THE DAMNED - THE BEST OF (1981)


Les survivants ...

Le propre d’un groupe punk, c’est de venir faire quelques tours de piste dans le grand rollercoaster du monde musical, et puis de disparaître. Et pour que la légende soit parfaite, plus les gars sont mauvais, crétins, défoncés, et moins ils durent, plus leur nom s’écrira en lettres d’or au frontispice du binaire, avec l’indiscutable « crédibilité ». Les exemples ne manquent pas.
Les Damned doivent être l’exception qui confirme la règle. Premiers punks anglais à avoir publié un 33T, ils sont encore actifs aujourd’hui, tournant et publiant des disques régulièrement. Mauvais, mais pas tant que çà ou pas plus que d’autres à leurs débuts, ils l’étaient et en étaient logiquement fiers. Crétins, ils ont tout fait pour, multipliant les blagues ( ? ) à base de crachats, urine et autres matières fécales. Défoncés, cela va de soi. Et bizarrement, leurs premiers disques, sont parmi ceux de l’époque, ceux qui ont le mieux supporté l’épreuve du temps.
Certes, sur la durée, les bifurcations, voire les revirements artistiques ont été nombreux, et il n’est pas rare de trouver sur leurs disques récents des morceaux d’un quart d’heure, ayant plus à voir avec le prog qu’avec le fracas sexpistolien. Cette compilation, la première parue après quatre albums, est concentrée sur la période punk stricto senso du groupe, laissant juste apparaître les prémisses de leur épisode gothique du début des années 80.
La formation originale: Sensible, Vanian, James, Scabies
Cet assemblage humain bizarre et hétéroclite, un guitariste (Brian James, parti après deux disques) fan de Johnny Thunders et donc quelque part un peu de Keith Richards, un batteur efficace (Rat Scabies) qui finira chercheur de trésors cathares, un bassiste (Captain Sensible) adepte du port du tutu et ne reculant devant rien pour amplifier son aspect potache alors qu’il s’est révélé être le ciment et le point d’articulation du groupe, un très bon chanteur (Dave Vanian), au visage tartiné de fond de teint livide et tout de noir vêtu, réussira cependant à publier des premiers disques d’une rare homogénéité, et fait assez rare pour l’époque et le genre, assez aboutis musicalement.
Cette compile débute fort logiquement par les deux titres les plus emblématiques des débuts du groupe, leurs deux premiers 45T, « New Rose » et « Neat neat neat », piliers de toutes les compilations thématiques consacrées au punk anglais made in 77. Anecdote plus que connue mais qu’il est bon de rappeler, le titre « New Rose » servira de nom de baptême à un label français du même nom, très en vue dans les années 80, et sorte de Radeau de la Méduse des punks ou assimilés à la recherche d’un second souffle …
Après les deux titres « historiques », cette compilation enchaîne les autres titres marquants du groupe, permettant de découvrir ou redécouvrir un répertoire qui surprend par sa qualité, avec un son pas si daté que çà, et des compositions qui ont plutôt bien vieilli et qui témoignent d’un talent mélodique indiscutable. Car oui, très vite, les Damned ont appris à jouer et à composer, capables d’oser les longues intro avant l’explosion power-pop (« Smash it up »), rajoutant toujours une mélodie dans le tempo supersonique envoyé dans ta face (« Love song », « Disco man »), effectuant une embardée vers le rock qu’on appellera « héroïque » (« I just can’t be happy today », « Dozen girls ») qui vaut bien ce qu’on trouvait sur les premiers U2 ou Killing Joke, titillant les ambiances gothiques vers lesquelles les Damned s’aventureront résolument dans les 80’s (le rigide « Lively acts », « The history of the world », très mauvais avec ses relents ska). D’autres fois, les Damned poussent la potacherie un peu trop loin, en livrant par exemple une mauvaise version de « White rabbit » (des punks qui reprennent l’hymne hippy du Jefferson Airplane, et même pas de façon drolatique, au contraire, y’a quelque chose qui m’échappe là…).
Au final, même si le groupe connaîtra également dans les années suivantes les honneurs des hit-parades, cette compilation de leurs premières et selon moi meilleures années, est une bonne porte d’entée et un bon résumé du groupe punk le plus vieux du monde …




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