Ouais, on va pas y passer la nuit. Venons-en directement
aux (mé)faits. Travis donc, groupe de quatre types écossais, débuts au milieu
des années 90. Pour situer, ceux qui comptent dans la perfide Albion s’appellent
Blur et Oasis, et ceux qui vont compter Coldplay et Radiohead. Les deux
premiers donnent dans le rock, les deux autres non.
C’est pourtant en singeant de façon éhontée les bandes à
Chris Martin et Thom Yorke que Travis va faire son beurre. « The Man Who »
s’est vendu à des millions d’exemplaires chez les rosbifs, et le groupe est
resté à peu près inconnu dans le reste du monde. Ça arrive, on a bien Johnny
Hallyday et chez les Ricains Billy Ray Cyrus (le père de la Miley du même nom),
énormes vendeurs chez eux et qui ne s’exportent pas. Essentiellement parce que
trop typiques de leur pays.
Les Travis, on peut pas dire qu’ils soient typiques de l’Ecosse
ou de l’Angleterre, c’est pas les Kinks des années nonante, on en est loin ...
Que leur disque ait pu marcher quelque part relève pour moi du prodige, tant il
est d’une fadeur affligeante. Pour faire simple, on dira que c’est du Coldplay
des débuts avec le producteur de Radiohead. Oui, le sieur Nigel Godrich himself
est aux manettes de « The Man Who ». Ils ont bien fait de l’écrire
sur les notes de pochette, parce que ça s’entend pas trop. Comme quoi, un
producteur aussi doué soit-il, s’il a pas face à lui des types qui ont des
idées, il imprime pas sa marque …
Faut dire que dans le genre, les Travis font assez fort.
Dix titres (plus un caché) construits de la même façon. De la ballade mid-tempo
sur fond d’arpèges de guitare, des constructions mélodiques rachitiques, des
refrains soporifiques, et un type au micro dont je veux même pas savoir le nom
qui chante tous les titres exactement de la même façon, voix feignasse,
linéaire et voilée.
Et quand l’inspiration manque, on va exhumer des grilles
d’accord de « Bonnie & Clyde » (Gainsbourg et Bardot) sur l’introductif
« Writing to reach you » ou de celles du Lennon de « Jealous guy »
(sur « As you are »). Quatre singles furent extraits de cette
rondelle et se comportèrent honorablement dans les charts (anglais only). Coup
de bol, il y a dans le lot les deux meilleurs titres, « Why does it always
rain on me ? », agréable mid-tempo avec une fois n’est pas coutume
une jolie mélodie, et « Driftwood », point trop moche réminiscence du
REM période « Out of time – Automatic for the people ». Les autres
morceaux, interchangeables mièvreries inconsistantes, on peut les zapper.
Ce « The Man Who » on le trouve facilement d’occase pour
le prix port compris d’un demi. Ô joie, la version que j’ai pécho comprend sur
un Cd bonus trois titres live (deux at home à Glasgow, un sur une radio ou une
télé italienne). Believe me, c’est encore plus mauvais que sur disque (on
entend pas le batteur à Glasgow, ça semble unplugged), à tel point que la meilleure
performance est d’assez loin celle du présentateur italien, qui semble
surexcité à l’idée d’annoncer Travis. Y’a vraiment pas de quoi …
Oh misère ! … Comment le Cult en est arrivé là,
à sortir un machin calamiteux comme ce « Agents … » ?
What, qu’est-ce tu racontes, calamiteux, une
rondelle qui contient « (Don’t fear) the reaper » ? Yes,
affirmatif.
Bloom, Roeser, Lanier, Bouchard & Bouchard
Bon, on reprend au début … Je vous fais grâce du
néolithique supérieur du groupe (les premières traces des protagonistes, jusqu’au
Stalk-Forrest Group), tout se met en place sous le nom de Blue Öyster Cult en
1971, avec ce qu’il convient d’appeler la formation « royale »,
Roeser, Lanier, Bloom et les frangins Bouchard. Là, toutes les bonnes fées
new-yorkaises branchées de la rock-critique (Sandy Pearlman), de la littérature
(Richard Meltzer), du milieu arty (Patti Smith), … s’entichent de ce groupe
sombre, au parfum sulfureux (leurs textes, leur logo que certains ont cru
dérivé de la croix celtique chère aux fachos), aux disques brûlants comme du
métal glacé …
Certes, le BÖC se traînera pendant la première
partie des 70’s une réputation de groupe élitiste, moins facile d’accès que
Status Quo ou Kiss, mais leurs trois premiers disques (« Blue Öyster Cult »,
« Tyranny and mutation », « Secret treaties », chefs-d’œuvre
indispensables) feront froncer bien des sourcils (le rock et le second degré ne
vont pas bien ensemble, voir le cas d’école Queen), certains poussant même le
bouchon jusqu’à accuser le groupe de faire l’apologie des totalitarismes de
tout poil … Comme de bien entendu, un live point trop mauvais (« On your
feet or on your knees »), viendra clôturer en 1975 une première partie de
carrière irréprochable.
« Agents of fortune » va suivre. Déjà, la
pochette pique les yeux … ‘tain, c’est quoi cette horreur ? Pour le coup,
les coupeurs de cheveux en douze n’ont rien trouvé à y redire, mauvais signe … Même
si un disque, ça se regarde pas, ça s’écoute, pareil visuel, surtout comparé
aux quatre précédents, ça donne pas envie. Visuellement, on est donc en
dérapage incontrôlé, et musicalement, c’est encore pire. Alors que le BÖC était
volontiers rangé dans la catégorie hard-rock – heavy metal – machin truc, ils
entreprennent avec ce « Agents … » un virage marqué vers la pop et le
funky. En en utilisant les plus grosses ficelles sans en retenir l’essence. Je
m’explique. Une bonne mélodie ou une rythmique groovy n’ont jamais fait de mal
à une chanson, sauf qu’ici ça fait plutôt parti pris délibéré de coller à un
air du temps, d’adoucir, d’édulcorer une approche sonore, plutôt que choix
artistique assumé.
Le BÖC savait envoyer des gros riffs qui tâchent, et
ils ont encore la recette (l’inaugural « This ain’t the summer of
love », « E.T.I. »), mais très vite les claviers omniprésents de
Lanier (ou Roeser) viennent systématiquement « alléger » le propos
pour donner des choses frayant avec le pire du rock FM à venir (dans
« E.T.I. » arrive comme un cheveu sur la soupe un pitoyable refrain,
suivi d’un solo de guitare imbécile, brouillon et démonstratif à la fois). Le
BÖC se hasarde même à une sorte de power pop (l’ultime « Debbie
Denise », peut-être le plus gros naufrage musical de la rondelle, mais la
concurrence est rude), après s’être vautré dans le ridicule du funky de
supermarché (« Sinful love »), ou pire le grotesque jazz-rock de
contrebande (« Tenderloin »), et avoir marché sur les plates-bandes
de Tatie Elton (« True confessions », tout piano en avant, comme une
mauvaise chute de « Goodbye yellow brick road »).
Il faut signaler que c’est la première fois dans sa
discographie que le groupe est livré quasiment à lui-même, Meltzer a disparu du
générique, Pearlman se concentre sur la production et n’intervient que sur la
co-écriture d’un titre. Reste le cas Patti Smith. Ayant fréquenté de près le
groupe (Lanier, mais pas que), elle vient parler sur l’intro et faire quelques chœurs
sur « The revenge of Vera Gemini » (qu’elle a coécrit, tout comme
« Debbie Denise »). Un signe qui ne trompe pas sur l’égarement du BÖC,
l’apparition sur les crédits des frangins Brecker, remarquables cuivres de
sessions, complices attitrés de Steely Dan, c’est dire si on est assez loin du
Cult des débuts …
Chacun sa guitare à tous les rappels de concert
Qu’est-ce qu’il reste t-il donc à sauver sur
« Agents … » ? Ben, pas grand-chose. Un peu « This ain’t
the summer of love », son bon gros riff malgré son refrain de corps de
garde ; à peu près même verdict pour « E.T.I. » (pour
« Extra Terrestrial Intelligence », cosmos et mondes parallèles, une
des thématiques favorites du Cult), ; « Morning final » rappelle
au début « Last days of May », mais le titre est vite gâché par une
mélodie funky pop du plus mauvais effet. Reste le cas « (Don’t fear) the
reaper ». Thématique morbide sur fond enjoué, dûe à Buck Dharma (le pseudo
de scène de Donald Roeser, aux débuts du groupe, ils en avaient tous un, c’est
le seul à l’avoir conservé), une intro aussi facilement identifiable aux
premières mesures que celle du « Layla » de Clapton. Très gros hit du
Cult, tirant beaucoup plus sur la power pop que sur le métal froid des débuts,
et titre incontournable du groupe.
Une réédition Cd du début du siècle rajoute quatre
titres. La version originale de « Fire of unknown origin », sorte de
pop blues symphonique, qui donnera plus tard son titre à un album très
dispensable, la maquette déjà aboutie de « (Don’t fear) the reaper »
par Roeser en solo, un « Sally » vaguement swinguant, dispensable
mais meilleur que beaucoup de titres de « Agents … », et un « Dance
the night away » (rien à voir avec le titre de Van Halen) pleurnichard
avec piano en avant …
« Agents of fortune » est en rupture totale
avec ce que le groupe avait produit jusque là. Perso, c’est sans moi … La suite
poursuivra dans cette veine. L’autre gros hit du groupe, « Godzilla »
suivra bientôt, ainsi qu’une litanie de disques aux pochettes repoussantes et
au contenu idoine. Le groupe existe toujours, cachetonne (chèrement) en tête
d’affiche de festivals, avec pour rescapés de la formation originale Roeser et
Bloom, et n’est plus que l’ombre du groupe majeur qu’il fut à ses débuts …
Tonton David, son vrai blaze c’est Ray David
Grammont. Ça commence mal, c’est con, je trouve que son nom est mieux que son
pseudo …
Réunionnais de naissance et donc immigré en région
parisienne (oui, je sais, La Réunion c’est en France, c’est la façon dont tu es
perçu en métropole qui compte), une biographie (falsifiée, exagérée ?) de
petit délinquant avec case zonzon, et une « expatriation » en père de
famille déjà nombreuse vers la riante cité de Metz (cercle polaire septentrional)
… Bon, je pourrais continuer dans cette veine là, mais c’est trop facile,
malheureusement pour lui, il est plus là pour répondre, et puis, ce qui me gave
chez lui, c’est pas le personnage (publiquement au demeurant assez sympathique),
c’est la musique qu’il a fait.
Le Tonton, il vient du reggae. Enfin, le reggae des
années 80 … Pause et petit rappel des faits. Le reggae, ça vient du ska, du
rocksteady et de la Jamaïque des années 60. Bob Marley en fera un genre musical
universel quand il deviendra une star planétaire au milieu des années 70. Trop
tard pour les pseudo rastas de circonstance, musicalement le genre est
moribond, les meilleurs titres et disques (y compris ceux de Marley) datent
tous d’avant 74-75. Et quand Marley claquera en 81, personne ne reprendra
l’affaire reggae en main. Les contemporains et possibles héritiers ne manquent
pas, mais aucun n’atteindra l’universalité de Saint Jah Bob … Quant à la
nouvelle génération, ces gamins jamaïcains nés dans les années 60, ils vont
remplacer les musiciens par des machines, la structure rythmique deviendra
beaucoup plus sèche et répétitive, le phrasé beaucoup plus scandé (reprenant
les choses là où les avaient laissé les toasters des sound-systems jamaïcains
des 60’s). On appellera ça le dancehall, avec deux courants : le slackness
(ancêtre du gangsta-rap américain, le bad boy ou prétendu tel serial lover) et
le raggamuffin (ceux qui causent accessoirement d’autre chose). A peu près la
même chose se retrouvera aux States, où l’on parlera de rap. Quand le rap
explosera commercialement au niveau mondial (Public Enemy et d’autres dans la
seconde moitié des 80’s), les répliques se feront sentir partout, y compris dans
notre chère Gaule. Quelques émissions de télé rétrospectivement assez risibles assureront
l’implémentation du genre dans les oreilles de toute une génération issue de ce
que l’on appelait les banlieues. Et quelques-uns passeront de l’écoute à la
pratique sous le regard au mieux condescendant des maisons de disques. Une
seule, Virgin, fondée par l’ancien hippie mais vrai affairiste Richard Branson,
par le truchement du sous-label Labelle Noir, publiera en 1990 une compilation
qui va se révéler fondatrice, « Rapattitude », où l’on retrouvera
quelques seconds couteaux en devenir du rap, Assassin, Saï Saï, et les futures
stars NTM. Parmi la dizaine de titres, une rengaine très mélodique sur fond de
raggamuffin, « Peuples du monde » signée Tonton David. Premier vrai
succès (radios, télés, charts) du rap français au sens large (après l’étonnant
et improbable « Chacun fait ce qui lui plaît » de Chagrin d’Amour).
Virgin battra le fer tant qu’il était chaud, et Tonton David se verra poussé en
studio pour enregistrer un disque. Pour la petite histoire c’est Polydor qui
sortira en 90 le premier album de rap à succès, « Qui sème le vent récolte
le tempo » du plutôt brillant MC Solaar.
Des succès, l’Oncle David en aura, mais sous forme
de singles, par contre il ne sera jamais un vendeur d’albums.« Le blues des racailles » sera son
premier 33T et un bide assez retentissant, et ce bien qu’il contienne en
dernière piste « Peuples du monde » (le 45T est beaucoup plus facile
à trouver aujourd’hui d’occase que l’album original).
Pourtant Tonton David se situe à la croisée des
chemins rap et raggamuffin, y’avait de quoi ratisser large. Même si la bande
tricolore (vert, rouge et jaune) de la pochette est le signe de ralliement de
tous les reggaemen, on sent l’envie forcenée de coller à l’air du temps.
Problème, à l’heure où le rap américain reposait sur un gros travail de studio,
« Le blues des racailles » sonne cheap, bâclé. Des structures
rythmiques maigrichonnes, des boucles minimalistes, et à contre-courant des
standards internationaux, le gros des efforts est dirigé sur l’architecture
mélodique et le soin apporté au refrain par le renfort d’un chœur féminin (à la
I Threes de Marley) présent sur de nombreux titres. Et puis, y’a un autre
souci. Le rap ou le raggamuffin sont affaire de tchatche (le flow disent les
connaisseurs), et de plus en plus à l’époque, de textes. Ici, ça vire souvent à
la cata. Oncle David arrive pas à coller vocalement sur des tempos qui se
doivent d’être rapides, sa diction est pas bonne du tout, son accent ultramarin
qu’il a pas réussi à perdre lui fait bouffer la moitié des mots et des pans
entiers de phrases sont incompréhensibles. Et les thèmes abordés restent
gentiment centristes, convenus. On est loin de la dentelle verbale travaillée
d’un MC Solaar, et des punchlines balancées par les rappeurs américains et que
sont en train de mettre en place dans leurs caves NTM ou IAM et l’émergence de
ces deux-là renverra Tonton David au rang d’amuseur cool, que viendra lui
contester au milieu des 90’s le risible et futur sarkozyste Doc Gyneco.
On sent dans « Le blues des racailles »
que toutes les « figures imposées » du rap ou du raggamuffin sont
traités de façon superficielle. Le côté bad boy sur l’introductif
(bidonné ?) « Mon CV », le « sauvetage » grâce à la
musique (« A qui la faute »), le machisme « gentil » (« Les
jeunes filles vont nous tuer »), l’auto-glorification
(« Tonto »), les flics (« Ils ont appelé la police pour
moi »), la réussite financière (« CA$H »).
Deux titres posent problème (mais comme personne a
dû les écouter, ça n’a pas fait de vagues, de scandales, ou de buzz). « Je
parle à toi » avec au milieu d’une litanie de clichés à tendance
communautariste une au moins maladroite sinon débile référence à « un
accroissement inexorable de l’homosexualité ». Quant à « Pretoria »
sur la situation d’apartheid en Afrique du Sud, on est loin de la qualité de
« Biko » de Peter Gabriel, des albums « Graceland » de Paul
Simon ou « Survival » de Marley, et à propos de Marley le citer à la
fin du titre pour prédire une guerre civile, est une dénaturation et une
réécriture totale des prises de position de Saint Bob …
Au final, il en reste quoi à sauver de ce
disque ? Pas grand-chose. Allez, en ratissant large, j’en sauve trois (sur
quinze). Le morceau-titre, plutôt basé piano et guitares (bien discrètes) que machines,
« CA$H », un des plus élaborés musicalement, avec ajout de chœurs féminins
et de cuivres, et le gentil hit « Peuples du monde ».
Ce hit qui suffira au Tonton pour devenir quelqu’un
qui compte, d’autant plus qu’il réussira à sortir d’autres hits encore plus
niais, notamment « Chacun sa route » épaulé (?) par Manu Katché
et Geoffrey Oryema (la B.O. du sans intérêt « Un Indien dans la ville »),
qu’on le verra dans des émissions prime time, image lisse et souriante d’une
musique et d’une génération qui ne l’étaient pas vraiment par ailleurs. Ses petits
succès dans les 90’s ne lui feront pas prendre la grosse tête mais plein de
kilos, avant qu’il disparaisse des radars, et même tout court, victime d’un AVC
il y a quelques années.
« Le blues des racailles » c’est poubelle
direct. Si des trucs réussis dans ce genre quasiment disparu aujourd’hui vous
intéressent, à peu près tout ce qu’a fait le Massilia Sound System dans les 90’s
vaut le détour (du rap et du raggamuffin en provençal). Sinon, y’a quelques
plages du grandiose « Banzaï », du groupe punk radical La Souris
Déglinguée qui s’était offert une escapade fabuleuse vers des rythmes moins à
ras du bitume que ceux auxquels ils nous avaient habitués depuis leurs débuts …
Phoenix, c’est un des très rares machins musicaux
français exportables. Des gens qui vendent de la rondelle argentée (ou du
streaming) all around the world. Qui sous leur seul nom, sont capables de
remplir le Madison Square Garden (les premiers, avant le tour de piste final d’Aznavour)
…
Phoenix, c’est un beau gosse qui chante, trois
moches derrière, dont deux à lunettes (exactement comme Blur, musicalement la
comparaison s’arrête là). Le beau gosse, Thomas Mars (un pseudo, ça claque
mieux que Thomas Pablo Croquet, son état-civil officiel), est en plus le mari et
le père des deux enfants de la très people Sofia Coppola, fille de Francis Ford
et petite-fille du Carmine du même nom …
Phoenix, c’est la connexion versaillaise de ce qu’on
a appelé la French Touch, avec Air et Daft Punk, des types qui se connaissent
depuis le collège. Phoenix, c’est les plus accessibles, grand-public, du lot
(même si les deux autres, c’est pas férocement expérimental). Phoenix, c’est du
pop-rock pour ados, farci de machines, de programmations, de boucles, de
synthés. Ils sont quatre (chant, deux guitares, basse) plus deux en studio et
sur scène (un batteur, un clavier), plus leur producteur Philippe Zdar (du duo
electro Cassius) devenu à l’époque de ce « Wolfgang … » à peu près le
cinquième membre « officiel » du groupe.
« Wolfgang … » comme tous leurs disques, compte
dix titres. Bien souvent, ça sonne comme les Strokes du début (les mid-tempo
enlevés et sautillants de leur premier album), mais comme tous les sons sont
repassés par des bécanes électroniques, c’est du Strokes désincarné, déshumanisé.
Définitivement pas ma tasse de thé.
Ce « Wolfgang … » je l’ai acheté d’occase (pour
le prix d’un demi-pression, port compris) dans une version comprenant le Cd
plus un Dvd. Avantage (?) du Dvd, on peut l’écouter en 5.1 (y’a une version
vidéo, enfin un gros plan sur le disque qui tourne sur une platine), on a droit
à une autre version avec paroles en version karaoké. Ce qui est intéressant
(enfin, intéressant, je me comprends), ce sont les trois autres versions du
disque. Une présentant Phoenix « at work », une avec les commentaires
de Phoenix et une avec ceux de Zdar à mesure que défile la musique.
La première, sur les moins de quarante minutes que
dure « Wolfgang … », nous montre le groupe écouter le mix des
morceaux, battre la mesure, jouer de la air guitar, essayer des trucs à un
doigt aux claviers, commenter le poussage de boutons sur la table de mixage …
ouais, super, mais ils jouent quand ? On les voit jamais jammer, répéter.
Ils sont comme Chuck Berry ou Robert Johnson, ils veulent pas révéler les
secrets de leur jeu ? Ah et on les voit boire des canettes de soda, parce
que jamais une bouteille d’alcool ou un paquet de clopes dans le décor. Les
Phoenix en studio, c’est pas exactement les Stones à Nellcote, si vous voyez ce
que je veux dire. Ils sont amish ou quoi, ces types ?
Concernant les commentaires du groupe et ceux de
Zdar, ce sont ces derniers les plus intéressants, il s’implique un peu à
décortiquer les titres et leurs enchaînements de séquences. Par contre, les Phoenix,
manifestement, ils ont pas grand-chose à dire (ou ne veulent pas dire
grand-chose) sur leur disque. Mais quelques réflexions incitent à se gratter l’occiput
d’un doigt dubitatif. Je cite. A propos de « Litzomania » (principal
single, en tout cas titre le plus connu) : « Les Beatles transposés
dans la musique classique », rien que ça (pourquoi pas mieux que « Norvegian
wood », tant qu’on y est), également « (titre) beau et élégant »
(hum …). A propos de « 1901 » (l’autre gros single) : « inspirée
par « 1999 » de Prince » (vraiment ? y’a davantage d’idées dans
le seul titre de Prince que dans tout « Wolfgang … »). Lequel « Wolfgang
… » serait une « quête mystique » (non, les gars, juste de la variét’
dansante). Plus belle pour la fin : « Countdown » est inspirée
par le Bryan Ferry de « Avalon » et de « Smoke gets in your eyes »,
sauf que cette dernière est déjà une reprise d’un traditionnel popularisé par
les Platters, faudrait réviser vos classiques, les enfants … Les commentaires
de Zdar sont moins prétentieux, il cite juste une fois Neil Young (?) et
Prince, une autre fois une partie de banjo « à la Délivrance », le
film, et un pont de (fausse ?) batterie « à la AC/DC » (en fait un
pompage de la rythmique de « Thunderstruck » sur « Girlfriend »).
Au final, si on s’en tient juste à la musique, il en
reste quoi, de ce « Wolfgang … » ? Des singles très « pensés »,
efficaces et commerciaux (« Litzomania », « 1901 »), des
titres surchargés d’arrangements synthétiques (ça passe mieux sur l’instrumental « Love
like a sunset Pt I »). Dans le lot, je sauve « Rome » (sauf la
voix de Mars, toujours trafiquée dans les aigus, c’est un gimmick qui finit par
être pénible) et sa jolie intro.
Retour à Carmine (Coppola), le grand-père de Sofia (Coppola)
et compositeur de musique de films pour Francis Ford (Coppola). Qu’est-ce qu’il
en aurait pensé du disque du mari de sa petite-fille ? Je vais pas
faire parler les morts, mais enfin, j’ai ma petite idée …
Quant à moi, ce que j’en pense, c’est vous qui avez
aussi une petite idée …
Je soussigné, Lester Gangbangs, né le 15 Frimaire An
CLXX dans le Pays d’Oc, sain de corps et d’esprit, en possession de toutes mes
facultés, déclare être propriétaire de l’enregistrement musical ci-dessus nommé,
déclare l’avoir écouté, et déclare donc être en mesure d’en donner une
appréciation éclairée et pertinente.
Description du bien.
« The lamb lies down on Broadway » est un
enregistrement phonographique du groupe anglais Genesis. Il se présente sous la
forme d’un boîtier en plastique translucide légèrement rectangulaire d’une
largeur de 142 (cent quarante-deux) millimètres, d’une hauteur de 125 (cent vingt-cinq)
millimètres, et d’une épaisseur de 9 (neuf) millimètres. L’objet s’ouvre en
faisant basculer le boîtier autour de deux petits ergots en plastique, laissant
apparaître sur la droite un livret de 16 (seize) pages contenant le concept de
l’œuvre, les paroles des chansons, les informations sur les artistes ayant
participé à la création du phonogramme, diverses photographies, ainsi qu’une
double page présentant les autres œuvres du groupe disponibles dans le
commerce. Sur un plateau pivotant à l’opposé de l’ouverture du boîtier se
trouvent calés par de petits picots centraux 2 (deux) compacts discs, un sur la
face supérieure du support, l’autre sur sa face inférieure. Dans un souci
remarquable d’ergonomie, le premier à apparaître à l’ouverture du boîtier est
celui sous-titré « Disc One ». L’ensemble (boîtier, livret, supports
musicaux) accusant sur la balance le poids de 108 (cent huit) grammes.
Usual suspects
Origine du bien.
Ainsi que stipulé plus haut, l’œuvre est dûe au
groupe anglais Genesis et s’intitule « The lamb lies down on Broadway ».
La parution initiale date du 18 Novembre 1974 sous la forme d’un double
trente-trois tours sous pochette de type « gatefold » (pochette
fonctionnant comme un livre, un disque vinyle de chaque côté). L’œuvre est
parue sur le label phonographique Charisma, sous la référence CGS 101. La copie
en ma possession est une réédition de 1994, référence CGSCDX 1, bar-code 7243 8
39774 2 0, fabriquée en Hollande et mise sur le commerce par la maison Virgin
Records. La date d’acquisition de cet objet est pour le moment inconnue. Il ne
fait l’objet d’aucun gage, nantissement ou hypothèque quelconque. Il en dans un
état très correct (near mint selon le barème descriptif des sites spécialisés dans
la vente d’œuvres musicales d’occasion) car peu joué.
Contenu du bien.
Le premier Cd (« Disc One ») comprend 11
(onze) pistes musicales pour une durée de 45’37’’ (quarante-cinq minutes et
trente-sept secondes), le second Cd (« Disc Two ») comprenant pour sa
part 12 (douze) pistes musicales pour une durée de 48’52’’ (quarante-huit
minutes et cinquante-deux secondes). L’ensemble contient donc 23 (vingt-trois)
titres pour une durée totale de 94’28’’ (quatre-vingt quatorze minutes et vingt-huit
secondes, équivalent d’une heure trente-quatre minutes et vingt-huit secondes).
Le titre le plus long est le septième du « Disc Two », ayant une
durée de 8’16’’ (huit minutes et seize secondes), le plus court est le
troisième du « Disc One », sa durée est de 33’’ (trente-trois
secondes).
Analyse du bien.
Les mêmes en couleurs
Comme précisé au paragraphe ci-dessus, l’écoute du
bien prend donc 94’28’’ (quatre-vingt-quatorze minutes et vingt-huit secondes),
non compris évidemment les temps nécessaires à la mise sous tension des
appareils, à l’ouverture et au chargement du lecteur audio, et au changement de
disques. Ce qui est bien long.
On y entend tout du long des 23 (vingt-trois) pistes
les ci-après nommés Michael Rutherford, Phil Collins, Steve Hackett, Tony
Banks et Peter Gabriel (uniquement désignés par leur prénom dans le livret dont
il a été question dans le paragraphe « Description du bien », comme s’il
s’agissait de vieux amis ou de gens appelés à le devenir) produire une musique
de type « rock », sous-genre « progressif », catégorie « brise-burnes ». Cette description
ne visant pas à porter atteinte à des tiers, qui pris de démence ou de surdité
soudaines, trouveraient un intérêt quelconque à cette œuvre, nous n’en dirons
pas plus.
Tout juste nous bornerons-nous à préciser à l’attention
des déprimés à cause d’un cinquante douzième confinement dans la cage à lapins
qui leur sert de logement, et qui envisageraient un suicide par voie
auriculaire que cette œuvre devrait facilement les amener à passer à l’acte.
Mention particulière aux synthés criminels de Tony Banks et à l’insupportable
voix de Peter Gabriel qui se force à piailler dans des aigus à l’hélium. Quant
à l’inénarrable Phil Collins, il se contente ici de brasser de l’air autour de
ses fûts, toms et cymbales divers, avant de devenir chanteur du groupe et en
solo de sa voix de canard asthmatique et de faire entendre les pires sévices
sonores des années 80. Les deux autres ne méritent pas qu’on s’étende sur leur
cas.
A noter que « The lamb lies down on Broadway »
est un concept-album ou un opéra rock ou un machin de ce genre, censé narrer
les péripéties d’un certain Rael dans le New York des mid seventies … ça vous
donne pas envie ?
Je me souviens, je me rappelle … de ce blondinet timide,
chantant les mains dans les poches des histoires d’encre bleue et de carnets à
spirale. C’était quand la télé commençait à être en couleurs, et on y voyait
quelques fois le Sheller pousser la chansonnette chez Drucker ou les Carpentier,
entre les tocards habituels, tous ces Charles Bécaud, Gilbert Aznavour, Mireille
Lama et Serge Mathieu… Il avait l’air de se demander ce qu’il foutait là, et de
s’y emmerder royalement …
Et puis, il a eu son quart d’heure de gloire vers la fin
des 80’s, quand tout seul avec son piano, on le voyait quelques fois dans des
shows télé (un peu) moins honteux, chanter de mignonnes chansons tristes. Et
comme il disait, il devait être un homme heureux …
Pour moi, c’était un de ces sous Polnareff comme la variété
française en pond un tous les cinq ans, avant de passer au suivant … ce qui ne
l’avait pas empêché de sortir quelques trucs risibles, au premier lieu desquels
l’impérissable ( ? ) « Rock n’ dollar » (« Donnez moi
Madame s’il vous plaît du ketchup pour mon hamburger … »), fallait y
penser … Et surtout pas avoir peur du ridicule, Sheller étant aussi rock’n’roll
que, au hasard, Macron … C’était dans ses débuts de carrière, il devait se
chercher, et allait retenir la leçon, le rock c’était pas fait pour lui …
Ben non … Voilà t-il pas qu’en pleine vague grunge
(retombante), il se paye un séjour aux cossus studios Ridge Farm, dans le cossu
Surrey, studios qui ont vu défiler du beau monde (Bad Company, Roxy Music,
Queen, Prefab Sprout, Bowie-Tin Machine, …), ou pas (Jethro tull, a-ha, Frankie
Goes to Hollywood, OMD, …). Sheller recrute quelques requins anglais (inconnus)
et met en chantier un disque de rock … Je sais pas ce qui lui passait par la tête
et je m’en fous, mais force est de reconnaître que c’était pas une bonne idée
du tout.
Ce « Albion » fruit de ces séances, est atroce.
Les compos sont pas mauvaises en soi, Sheller est capable de trousser de belles
constructions mélodiques, mais une fois passée par les pattes de cette joyeuse
( ? ) équipe, c’est d’une navritude (inutile d’écrire à Blanquer, je sais
que c’est un mot qui existe pas, je suis dans ma période Ségolène – feu Chirac
qui étaient coutumiers de ce genre de créations, mais qui eux faisaient pas
exprès) absolue.
On retiendra de cette horreur sonore un jeu de batterie
herculéen qui recycle les plus mauvais plans du rock FM (la Benatar, Foreigner,
Toto, le Van Halen des mauvais jours), et un guitariste imbécile, certainement
payé à la note, qui à la moindre éclaircie, se lance dans des solos imbéciles
de technique vaine. Sheller, préposé à tout ce qui a des touches blanches et
noires, n’est pas en reste, et s’efforce de sonner comme tous ces types qui au
début des 80’s jouaient des synthés à un doigt … alors que le William est
capable d’utiliser les dix …
Les coupables ...
Qu’il veuille sonner « rock », c’est son
problème. Le problème, c’est que le rock, il y connaît rien. Dans les moins
mauvais moments, ça sonne comme Jethro Tull ou le Genesis des 80’s, c’est dire
l’ampleur des dégâts … on ne s’étendra pas par charité sur sa prestation
vocale, c’est pas un hurleur, et pour faire entendre sa voix au milieu de tout ce
raffut, il n’a rien trouvé de mieux que de la gonfler en la passant par tout un
tas de filtres ou de vocoders …
Sur le podium des horreurs, médaille de bronze pour
« Silfax », entre reggae et calypso (faut oser, avec un band qui
swingue comme un régiment d’enclumes), titre pendant lequel le guitariste se
« surpasse » (no comment). Médaille de bronze pour « Maintenant
tout le temps » entre Gold (« Ohééé ohééé capitaine abandonnééééé » »)
et une face B de Foreigner. Médaille de chocolat décernée à
« Excalibur », titre dont il avait fait une version celtique qui
n’arrivait pas à la cheville de Manau (les Alan Stivell des malentendants) et
qu’il nous ressert là façon rock (enfin, à sa façon à lui), et « agrémentée »
d’un clip très Mylène Farmer (les jolies fesses en moins), heureusement (?) introuvable sur TonTube.
En fait, il faut avoir le courage - « Albion »
dure une heure (putain, une heure) – d’arriver au dernier titre le bien nommé
( ? )« Relâche » pour
trouver quelque chose ressemblant à du Sheller « d’avant », c’est-à-dire
écoutable quand on a vraiment rien de mieux à faire.
A la fin des années 70, Starshooter faisait des 45 T
rigolos (« Betsy Party », « Get baque », « Ma vie
c’est du cinéma », …) et des 33 T ratés. Leur leader était Kent Cokenstock
(vous avez compris qu’il était fan de BD belge ligne claire et d’Hergé en
particulier ?) qui chantait encore plus faux que Jean-Louis Aubert des
textes décalés dans une veine humoristique punk (ça vous parle ?). Les
Starshooter, en pseudo punks provinciaux (Lyon) durèrent quelques années avant
de déposer les armes. Le Kent continua le combat (pas très rock) … pour ce
premier effort solo après la dissolution du groupe. Son album est calamiteux,
et on comprend pourquoi il n’avait apparemment jamais été réédité pendant vingt
ans.
Ecce Homo ...
Car même si les radios ont à l’époque un peu diffusé
« Partout c’est la merde », on ne peut pas dire que ce calypso bancal
soit une réussite. Malheureusement, tout le reste est à l’avenant, du pastiche
« téléphoné » de « Souvenirs majeurs », « Stupidités »,
à l’imitation d’Antoine quand l’élucubrateur avait besoin de repeindre son
rafiot (« Long, long, voyage »), quelques rockabs poussifs du niveau
des Forbans ou de Jesse Garon (« Je dis bye bye »), un reggae à faire
se retourner Marley dans sa tombe (« Rabat-joie »), le tout
accompagné de textes pas vraiment inspirés. Ces textes sont d’une navritude
extraordinaire (au hasard : « Adieu le stress, bonjours les bananes »,
« Dans les îles, on finit pas à l’asile »).
Kent se cherche (il fait aussi des BD), et finira
quelques années plus tard, quand il aura trouvé sa Barbie (la douce Enzo Enzo)
par se fixer sur un style quelque part entre Souchon et Trenet, qui sans le
rendre crucial pour autant, lui ira mieux que ce premier essai totalement raté.
1983, l'édition originale ...
La réédition de 2004 (avec visuel différent)
comporte quatre bonus. Les deux derniers sont atroces. « Tout petit doute »
est comme un brouillon du sinistre reggae de Prisu « Chacun sa route »,
la BO de « Un Indien dans la ville » et par charité je m’abstiendrai
de tout commentaire sur « Passion dans l’Est ». Par contre les deux
premiers bonus sont … euh … moins mauvais. « Tiny Tinto » démarre sur
un riff très Cars – Def Leppard ce qui nous change des bouillasses précédentes,
mais malheureusement le titre finit vite par ressembler à du Gold (« Capitaine
abandonné », ce genre de daubes). Sa face B, « West Side » est
un hommage que l’on devine sincère au club lyonnais qui a hébergé fin des 70’s –
début 80’s la scène punk new wave locale (Starshooter, Marie et les Garçons,
Electric Callas, …).
Bon y’avait longtemps … une rondelle from the
poubelle, direct …
Pour pas accabler, on va dire que c’est la faute à la
pression. Ou une erreur de parcours. Parce que là, genre baudruche qui se
dégonfle, il a fait fort le Parker (ouais, Parker, de son prénom Kevin, c’est
Tame Impala à lui à peu prés tout seul). Même si le web est plein de gens qui
le trouvent génial ce « Currents ». Bon, faut pas déconner …
Tame Imapla 2015 (Parker au milieu en bas)
De quoi donc il retourne t-il ? En gros, le Parker
s’était vu qualifier sur la foi d’un premier disque
(« Innerspeaker ») sympathique et surtout d’un second plus consistant
(« Lonerism ») de génie du moment, tendance absorption de cinq
décennies de zizique de djeunes et déglutition à sa propre sauce. Genre le chef
de file du « renouveau » psychédélique version chansonnette azimutée.
Avec dans son sillage sa « famille », de son égérie Melody Prochet
(la française qui faisait une sorte de revival Daho sous le nom de Melody’s
Echo Chamber), à ses potes australiens de Pond,
et j’en passe… Perso, je trouvais tout ça assez sympathique, mais bon,
de là à crier au génie …
« Currents » est semble t-il un disque de
rupture, un disque de solitaire. Parker s’est même passé de David Fridman (au
vu de ce que ce dernier a commis avec les Vaccines, c’était peut-être une bonne
idée), leader des Flamings Lips et promu au rang de producteur, sorcier
bidouilleur de vieux synthés. Parker fait à peu près tout le boulot tout seul.
Bon point, ce « Curents » est cohérent, on peut pas le lui reprocher.
Une unité de son, d’ambiances, une direction et un choix musicaux clairement et
pleinement assumés. Mais alors le résultat …
Empilage de tonnes de synthés des années 80, voix à
l’hélium, morceaux broyés par un son où se combinent infra-basses et suraigus
qui encadrent des couches et des couches de synthés … Il faut quand même être
gonflé ou sacrément inconscient (voire les deux) pour en tirer un résultat
honorable. Aller jouer sur le même terrain que les new waveux de l’electro-pop
anglaise circa 82-85, personne de sensé et de bon goût ne s’y était encore
risqué. La misère d’Orchestral Manœuvres ou les premiers trucs chelous de
Depeche Mode en ligne de mire, fallait oser. Quand bien même le côté désuet de
ces choses-là peut leur conférer aujourd’hui une certaine patine amusante. Le
problème, ça n’a jamais été les synthés, mais toujours ceux qui en jouent. Même
si on pourrait dire la même chose des guitares, des basses, des binious et des
flûtes traversières …
De même, de même ...
« Currents », alors qu’il me semble être un
disque tout ce qu’il y a de plus sérieux, du moins dans l’esprit de Parker, moi
il m’afflige au premier degré et me fait sourire au second, comme une blague
limite de potache. « Let it happen », la longue pièce montée
inaugurale, que le grand cric me croque si c’est pas totalement du Pet Shop
Boys (la voix à l’hélium en plus). Ce qui est pas une insulte, les Boys étant
tout de même de géniaux mélodistes, mais là, aujourd’hui, à quoi bon. Un disque
qui commence par un malentendu comme ça, c’est pas bon. Et rien ne s’arrange
par la suite. « Nangs », on dirait une balance du Floyd vers 72 quand
Rick Wright testait ses claviers, « The less I know », ça fait tellement
penser à Moroder et Chic qu’on dirait le dernier Daft Punk, la ballade surchargée
« Eventually » semble chasser sur les mêmes plates-bandes pompières qu’Arcade
Fire, « Disciples », on dirait du Lio (si si, je vous assure) des années
80 passé à la mauvaise vitesse, « Past life » et sa voix au vocoder réveille
le fantôme de Michou Jackson, « ‘cause I’m a man » a tout de la ballade
simplette qui finit par faire un hit … Perso, je trouve rien dans cette galette
pour relever un tant soi peu le niveau …
Faudra vite passer à autre chose, garçon …
Du même sur ce blog :
Après tout, c’est leur problème aux Vaccines. Ils étaient
apparus avec un premier disque plein de morgue indie-rock anglaise au titre
interrogateur (« What did you expect from the Vaccines »).
Aujourd’hui, on peut répondre : « Plus rien ».
C’est pas que je veuille les défendre, rien à cirer des
Vaccines, mais je subodore le deal avec la major, genre « hey les minots,
vous vous rendez compte le cul bordé de nouilles que vous avez, être sur une
major, avec du fric pour faire de vous des stars, alors les gosses, oubliez les
Clash, les Libertines, les Strokes, c’est des trucs bons pour les vieux rockers
qui sont tous au chomdu et achètent plus de skeuds, nous on sait, notre métier
c’est de refourguer de la zique à qui en veut bien, on va vous dire ce qu’il
faut faire, et à vous les bimbos, la coke et les jets privés, on se contentera
de 97% des bénefs de votre affaire … ».
Tout ça pour participer au NME Music Awards ?
Ce « English graffiti », c’est la vieille pute sexagénaire
qui s’est fait remonter le cul et les tétons, s’est fait injecter du botox
partout où y’avait de la place, s’est maquillée comme un poids lourd portugais,
et corsetée avec les rebuts de placard de Mylène Farmer, espère trouver des
michetons à cent euros la pipe. Sauf que non, c’est trop too much, ça se voit
de trop loin que c’est une arnaque …
« English graffiti », on espère pour eux que
c’est pas un hommage à Led Zep ou à George Lucas, et on préfère pas savoir à
quoi ils font allusion (même si la chanson du même titre est d’assez loin la
meilleure du disque, mais ces gougnafiers ne l’ont mise que sur la version
DeLuxe ou expended ou un truc du genre …). « English graffiti », ça
sonne le rappel de tous les trucs ringards qui ont marché depuis au moins
trente ans. Et que la ringardise soit faite exprès (les Cars ou les Pet Shop
Boys étant dans deux domaines différents les premiers noms qui me viennent à
l’esprit) ou pas (tous les nullards de hair metal, d’euro-electro-synthé pop,
tous ces loukoums rances pour heavy rotation sur les college radios, …).
On relève avec tristesse, mais pas étonnement que le
responsable de cet amas gluant est David Fridman, que l’on a connu plus inspiré
y’a quinze-vingt ans avec les clowns tristes des Flaming Lips, et qui entre
reprises risibles de 33T des Beatles ou du Floyd, est devenu un producteur
« spécialiste » des vieux synthés « à la mode ». Alors quoi
qu’on trouve sur « English graffiti » ? De tout donc, et pire
encore. Les choses les moins mauvaises sont au début (comme sur leur précédent
« Come of age », d’un calibre très nettement supérieur, malgré – déjà
– un parti-pris un peu trop clinquant), la power pop énervée de
« Handsome », le trop mignon pour être honnête mid-tempo « Dream
lover » avec ses gros emprunts au (on ne rit pas) « Final
countdown » de Europe, ou l’hommage ( ? ) aux Ramones
« 20/20 » (qui en l’occurrence vaut tout juste la moyenne, parce que
les Ramones n’ont jamais foutu de saxos ou de synthés dans leurs morceaux).
Sandinista ? 1er Ramones ? Euh, non, les Vaccines ...
Le disque dans sa version « normale » est court
(35 minutes), mais a le temps de s’aventurer vers des mélodies à la Phil
Collins, des synthés à la Eurythmics des mauvais jours, voire même un truc
sautillant et crétin de Van Halen de la fin de la période David Lee Roth (oui,
je sais, il est revenu depuis, et il aurait pas dû …), la chose en question
s’appelle « Give me a sign », c’est un mix affligeant de
« Jump » et « Panama ». Et puis, certainement pour faire
indie-dans-l’air-du-temps, les Vaccines clôturent par un un court instrumental
psyché-space totalement hors sujet.
Même leur chanteur-leader Justin Young semble nettement
en retrait par rapport à « Come of age » (où pourtant il était censé
souffrir de problèmes aux cordes vocales), et livre des parties chantées
quelconques au milieu d’un barouf kolossal (hein, mon salaud, tu la sens, la
monnaie de la major, hein, tu la sens et t’aimes ça, hein mon cochon …) signé
Fridman, avec des batteries herculéennes, des riffs dantesques de glam metal,
et une quincaillerie synthétique à faire pâlir les fans de Tangerine Dream …
Décidément, je dois être devenu trop vieux … ou eux sont devenus
trop nuls …
Des mêmes sur ce blog :
C’est vrai, quoi, qu’est-ce qu’il leur a pris sur ce
disque ? Parce que Police, c’était deux premiers disques de
reggae-punk-pop excellents voire plus, et un troisième « Zenyatta
Machin » un peu trop présomptueux, oh tout joli, tout plein de technique
tout çà, mais assez emmerdant …
The Police au paradis (fiscal) des studios Air ...
Et là, on croyait qu’ils allaient arrêter les
bavures, rectifier le tir … tu parles … Ils se sont cassés enregistrer aux
studios Air de Montserrat. Officiellement, quand tu vas là, tu dis que c’est
pour le calme, décompresser, la haute technicité du studio, que sais-je encore
… En fait, t’y vas pour bronzer sur les plages de sable blanc et accessoirement
enregistrer un skeud, mais surtout pour que les recettes générées par ton
disque, elles soient pas imposées en Angleterre, et que quand t’as l’habitude
d’en vendre des millions, c’est ton banquier et ton avocat fiscaliste qui sont
contents. Les studios Air de Montserrat, c’est pour les riches zicos qui
veulent frauder le fisc, c’est tout …
Résultat, « Ghost in the machine » est le
plus mauvais disque de Police, et un mauvais disque tout court … Sting ( au
moins 80% des compos sont entièrement de lui dans Police) est un peu en panne
d’inspiration. Pas trop d’imagination non plus, il y a une sorte de vague
concept « sérieux » dans « Ghost … », en liaison avec la
bigbrotherisation, l’univers orwellien, … Faut dire que 1984 s’approche, ce
genre de thèmes deviennent récurrents dans le rock … Et puis, en fouinant dans
le studio, le trio est tombé sur plein de synthés. Et les synthés, en plus de
tout le mal qu’on pourrait en dire, c’est comme la guitare, la basse et la
batterie, ça s’apprend … Les trois ont appuyé un peu au hasard sur les touches,
y’en a un qui est tombé sur le programme « section de cuivres » et
ces corniauds n’ont rien trouvé de mieux que de foutre des faux cuivres sur
quasiment tous les titres. Le résultat au niveau des arrangements est
systématiquement assez calamiteux. La preuve, c’est que quand un cador des
claviers (Jean Roussel, sessionman peu connu mais très présent sur quantité de
disques) se pointe sur un morceau, ça a quand même une autre gueule et ça donne
le seul single de l’album, « Every little things … », accessoirement
son meilleur titre.
Police a toujours été un groupe mainstream. Qui a
ses débuts a collé à l’air du temps (de l’énergie « punk », de la
pop, du reggae). Quand paraît « Ghost … », les masques sont tombés
depuis longtemps. Police, hormis l’épisode initial avec Henri Padovani, n’a
rien à voir avec le punk. Un (excellent) batteur venu du jazz-rock progressif,
un vieux guitariste ayant commencé dans les sixties avec Zoot Money et une
énième mouture des Animals sans Burdon, et un instit défroqué à la basse, c’est
pas très dans l’esprit 77 … Le reggae, même en enregistrant dans les Caraïbes,
il est passé à la trappe, et la pop, là, elle est bas de gamme. Logiquement, le
seul titre vraiment à sauver, « One world », reggae mélodique speedé
avec arrangements tirant vers le dub, rappelle les titres de l’époque
« Outlandos … » - « Reggata … ».
Police 81 : fatigués et fatigants ...
Le reste, noyé dans les simili-cuivres grotesques,
alterne morceaux insignifiants et rengaines bas de gamme. La palme du ridicule
revenant à « Too much information », sorte de salsa pour
paraplégiques tellement ça groove pas … Un titre (« Hungry for you »)
est chanté dans un français de contrebande qui te force à essayer de comprendre
quelque chose à ta propre langue dans la lignée du « Heroes » de
Bowie ou du « Song for Europe » de Roxy Music. Un autre,
« Demolition man », fera le bonheur ( ? ) de Grace Jones, grande
artiste rock comme chacun sait … Et pour en terminer avec ce piètre catalogue,
« Omegaman » sera quasiment recopié pour le disque suivant où il
s’appellera « Synchronicity Part II » …
Ce « Ghost … » signe de fait la fin de
Police, officiellement pour cause de « divergences artistiques », en
fait parce que Sting commence à prendre le melon et que ça gave Copeland et
Summers. Mais … quels sont ces cris d’orfraie que j’entends ? Police
aurait sorti un autre disque après celui-ci, et il s’appellerait
« Synchronicity » ? Oui, je sais, mais
« Synchronicity » n’a plus rien à voir avec le Police des débuts,
c’est encore plus que les précédents un disque solo de Sting … C’est con, s’il
l’avait paraître sous son nom, ça aurait été son meilleur … parce que la
carrière solo de Sting, je vous dis pas …
Enfin, si, je vous dirai peut-être un jour … Des mêmes sur ce blog :
Ouais, flinguez-les tous, dans le tas y’aura forcément
les bons … les responsables de cette mascarade sonore parue sous l’intitulé
Beatles. Bon, soyons clair, j’en ai rien à foutre des Beatles. Z’ont
suffisamment de fans béats all around the world pour trouver des armées
d’avocats prêts à défendre ce « Free as a bird », ils peuvent se
passer de moi...
Et à propos d’armées d’avocats, j’aimerais savoir combien
ont été mobilisés, combien de tomes de contrats léonins ont été nécessaires
avant que paraisse … cette chose.
Pensez, mettre sur le marché UN titre inédit des Beatles,
le plus grand groupe du monde etc etc …
Faut choisir, après consultation de plusieurs mages et marabouts
réputés, lecture dans de la tripaille de volaille, du sang de mouton et
observation du vol des autruches l’instant propice. Le moment retenu sera donc
avant les fêtes de Noël (le disque qui sent le sapin à mettre sous le sapin),
au vague prétexte que tout, tout, tout sur les Beatles va être disponible (les
très inutiles coffrets « Anthology » que même Laurent Voulzy a pas dû
écouter plus d’une fois). Et là, miracle, Tata Yoyo Ono retrouve une K7 sur
laquelle son mec, le totalement mort John Lennon, avait enregistré un soir de
cuite ou de déprime une mélodie à deux balles sur un puissant concept
philosophique (« Free as a bird », tu la sens la puissance, hein, tu
la sens la puissance de la métaphore ?). La veuve noire du binoclard (elle
est créditée nulle part sur le Cd 2 titres, qu’est-ce qu’ils ont du casquer
pour que son blaze soit pas écrit en gros !) donne généreusement la K7
(combien vous l’avez raquée, EMI, ça doit faire cher le kilo de dioxyde de
chrome) au label des Beatles. EMI en parle aux survivants (enfin, à leurs
avocats), et ô miracle, tous ces gens qui se détestent assez furieusement
décident que oui, juste pour la beauté du geste et celle de l’art, les trois
non-morts vont ensemble (hum, vraiment ensemble ?) travailler cette
ébauche foireuse du Dakota man pour en faire, 25 ans après la dissolution, un
nouveau titre des Beatles.
McCartney, Starr, Lynne, Harrison : les quatre pas très fabuleux ...
Sir George Martin, le producteur historique des Quatre
quand ils étaient dans le vent, ne peut malheureusement pas participer.
Officiellement, parce qu’il est quasiment sourd. En fait, il a dû un peu
écouter la version brute de « Free … » et taper en touche, parce que
le soi-disant sourd passera plus tard des années à remixer les bandes des
Beatles pour l’édition remastérisée de l’intégrale en 2009. On réquisitionne
alors son second de l’époque, Geoff Emerick, ingé-son attitré des studios Abbey
Road dans les sixties. Mais pour que la fête (ricanements) soit complète, quelque gros cigare a la lumineuse
idée de faire chapeauter l’opération par le énième cinquième Beatles, fan
number one du quatuor, le sieur Jeff Lynne des absolutely pénibles ELO,
producteur de trucs de vieux pour un public de vieux (les Traveling Wilburys)
ayant à cette époque le vent du succès en poupe. Résultat des courses :
« Free as a bird » sonne comme un titre d’ELO, certainement pas comme
un titre des Beatles. Des rumeurs prétendent même que perdant tout sens de la
mesure et de la réalité, le perfide Lynne aurait profité de l’occasion pour
glisser sa voix dans les chœurs, assouvissant ce qui était pour lui l’ultime fantasme :
faire partie des Beatles. Je sais pas si c’est vrai et si les trois autres s’en
sont aperçu …
Faut dire qu’ils donnent l’impression de s’en foutre
comme c’est pas permis, Macca, Ringo et Harrison. Quoi que ce dernier fasse
l’effort de jouer une partie de slide point trop honteuse, quasiment concernée.
Mais les deux autres, ils se hissent péniblement au niveau de la démo de
Lennon, totalement en roue libre. Faut dire que le niveau affligeant de la base
sur laquelle ils travaillent doit pas trop les motiver.
La version (l’aversion ?) du single comprend une
autre merveille digne du niveau des années 90, un chant de Noël raclure de
fonds de tiroir, enregistré à l’occasion pour un 45T à destination exclusive du
fan-club il me semble bien (ça faisait partie des avantages du club des
supporters des Fab Four dans les sixties, eux mais aussi plein d’autres étant
coutumiers du (mé)fait à cette époque-là). Ce « Xmas time (is here
again) » est basé sur une mélodie riche de bien trois notes, et les lyrics
doivent contenir au moins quinze syllabes. Bon, c’était pour le fan-club en
1967, fallait pas non plus s’attendre à quelque chose du niveau de « Penny
Lane »…
Remarquez, le fan-club de 1995 est pas plus exigeant. Y’a
plein de gens qui l’ont trouvé très bien, ce disque à deux titres …
Des mêmes sur ce blog :