Boo Radleys, c’est le groupe typiquement warholien …
le quart d’heure de gloire et la disparition corps et biens ensuite …
Quarantième roue du carrosse Creation, le label de
Manchester fondé par Alan McGee, et au catalogue comprenant tous ceux qui ont
fait la hype – l’actualité (rayer la mention inutile) fin des 80’s-début des
90’s, à savoir les House Of Love, My Bloody Valentine, Primal Scream, … avant
le gros « coup » Oasis. Les Boo Radleys, c’est une paire de disques
anonymes, ce « Giant steps », une paire d’autres disques oubliés par
tous, et la débandade à la fin de la décennie.
Robert Duvall, le Boo Radley du cinéma |
Par habitude sémantique, je me méfie d’un disque ou
d’un morceau avec le mot « giant » dans le titre. Généralement, on se
retrouve avec un machin boursouflé (mètre-étalon, la rondelle
« GIANT » des Woodentops), jouant des biscottos pour se faire
remarquer et s’effilochant à mesure qu’on l’écoute. « Giant steps »,
c’est un peu pareil. Ça part dans tous les sens, multiplie les références à
tout-va, cherche à se faire remarquer. De la musique qui a des lettres en
somme.
Déjà, le nom du groupe vient de celui d’un
personnage de film (Boo Radley un des premiers rôles de Robert Duvall, le
mutique soupçonné de sordides histoires avec des gamins, dans le classique de
Robert Mulligan « Du silence et des ombres », « To kill a
mockinbird » en V.O.), on a de la culture dans le groupe. Même si la
musique n’a rien à voir avec un pseudo-concept intello, c’est un digest de
plein de choses déjà entendues. Et depuis longtemps, on remonte aux Beatles et
aux Beach Boys (les mélodies, les harmonies vocales, tout ça …). Ce qui
suffirait, pour peu que ce soit bien fait. Mais c’est pas tout, loin de là.
Dans l’épicerie Boo Radleys, vous trouverez aussi du reggae, des machins
lyriques avec des cordes et des cuivres, de la new wave 80’s, des guitares
grabugeuses grungy ou mybloodyvalentinesques, des bandes passées à l’envers
comme au bon vieux temps du psychédélisme, des rythmiques Madchester, ... Et
bien souvent le tout dans le même morceau.
The Boo Radleys 1993 |
Résultat, des pièces montées impressionnantes, mais
un peu creuses finalement. Une bonne intro, et on se demande dans quoi le
groupe va aller se perdre pour épater la galerie, parce qu’il y a un peu de ça.
Les types, avec à leur tête un certain Martin Carr fourmillent d’idées et
essayent de toutes les caser (le disque dure plus d’une heure avec 17 morceaux,
c’est bien long). C’est pas toujours imbuvable, certains assemblages sont bien
vus, rehaussent un niveau d’écriture qui n’a rien d’exceptionnel (de la pop de
base, assez loin des quasi contemporains XTC ou Squeeze, et à des lieues de
Beatles ou Beach Boys), et, à la louche, une moitié des titres sont plaisants.
J’aime bien des choses comme « Leaves and sand », et son alternance
quiet-loud poussée au paroxysme, « Butterfly McQueen » sur le même
registre et autre référence cinématographique, « Barney (…and me) »,
sympathique titre sautillant qui rappelle à la fois Cure et XTC, « If you
want it, take it », qui avec ses gros riffs et malgré la voix efféminée
préfigure Oasis, « Take the time around », qui semble un plagiat des
Hüsker Dü de la fin période « Warehouse … », le petit hit
« Lazarus », fortement inspiré par la pop à trompettes de Love ou des
Pale Fountains, quelques autres sont pas trop mal.
Et puis, on trouve aussi quelques trucs assez
risibles aujourd’hui, quelques assemblages sonores ubuesques, mais qui
ravissaient la presse musicale toujours à l’affût de sensations (selon un fan,
ce « Giant steps » aurait été désigné disque de l’année par le NME et
les Inrocks, ce qui est fort possible, c’est le genre de patchwork dont les
hebdos sont friands une semaine, avant de passer à autre chose la semaine
suivante). Les brouillages trentreznoriens de « Spun around », c’est
juste ridicule, des gros riffs nirvanesques sur l’interminable berceuse « I’ve lost the reason », c’est
juste une très mauvaise idée, « One is for » me fait penser aux
Beatles, mais ceux inaudibles de « Revolution n°9 » … et grosso modo,
pas mal de choses déjà entendues chez les groupes-phares de Creation ou dans
l’indie-pop anglaise de l’époque.
« Giant steps » et les Boo Radleys sont un
peu, et je suis très gentil, passés de mode aujourd’hui. Sans trop de regrets
en ce qui me concerne …
'tain, si t'aimes même plus la pop anglaise à guitares... En général j'aime bien les disques avec "beaucoup d'idées", enfin, je les préfère aux morceaux de 2-3 minutes basés sur 2-3 accords (toujours les mêmes) et les sempiternels "gratouillages" de gratte mais il ne m'avait pas marqué, je ne m'en souviens d'ailleurs plus. Je réessaierai. "Giant Steps", c'est aussi le titre d'un Coltrane, m'étonne que t'aies pas souligné.
RépondreSupprimerChez Creation, ne pas oublier Teenage Fanclub...
Plus que 4 dans les "prochainement à la une", que doit-on comprendre ?
Oui, pop anglaise à guitares si on veut ... mais y'a pop anglaise à guitares et pop anglaise à guitares, et ça, justement c'est de la pop anglaise à guitares ... euh, comment çà, c'est pas clair mon raisonnement ?
SupprimerBeaucoup de (vrai) boulot ces temps-ci, donc il risque d'y avoir des trous dans les parutions à l'avenir ... mais c'est pas sûr, je ferai tout pour publier et empêcher des vagues de dépressions et de suicides parmi mon lectorat en manque ...
Ton hypothèse de travail sémantique se heurte à un roc... "Giant steps" c'est aussi (et surtout) un disque de John Coltrane... (oui je sais, c'est du jazz...) et pis c'est une chanson de Taj Mahal, espèce de folk bluesy acoustique que j'adore...
RépondreSupprimerGiant steps, je sais que c'est un disque de Coltrane... je crois bien l'avoir même ... Mais comem c'est du fuckin' jazz, pas d'erreur sémantique ...
SupprimerEt le disque en mp3 haut de gamme, il est là :
Supprimerhttp://musicmp3spb.org/album/giant_steps_the_boo_radleys.html
"Giant steps" c'est aussi (et surtout) un disque de John Coltrane"
SupprimerDites donc, M. B., c'est bien ce que je dis, faut suivre un peu... Oui, même moi, l'amateur de "techno", je sais ça, incredible, isn'it ? :)
Par contre pour Taj Mahal je savais pas... Dont acte.
Mais je savais que vous le saviez... Nous sommes ici entre gens de bonne compagnie, l'endroit est de qualité, et c'est bien pour cela que je viens !!
SupprimerA leur regard, y z'ont pas l'air vif les Boo... Surtout celui qui a une casquette et celui qui a la chevelure de Fabien Barthez...
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