Les survivants ...
Le propre d’un groupe punk, c’est de venir faire quelques
tours de piste dans le grand rollercoaster du monde musical, et puis de
disparaître. Et pour que la légende soit parfaite, plus les gars sont mauvais,
crétins, défoncés, et moins ils durent, plus leur nom s’écrira en lettres d’or
au frontispice du binaire, avec l’indiscutable « crédibilité ». Les
exemples ne manquent pas.
Les Damned doivent être l’exception qui confirme la
règle. Premiers punks anglais à avoir publié un 33T, ils sont encore actifs
aujourd’hui, tournant et publiant des disques régulièrement. Mauvais, mais pas
tant que çà ou pas plus que d’autres à leurs débuts, ils l’étaient et en étaient
logiquement fiers. Crétins, ils ont tout fait pour, multipliant les blagues
( ? ) à base de crachats, urine et autres matières fécales. Défoncés, cela
va de soi. Et bizarrement, leurs premiers disques, sont parmi ceux de l’époque,
ceux qui ont le mieux supporté l’épreuve du temps.
Certes, sur la durée, les bifurcations, voire les
revirements artistiques ont été nombreux, et il n’est pas rare de trouver sur
leurs disques récents des morceaux d’un quart d’heure, ayant plus à voir avec
le prog qu’avec le fracas sexpistolien. Cette compilation, la première parue
après quatre albums, est concentrée sur la période punk stricto senso du
groupe, laissant juste apparaître les prémisses de leur épisode gothique du
début des années 80.
La formation originale: Sensible, Vanian, James, Scabies |
Cet assemblage humain bizarre et hétéroclite, un
guitariste (Brian James, parti après deux disques) fan de Johnny Thunders et
donc quelque part un peu de Keith Richards, un batteur efficace (Rat Scabies)
qui finira chercheur de trésors cathares, un bassiste (Captain Sensible) adepte
du port du tutu et ne reculant devant rien pour amplifier son aspect potache
alors qu’il s’est révélé être le ciment et le point d’articulation du groupe,
un très bon chanteur (Dave Vanian), au visage tartiné de fond de teint livide
et tout de noir vêtu, réussira cependant à publier des premiers disques d’une
rare homogénéité, et fait assez rare pour l’époque et le genre, assez aboutis
musicalement.
Cette compile débute fort logiquement par les deux
titres les plus emblématiques des débuts du groupe, leurs deux premiers 45T,
« New Rose » et « Neat neat neat », piliers de toutes les
compilations thématiques consacrées au punk anglais made in 77. Anecdote plus
que connue mais qu’il est bon de rappeler, le titre « New Rose »
servira de nom de baptême à un label français du même nom, très en vue dans les
années 80, et sorte de Radeau de la Méduse des punks ou assimilés à la
recherche d’un second souffle …
Après les deux titres « historiques »,
cette compilation enchaîne les autres titres marquants du groupe, permettant de
découvrir ou redécouvrir un répertoire qui surprend par sa qualité, avec un son
pas si daté que çà, et des compositions qui ont plutôt bien vieilli et qui témoignent
d’un talent mélodique indiscutable. Car oui, très vite, les Damned ont appris à
jouer et à composer, capables d’oser les longues intro avant l’explosion
power-pop (« Smash it up »), rajoutant toujours une mélodie dans le
tempo supersonique envoyé dans ta face (« Love song », « Disco
man »), effectuant une embardée vers le rock qu’on appellera
« héroïque » (« I just can’t be happy today », « Dozen
girls ») qui vaut bien ce qu’on trouvait sur les premiers U2 ou Killing
Joke, titillant les ambiances gothiques vers lesquelles les Damned
s’aventureront résolument dans les 80’s (le rigide « Lively acts »,
« The history of the world », très mauvais avec ses relents ska).
D’autres fois, les Damned poussent la potacherie un peu trop loin, en livrant
par exemple une mauvaise version de « White rabbit » (des punks qui
reprennent l’hymne hippy du Jefferson Airplane, et même pas de façon
drolatique, au contraire, y’a quelque chose qui m’échappe là…).
Au final, même si le groupe connaîtra également dans
les années suivantes les honneurs des hit-parades, cette compilation de leurs
premières et selon moi meilleures années, est une bonne porte d’entée et un bon
résumé du groupe punk le plus vieux du monde …
Damn...
RépondreSupprimerIl paraît qu'il y a un affichage de pages de pub sur le blog ...
RépondreSupprimerPerso je vois rien ...
Quelqu'un peut-il confirmer ?
Je ne vois pas de pub...
Supprimer(Jany)
Moi je ne vois rien.
RépondreSupprimerOK merci, ça vient donc de ma bécane...
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