Autant être clair d’entrée. Ce disque, plus je l’écoute,
plus il me gave. Pour plein de raisons, forcément bonnes, puisque ce sont les
miennes. Attention, je touche quasiment au bon Dieu là, tant ce groupe est
devenu une institution. A cause de sa musique ? Un peu, mais putain ça
craint …
J’ai rien contre le fait que des types tatoués en tongs
et en bermudas aient du succès. Non non, vraiment, mais faut juste qu’ils
passent dans les émissions de Patrick Sébastien, quoi … A t’on déjà vu Keith
Richards, Bowie, Lou Reed, Dylan, Lemmy Motörhead accoutrés de la sorte
hein ? Et qu’on vienne pas me rétorquer que c’est mesquin, juger les gens
sur leur apparence, que c’est un argument de facho en puissance… Non, le look
des types qui font de la musique, c’est un peu comme les notes de pochette des
33T à l’époque, ça compte autant que ce qu’il y a à l’intérieur. Et quand tu
ressembles au jeune beauf en vacances au camping, ben pour moi c’est
rédhibitoire. Et c’est pas par hasard qu’on retrouve pareille hérésie
vestimentaire chez des rappeurs, des DJs ou des nu-métalleux. Cette
décontraction de bon aloi c’est niet pour moi …
On va au bal masqué, ohé, ohé ... |
Et la zique, dans tout ça ? Ben elle aussi elle est
tatouée, en tongs et bermudas, à l’image des types qui la font …
Une bouillasse (qui a fait fureur en son temps, on en
recausera plus bas) qui a placé les Red Hot sur le toit du monde, faisant de
ces nigauds une « valeur sûre », en gros des types capables de vendre
des tickets pour remplir un stade en deux temps trois mouvements. On appelé ça
de la « fusion » et ça n’a rien à voir avec les choses fabuleuses que
pouvait sortir un Sly Stone en son temps. En gros un type qui rappe sur un raffut
à base de basse slappée, de plans de batterie lourdingues, avec de la guitare
hardos qui tronçonne des riffs …
N’importe quel groupe peut faire ça au bout de trois
heures de répét. Rendons justice aux Red Hot, ce sont eux qui y ont pensé les
premiers dans les nineties. En s’appuyant sur ce qui vendait : du rap et
de grosses guitares. Et les gros cigares de la Warner qui venait de les signer
alors qu’ils étaient jusque-là réservés à un public « avant-garde branchée
et décontractée » leur ont filé un gros budget et surtout Rick Rubin. Faut
dire que le gros barbu était a priori l’homme de la situation : c’était
lui qui avait mis en sons les faux potaches Beastie Boys et les vrais connards
de Slayer.
Sur « Blood … », ils s’en donnent tous à
cœur-joie pendant une heure et quart. Putain, une heure et quart … Même à
l’époque, malgré tout le tapage médiatique qui entourait le groupe et son
skeud, je trouvais çà un peu longuet. Vingt cinq ans après, c’est juste
insupportable. Kiedis est tout sauf un bon chanteur, ces rythmes et ces
cocottes funky groovent à peu près autant qu’un séminaire de centenaires. C’est
juste du putain de gavage, de la répétition ad nauseam de gimmicks aussi éculés
qu’insupportables. Et pour que le supplice soit complet, tous les titres sont
enchaînés, certains ayant la mauvaise idée d’être des copier-coller de ceux qui
précèdent.
Comme la musique est d’une banalité assez affligeante, on
a fait de ces zozos des sorte de super-héros, et on peut trouver partout des
histoires qui se veulent édifiantes sur leurs problèmes de cul, de dope, de
dépressions … on n’oublie pas de citer leurs concerts bites à l’air à leurs
débuts, de faire verser une larme sur le sort de Hillel Slovak, leur premier
guitariste overdosé, de décrypter la bisexualité de l’héroïnomane Kiedis, de
s’interroger sur les départs et retours de son successeur, « l’enfant
terrible » John Frusciante (c’est quand il s’est barré et quand Dave
Navarro l’a remplacé qu’ils ont sorti pour moi leur meilleur disque, mais chut,
ne le dites pas fort, les fans et le groupe bavent depuis des siècles sur
Navarro et « One hot minute »).
Payer pour voir un mec en slip kangourou ? |
Moi je sauve deux morceaux (et demi). Ouais, sur
dix-sept, ça fait pas bézef, je sais. Et surtout pas leur putain de premier
numéro un, l’insupportable « Give it away ». Non, le talent que je
veux bien reconnaître aux Red Hot, il est dans les ballades tristes. Comme « Breaking the
girl » ou le très excellent « Under the bridge ». Voire un peu dans
« I could have lied ». Tout le reste, c’est poubelle et surtout le carnage
qu’ils font subir (traitement hardcore-punk en une minute chrono) au
« They’re red hot » de Robert Johnson. Dommage qu’on l’ait pas foutu
dans un cercueil capitonné de soie le Robert, ça lui ferait moins mal quand il
se retournerait dans sa tombe à l’écoute de cette chose grotesque.
La plaisanterie aurait pu vite finir. Trois mois après
« Blood Sugar … », sortait « Nevermind » de Nirvana qui du
coup offrit quelque chose de bien plus consistant à se mettre entre les
oreilles. On sait ce qu’il advint rapidement de Cobain et de Nirvana. Une fois
le blondinet sous terre, tous les couillons se tournèrent vers les Red Hot,
Pearl Jam, Smashing Pumpkins ou je ne sais quels autres tocards. La messe des
nineties était définitivement dite. La décennie serait tous tattoos et
pantacourts en avant …
Tiens, une info dont vous ferez ce que vous
voudrez : toutes les photos des tatouages du groupe qui fourmillent dans
le livret ont été shootées par Gus Van Zant …
Leur look, bon, ok, mais c'est parce qu'à Los Angeles y'a un micro-climat, il fait beau tout le temps, donc les tongs et les shorts...
RépondreSupprimerMême si leur musique ne m'émeut pas plus que ça (c'est plus tard mais j'aime bien leur "californication"), j'ai toujours une petite pointe d'admiration pour des formations guitare-basse-batterie. Chad Smith n'est pas mauvais aux futs, et Flea est un bassiste / trompettiste, c'est rare !
je les ai vu à paris y'a... 8/10 ans... 1h30 syndicales, et professionnelles. Un Kiedis à côté de ses pompes, pas sympa, pas causant, soit shooté, soit malade. Il y avait un deuxième guitariste (planqué derrière !!). Seul le duo basse-batterie envoyait le bois.
Ah, et sur les looks... Bowie bat tous les records en guise de fringues, non ? Et Iggy Pop, en nuisette et paillettes avec les Stooges, et Lou Reed à une époque...
RépondreSupprimer"Californication" n'est pas honteux, certes. Smith / Flea, c'est une section rythmique encensée, certainement sous-utilisée dans le format plutôt bourrin et "fusion" des RHCP.
RépondreSupprimerBowie a eu quelques accoutrements de plutôt mauvais goût, surtout rétrospectivement. Y'a des tenues de scène ou de photoshooting qui subissent des ans l'irréparable outrage. Mais tous ceux que je cite, j'ai jamais vu d'eux une photo "officielle" en tongs et bermudas ...