Des fois, y’a des skeuds, juste en lisant le nom du
type qui l’a fait, dont a pas envie de dire du mal. Exemple type : Iggy
Pop, total respect pour le type, mais qui depuis les trois premiers Stooges, a
enchaîné une litanie de rondelles dont l’immense majorité sont … comment dire …
embarrassantes. A l’inverse, les Moonlandingz, on a envie de sortir la kalach
et de faire feu jusqu’à épuisement des balles.
Mais qui sont ces gens-là, s’interroge le pékin
moyen, pour qu’ils méritent pareille défiance préalable ? Ben le chanteur
et le guitariste de Fat White Family, assez douteux conglomérat de déjantés
proto-punks qui a tendance à se perdre dans une imagerie et un discours douteux
(des mecs en treillis semblant un peu trop fascinés par les idéologies rances
totalitaires, voir par là ce que pense d’eux et de leur musique). Ces deux
types, souvent les porte-parole de la FWF se sont donc acoquinés aux – je cite
– Eccentronic Research Council. Rien qu’un nom pareil, ça fout les jetons,
remember British Electric Foundation. Et comme leur nom l’indique, les
Eccentronic machin sont un groupe électronique d’avant-garde. Oh putain, tu les
vois arriver, l’association tordue et le disque bon pour la poubelle
direct ?
Ils sont venus, ils sont tous là ... |
Et bien ce « Interplanetary … » il est …
excellent. Bien meilleur que le skeud de la Fat White Family et … Ne me
demandez pas à quoi ressemblent ceux des Eccentronic Bidule, y’a quand même des
choses que la décence m’interdit d’écouter. Cet assemblage a priori hétéroclite
a pondu un disque mélangeant donc rock plus ou moins sauvage couplé aux
machines et arrangements electro. Mais pas que, y’a des vraies guitares,
basses, batteries, cuivres, vieux claviers, qui prennent largement le dessus
sur tous les bidouillages techno. Sorte de Monsieur Loyal de la chose, Sean
Lennon (oui, le fils de son père) qui joue sur plusieurs titres et coproduit la
chose. C’est bien simple, bien que pas spécialiste de ces partouzes musicales,
il faut pour moi remonter aux « Contino sessions » de Death In Vegas
(1999 ou quelque chose comme çà), pour trouver un truc aussi accrocheur dans ce
genre de bouillabaisse sonore pourtant très fréquentée depuis un quart de
siècle …
D’abord parce qu’il y dans ce disque de onze titres
… onze chansons. Des vraies, avec une intro, des couplets, un refrain, des
ponts, un final. Etonnant isn’t it … Bon, y’en a à peine une paire de
dispensables, « Glory hole », qui allez savoir pourquoi me fait
penser à Billy Idol dans sa période « américaine », et la dernière
« The cities undone », dont la présence de Phil Oakey (des
hypradispensables Human League, garçons coiffeurs du début des 80’s) dans les
chœurs n’est évidemment pas là pour sauver l’affaire. Mais le reste, ma bonne
dame, c’est autrement mieux foutu qu’un discours sur la moralité et les convictions en politique de Nicolas Ducon-Geignant.
C’est bien simple, il y a dans « Interplanetary
… » ce qui est à ce jour le meilleur morceau de l’année, le fabuleux
« The strangle of Anna », duo entre Lias Saoudi (le chanteur de Fat
White Family) et l’inconnue au bataillon Rebecca Taylor, un truc d’une pureté
et d’une simplicité mélodiques affolants, bien que ça me semble causer de mort
et de sadomasochisme.
Ouais, parce que les thématiques sont pas vraiment
guillerettes, avec même un truc qui peut susciter la polémique, si par hasard
un polémiste tombe dessus, le titre « Lufthansa man » sur ce copilote
qui a pris les commandes d’un avion et l’a crashé avec tous ses passagers dans
les Alpes. Et tant qu’on y est, au rayon énigmatique, faudra que ces joyeux ( ?
) zigotos m’expliquent ce jeu de mots foireux sur le pape et Châteauneuf du
Pape sur « Neuf du pape ». Le vin rouge de la vallée du Rhône leur
monterait-il au casque ?
Moonlandingz live |
Et quitte à passer pour un vieux con, ce
« Interplanetary … » je le trouve bien parce que malgré tous les a
priori qui peuvent l’entourer (avant-garde, branchouille, buzz, …), c’est pour
moi quasi un skeud de classic-rock, bien produit (c’est bien le moins, les
Eccentronic Truc sont des rats de studio), et qui souvent reprend des
(vieilles) recettes qui ont fait leurs preuves. Que le grand cric me croque si « Black
hands » et surtout « Sweet Saturn mine » ne ressemble pas
foutrement à du Depeche Mode période « Black Celebration » (pas leur
meilleure, certes) avec un Saoudi qui imite à s’y méprendre Dave Gahan au
chant. Je suis prêt adhérer à En Marche si le court instrumental « Theme
from Valhalla Dale » n’est pas un hommage appuyé aux B.O. de Morricone (au
début) et Nino Rotta (à la fin). Et qu’on vienne pas me dire qu’il n’y a pas du
Eurythmics de la fin des 80’s sur « The babies are back ». Et avant
qu’un finaud me fasse perfidement remarquer que Depeche Mode, Morricone, Rotta
et Eurythmics, c’était pas du classic rock en leur temps, je rétorque que je
sais, mais que depuis ça l’est devenu, tout le monde les cite aujourd’hui comme
faisant partie du patrimoine du binaire (ou du classique pour les deux Ritals).
Qu’est ce que je pourrai dire encore pour faire
partir mes lecteurs en courant ? Ah tiens que « Vessels » le
premier titre, avec sa voix désincarnée et son rythme martial, me fait penser
aux Belges electro une fois de Front 242 (qui à l’instar de la Fat White
Family se sont coltinés en leur temps une réputation de penseurs
vert-de-gris).
Et que c’est pas avec ce disque qu’on saura si
Saoudi est un bon chanteur, tant le fiston Lennon et les Eccentronic Etc … s’en
donnent à cœur-joie pour passe sa voix dans une foultitude de filtres, chambres
d’écho et autres vocodeurs (sur « I.D.S. », autre grand titre, on
croirait que c’est la chanteuse de Portishead au micro).
Et pour finir, parce que je vais pas non plus y
passer la nuit sur cette notule, je suis plutôt agréablement surpris par cette
rondelle dont je n’attendais strictement rien (de bon). Même si prédire gloire,
notoriété et fortune aux Moonlandingz, c’est un peu comme miser sur un poney
pour gagner le Prix de l’Arc de Triomphe …
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