Metal Punk Machine
Pour situer ce dont au sujet duquel de quoi il va
être question, il suffit d’aller dans les notes (faméliques) de la réédition Cd
dans la section « remerciements ». On peut y lire : « Métal
Urbain tient à remercier absolument personne. Merci. ». Et c’est tout.
Version sans décodeur : « On vous emmerde tous. »
Métal Urbain est un groupe punk. Français. Et que
cette appartenance géographique suffit à générer des problématiques que tous
les Gaulois qui ont eu un jour l’idée saugrenue de relier une guitare à un
ampli ont connu. En gros, soit tu passes pour un immonde copieur des anglo-saxons,
soit tu fais n’importe quoi …
Et les Métal Urbain n’ont pas échappé à la règle.
Groupe clivant, c’est le moins qu’on puisse dire, et un des rares de par ici à
cette époque, à être cité très loin de ses terres. Des exemples : le
célébrissime Dj et animateur de radio John Peel s’est démené pour les faire
connaître dans la très perfide Albion. Le premier single de Métal Urbain
« Panik », fut la première référence du label anglais Rough Trade
(avec comme figure de proue punk les Irlandais de Stiff Little Fingers, une
myriade de 45T à la fin des années 70, et plus tard des cadors des ventes comme
les Smiths ou Arcade Fire …). Et un fan intarissable d’éloges, le producteur
bruitiste Steve Albini (Pixies, Nirvana, PJ Harvey, Stooges, Page et Plant,
rien que ça …). Et des quasi jumeaux sonores nommés Bérurier Noir (quasi, on y
reviendra si j’y pense …).
Le concept de Métal Urbain, c’est qu’il n’y en a
pas. Des potes de lycée qui suivent l’actu musicale montent un groupe. Sans
section rythmique. Pas un souci, ils aiment bien Suicide, et une boîte à
rythmes pourrie suffira. Et comme ils aiment aussi les Stooges et ces groupes
de morveux arrogants qui pullulent Outre-Manche dans le sillage des Sex
Pistols, ils vont pas donner dans le disco ou le prog.
Dans ce domaine, tout est à inventer en France.
Hormis Little Bob au Havre et le poète bab Higelin reconverti dans le rock à
guitares (« BBH 75 »), c’est la misère. Métal Urbain sera
électronique (la boîte à rythmes), électrique (une guitare saturée), et agressif
(les textes d’Éric Débris). Métal Urbain est aussi parisien et ce sera aussi
son problème. Dans cette scène microscopique mais bouillonnante, les amitiés se
font et se défont, et parmi tous ces gens qui s’appliquent à copier les punks
anglais à la sauce parigote, les mouvements et aller-retours d’un groupe à
l’autre se multiplient. Métal Urbain en fera les frais, voyant partir son
guitariste Rikki Darling pour rejoindre l’Asphalt Jungle de Patrick Eudeline.
Débris n’utilisera pas de circonlocutions absconses pour dire tout le mal qu’il
pense de son « rival », ainsi que de Philippe Manoeuvre qui avait
descendu les premiers enregistrements et concerts du groupe. Le poétique
« Crève salope » leur est dit-on dédié.
Bon, même si on a John Peel dans sa manche et Rough
Trade derrière, ça suffit pas pour devenir une star intergalactique. Les Métal
Urbain sont trop … trop tout, en fait pour faire un consensus quelconque autour
de leur nom. Ultraradicaux par leurs propos, ultra-sauvages par leur son (on
parle là d’une époque qui ne connaissait ni les gangsta rappers ni Rammstein ou
autres crétins gueulards sur gros riffs hardos), et ultra amateurs (ils ne sont
pas comme Jam, Pistols ou Clash signés par des majors).
Résultat : la liste des gens ayant joué dans Métal
Urbain est plus longue que la liste de leurs parutions discographiques. La
formation « royale » (on ne rit pas) du groupe enregistrera en tout
et pour tout trois singles avant de disparaître dans les projets plus ou moins
parallèles (Metal Boys, Doctor Mix and the Remix), des tentatives avortées de
carrière solo, et guère plus convaincantes de reformation (Métal Urbain, c’est
son ADN, est tout sauf bankable, y’a pas un financier pour risquer une pépette
sur leur nom …).
Les trois 45T sont parmi ces œuvres sans intérêt
mais rigoureusement indispensables qui émaillent la grande chanson française.
Peut-être pas du niveau de l’insurpassable « Fier de ne rien faire »
des Olivensteins, mais pas loin … « Panik » est quasiment un
classique, avec son rythme punk’n’roll et ses synthés dissonants, « Crève
salope » ne fait pas exactement dans la dentelle musicale et verbale, et
« Hystérie connective » est le meilleur des trois avec son manifeste
sonore (synthés et grosses guitares) et sa mélodie (si, si, …). Mais pour moi,
le titre qui surnage du lot est une face B (celle de « Panik »), elle
s’appelle « Lady Coca Cola » et derrière ses synthés anxiogènes et sa
voix déclamée reprend un thème identique à celui du « In every dream home
a heartache » de Roxy Music (le type amoureux de sa poupée gonflable).
Ah ouais, je vous ai pas dit, « Les hommes
morts … » est une compile, sortie en vinyle au début des années 80 (après
la disparition du groupe donc), et rééditée en Cd il y a une quinzaine
d’années. Aux trois singles originaux, elle rajoute quelques titres destinés à
un album jamais paru, ou d’autres dispatchés sur diverses compilations
étiquetées grosso modo punk. En fait le seul disque « officiel »
paraîtra lors d’une reformation dans les années 2000 sous le délicat intitulé
« J’irai chier dans ton vomi », ce qui montre bien que les Métal
Urbain n’ont pas vraiment évolué, ou ont refusé d’évoluer …
Et le rapport avec Bérurier Noir ? Filiation
évidente au niveau sonore (les Bérus ne s’en sont jamais cachés, et reprenaient
parfois un de leurs titres en concert), avec la boîte à rythmes et les
guitares-tronçonneuses. Ensuite, la philosophie des projets est totalement
différente. Métal Urbain n’a jamais eu la moindre once d’approche festive. Et
surtout, Métal Urbain est aux antipodes de l’approche que pour faire simple on
qualifiera de politique des textes. Métal Urbain c’est le no future complet,
rien à foutre de rien, alors que les Bérus ont une approche bordélique certes,
mais issue des milieux anarchisants, qui dénonce mais propose. Les Bérus, on
n’ira pas jusqu’à dire que c’est un mode de vie, mais ils s’adressent à un
public de parias, de rejetés, d’exclus (volontaires ou pas) …
Métal Urbain, c’est un peu la vie et la musique
version Hara-Kiri (le mag de Choron des années 70, je dis ça pour les
vieillards de mon âge). C’est souvent très con, très en dessous de la ceinture,
mais ça fait rigoler cinq minutes … Que demande le peuple ?
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerEt merde ...
SupprimerJe voulais lire et répondre, j'ai cliqué de travers et j'ai supprimé le contenu ...
Désolé peter, tu disais quoi ?
Salut Lester Gangbang
RépondreSupprimerJ'y suis allé de ma prose aussi sur MétalU et sur Herman Schwarz ainsi que sur les Openers.
Mais bon, c'était il y a bien longtemps dans une autre galaxie.
https://www.bebopo.biz/hermann-schwarz/
Bien le bonjour ... Ouèche
Salut Bop Pills
SupprimerJe vois que tu as creusé le sujet beaucoup plus que moi, notamment sur les deux frangins Schwarz et Lüger ...
C'était , ouais, vingt ans avant la fin du siècle dernier toute cette petite histoire ...
Mais ce sont les petites histoires qui contribuent à écrire la grande ...
Merci de ton passage et de ton lien en tout cas !