THE BELOVED - HAPPINESS (1990)

 

Synthèse ...

Les Beloved, ils ont eu leur quart d’heure de (petite) gloire au tout début des années 90 avec ce disque. Quelques titres avant, il me semble un Lp ensuite, et puis plus rien ou quasiment. Et pourtant, le groupe existe toujours. Enfin je crois. Et groupe, faut le dire vite …

En fait The Beloved, ça se résume au seul John Marsh (tout un tas de machines à base de 0 et de 1, et … hum, chanteur), c’est le seul permanent du groupe. Pour ce « Happiness » ils sont trois au générique, Marsh donc, Steve Waddington (guitares et claviers), plus le producteur Martyn Phillips. Structure assez énigmatique, on sait pas trop qui fait quoi, et faut pas compter sur le livret pour des infos. Il y en a certes des infos, mais écrites en caractères minuscules de façon concentrique, et finalement totalement illisibles. Faut se contenter de ce qu’on entend, vous me direz, un disque, c’est justement fait pour ça …

Marsh & Waddington : The Beloved

Sur « Happiness », y’a beaucoup de synthés et de programmations. Quelques guitares aussi. Comme sur l’introductif « Hello », qui sonne comme du Madchester (Happy Mondays). Et qui cite dans un gloubi-boulga de name dropping des références aussi étranges mises côte à côte que Little Richard et Willy Wonka, Fred Astaire et Salman Rushdie, Mary Wilson et Jean-Paul Sartre, j’en passe des dizaines … Ce titre donne la tonalité générale du disque, mid tempos moroses chantés d’une voix monocorde et voilée. Le genre de trucs que si t’en aligne une douzaine sur une rondelle, t’endors tout le monde.

Assez bizarrement, parce qu’on est dans un machin très connoté (une rétrospective du son des machines des années 80 en prise avec une nouvelle décennie qui commence), ce disque est sauvé par les mélodies. Oui, le type Marsh (responsable de quasiment tous les titres, une paire sont coécrits avec Waddington) sait écrire des chansons, tristement joyeuses et sombrement lumineuses. Alors que d’après les spécialistes des Beloved, les origines du groupe étaient sous influence New Order, ici on est plutôt dans l’école Pet Shop Boys. Mais des Pet Shop Boys sans la démesure hédoniste, des Pet shop Boys qui la joueraient profil bas.

Exemple type, « Time after time » (rien à voir avec Cyndi Lauper et encore moins Miles Davis) pour moi le meilleur titre de l’album, ritournelle basique aux multiples arrangements, un classique de la musique chillout, quand au petit matin blême on arrête de danser comme un possédé en gobant des ecstas, et qu’on reprend contact avec la vraie vie …


En plus de regarder dans le rétro (anglais) de la décennie, Marsh et ses acolytes ont laissé traîner les oreilles du côté de Detroit et de la house de Chicago. Flagrant sur des titres comme « The sun rising » (autre petit hit) avec son piano martelé et sa vois féminine très orientale, ou encore « Don’t you worry », un peu gâché par quelques sons de synthés bien datés. Quelques titres sonnent comme des hommages, « Your love takes me higher » avec intro très Frankie Goes to Hollywood avant de s’enliser dans des couches et des couches instrumentales pas forcément bienvenues, « I love you more » fait beaucoup penser à Depeche Mode quand il faisait de la musique pour les masses, « Wake up soon » très Princier (et donc un peu Curtis Mayfield aussi) le plus funky du lot avec des guitares wah-wah, « Up up and away » renvoie à du New Order quelconque …

Point commun à la plupart des titres, une tendance à s’étirer (même si en moyenne ils tournent à moins de cinq minutes), quand ils auraient gagné à être plus concis, plus catchy comme on disait en ces temps-là. Le tout est plutôt sympa, si l’on veut bien laisser de côté une paire de titres (« Scarlet beautiful », eurodance pas très finaude, et l’ultime « Found » dont on a l’impression qu’il n’est là que pour remplir un peu plus la galette).

On peut se demander pourquoi ce relatif anonymat à l’époque et pourquoi cet oubli semble t-il définitif aujourd’hui. Peut-être parce que The Beloved était purement londonien et qu’à ce moment-là nos amis (?) anglais s’extasiaient devant les trouvailles musicales de leurs provinces (Manchester avant Bristol au début des 90’s). Peut-être aussi parce qu’ils se contentaient de faire de la musique, laissant de côté tout le circus sex & drugs & rock’n’roll dans lequel se complaisait la concurrence. Pas assez scandaleux pour l’époque ?


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