Donc Jackson Browne fut le gendre seventies idéal.
Le beau gosse tombeur des filles de rêve (de Nico qui l’a paraît-il dépucelé à Darryl
Hannah en passant par beaucoup d’autres de moindre renommée …). Beau gosse aux
Etats-Unis, parce qu’ailleurs il était quand même un secret bien gardé. Beau
gosse certes, mais en plus auteur de chansons (re)connues, que ce soit ses compositions
pour d’autres (« Take it easy », premier gros succès des Eagles) ou
pour ses disques à lui (« Doctor My Eyes », « Jamaica Say You
Will »). Le genre de type qui a dû en rendre pas mal d’autres jaloux …
Parce qu’en plus il était propre sur lui, bien élevé, et partie prenante pour
plein de causes généralement bonnes (il sera la figure de proue du mouvement pacifiste
No Nukes lorsque fin 70’s – début 80’s le risque de guerre nucléaire ressurgira
…) et il a certainement pas voté Trump ...
Et donc en plus de tout ça, Jackson Browne a fait
des disques et les a bien vendus, merci pour lui … Certes, pas dans le genre le
plus risqué de l’époque. On parle là du style West Coast, celui qui ravagea les
radios californiennes une décennie durant, avant que les Eagles et leur fameux hôtel
de désintoxication n’en fassent la bande-son de la planète entière … D’ailleurs
le visuel avec son bâtiment en clair-obscur de « Late for the sky »
présente quelques similitudes avec celui prétendument hanté par Anton LaVey sur
la pochette des Eagles … et la similitude avec la troupe à Glen Frey ne s’arrête
pas là. Musicalement, c’est à peu près blanc bonnet et bonnet blanc. D’après
cette signature sonore trouvant ses gènes chez Gram Parsons (avec les Byrds, les
Flying Burrito Bros ou en solo), et tous ses descendants, disciples et autres
enfants spirituels (Poco, Doobie Bros, Eagles, …). Et même s’il a jamais connu
le risque de clochardisation, Browne est aujourd’hui (comme à l’époque d’ailleurs)
le moins cité du lot. Parce qu’il a eu moins de succès commerciaux que les
autres, et aussi parce qu’il a un trop bien stylisé un genre pas forcément
décoiffant en ça. Browne, j’ai déjà écrit et je persiste, c’est le centriste du
genre musical le plus centriste qui soit …
Inutile de chercher dans « Late for the sky »
des guitares saturées, des fûts martelés, des arrangements décoiffants. Il y a
derrière chaque instrument de solides mais conventionnels requins de studio
californiens, emmenés par l’inamovible pote David Lindley, guitariste mais
aussi (malheureusement) violoniste, ce qui fait qu’on entend un peu trop son
foutu crincrin tout au long des titres. Jackson Browne n’est pas non plus une
des grandes voix du rock, loin de là, il assure sans plus, et sans aucun dérapage
…
Jackson Browne & David Lindley |
« Late for the sky » se partage entre
ballades et country-rocks pépères. Seuls deux titres sont un peu plus enlevés, le
rockant « The road and the sky » (comme si l’Elton John de « Yellow
Brick Road » reprenait le « Suffragette City » de Bowie), et « Walking
slow », qui sort quelque peu des sentiers battus avec sa rythmique quasi
reggae.
Des six autres compositions de « Late … »,
on notera le titre éponyme qui résume à lui seul parfaitement l’affaire, « The
late show » ballade qui bien que (sur)chargée passe bien hormis son final
encombré de violon et de chœurs de tous les potes West Coast (Henley, Shouter, Fogelberg,
la femme à Lindley, …). Méritent aussi la citation « For a dancer » (dans
un blind-test, tout le monde va dire que c’est les Eagles), ou l’ultime « Before
the deluge » le seul ou Browne force un peu sa voix …
« Late for the sky » est un joli disque …
Un peu beaucoup trop joli même …
Du même sur ce blog :
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