Pour dépasser les têtes d'affiche ...
Il y en a pour qui le reggae s’arrête à « Could you
be loved » de Marley, « Reggae night » de Jimmy Cliff, ou pire,
« Stand the ghetto » de Lavilliers. Ceux là sont bien à plaindre, les
pôvres … Dans un élan de générosité et de mansuétude peu habituels, Lester
Gangbangs va initier ses milliers de lecteurs à quelques éclats sonores
jamaïcains, qui bien que peu connus du profane, ont apporté leur pierre à
l’édification de la musique la plus cool du monde civilisé …
Un petit rappel des faits … aux débuts étaient le ska et
le rock steady, musiques jamaïcaines, déformations locales des standards soul
ou pop anglo-saxons. La musique jamaïcaine était une affaire de chanteurs ou de
formations vocales. Les débuts du business musical (les premiers studios et
sound systems, les premiers dubs sur lesquels s’escrimaient les toasters,
respectivement ancêtres des remixes et des rappeurs), le
« durcissement » idéologique et religieux (les premiers
« rastas » des campagnes, les « rude boys » des quartiers
les plus mal famés de Kingston, Trenchtown en particulier), et l’arrivée des
multinationales du disque (premier à rafler la mise, Chris Blackwell, Jamaïcain
exilé en Angleterre, patron de Island Records, et qui signera Bob Marley, ou
plus exactement son trio vocal les Wailers, pas forcément à ce moment le plus
connu de l’île), vont installer au milieu des années 70 le reggae comme une
musique diffusée mondialement, et qui générera avec Marley la première ( et la
dernière ?) star globale venue du « Tiers-Monde ».
Comme beaucoup d’autres genres ou sous-genres musicaux
(on peut établir beaucoup de parallèles avec le rap ou les musiques
électroniques), le reggae sera une affaire de labels. A Island les stars, à
Trojan tout le « patrimoine » historique des années 60, à Virgin
(comme Island un label basé en Angleterre, la communauté jamaïcaine y étant
nombreuse) les seconds couteaux qui selon la formule consacrée, auraient mérité
meilleur sort.
Cette compilation, « Beyond the front line », est un
florilège de quelques artistes signés par Front Line, sous-division de Virgin.
Les titres sont issus des années 70, et correspondent à l’âge d’or (du moins
commercial, artistiquement, ce serait plutôt la fin des années 60) du reggae.
Sur les quatorze titres, alternent formations vocales (Gladiators, Mighty Diamonds,
Twinkle Brothers), figures de proue du dub (Prince Far I, Big Youth, U-Roy qui
se taille la part du lion avec trois titres), un morceau de Culture, seul
« très grand » groupe de cette compilation, deux de la star du
lover’s rock (où croyez-vous que les Clash allaient pêcher leurs titres de
morceaux) Gregory Isaacs, plus la présence des rude boys (les rudies en argot,
cf « Rudie can’t fail » des … Clash) Johnny Clarke, Keith Hudson, Delroy Washington.
Il y a du hit certifié, « Civilization » de Keith
Hudson, « Behold » de Culture (même si on aurait préféré le plus
connu « Two seven clash »), « Wear you to the ball » de
U-Roy (dont UB40 feront un encore plus gros hit en le reprenant sur
« Labour of love II »), … Mais pas seulement, cette compilation intelligente
s’attachant surtout à mettre bien en évidence les grands courants du reggae
seventies, et pas seulement le « classic reggae » copyright Marley.
Il y aurait des anecdotes à raconter sur chaque titre,
chaque interprète … le reggae est une musique où le « vécu » tient
une part prépondérante, le tout saupoudré quelquefois d’un étrange mysticisme
pour les rastafariens purs et durs. La plupart des gens présents sur ce disque
viennent du lumpenprolétariat de l’île, et sous des airs faussement cool, cachent
un monde de danger et de violence. Peu de reggaemen meurent dans leur lit, et
leur vie pourrait fournir bien de la matière à des scénaristes en panne
d’inspiration.
Allez pour la route, quelques mots sur Gregory Isaacs,
mort en 2010 d’un cancer. Il s’est autoproclamé séducteur number one de la
Jamaïque, a revendiqué des milliers de conquêtes féminines, a consommé des
tonnes de cocaïne. Il aurait participé à l’enregistrement de plus de 500
disques (sous son nom ou comme choriste), et la plupart des séances avec juste
comme objectif de se fournir sa dose quotidienne de poudres blanches… Et malgré
cette hygiène de vie apocalyptique, il a gardé pratiquement jusqu’à la fin de
ses jours cette voix de miel qui faisait littéralement fondre les filles.
Déjà vu, y'a pas longtemps en plus. Une panne d'inspiration ?
RépondreSupprimerBon, ça va, ça va ... c'est dimanche ....
RépondreSupprimerEt alors ? Ouah l'excuse... C'est les soldes et presque tout est ouvert aujourd'hui...
RépondreSupprimerC'est un com en solde ...
SupprimerPour moi le reggea s'arrête à "Ne pas appuyer sur lecture".
RépondreSupprimerBon, t'as reçu de la bonne ou quoi, cousin ?
tu sais pas de quoi tu te prives ... non, non, je parle pas de la beuze ...
SupprimerIl est déjà une heure du mat' ? 'tain, je vais me coucher...
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