LES NEGRESSES VERTES - MLAH (1988)


Tout va bien ...

… Puisque paraît-il c’est la traduction du titre en arabe de leur premier disque. Et ma foi, ça ne correspond pas trop mal à cette forme d’optimisme et de légèreté qui semble parcourir la musique des Négresses Vertes. Cette … famille nombreuse de bateleurs venue du milieu « alternatif » comme on disait à l’époque, va remettre au goût du jour toute une tranche du patrimoine culturel français, mais pas seulement,  tombée quelque peu en désuétude.

On retrouve chez les Négresses un peu du swing du jazz ringard de Ray Ventura, un peu de la poésie simple et décalée de Trenet, un peu de la chanson réaliste française (Damia, Fréhel), de la gouaille des titis parisiens, de la morgue des Apaches, et tous ces flonflons des bals des pompiers du 14 Juillet. Le tout mêlé à des sonorités empruntant aux folklores des deux côtés de la Méditerranée, Balkans, péninsule ibérique, Afrique du Nord … Un vaste fourre-tout, déjà esquissé à des degrés divers par les contemporains Rita Mitsouko, Bérurier Noir, Pigalle, Mano Negra…

Marchands de tapis ? De soupe ?
Les Négresses, c’est au départ la crédibilité en béton armé, notamment grâce à leur chanteur et figure de proue Helno, un ex de la raya Béru, la signature sur un label indépendant (Off The Track). Tout pour faire un succès d’estime. Seulement, et contre à peu près toute attente, c’est le succès grand public sera au rendez-vous, dans le sillage du drolatique « Zobi la Mouche » et du guilleret « Voilà l’été ».

Alors, à ce stade, il y a deux façons de voir les choses. Soit on applaudit, ouais, les losers, les sans-grade, sans le soutien de l’artillerie lourde du music-business, qui vendent du disque, font les prime time à la télé, et qui viennent faire la nique au système, toute cette sorte de choses…

Ou alors, on se dit que les Négresses Vertes ont ouvert avec leurs accordéons et leurs bouzoukis toute la putain de Boîte de Pandore et on pense à toute leur descendance, tous ces groupes de java-punk minables, en bermudas et Doc Martens, qui me les brisent menu dans des raouts champêtres sentant la merguez et la bière tiède, tous ces pseudo chanteurs réalistes, qui ne chantent pas bien et sont déconnectés de toute réalité … 

Le choix, à cette époque-là, il était là, soit continuer raide dans ses boots et crever la dalle avec dignité comme l’ont fait par exemple les Bérus, Parabellum, les Ludwig et tant d’autres, avant de crever tout court, soit la jouer prétendu second degré et courir les émissions de Drucker, Foucault et Sabatier comme l’a fait la tribu Mellino …

Tout va bien … tu parles … allez, cassez-vous avec vos accordéons, laissez ça à Giscard et Yvette Horner, et envoyez plutôt un gros riff distordu à la Chuck Berry sur une gratte pourrie. Vous passerez peut-être pas à la télé ou à la radio, … mais vous aurez mon estime.


5 commentaires:

  1. Je fais partie du second courant de pensée. J'ai jamais pu encaisser tout ce rock "alternatif" festif. Ni musicalement, ni esthétiquement, et alors encore moins toute la vague néo-réaliste qui a suivi, une horreur, un truc bien réac dans le fond. Tout ça pour finir par se coletiner Louise Attaque et leur chanteur tout pourri.
    Moi ce que j'en retiens de tout ça, c'est le sktech génial des Inconnus, avec "C'est toi que je t'aime". Ca tapait pil poil où il fallait.

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  2. Quant au titre de l'album, ils auraient du l'appeler "Blah".

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  3. Je confirme. Rien de pire que ces groupes français/"alternatifs"/festifs/"concernés"/à tendance régionalistes/adeptes du métissage...

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