Brothers in arms ...
Les Ramones, c’est un peu les Dalton du punk. Sauf
que contrairement aux faire-valoir de Lucky Luke, les Ramones ne sont pas
frères et pas aussi cons que ce qu’ils ont l’air.
Même si dans le trio fondateur (Dee-Dee, Johnny et
Joey), ils sont quand même un peu cinglés à le base, en tout cas pas dans la
« norme », que ce soit dans leurs goûts musicaux ou dans leur façon
de s’habiller. Rassemblés par ce qu’ils détestent (le style west-coast, les
hippies, le prog), plutôt que par ce qu’ils aiment (seuls les Beatles font
l’unanimité, leur nom vient d’un pseudo – Paul Ramon – que McCartney utilisait
lors de l’épisode Hambourg de la saga des futurs Fab Four), ils vont instaurer
un look (cheveux longs, lunettes noires, Perfecto, tee-shirt, jeans troués,
Converse) recopié jusqu’à l’écœurement depuis par tous ceux qui se sont
cherchés une crédibilité « rock ».
Ces trois-là n’auraient certainement jamais fait parler d’eux
s’ils n’avaient pas croisé la route du quatrième larron, Tommy, un ingénieur du
son, qui deviendra le batteur, le producteur et un peu la tête pensante du groupe. Pas envie
et pas les moyens techniques de rivaliser avec Genesis ? Et bien, les
Ramones vont faire dans la simplicité, dans le dénuement. Intro, couplet,
refrain, deux minutes (voire moins) chrono, avec en point de mire l’évidence
des ritournelles sixties en général, et celles produites par Spector en
particulier. Les Ramones n’ont pas lu Tolkien ou Huxley ? Pour les textes
(une centaine de mots, des fois moins), ils parleront de leur quotidien, de
sniffer de la colle, de glander, de se sentir un peu paumé, de pas savoir comment s’y
prendre pour draguer les filles. Contrairement aux punks anglais, les Ramones
n’ont pas vraiment de message social ou politique (de ce côté-là il vaut mieux, Johnny
et Dee-Dee ont plus tard confirmé par quelques déclarations
« malheureuses » qu’ils étaient de gros réacs).
Les Ramones vont se retrouver avec une crédibilité
en béton, parce qu’ils sont « vrais », ce ne sont pas des fils de
bonne famille (ils viennent du quartier populaire du Queens) qui jouent les
prolos, ils ont tâté de la petite délinquance, du gnouf, de l’hôpital psy, ne
font pas de la musique pour se payer une villa sur les collines de L.A.
Les Ramones sont new-yorkais, et tous les endroits,
tous les rades minables où ils vont être parmi les premiers de tous ceux qui
deviendront la « vague punk » à se produire, feront dès lors partie
de la légende urbaine et musicale de la ville (le CBGB, le Max’s Kansas City,
…).
Ramones Live CBGB 1976 |
Les Ramones seront bizarrement signés sur une major (Sire) et
vont sortir dès 1976 ce premier disque éponyme. Un disque au moins aussi
important que le 1er Velvet, pour les vocations qu’il va engendrer
de part et d’autre de l’Atlantique. Ignorés par les « musiciens »,
méprisés par la presse (par ici, ce disque avait été descendu en flammes par
Philippe Manœuvre), les Ramones vont devenir au même titre que les New York
Dolls ou les Heartbreakers de Johnny Thunders les références incontournables de
la vague punk anglaise de 77.
S’il ne fallait retenir qu’un seul disque des
Ramones (bien que jusqu’à et y compris « Pleasant dreams » ils soient
tous indispensables), ce serait forcément celui-là. Le plus primaire, le plus
j’menfoutiste … Celui qui contient le plus de leurs hymnes minimalistes
définitifs (« Blitzkrieg bop », « Beat on the brat »,
« I wanna be your boyfriend », « Now I wana sniff some glue », «
Let’s dance », « Today your love, tomorrow the world », … en fait tous les
quatorze titres méritent la citation). Des titres rapides, à la limite de leurs
capacités, basés sur des accords simplistes, des mélodies de quatre notes, …
« Ramones » est une profession de foi, un manifeste. Indépassable,
car contrairement à tous ceux qui enregistrent des disques, les Ramones ont
placé la barre le plus bas possible. La preuve ? Dans la réédition Cd de
2001, on a droit en bonus à quelques démos et maquettes des titres. Et là,
surprise, ces démos et maquettes sont beaucoup plus en place, beaucoup plus
« finis » (enfin, tout est relatif, on parle des Ramones) que les
titres officiels. Délibérément, sciemment, les Ramones ont choisi de sortir le
disque le plus « mauvais » possible. Vous avez dit punk ?
Ce qu'il y a de bien avec les Ramones, c'est qu'on est même pas obligé d'écouter les morceaux. Tu lis les titres des chansons, et ça suffit. Sérieux "I wanna sniff some glue", ça veut tout dire.
RépondreSupprimerFinalement, les Ramones, c'est un peu la "moinséité" de Beckett appliqué au rock. (ouais, je voulais faire une remarque bien péteuse genre "j'ai de la culture")
Mötörhead a fait un chouette morceau en leur hommage. Ca dure 1 minutes 50 et ça s"appelle R.A.M.O.N.E.S. C'est pas cool ça ?
"Tu lis les titres des chansons, et ça suffit"
SupprimerOu tu regardes la pochette...
Les Ramones, c'est fondamental ... c'est le retour à l'essence même du rock'n'roll ...
SupprimerLes Masters of Reality qu'en tant que membre de l'internationale stoner tu dois connaître, ont repris un titre ("cretin hop")sur leur live "flak'n'flight". C'était peu de temps après la mort de Joey Ramone ...
T'as raison, François ... ça marche aussi avec les pornifs français des 70's ...
Faut quand même je me le chope ce Flak'n'Flight un de ces quatre. Rien que la couverture pour le coup, elle fait bander n'importe quel fan de stoner.
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