JAD WIO - CONTACT (1989)


 Décadanse

Il y a le titre du disque qui renvoie à un morceau de Gainsbourg. Il y a aussi le texte de « L’amour à la hâte », qui cultive les tournures de phrases du buveur de Pastaga. Une influence évidente, mais pas la seule de Jad Wio, et pas la plus visible de prime abord.

Car en cette fin des années 80, K-Bye, Bortek, leurs potes et leurs machines, remettaient au goût du jour le glam-rock des seventies. Maquillés comme le Bowie de « Pin Ups » et d’ « Aladin Sane », fringués comme au temps des premiers Roxy Music, les Jad Wio s’offraient une virée sur la machine à remonter le temps, faisant au passage un petit coucou à toute cette frange du rock que l’on appelait « décadent » par ici. Cultivant androgynie et ambiguïté, enrobant leurs saynètes salaces de riffs que n’auraient pas renié Ronson, Hunter ou Wagner …

« Pricilla », sorte de chute de « Ziggy Stardust » ouvre les hostilités, et a même fait une petite carrière sur les ondes. Méritée, c’est le titre le plus évident du disque. « 3615 Mad Sex » aurait eu plus de mal, son texte aurait fait grincer quelques dents, et pourtant il s’agit de pop’n’roll d’excellente facture.

Le sommet du Cd, c’est « Ophélie », une ballade à la mélodie belle à pleurer reposant sur une douze-cordes acoustique. Un titre qui explose toutes les frontières littéraires de la chanson française, description crue de pratiques zoophiles revisitant une page mémorable de « L’Ane d’Or » d’Apulée. Mais il ne faut surtout pas réduire Jad Wio à quelques textes sulfureux ou dérangeants. « Contact » est un disque bien euh … léché, gros travail de mise en place sonore, instrumentation précise et soignée, à l’opposé d’une provoc vulgaire.

Ici, tout est classieux, guitares omniprésentes, et grosse performance de Bortek au chant. Pas non plus un disque de glam monolithique comme en produisaient les rustauds de Slade, on a droit à la fin du Cd à un rythm’n’blues lent et vicieux (« Gimme Ur night »), du pop-rock dansant (« Ride on » avec un riff de guitare qui évoque celui de « Need you tonight » d’INXS), ou encore « C’est çà » qu’on aurait pu retrouver tel quel chez les Rita Mitsouko.

Jad Wio, excellent en studio, est aussi un groupe bénéficiant d’une grosse réputation live, mettant en scène de véritables spectacles théâtralisés. L’activité du groupe s’écrit cependant en pointillés, parutions de disques et concerts étant assez aléatoires. Aux dernières nouvelles, Jad Wio existe toujours.

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