Ni Ute ni soumise, Lemper est sans reproche
Bon, autant être clair. Elle aurait le physique de, au hasard, Juliette, j’aurais jamais écouté ses disques. D’ailleurs, elle avait beau être aussi troublante avec son look longiligne et glacial que Garbo dans la « Reine Christine », j’en avais écouté aucun. Juste je l’avais aperçue quelques fois à la grande époque de Nulle Part Ailleurs parce que De Caunes qui en était dingo de la belle Ute, l’invitait plus souvent que de raison à venir chanter en direct un de ses machins cabaret berlinois triste.
Jusqu’à ce que je tombe un jour dans un magasin de disques (à l’époque où il y avait des magasins de disques, avant qu’on télécharge du mp3 gratos sur Rapidshare ou Megaupload) sur cette pochette, avec sous son nom à elle, plein de gens dont j’aimais bien les disques. Un disque de reprises donc. Mais pas des trucs très connus ou convenus, pas les têtes de gondole des catalogues de Cave, Waits, Costello, Hannon et consorts…
Deux remarques préalables. Primo, Ute Lemper chante bien, ce qui est loin d’être le cas de toutes celles (et aussi tous ceux) que l’on pose derrière un micro. Deuxio, tous les accompagnements sur ce disque sur essentiellement à base de musique dite « classique » et s’éloignent donc pour la plupart des versions originales. Il n’empêche qu’un bon titre, et ces gens-là en ont écrits de pas dégueus, même joué au kazoo, ça reste un bon titrre.
Le tout est supervisé par Neil Hannon, conducator de Divine Comedy, qui s’offre même deux duos avec la belle, le lentissime « Tango ballad » de l’antique Kurt Weill, et son propre « Split », titre très pop, dans une veine anglaise Squeeze – Costello.
Costello … Tiens, puisqu’on en parle. De lui sont repris « Passionate fight », style variété haut de gamme avec arrangements luxuriants, et le « Punishing kiss » qui donne son titre au Cd, qui lui, a juste le défaut d’être vers la fin du disque et de nous offrir une version toute en pathos et baroque décadent, qui arrive après quelques autres morceaux du même tonneau et donc marque moins les esprits. Et parce que c’est ce genre de choses que finalement, on attendait d’Ute Lemper, les titres traités de façon « prévisible » sont les plus anodins. Il n’y en a pas beaucoup, heureusement.
Par contre, qu’arrive une grande mélodie, des arrangements plus réussis, ou une grosse performance vocale, et obligatoirement, on tombe sous le charme … comment résister à « Little water song» (Nick Cave) et « The case continues » de Divine Comedy qui ouvrent le disque ? Impossible de ne pas être séduit par la relecture de « Couldn’t you keep … » de Costello, ou des « Streets of Berlin » de la surprise du générique Philip Glass, plus connu pour sa musique sérielle et répétitive.
Meilleur titre du Cd, le « Purple Avenue » de Tom Waits, pour lequel évidemment l’atmosphère baroque convient parfaitement.
Curiosité, le « Scope J » du « difficile » Scott Walker, qui multiplie sur plus de dix minutes quantité de séquences et d’ambiances, pour un résultat évoquant parfois … Björk (musicalement, parce que pour le reste, hein, y’a pas photo avec le petit boudin islandais…). Beau numéro vocal d’Ute Lemper sur ce titre très expérimental, comme d’ailleurs pas mal de productions de l’ancien Walker Brothers.
Bon, promis, un jour j’écouterai Juliette …
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