TRAVIS - THE MAN WHO (1999)

 

Travis, très vite ...

Ouais, on va pas y passer la nuit. Venons-en directement aux (mé)faits. Travis donc, groupe de quatre types écossais, débuts au milieu des années 90. Pour situer, ceux qui comptent dans la perfide Albion s’appellent Blur et Oasis, et ceux qui vont compter Coldplay et Radiohead. Les deux premiers donnent dans le rock, les deux autres non.

C’est pourtant en singeant de façon éhontée les bandes à Chris Martin et Thom Yorke que Travis va faire son beurre. « The Man Who » s’est vendu à des millions d’exemplaires chez les rosbifs, et le groupe est resté à peu près inconnu dans le reste du monde. Ça arrive, on a bien Johnny Hallyday et chez les Ricains Billy Ray Cyrus (le père de la Miley du même nom), énormes vendeurs chez eux et qui ne s’exportent pas. Essentiellement parce que trop typiques de leur pays.


Les Travis, on peut pas dire qu’ils soient typiques de l’Ecosse ou de l’Angleterre, c’est pas les Kinks des années nonante, on en est loin ... Que leur disque ait pu marcher quelque part relève pour moi du prodige, tant il est d’une fadeur affligeante. Pour faire simple, on dira que c’est du Coldplay des débuts avec le producteur de Radiohead. Oui, le sieur Nigel Godrich himself est aux manettes de « The Man Who ». Ils ont bien fait de l’écrire sur les notes de pochette, parce que ça s’entend pas trop. Comme quoi, un producteur aussi doué soit-il, s’il a pas face à lui des types qui ont des idées, il imprime pas sa marque …

Faut dire que dans le genre, les Travis font assez fort. Dix titres (plus un caché) construits de la même façon. De la ballade mid-tempo sur fond d’arpèges de guitare, des constructions mélodiques rachitiques, des refrains soporifiques, et un type au micro dont je veux même pas savoir le nom qui chante tous les titres exactement de la même façon, voix feignasse, linéaire et voilée.

Et quand l’inspiration manque, on va exhumer des grilles d’accord de « Bonnie & Clyde » (Gainsbourg et Bardot) sur l’introductif « Writing to reach you » ou de celles du Lennon de « Jealous guy » (sur « As you are »). Quatre singles furent extraits de cette rondelle et se comportèrent honorablement dans les charts (anglais only). Coup de bol, il y a dans le lot les deux meilleurs titres, « Why does it always rain on me ? », agréable mid-tempo avec une fois n’est pas coutume une jolie mélodie, et « Driftwood », point trop moche réminiscence du REM période « Out of time – Automatic for the people ». Les autres morceaux, interchangeables mièvreries inconsistantes, on peut les zapper.

Ce « The Man Who » on le trouve facilement d’occase pour le prix port compris d’un demi. Ô joie, la version que j’ai pécho comprend sur un Cd bonus trois titres live (deux at home à Glasgow, un sur une radio ou une télé italienne). Believe me, c’est encore plus mauvais que sur disque (on entend pas le batteur à Glasgow, ça semble unplugged), à tel point que la meilleure performance est d’assez loin celle du présentateur italien, qui semble surexcité à l’idée d’annoncer Travis. Y’a vraiment pas de quoi …



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