika Bambaata), ou au rap (son excellent et très sous-estimé « I’m real » avec Full Force) …
L’innovation et l’ouverture d’esprit, ça sert aussi à reconnaître les plus grands, et James Brown fait partie des quatre ou cinq types les plus importants de la musique populaire du siècle passé. Et même s’il a très mal fini, le crack et le PCP lui ayant calciné le cerveau, ce « In the jungle groove » est un témoignage captivant de son talent …
 

EARTH, WIND & FIRE - THE BEST OF VOLUME I (1999)


Beaucoup de paillettes, pas trop de funk

Comment voulez-vous aimer un Cd qui commence par un massacre jazz-funk d’un classique des Beatles ?

Fanfare vaguement funky ...
Grosse machinerie funky des années 70, EW&F est à l’idiome de James Brown et Sly & The Family Stone ce que Bigard est à l’humour. Une escroquerie. A vouloir à tout prix faire danser le public blanc, Maurice White et sa bande ont fait disparaître du funk tout son message social, et ont privilégié des arrangements variéteux au détriment d’une structure rythmique qui se doit d’être impitoyable.

Et tous les beaufs ont pu agiter leur bedaine dans toutes les boîtes ringardes de la planète au son de « Fantasy » ou « September ». Qui sont malgré tout des morceaux entraînants, et ont préparé la voie aux paillettes superficielles du disco. Grâce (?) à EW&F, l’heure des Village People et autres Boney M s’approchait à grands pas.

Earth, Wind & Fire, assez incompréhensiblement, met en extase tous les musicos du dimanche, en admiration devant la surenchère technique ("t'entends ça, putain, ça joue, ils sont forts ces mecs"...) de ce groupe, comme ils le sont aussi devant des choses aussi insupportables que Weather Report. 




PARLIAMENT - MOTHERSHIP CONNECTION (1976)


La galaxie Clinton ...

Au bal masqué, ohé, ohé ... Parliament on stage
George Clinton est le maître du funk des années 70. Sans trop de concurrence, d’ailleurs. James Brown est au creux de la vague, Sly Stone détruit par les poudres blanches, les Jacksons et Earth Wind & Fire livrent une musique commerciale où les paillettes remplacent le message politique et social indispensable au genre.

Le problème avec Clinton, c’est le labyrinthe discographique qu’il laisse derrière lui. Deux groupes, Parliament et Funkadelic, des apparitions sur les groupes de ses musiciens et plus généralement des participations à toute une myriade de disques de ses amis (voir les « Family Series »).

Mais la quintessencielle substance de ses œuvres se trouve dans le « One Nation under a Groove » de Funkadelic et dans ce « Mothership Connection » de Parliament.

Le seul casting du Cd donne le tournis. A côté du maître officient Fred Wesley, Maceo Parker, les frères Brecker, Bootsy Collins, le fabuleux guitariste Michael Hampton, Bernie Worrell et une dizaine d’autres de moindre renom mais tout aussi efficaces.

Avec Clinton à cette époque-là, le funk est à son apogée et les morceaux stupéfiants de groove et de feeling s’enchaînent. Un seul exemple : sur « Give up the Funk », dans les trente premières secondes, sont posées les bases du rap old school et les fondations métronomiques du disco. Comme ça, au débotté, juste dans l’intro…

« Mothership Connection » est un disque monumental et essentiel pour aborder la discographie de Clinton.

Seuls regrets : un seul bonus au programme de cette réédition et un son manquant d’un peu de « puissance » malgré la remastérisation.


PRINCE - SIGN THE TIMES (1987)



Royal

« Produced, arranged, composed and performed by Prince ». Ils sont combien, ceux qui peuvent mettre ce genre de précision au dos d’un disque ? Une petite poignée, McCartney, Rundgren, Wonder, chez les célèbres (quoique Rundgren célèbre, hum …) … peut-être aussi quelques geeks technoïdes scotchés à leur Mac et à Cubase…
Prince lui l’a fait en 1987 avec ce « Sign the times », il l’avait déjà fait à ses débuts avec ses premiers disques de disco-funk pour homos. Et plus ou moins tout le reste de sa carrière, tant le mutique nabot n’apprécie guère de discuter son de caisse claire avec qui que ce soit, dans les studios où il a passé la majeure partie de sa vie … Pourtant, en ce mitan des années 80, Prince pouvait compter sur le meilleur backing band qu’il ait jamais eu, The Revolution (et qu’on ne vienne pas me parler des jazzeux genre Maceo Parker qui l’accompagnent sur ses ineptes disques depuis plus de vingt ans, disques qui swinguent à peu près autant qu’une compile de Danny Brillant). Une poussée de mégalomanie de trop, et exit donc The Revolution …
Ce qui artistiquement ne gêne pas Prince outre mesure, à cette époque-là d’une créativité compulsive et maladive, et qui a dans les étagères de Paisley Park de quoi remplir une multitude de Cds. Mais il va commencer à se heurter pour la première et pas la dernière fois aux gros cigares de la Warner. Qui apprécient très modérément ses tournées et leur décorum scénique pharaoniques, ses nanars filmés qui sont des bides retentissants, le tout engloutissant de gros paquets de billets verts, et regrettent la liberté qu’ils lui ont accordé en le signant à la fin des 70’s. D’un autre côté, et les sommes colossales personnelles englouties par Prince dans la construction de ses studios de Paisley Park, et son entourage de managers aux patronymes qui fleurent bon la Calabre et les embrouilles qui vont avec (Cavallo, Ruffalo et Fargnoli), le mettent dans une situation financière délicate. Prince doit sortir du vinyle pour se remettre à flot. La Warner refuse plusieurs projets (« Crystal ball », « Dream factory », « Camille ») qui feront la joie des bootleggers, et finit par donner son aval à ce « Sign the times ».
Qui tient plus de la collection de maquettes que du produit high-tech. Ces titres faits à la va-vite, avec juste la participation très épisodique de quelques fidèles (le sax Eric Leeds, sa petite amie du moment Susannah Melvoin, jumelle de son ancienne guitariste Wendy, …) dans une période de boulimie créatrice rarement (jamais ?) égalée dans les annales de la musique populaire, montrent ce qu’il faut bien appeler la quintessence du génie créatif de Prince. Qui à l’instar de quelques rares autres (Dylan, Elvis Costello, Peter Buck, …) a une connaissance encyclopédique d’une multitude de genres et sous-genres musicaux.
« Sign the times » se retrouve être une somme, un glossaire de tout ce que la musique noire qui swingue (donc pas de fucking jazz ni de old blues) a produit depuis plus de vingt ans. Vous voulez des ritournelles girl-group comme le Brill Building en écrivait pour Martha & the Vandellas ou les Supremes ? Essayez alors « Play in the sunshine », et son final en tournerie funk à la Parliament – Funkadelic. Le rap commence à marcher ? Prince jette une pierre dans la mare des Eric B. & Rakim, Run DMC et autres LL Cool J, ça s’appelle « Housequake » et c’est tellement en avance sur son temps que ça sonne comme du r’n’b des années 2000. De la soul lente, moite et sexy ? « Slow love », très Curtis Mayfield fera l’affaire. Du funk-rock à machines parce que Prince admire Herbie Hancock ? « Hot thing », « It », « You got the look », …, les réussites ne manquent pas.
Prince a eu sa période pop sophistiquée avec « Around the world in a day », seront certainement sorties des tiroirs de cette époque-là des merveilles comme « Strange relationship » ou l’ahurissante de perfection « I could never take the place of your man » et ses folles parties de guitare, montrant que Prince peut se permettre, entre autres, de jouer les guitar-heroes … Les Anglais faisaient de la pop avec des machines ? Prince aussi, c’est « Forever in my life », et c’est autrement plus sexy que OMD ou Human League.
Quelques titres s’en vont explorer un univers froid, robotique et dansant, le single inaugural « Sign the times », un autre (« The ballad of Dorothy Parker ») fait référence au monde littéraire (Prince aurait donc encore le temps de lire, il ne passerait pas sa vie à écouter de la musique ou à en faire ??), un exercice de style (« Starfish and coffee » sur le sujet : mélangez rag et gospel, vous avez trois minutes …)
Difficile aussi de parler de Prince sans évoquer ce que l’on appellera pudiquement ses « problèmes de braguette » (aujourd’hui plus connus sous le nom de « syndrome DSK »). Si des titres comme « It », « Slow love », … ne laissent guère d’ambiguïté sur ce dont il est question, Prince va encore plus loin dans le fantasme avec « If I was your girlfriend », ode amoureuse narcissique puisque créditée au chant à une certaine Camille, en fait un double féminin de Prince (la voix de Camille, c’est celle de Prince légèrement accélérée et forcée dans les aigus). Il est certain que quand Prince ira consulter un analyste, la fortune de celui-ci est faite, tant les séances s’annoncent nombreuses …
Tout ça pour les trois premières faces du double vinyle original. Prince a gardé le meilleur pour la fin, trois titres d’anthologie, un « Adore », encore une reconnaissance de dette à Curtis Mayfield, l’ahurissant « The cross », vaste gloubi-goulba mystique, mais un titre qui rend fou avec son crescendo mathématique et qui s’achève dans un maelström de guitares métalliques. Et puis, et surtout, « It’s gonna be a beautiful night », le premier titre officiel live jamais publié par Prince. Car Prince est aussi un performer, un des meilleurs sur scène, et cette captation d’un titre joué en 86 au Zénith de Paris au cours de la tournée « Under the cherry moon » (sa meilleure selon les spécialistes ès sciences Roger Nelsoniennes) le démontre, avec un big band réglé au millimètre qui distille une tuerie funky et intermède rap de la très hot Sheila E. De quoi rendre fous les « 6.000 wonderful Parisians » remerciés dans les notes de pochette …
« Sign the times » est pour moi le meilleur disque de Prince et est dans mon Top Ten depuis maintenant presque vingt cinq ans. That’s all …