WILCO - ODE TO JOY (2019)


Last American band …
Parce que le combat cessera faute de combattants … A l’attention de ceux qui avaient pris l’option « musiques du monde » ou « musiques électroniques » ou toute autre forme de soupe sonore, rappel des faits …
Wilco
Il existe des gens, dans un autre continent, qui depuis des décennies, enregistrent des disques en puisant leurs sources dans des genres aussi désuets mais vivaces que la country, le blues, le rock’n’roll, leurs croisements et dérivés. Un jour, dans les 80’s, un type a eu l’idée d’appeler ça « americana ». Particularité du machin : depuis les inventeurs du genre, en gros Dylan et le Band, les noms en haut de l’affiche ont été ceux de types accompagnés par un groupe. On citera donc en se signant et en levant les yeux au ciel (euh, non, pas à ce point ...) Neil Young & Crazy Horse, Bob Seger & The Silver Bullet Band, Bruce Springsteen & The E. Street Band, Tom Petty & The Heartbreakers, Christine & The Queens ...
Ils en sont où aujourd’hui, tous ces gens ? Les leaders sont morts ou peu s’en manque, et dans leurs orchestres, ça a aussi rempli les cimetières. Et les grabataires survivants, ils s’appuient sur leur légende et un certain savoir-faire (comme auraient dit les Mink DeVille qui ont leur place dans la liste du dessus) pour remplir quelques arenas et sortir tous les trois ans des rondelles plus ou moins écoutables (le Boss version symphonique, qui a envie d’écouter ça quand t’as passé des heures et des heures à essayer de comprendre de quoi parlaient les chansons de « Nebraska », non mais franchement, …). Ne reste donc que Wilco. Ouais, je sais, c’est pas compliqué, la plupart des types de Wilco étaient tout juste nés quand les autres sortaient leurs premiers disques.
Jeff Tweedy
Même s’ils ont depuis longtemps une approche parfois étrange du genre, liée à la personnalité de celui sans qui Wilco ne serait pas, le sieur Jeff Tweedy. D’une nature oscillant entre neurasthénie et dépression, grand amateur de bouteilles et de poudres blanches, son comportement parfois erratique (c’est lui qui compose, « suggère » la production, les autres dans le groupe étant libres (?) d’apporter leur touche personnelle aux titres) a même fait fleurir un temps par quelques déficients auditifs un parallèle avec Radiohead (bâillements …). Tweedy a pourtant des cadors (certains vont et viennent, parfois ne reviennent pas, leur nombre varie) derrière lui, et a (trop ?) souvent tendance à les sous-utiliser. Et c’est pas cette rondelle qui va faire changer d’avis les tenants de cette théorie …
Au bout de quelques secondes de « Ode to Joy » (hymne à la joie, tu parles, le titre est à prendre au moins au millième degré) y’a un truc qui saute aux oreilles : le son de batterie. Très (mais vraiment très) en avant, mais très mat, comme si on l’avait enregistrée en plaçant le micro dans une baignoire. L’exact contraire-négatif d’un autre fameux son de batterie, celui du « Born in the USA » de … (que ceux qui savent pas retournent écouter Magic System).

J’aime bien Wilco, et j’avoue que j’ai été très décontenancé à la première écoute. Il émane des premiers titres un minimalisme plombant au niveau sonore (cette batterie étrange et métronomique, quasi robotique, qui écrase tout, juste quelques sons d’autres instruments derrière) que vient renforcer le chant monocorde de Tweedy très loureedien. « Ode to Joy » est construit suivant un crescendo ou une progression. Petit à petit les titres bénéficient de mélodies plus chaloupées, Tweedy chantonne voire chante carrément, les arrangements de claviers et synthés accrochent l’oreille, les guitares commencent à rugir. Un disque qui commence dépressif total et qui finit par être sinon jovial, du moins juste (mo)rose. Avant de se terminer très dépouillé et down tempo, contrepoint-miroir du début, à l’image d’une boucle infinie.
Après quelques écoutes, il apparaît que « Ode to Joy » est un tout (on touche surtout pas au bouton « random » pendant la lecture), et est à prendre ou à rejeter en bloc. Je suis preneur. Parce que Tweedy est un type qui sait composer (y’a de la mélodie, certes pas aguicheuse, mais bien présente), sait écrire des textes (ça semble plus sophistiqué que, au hasard, Bob Seger). Et puis derrière, les Wilco sont tous capables avec trois bouts de ficelle et un espace d’intervention souvent réduit au minimum, de faire des merveilles instrumentales …
Pièces choisies : les inauguraux « Bright leaves » et « Before us », mélodies à faire pleurer feu Tom Petty, ambiance pluvieuse et mortifère, « Everyone hides » première éclaircie avec guitare rageuse, « We were lucky » (rien à voir avec Pharell Williams, mais beaucoup avec le Neil Young moissonneur, et des arrangements comme plus personne n’en ose depuis quarante ans), « Love is everywhere » (comme du Dylan des 70’s en état de grâce, ce qui lui est arrivé quelquefois), ou « Hold me anyway » que l’on peut qualifier d’exubérant dans le contexte …
Néanmoins, il me surprendrait fort que Tweedy batte les records de « Thriller » avec cette rondelle … Pour public averti …


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The Whole Love 



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