216 fauteuils cassés pendant les 3 nuits ...
C’est ce qu’il y a écrit sur la pochette, preuve
photographique à l’appui … et ça en dit long, bien long, sur l’état du rock
français à l’époque… être « obligé » de saccager l’Olympia pour faire
parler de soi.
Parce que sinon, les punks français … hum, on peut
pas dire que le monde entier nous les ait enviés et qu’ils sont souvent cités
de nos jours (sauf quelques fois Metal Urbain, par des groupes noisy ou
hardcore américains). D’ailleurs même si la légende savamment entretenue par
quelques-uns fait état d’un vaste mouvement punk hexagonal, elle englobe des
gens qui n’ont rien ou pas grand-chose à voir entre eux, contrairement à la
scène punk londonienne ou new-yorkaise.
Stinky Toys |
Il y a d’ailleurs dans le livret une déclaration
assez édifiante, honnête et réaliste de Jacno, sur ces soirées à l’Olympia, qui
met l’accent sur le fait que les différents groupes « ne s’aiment
pas », et que jalousies mesquines et attitudes méprisantes entre Parisiens
et provinciaux, entre groupes signés sur un label ou non, sont monnaie
courante. En fait sous le terme « punk » sont répertoriés des gens qui
n’ont comme seul point commun que de se lancer dans la musique circa 77, avec
leurs propres moyens et à l’arrache. L’esprit « do it yourself » doit
être le seul dénominateur commun aux
groupes présents ici, au moins à leurs débuts, aucun n’étant né avec une
cuillère d’argent gentiment tendue par les majors ou le show-biz.
A leur décharge, les groupes « made in
77 » arrivent dans un pays où le rock n’existe pas, ou sinon représenté par le
prog champêtre de Ange, ce qui revient au même …
Asphalt Jungle |
Les hostilités sont ouvertes, en tout cas sur le Cd,
par les Lyonnais de Marie et les Garçons (Marie est la batteuse du groupe),
sous forte influence américaine Televison – Talking Heads, et qui recueillent
les sifflets du public (le public punk parisien de l’époque manquerait-il
d’humour ?) lorsqu’à la fin de leur titre, ils embrayent sur une reprise
de « Macho man » des Village People. Les Stinky Toys sont eux
totalement dans « l’esprit », autour de Jacno et d’une Elli (pas
encore Medeiros) qui chante faux comme ça devrait pas être permis. Mais c’est
très bien … Un autre qui chante aussi très faux c’est Patrick Eudeline, et
son « classique » « Asphalt Jungle » avec le groupe du même
nom qui n’oublie pas de se prendre pour Johnny Thunders et ses Heartbreakers.
Punk attitude irréprochable, intérêt musical très anecdotique … C’est pas les
seuls à avoir un intérêt musical anecdotique … Diesel auraient été rouges de
honte si on leur avait dit que leur truc, c’est juste du classic rock tendance
heavy blues ; les Lou’s, rien que des filles, difficile d’en dire du mal
sans se faire traiter de sexisme ou de machisme, donc motus et bouche
cousue ; Starshooter, qui ne vaut que pour quelques 45T rigolos, confirme
avec un de ses classiques dispensables (« 35 Tonnes ») que s’ils
savent à peu près jouer correctement, ce n’est que du rock très mainstream.
En fait, en plus des Stinky Toys, les trois autres
vrais bons de cette compilation sont pour moi Bijou (pas exactement des punks),
précis, carrés et très énergiques qui boostent « OK Carole », et
réussissent même à se faire ovationner avec un instrumental pourtant technique
bien que très énergique. Les banlieusards parisiens sont très nettement
au-dessus du lot, et pas par hasard, ils feront aussi un triomphe aux deux
festivals punks de Mont-de-Marsan en 77 et 78. Les Lyonnais d’Electric Callas
s’en sortent plutôt bien avec une version ralentie et originale du classique
des Stooges « I wanna be your dog ». Egalement sur le podium les
Parisiens de Guilty Razors, avec son chanteur au phrasé arrogant et méprisant,
pour un titre titubant mais au moins parfaitement dans l’esprit …
Cette compilation est parue en 1978, et rééditée en
Cd en 1999 sur le label Jurassic Punk (bonne vanne !). Totalement fidèle
au 33T initial, c’est-à-dire sans bonus et en conservant le son pourri (on
dirait que c’est enregistré avec un dictaphone dans la rue devant l’Olympia).
En fait c’est pas un disque pour les amateurs de musique, c’est un disque pour
les amateurs de rock, ce qui n’est pas exactement la même chose …
De "vrais musiciens", ces punks... Quelle assimilation du solfège, quelle "tèkeuniqueu" ! :)
RépondreSupprimerLa technique en musique, ça sert à faire du jazz-rock ou du prog ... faut pas trop s'en occuper ...
RépondreSupprimerJ'aime bien la minirobe d'Elli... pour le reste, le punk français... j'avais acheté un exemplaire de Rock'n Folk spécial punk il y a dix ans (c'est ça, foutez-vous de ma gueule), la chapitre consacré au punk français était une branlée de souvenirs d'anciens combattants qui parlaient pas beaucoup de musique... Eudeline, pas moins clichtonneux que les yéyés qui parodiaient les rockabilly quoi, hein ?
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