Sur la Highway to Hell ...
Une curiosité … un Cd assez rare, jamais réédité. Paru en
1991 sur un label français (Musidisc), il compile des morceaux provenant pour
l’essentiel de séances aux Etats-Unis en 1966.
A cette époque-là, Gene Vincent est carbonisé.
Physiquement d’abord. Il traîne de plus en plus la jambe, séquelle d’un
accident de moto quand il était adolescent, consomme de plus en plus drogues et
alcool, son état de santé devient vraiment préoccupant. Artistiquement ensuite.
Il n’a eu qu’un seul vrai grand succès (« Be bop a lula »), a été
lâché par sa maison de disques historique Capitol, traîne sur de petits labels,
voit son public s’étioler, ne garde plus que quelques fans en Europe, et
surtout en France où il est l’objet d’un petit culte, renforcé par un jeu de
scène apocalyptique dans ses tenues de cuir noir qui ont marqué tant d’esprits
à l’époque …
Gene Vincent dans les 60's : Cuir noir et rock'n'roll attitude |
En fait, lors de ses séances américaines, il ne reste
plus à Gene Vincent qu’une chose : sa voix. La plus belle voix blanche du
rock’n’roll, qui trouve sa plénitude dans le mid-tempo, surclassant même la
technicité démonstrative et le pathos outré des Presley et Orbison. Que ce soit
dans des choses dans la lignée se son
répertoire traditionnel (le phénoménal « Bird doggin’ », son dernier
grand titre, traité soul-rythm’n’blues), la reprise de la scie « Pistol
packin’ Mama » ou celles de « I’ve got my eyes on you » ou
« Lotta lovin’ ». De bons morceaux par un grand chanteur …
Sauf que … certains des titres figuraient déjà sur la
discographie de Gene Vincent. Ce ne sont que de nouvelles versions, qui
n’apportent pas grand chose (un plus « gros » son, des arrangements
de cuivres, quelques chœurs soul), et les puristes préfèreront à juste titre
les enregistrements originaux.
Et puis, à l’écoute sur certains titres, y’a un truc, là
… on met le casque, on monte le volume et … des grésillements, des craquements,
le retour du bras sur la platine … ils ont osé, ils ont pas recherché les
bandes, certains morceaux sont directement repiqués sur le vinyle.
Particulièrement flagrant sur « Hi Lili Hi Lo » ou « I’m a
lonesome fugitive ». Si l’on ajoute une masterisation et une égalisation
plus qu’approximatives, on peut affirmer qu’avec cette compilation, Musidisc a
fait un boulot de sagouin, qui frise l’escroquerie pure et simple. De plus, on
ne trouve rien sur la date, le lieu et les musiciens des séances, autant de
détails qui sont cruciaux quand on met sur le marché des enregistrements peu
connus. On doit se contenter d’une notule très wikipédiesque sur Gene Vincent
qui n’apprendra rien au simple connaisseur, et encore moins au vrai fan.
Lequel n’aura en définitive qu’une poignée de titres sur
lesquels se rabattre : les assez rares « Lonesome boy »,
« Lady bug » et « Ruby baby », (ce dernier morceau signé
Leiber-Stoller). Et surtout une troisième version de « Be bop a
Lula », après l’originale de 1956 et la version dite « lente »
de 1962. Celle enregistrée lors de ces séances de 1966 est plus lente que
l’originale, la voix est plus posée, les arrangements différents, et il me
semble qu’elle ne se trouve que sur ce disque … Pas sûr que cet
« inédit » pousse grand monde à rechercher ce Cd d’occasion sur les
sites web dédiés …
Après ces séances, Gene Vincent va poursuivre son chemin
de croix, enregistrant et se produisant sur scène de moins en moins souvent,
jusqu’à ce que ses addictions diverses aient raison de lui en 1971…
Du même sur ce blog :
Bluejean Bop !
Be Bop A Lula
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RépondreSupprimerPour Presley, je pensais à toutes ses ballades gospel, ou tous ces trucs kitsh, genre "american trilogy", "always on my mind", en gros sa période Las Vegas ... Dans les années 50, quand il chantait du rock'n'roll, c'était autre chose ... à peine moins bien que Little Richard ...
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RépondreSupprimerJ'ai déjà les coffrets de 5 cds chacun sur les années 50 et 60, plus beaucoup d'autres disques de Presley ... Et j'ai plus de platine disques ...
RépondreSupprimerOui, il continue de se vendre des vinyles, le marché est en petite progression, mais ça compense pas la chute libre des ventes de Cds... Ce sont les majors qui morflent le plus, bien fait, elles ont tellement pris les gens pour des cons pendant 20 ans avec les cds, vendus dans les années 80 150 francs (23 euros) avec une qualité sonore atroce ... je vais pas les plaindre ces épiciers ...
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