Je l’écris en tout petit, mais bon, à l’époque, j’ai
écouté les Simple Minds. Je trouvais même ça pas trop mal. Pas aussi bien, loin
de là, que les Cramps, le Gun Club, les Fleshtones et d’autres cohortes
d’obscurs garage bands. Mais nettement mieux que tout un tas de daubes qui
commençaient à pulluler.
Simple Minds 82 |
Mais voilà, trente après, ça fait quand même mal aux
oreilles les Simples d’Esprit. Et encore, là, avec ce « New gold
dream », ils faisaient un grand bond qualitatif en avant. Faut dire qu’ils
(re)venaient de loin, du trouble marigot où s’ébrouaient des contingents de
new-waveux cold-waveux. Mais là, tout d’un coup, avec quelques autres dont
leurs potes de U2, ils allaient se retrouver en haut de l’affiche. A coups de
grandes chansons conçues comme des hymnes, de messages « positifs »,
de refrains à reprendre en chœur dans les stades, parce que in fine, c’est de
çà qu’ils rêvaient (et les majors derrière eux), ces vastes communions dans des
endroits de plus en plus gigantesques, où toutes les stars de la décennie
allaient finir. Le retour aux grands raouts sixties, alors que depuis quelques
années, grâce au pub-rock et au punk, la musique était revenue dans les petites
salles conviviales, seules quelques superstars vieillissantes (les Who, les
Stones, Queen, …) se produisaient dans les stades.
Les Simple Minds de « New gold dream »,
c’est un peu l’avènement du « gros son », ce mirage du message qui passe
mieux quand c’est joué plus fort, et dans lequel tous (de Springsteen à Tears
for Fears, de Bowie à Cyndi Lauper) allaient se fourvoyer dans cette maudite
décennie, toutes grosses caisses de batterie en avant et pléthore d’arrangements
pompiers. Simple Minds, ça cogne. Enfin, ça commence, ce sera pire sur le
suivant « Once upon a time ». Ici, le groupe hésite encore, le cul
entre deux chaises, entre new wave à synthés (y’en a partout, en
« nappes », comme on disait à l’époque, ils sont aussi en avant que
la batterie et la voix comme il se doit de stentor du chanteur), et rythmiques
rentre-dedans beaucoup plus « rock ». Curieux de voir, au vu de
l’évolution future du groupe, qui deviendra un duo avec des sessionmen, que
l’un des deux leaders en puissance, le guitariste Charlie Burchill, est
quasiment inaudible tout au long du disque. Ce sont des accords de synthé et
pas des riffs de guitare qui font monter la température dans les morceaux.
Jim Kerr 1982 |
Lesquels morceaux commencent à s’allonger, comme une
répétition ad lib d’un message. Quasi tous dépassent les cinq minutes. Le
frontman du groupe, le chanteur Jim Kerr, à grands coups de brailleries
« concernées » et de poses christiques, va devenir une des superstars
de la décennie. Trois hits, et pas des petits, de ceux qu’on entendait vraiment
à la radio, seront extraits du disque, « Someone somewhere in
Summertime », « Glittering prize », et le gros carton
« Promised you a miracle ». Aujourd’hui, ça me donne l’impression
d’hymnes pompiers renforcés par de gros gimmicks vulgaires de synthé ou de
batterie, avec des montées tout en puissance vers le refrain braillé comme un
slogan. Le problème vient tout autant des autres titres, bâtis sur le même
modèle, bien résumé par « Big sleep », on ne peut mieux nommé.
Le genre de skeud tout juste intéressant pour une
soirée à thème sur les « fabuleuses » années 80 dont quelques sourds
quadra-quinqua se délectent encore.
Enfin, une question essentielle me turlupine.
Comment Chrissie Hynde (putain, Chrissie Hynde, quand même) a t-elle pu
divorcer de Ray Davies (putain le Ray Davies des Kinks, le meilleur auteur
anglais des cinquante dernières années) pour aller épouser ce tocard de Jim
Kerr ?
Ouais, Chrissie, pourquoi t’as fait ça ?
Ne me vieillis pas STP, quadra bientôt mais pas encore...
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