MARVIN GAYE - HOW SWEET IT IS TO BE LOVED BY YOU (1965)

Se faire un nom ...

Marvin Gaye est un des grands noms les plus « tardifs » de son époque. Alors que tant dans les 60’s ont assis leur réputation avec souvent leur premier disque, celui qui l’a finalement réellement révélé (« What’s going on »), est au moins son dixième (on s’y perd un peu dans sa disco des débuts).
Marvin Gay (le « e » ne viendra que chez Motown, inutile d’expliquer pourquoi …) a débuté à la fin des années 50, vocaliste parmi les autres au sein de Harvey & the Moonglows (Harvey pour Harvey Fuqua, chanteur lead, et qui deviendra par la suite un peu l’homme à tout faire de Marvin Gaye, co-auteur, producteur, conseiller, …), groupe doo-wop. Qui nourrit assez mal son homme malgré quelques succès dans les hit-parades. Gaye bossera comme manutentionnaire dans une filiale de Motown, avant d’être signé par Berry Gordy comme sessionman. Un peu de batterie, quand les Funk Brothers, groupe attitré de Tamla-Motown ne sont pas là, quelques chœurs de temps en temps, des participations à l’écriture … Les choses changeront un peu quand Gaye épousera Anna Gordy, 17 ans de plus que lui, mais surtout sœur de Berry. L’ascension ne sera pas fulgurante pour autant. L’organisation quasi militaire de la Motown est déjà bien rodée, ceux qui tiennent le haut de l’affiche en place (Diana Ross, Smokey Robinson, Marvelettes, Four Tops, Temptations, …).

Marvin Gaye deviendra en quelque sorte « testeur de morceaux ». On lui fait enregistrer des titres dont Berry Gordy n’a pas voulu pour les stars de son label, l’occasion d’essayer des variations de tempo, de nouveaux auteurs, d’occuper toute cette fourmilière de plus ou moins anonymes qui grouillent chez Motown. Les premiers petits hits (dont le plus « connu », « Hitch hike ») seront sur le 33T « That stubborn kinda fellow » fin 1962. Gaye n’est pas une priorité pour autant.
La première petite reconnaissance se fera avec ce « How sweet … » début 65. Pour lequel il est bon de tout oublier concernant Marvin Gaye si l’on ne connaît de sa carrière que « What’s going on » et ses successeurs. Parce qu’on est avec « How sweet … » assez loin de cette soul alanguie porté par une voix de velours qui sera son inamovible marque de fabrique et fera son succès dans les seventies. Le Marvin Gaye du milieu des années 60 est un chanteur qui utilise toutes les palettes de son registre vocal. Qui peut sonner rauque comme Ray Charles (« Need your lovin’ »), ou à l’inverse roucouler comme Sam Cooke (« One of these days », « Need somebody »). Le son Motown est bien là (« You’re a wonderful one »), le rhythm’n’blues aussi (« Baby don’t you do it »), évidemment la ballade soul (« Forever »), et on peut même aller faire un tour vers des terres jazzy (« Try it baby »).
De bons morceaux (il y en a signés Holland/Dozier/Holland, Strong/Whitfield, Smokey Robinson, soit la crème de l’écriture maison) cohabitent vaille que vaille avec d’autres beaucoup plus anecdotiques. Les Funk Brothers sont de la partie en studio, Martha & the Vandellas, les Supremes, Temptations et Four Tops apparaissent aux backing vocaux. Comme quoi, on ne bâcle pas le travail chez Motown, même lorsqu’il s’agit du disque d’un outsider. Ce « How sweet … » sera le premier disque de Gaye à faire une brève apparition dans les bas-fonds des hit-parades, trois singles (l’éponyme, le mieux classé dans les charts, plus « Try it baby » et « Forever ») seront extraits. Un succès d’estime, pour être gentil.
Berry Gordy se rend tout de même compte du potentiel et du capital sympathie de son beauf (grosse capacité vocale, et belle gueule qui ne laisse pas les filles indifférentes), il va réorienter sa carrière vers la soul assez stricte (la mise en place du duo Marvin Gaye – Tammi Terrell, parallèlement à des disques solo sans gros retentissement), un peu à la marge du « son maison » à succès…
« How sweet … » est malgré tout un disque pour « spécialistes », ou « public averti », assez loin du Marvin Gaye « grand public » … D’ailleurs le disque n’a été que très rarement réédité en Cd. La version la plus courante est celle, bâclée, où on le retrouve couplé avec « That stubborn kinda fellow », avec un son assez lamentable …

Du même sur ce blog :
What's Going On
Let's Get It On

2 commentaires:

  1. Y'en a qui ont droit à plusieurs passages... Springsteen, Gaye... New Order...

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    1. Et les Stones et Bowie et quelques autres vieillards ...
      On a tous nos faiblesses ...

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