Be-Bop-A-Lula ...
Le premier disque en 1956 de Gene Vincent… La plus
belle voix blanche du rock’n’roll des pionniers. Capable de l’hystérie
rockabilly (« Jump back, honey, jump back »), de la douceur d’un
swing jazzy (« Ain’t she sweat »), d’une emphase jamais ridicule
(« Lazy rain »), et surtout une voix qui trouve sa plénitude dans les
tempos médium, ralentis, alanguis …
Gene Vincent & The Blue Caps |
Mais Gene Vincent est aussi une des plus belles
têtes de lard de l’histoire du rock, éthylique au dernier degré, capable de
sautes d’humeur exaspérantes pour son entourage, ce qui lui vaudra de saborder
à grande vitesse une carrière qui s’annonçait prodigieuse… Une des figures les
plus mythiques du rock, qui a « inventé » la tenue vestimentaire tout
de cuir noir (vite imité par Vince Taylor et … Dick Rivers), et un jeu de scène
violent et apocalyptique, basé sur des déhanchements dus aux séquelles d’un
accident de moto qui lui avait broyé une jambe.
Il ne compte qu’un seul impérissable
« classique » à son répertoire, « Be bop a lula » tout de
même, à l’origine seulement face B de
son 1er 45T « Woman love ». Et pourtant, il a eu toutes
les cartes en main (aux débuts du moins) pour faire des disques d’anthologie.
Son plus gros atout musical se tenait à côté de lui sur scène, souvent flanqué
d’une Gretsch noire, et s’appelait Cliff Gallup, LE guitariste du milieu des
années 50. Un jeu unique, très économe de notes, d’une inventivité prodigieuse,
créant un accompagnement différent pour chaque titre …
Un guitariste qui a traumatisé Jeff Beck, au point que l’irascible guitar-hero
anglais lui a consacré un album entier de reprises (l’indispensable
« Crazy legs » en 1993, avec un groupe monté pour l’occasion, les Big
Town Playboys).
Sur ce « Bluejean Bop », Vincent et Gallup
forment une paire indépassable. Peu après l’enregistrement, Gallup partira, ne
revenant avec son leader que pour une série de séances studio qui donneront
l’année suivante l’excellent « Gene Vincent & The Blue Caps »
(les Blue Caps étant le nom du backing-band à géométrie variable qui accompagna
Vincent dans les 50’s). « Bluejean Bop » se suffirait en lui-même,
mais cette réédition accole aux douze titres originaux les trois 45 T sortis
auparavant (dont évidemment « Be bop a lula » avec « Woman
love », mais aussi « Crazy legs » et « Race with de
devil »).
Ce « Bluejean bop » devient ainsi aussi
indispensable que les Sun Sessions d’Elvis …
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