BJÖRK - POST (1995)


Rain Woman

C’était au temps béni ( ? ) où elle était l’égérie des bobos branchouilles et de toute l’intelligentsia fashion, en gros tous ceux prompts à adôôôrer le dernier cataplasme sonore avant de s’extasier de son contraire. Et elle ne perdait pas une occasion de faire sentir sa « différence », l’Islande, ses fringues flashy de mauvais goût, ses braillements aigus, son côté autiste lunaire. Tout cela faisant sourire, quand on avait connu l’indie-rock et la babacoolerie de ses précédents Sugarcubes. Troupe de hippies partouzards et alcoolos, s’il faut en croire ce qu’ils racontaient à la presse.
Björk en tenue camouflage ...
Et puis, Björk s’est muée en elfe new age, créature asexuée aux propos de modernité abscons, défricheuse téméraire de la chose pop. Foutaises et savant plan marketing, jolie mécanique de com enrayée par des grains de sable en forme d’hystériques pétages de plombs de diva capricieuse. Humainement, Björk est détestable. Musicalement, faut voir … Elle n’a pas toujours été cette harpie au look d’Yvette Horner électrocutée qui sort ces temps-ci des concertos d’iPad. Elle a fait une merveille de disque (« Homogenic »), un excellent « Debut », et coincé entre les deux, ce « Post » que l’on s’est empressé d’englober dans une trilogie merveilleuse.
Pour moi, « Post » est loin de valoir les deux autres, même s’il est bien meilleur que tous ceux qu’elle a sortis depuis quinze ans. « Post » n’est pas un disque, c’est un assemblage de bric et de broc, où se côtoient en dépit du bon sens titres d’exception et crétineries sonores absolues.
Rayon foireux, tout d’abord l’infect « It’s oh so quiet », reprise d’un classique ringard de comédie musicale américaine (« Blow a fuse ») popularisé des décennies plus tôt par l’oubliée Betty Hutton. Björk en Stanley Donen polaire (jusque dans le clip de ce titre), désolé mais pour moi ça le fait pas du tout … « Enjoy » ne réjouira que ceux qui ont envie de l’être à tout prix, « I miss you » nous ressert les horribles rythmes affreux-cubains à la sauce electro, c’est pour moi le pire titre du disque …D’autres choses sans me rebuter me laissent assez circonspect (« Cover me », « Possibly maybe », « The modern things », « You’ve been flirting again ») mais comme je suis de bonne humeur aujourd’hui, je vais pas en dire de mal…
Restent quand même selon moi quatre grands morceaux, ceux qui sont le mieux foutus et en même temps symbolisent le mieux l’aspect exploratrice sonore forcenée que l’on a attribuée à la Castafjord boréale. Des titres comme « Isobel » et « Army of me » (géniaux), le braillard mais très bien construit « Hyper ballad », ou l’OVNI sonore « Headphones » (où l’on sent vraiment la patte noirâtre se son compagnon d’alors, le pas très joyeux Tricky).
Conclusion bassement matérielle : il faut l’avoir ou pas ce « Post » ? Ben oui, j’ai dit que j’étais de bonne humeur …

De la même sur ce blog :
 Medulla 


8 commentaires:

  1. Patrick Eudeline, on t'a reconnu !
    Je ne reprendrais pas point par point ce dézinguage au vitriol, je dirais simplement que "Post" me semble meilleur que "Debut" et quasiment aussi bon qu'"Homogenic", finally.

    RépondreSupprimer
  2. "bobos branchouilles", "intelligentsia fashion"... Comme "centriste", des Point Godwin tout ça...
    Parler de "cataplasme sonore" et de "savant plan marketing" quand on encense "Version 2.0" de ces autres "pros de la console" que sont Garbage (n'allez pas croire que je fais une fixation sur ce groupe, je dis Garbage comme j'aurais pu dire euh... Garbage), ça tombe un peu à plat. Ceci dit, il est très sain de dégonfler certaines "baudruches" mais c'était pour dire queq' chose, quoi...

    RépondreSupprimer
  3. Moi président, on ne dira pas de mal des 5 premiers albums de Björk.

    RépondreSupprimer
  4. J'aurais dit des trois premiers mais on va pas chipoter :-)
    William Orbit, Mirwais, Martin Solveig (!) d'un côté, Mark Bell (LFO), Tricky, Nellee Hooper, Eumir Deodato de l'autre, niveau collaborations, y'a pas photo avec la Madonne dont elle se révèle le pendant "arty". Humainement, la fée clochette islandaise est adorable avec son accent ("pipoul" pour "people") et sa façon de rouler les "r" et tant pis pour les journalistes indélicates ou les fans dérangés. La Bowie au féminin était sans rivale à cette époque. Qui d'autre qu'elle pour rassembler sur une même scène un orchestre, une chorale inuit, la harpiste noise Zeena Parkins et le duo électronica Matmos ? Ou Plaid, la sanguine claviériste d'origine iranienne Leila et l'accordéoniste nippon Coba ? Et 1995 (comme 1991 et 1997), quelle grande année : Radiohead "The bends", PJ Harvey "To bring you my love", Goldie "Timeless", Carl Craig "Landcruising", Autechre "Tri Repetae", Nightmares On Wax "Smokers Delight"... Toute une époque.

    RépondreSupprimer
  5. Bjork n'est pas plus arty que Madonna, elle est plus moche, c'est tout ...
    Et on ne cite pas Bowie au milieu de ces baltringues, il fait (ou il a eu fait) de la musique lui ...

    Tout ça, c'est pas des arguments pour "Post"...

    Du dézinguage au vitriol ? J'étais en mode bisounours ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pffff, n'importwouak... "On ne fait pas ainsi l'unanimité aussi bien dans l'électronica la plus snob que dans le jazz le plus téméraire, le rock le plus cascadeur ou la variété la plus revendiquée" (Les Inrocks, Août 2001) par hasard ou par accident. Et m'est avis que les Beatles, les Rolling Stones ou James Brown étaient les égéries de "l'intelligentsia" de l'époque et avaient eux aussi un "savant plan marketing" (même si moins développé que de nos jours, évidemment) donc ce ne sont pas vraiment des arguments non plus.

      Supprimer
  6. Bowie c'est vraiment pas le bon exemple, parce que dans le genre pose arty, hype (on disait différemment à l'époque, mais c'est pareil) et récupération de tous les courants en vogue (hop je fais du glam, hop, je fais du funk, hop, je fais du krautrock, hop je fais de la new-wave), on fait pas mieux.
    Mais bon, quand tu déteste, tu fais preuve d'une mauvaise fois, incomparable, et c'est le cas avec cette pauvre Björk, qui en plus était mimi comme tout.

    RépondreSupprimer
  7. Bowie a davantage anticipé que suivi, au moins pour les genres que tu cites ...

    Je ne déteste pas Björkounette, ni ce disque ... je les adore pas non plus, je suis lucide ...

    RépondreSupprimer