Sortie de garage ?
Dans le monde merveilleux ( ? ) du rock garage, les Black Lips passaient déjà pour des gars pas très sérieux. Parce que dans cette chapelle aux codes sonores immuables, aux compteurs spatio-temporels bloqués sur la seconde moitié des années 60, certains gardiens du Temple fronçaient les sourcils, quand ils entendaient le groupe d’Atlanta se décrire comme « flower-punk », le voyaient se laisser aller à des extravagances vestimentaires saugrenues (pensez donc, ils ne s’habillent pas comme des motards en 1967), et au lieu des mines graves et sérieuses de mise à la ville comme à la scène, livrer des disques et des concerts plus drôles que ceux des Standells ou du Chocolate Watch Band en leur temps. L’excommunication méprisante semblait proche …
Alors, là pour le coup, les mêmes jésuites intégristes du binaire, ont failli en avaler leurs buvards d’acide et leurs Ray-Ban Aviator, et le net bruisse de leur indignation. Pensez, le nouveau Black Lips est produit par Mark Ronson, metteur en sons de la junkie chouchroutée Amy Winehouse qui vient de rejoindre Janis Joplin et les autres du club des auto-crucifiés à 27 ans, mais aussi de gens comme Lily Allen, Robbie Williams, Cristina Aguilera, Maroon 5 … on imagine la tête du fan de base du Brian Jonestown Massacre … L’objet incriminé s’appelle « Arabia Mountain », et parce qu’il faut choisir son camp, on va dire qu’il est très bien …
Certes, pas grand-monde va l’acheter et tout le monde l’aura sûrement oublié dans six mois, mais chaque fois qu’on le glissera dans le lecteur Cd, on a la certitude de passer un peu de bon temps. Qu’on ne voit pas filer, 16 titres pour les 40 syndicales minutes, ça va à toute berzingue, comme aurait dit Dutronc dont ils ont d’ailleurs repris le « Hippie Hippie Hourrah » sur disque et sur scène …
Le principe de base est simple, y’en a pas … On sent que ces gars-là ont mis des morceaux sur le disque parce qu’ils leurs plaisaient, qu’ils en étaient contents, et au diable les codes et le qu’en dira t-on … Des fois, c’est raté, le plus souvent c’est réussi. On navigue entre garage « classique » (« Mad dog », la tournerie très stoogienne « You keep on running »), power pop de haut niveau (« New direction », « Time », « Bicentenerial man »), influences 60’s évidentes (« Don’t mess my baby », « Go out and get it », cette dernière très Kinks, on jurerait une reprise, avec ses faux-airs de « David Watts »)… Il y a des moments qui ressemblent aux Ramones de « Pleasant dreams » (« Raw meat »), à d’autres ce sont les guitares qui carillonnent comme chez les Byrds ou Tom Petty (« Spidey’s curse »), il y a même un pastiche très réussi des Stones d’« Exile … », ça s’appelle « Dumpster dive » et ça ressemble à « Sweet Virginia », il y a de la pétillance radiophonique des Hives (« Family tree »), « Noc-a-Homa » pourrait être un petit hit sympa …
Et Ronson, là-dedans ? Il est paraît-il fan du groupe, et n’a pas trop forcé sur son côté producteur branché – tendance… A part une paire de titres un peu trop « voyants », son boulot est très intéressant, et propulse un genre que l’on croyait immuable vers des contrées plus « légères », respectant l’idiome de base, mettant bien en évidence des allusions aux Sonics par quelques beuglements de sax, rendant un hommage ( ? ) au quinzième degré à Roky Erickson en intégrant dans un titre non pas une cruche, mais un crâne ( ! ) électrique, prenant visiblement plaisir à décorer et enjoliver des titres qui à la base se devaient d’être coincés dans des carcans très stricts …
Ce « Arabia Mountain » est une bonne récré pour Les Blacks Lips, Ronson, et pour ceux qui l’écouteront. Que demande le peuple ?
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