Tant qu’à causer films, autant
commencer par un de mauvais, ça ne pourra aller qu’en s’améliorant. Même s’il
n’est pas franchement atroce, « Good morning Vietnam », est loin
d’être un chef-d’œuvre du 7ème art.
Le sujet était soi-disant
sulfureux, basé sur l’histoire réelle (mais très fortement retouchée dans le
scénario) d’Adrian Cronauer, DJ de la station de radio de l’armée américaine au
Vietnam au milieu des années 60. Précédé avant sa sortie en salles d’une
réputation surfaite de 1ère comédie iconoclaste sur le conflit
vietnamien, ce n’est qu’une gentille pelloche avec en filigrane une romance à
l’eau de rose entre l’animateur radio et une jeune beauté locale.
On est loin de la destruction par
le rire de la guerre de Corée signée Altman avec « M.A.S.H. », et
comme « Good morning Vietnam » n’est pas un film « de
guerre » sur le Vietnam, on évitera les comparaisons forcément très désavantageuses avec
quelques classiques signés Cimino, Coppola ou Kubrick …
Faut dire qu’à la réalisation on
a un centriste de la caméra, Barry Levinson, yesman des studios hollywoodiens,
qui ne réussira même pas à faire un chef-d’œuvre avec Cruise et Hoffman au
casting (« Rain man »). Le rôle principal dans « Good morning
Vietnam » est tenu par le peu connu à l’époque Robin Williams, venu du
comique télévisuel, et qui ensuite sera tête d'affiche dans de mauvais films et au second plan dans de bons films …
L’intrigue est aussi mince que le
string d’une bimbo dans une production Marc Dorcel. Adrian Cronauer, DJ et animateur réputé
des bases militaires US, est affecté à Saïgon en 1965 pour remonter le moral des
troupes américaines dans un conflit qui commence à s’enliser. Il va
s’amouracher platoniquement de la sœur d’un « terroriste » vietcong,
sur fond de démêlés avec sa hiérarchie militaire, à cause de son sens de
l’humour diversement perçu…
Le film est entièrement centré sur
la performance de Williams, ses fameux « Good Mooooorning Vietnam »
et quelques monologues comiques débités sur le mode supersonique. Ce qui pose
d’entrée une des grosses limites du film, les vannes peut-être bien vues en
anglais, ne sont pas forcément traduisibles en français, flagrant quand on
visionne le film en V.O. sous-titrée … quand à le voir sans sous-titres, why
not, mais ça va beaucoup trop vite pour moi. D’ailleurs, c’est dit dans les
bonus du DVD, le film a été tourné en Thaïlande avec une équipe cosmopolite, et
à la fin des prises, quelquefois totalement improvisées de Williams, seuls les
Américains avaient le fou rire, et toutes les autres nationalités se
demandaient ce qui se passait … Vanner la laideur de la femme et des filles de
Lyndon Johnson, c’est peut-être très marrant, mais encore faut-il savoir qui il
est (à la limite, çà, on devrait savoir, c’est celui qui a succédé à Kennedy)
et à quoi ressemble sa famille …
Tous les personnages sont
stéréotypés outrancièrement comme ceux d’une sitcom (les supérieurs militaires, Denzel
Washington en niais balourd dans un de
ses premiers rôles, le patron de bar homo, …). Plus grave et plus politiquement
tendancieux est l’image donnée des Vietnamiens, doux crétins toujours prêts à
rire des vannes de Williams-Cronauer, et qui alors que leur pays est occupé par
une armée étrangère, se bousculent pour prendre des cours d’argot du Queens, ou
jouer au base-ball avec des melons locaux… Il y a fort à parier que les vraies
préoccupations des autochtones étaient ailleurs…Et ceux qui ne rigolent pas
sont, forcément, des terroristes, voir le dialogue vers la fin entre
Williams et le jeune militant vietcong, à peu près la seule séquence plausible
du film, qui montre bien l’incompréhension totale entre les deux mondes qui s’affrontent…
Levinson nous sert une mise en
scène d’une platitude terminale (multipliant les plans fixes sur Robin
Williams), gâchant le budget de la production par d’inutiles séquences de
bombardements d’un village et la vision d’une base américaine dans la jungle
n’ayant aucun rapport avec l’intrigue du film, le tout sous la musique de
« Wonderful world » de Louis Armstrong …
Tiens, la musique, justement,
puisque Cronauer était DJ … là, c’est du bon, soul et rock du début des années
60. C’est d’ailleurs à peu près tout ce qu’il y a de bon dans ce film …
Faites l'amour, pas la guerre...
RépondreSupprimer"Tant qu’à causer films, autant commencer par un de mauvais, ça ne pourra aller qu’en s’améliorant"
Ah bon, parce que tu sais aussi faire des coms positifs ? Pas remarqué. Mais bon, pour une fois que tu dis du bien d'un DJ, je vais pas me plaindre. Et félicitations pour ce premier com cinématographique ;-)
'tain, une première chro sur un film, et il nous namedrope Marc Dorcel... Y a des strings chez Dorcel ? J'avais pas remarqué...
RépondreSupprimerMais si François, je fais plein de coms positifs ... mais c'est des trucs de vieux, tu dois pas les lire ... le prochain sur un film (l'an prochain ?) sera très positif ...
RépondreSupprimerJe vois qu'on a affaire à un spécialiste, Del ...
C'est Red le spécialiste, moi je pose des questions de candide.
RépondreSupprimerOn me fait une de ces réputations, j'vous jure...
RépondreSupprimerJe préfère Good Morning England. M'en souviens carrément plus de G M Vietnam, donc aucun traumatisme...
RépondreSupprimerJ'avais bien aimé Rain Man. HO-ho... Depuis j'appelle toujours un collègue Raymond "Rain Man"...l'a toujours pas compris...
Originale ta nouvelle rubrique "e-Bay direct"!
Ça y est, j'ai pigé! Suffit de rajouter 9h et on a la bonne heure. Ça me déstabilise, j'aime bien quand tout est bien rangé comme disait Desproges...
RépondreSupprimerDel et Red, vous êtes trop modestes, c'est tout à votre honneur ...
RépondreSupprimerRain man, c'est quand même beaucoup mieux que GM Vietnam ...
GM England, pas vu ... c'est le film sur Radio Caroline ?