Quelque peu oublié aujourd’hui, Stephen Stills était
au début des années 70 un des grands noms du rock ayant tour à tour fait partie
de Buffalo Springfield, Kooper – Bloomfield – Stills, Crosby Stills Nash (&
Young). Peut-être un petit problème d’ego, ce n’était pas forcément lui la star
dans tous ces groupes. Et donc à la première occase, en l’occurrence
l’implosion d’un CSN & Y en pleine gloire, Stills monte un projet mahousse,
un brin mégalo, un (what else) super-groupe.
Alors que la plupart de ces conglomérats de people
se limitaient généralement à un trio hyper technique (prototype : Cream),
Stills va mettre sur pied une équipe très étoffée, en s’adjoignant six
compagnons d’armes. Evidemment, lire le casting de la formation de Stills
aujourd’hui, à moins d’être un passionné de ces vieux sons pour grabataires,
n’est pas très parlant. Mais à l’époque, des gens comme Chris Hillman (Byrds
puis Flying Burrito Bros), Al Perkins (accompagnateur de Gram Parsons), Samuels
et Taylor (la section rythmique de CSN & Y), Joe Lala ou Paul Harris
(musiciens de sessions très cotés) avaient été de tous les bons coups
californiens et bénéficiaient d’une notoriété certaine.
« Manassas » sera un double vinyle, et
entend bien marquer son temps. Il y réussira, définissant les bases d’un rock
américain « West Coast », qui culminera quelques années plus tard
avec le succès (hold-up ?) des Eagles. On trouve dans cette musique un
retour aux sources (touches de country, bluegrass, blues, rock’n’roll …),
enrobé de guitares souvent furieuses (Stills est un excellent guitariste),
porté par de superbes harmonies vocales. Stills montre qu’il est en outre un
superbe compositeur tout-terrain (il signe seul pratiquement tous les titres),
avec les magnifiques mélodies pop de
« Both of us » et « It doesn’t matter ». Et comme il a traîné
suffisamment de temps avec Neil Young, ça laisse des traces, l’écriture est parfois similaire (« Hide it so
deep », « Colorado »).
Chaque face du vinyle original avait un titre (titre
de la dernière : « Rock and roll is here to stay », quand je
vous parlais de Neil Young …) et une couleur sonore plus ou moins homogène, et
le disque se terminait par un hommage (« Blues man ») aux premiers
héros du rock tombés guitare à la main : Jimi Hendrix (pote de jam de
Stills), Al Wilson de Canned Heat et Duane Allman.
Et même si aujourd’hui, on peut trouver à la longue dans « Manassas » quelques redites et quelques longueurs datées, il n’en
constitue pas moins la pièce maîtresse de l’œuvre de Stills et un des disques
de référence du rock californien des années 70. Si le terme avait existé à l’époque,
on dirait que c’est un grand disque d’americana.
Le « groupe » fera paraître un an plus
tard une suite (« Manassas down the road ») sans trop de conviction,
avant que trop d’egos au mètre carré conduisent à l’éclatement logique, chacun
s’en retournant avec plus ou moins de bonheur vaquer à ses projets solo …
Jamais écouté Stills en solo, ni même CSNY d'ailleurs. C'est bien, c'est agréable, c'est du West Coast, c'est vrai que ça sent Neil Young à plein nez parfois. J'ai toujours eu une mauvaise opinion à priori de lui parce que Stills c'était surtout le type qui tapait sur la petite Véro quand il était bourré. Mais bon, musicalement, y a rien à dire, rien de mal à en dire en tout cas. Pour des jours plus ensoleillés peut-être.
RépondreSupprimerIl avait des circonstances atténuantes ... t'imagines quand t'arrives bourré et que tu trouves la Sanson en train de travailler son vibrato, t'as forcément envie de lui en coller une pour qu'elle la ferme ...
RépondreSupprimerNon. Sanson c'était vachement bien. Fuck Stephen Stills.
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