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GRANDADDY - SUMDAY (2003)


Le coin des grabataires ?

Suffit de voir leurs bobines aux Grandaddy, improbable mix entre bûcherons canadiens, truckers américains et ZZ Top pour savoir que l’on n’a pas affaire à un phénomène de mode. Des types bedonnants et hors d’âge, de grand dadais (trop facile, celle-là) à la ZZTopesque pilosité, issus de Modesto, Californie.
Grand Manitou du groupe, Jason Lytle … qui a tout d’un grand, auteur unique de tous les titres de ce « Sumday ». Qui est un disque américain atypique, puisque c’est un des meilleurs disques anglais de la décennie. Lytle et ses potes sont fans de pop anglaise, et ça s’entend au détour de chaque chanson. Un fan qui en plus sait écrire des trucs imparables, d’une évidence sidérante. Un des grands songwriters américains, à ranger aux côtés de son contemporain Elliott Smith, rayon surdoués mélodiques. Sauf que là où l’auto-poignardé faisait plutôt dans l’enrobage austère, les Grandaddy poussent leurs titres dans une exubérance de sons, d’arrangements, d’harmonies vocales, retrouvant les alchimiques formules qui faisaient fonctionner les chansons dans les lointaines sixties.
Mais Grandaddy ne sont pas que des revivalistes béats, obnubilés par les instruments en bois et les amplis à lampes. Ils montrent qu’ils s’y entendent à faire tourner toutes les bécanes électroniques dans des studios modernes. Les machines sont là et bien là, omniprésentes, mais reléguées au second plan pour offrir un écrin aux chansons.
On pense quelque fois, et même plus que de raison aux Beatles, « I’m on standby » semble un inédit de « Let it be » (l’album), « Saddest vacant … » va encore plus loins dans le côté « Let it be » (le titre) avec son intro au piano, même si c’est pas le meilleur titre de ce « Sumday ». Pour en terminer avec le syndrome Fab Four, il convient de citer le fantastique « Stray dog … », qui utilise les mêmes gimmicks rythmiques déjà entendus sur leur reprise de « Revolution » pour la B.O. du film « I am Sam », ou le piano très « Imagine » de « The warming sun ».
La voix fluette et aiguë de Lytle oblige à citer Neil Young (sacré mélodiste celui-là aussi), et on pense souvent au country-rock du Canadien de ses débuts en solo ou de l’époque Buffalo Springfield, flagrant sur le renversant et inaugural « Now it’s on », sur « Yeah is what we had » (avec sur ce titre des bribes mélodiques de « Watching the wheels » de Lennon me semble t-il). Parce que çà, exhiber la madeleine proustienne sonore, ils savent faire Lytle et ses Grandaddy et que celui qui ne pense pas à « Mrs Robinson » de Simon & Garfunkel en écoutant « El Caminos … » prenne rendez-vous chez son ORL …
Bon, il faut quand même avouer, et c’est parfois le reproche fait à ce disque, que l’immense majorité des titres étant sur le même tempo et faisant appel aux mêmes recettes, on a l’impression de tourner en rond sur la même chanson. Si on n’aime pas au bout de quelques mesures, pas la peine d’insister …
Moi j’ai choisi mon camp, des disques qui font penser à l’orfèvrerie des Beatles, des Beach Boys, ou des plus oubliés magiciens de la chose pop qu’ont été Left Banke ou les Zombies, eh bien je suis preneur …
Grandaddy a existé dix ans avant de se dissoudre au milieu des années 2000, et a laissé une poignée de disques dont ce « Sumday » constitue le dernier volet d’un triptyque majeur comprenant « Under the western freeway »«  et « The sophtware slump ».

Des mêmes sur ce blog :



(On trouve de tout sur YouTube, même un blaireau qui met ses photos de vacances avec Grandaddy en fond sonore ...)

BEIRUT - GULAG ORKESTAR (2006)


Le temps des Gitans ?

Beirut, c’est un sacré truc zarbi. Un concept, ou au choix un faux groupe, derrière lequel se cache un ado américain, Zach Condon. Condon est un minot qui tout seul dans son coin, en utilisant une kyrielle d’instruments dont certains plutôt exotiques (accordéon, trompette, ukulelé, plus toute une panoplie de claviers et synthés), a fait le meilleur disque manouche depuis (qui a dit Thomas Dutronc ? attention, je vais me fâcher, là) … depuis, j’en sais foutre rien (ça y est, j’ai réussi à placer foutre et Condon dans le même paragraphe, j’suis content de moi, là …), parce que c’est pas le genre de trucs que j’écoute (qui a dit Kusturica ? n’aies pas peur, tu dois avoir raison …).
Bon, je reprends, et faudra que pense à arrêter de picoler avant d’écrire des coms, ça va finir par se voir que je suis pas à jeun … Donc, le gamin Condon, qui avait pourtant largement de quoi satisfaire ses goûts pour le folk antique dans son Amérique natale, est parti pendant plusieurs années tracer la route en Europe, et plus particulièrement dans cette région que l’on appelait autrefois Mitteleuropa (l’Autriche-Hongrie, la Prusse), poussant des pointes vers les Balkans et une visite en Irlande. Et c’est la vieille musique de ces endroits-là qu’il nous ressert. Qui n’a rien à voir avec les chansons populaires ( ? ) des teutons à quelque fête de la bière, mais une musique remplie des sonorités les plus plébéiennes, rurales, de ces contrées. En gros, les tziganes, roms, et autres gitans.
Evidemment, personne n’attendait ce disque. A l’origine de onze titres, très rapidement les versions Cd ont rajouté les cinq titres d’un EP (« Lon Gisland ») paru dans la foulée, et qui n’apporte pas grand-chose, si ce n’est un instru celtisant qui semble un peu perdu et hors-sujet dans le contexte.
Dès les premiers titres, on se dit que « Gulag Orkestar » est génial, avec ses ambiances tziganes, ses chœurs lancinants (« The Gulag Orkestar » le titre), ses ambiances bavaroises tristes (« Prenzlauerberg »), et ses mélodies parfois enjouées (« Brandeburg », et surtout « Postcards from Italy », pour moi d’assez loin meilleur morceau de l’album).
Au bout de quelques titres qui ont tendance à furieusement se ressembler (mêmes tempos, mêmes orchestrations, mêmes arrangements, même façon pour Condon de placer sa voix, …) on se dit que c’est quand même un peu toujours pareil, et que ça commence à devenir lassant.
On est finalement soulagé quand ça s’arrête, parce que ce bousin finit par gonfler grave, toutes ces variations infimes sur le même thème …
Un disque finalement révélateur d’une époque, où il semble que tout a déjà été dit et entendu mille fois, et où la moindre idée, la moindre trouvaille, le plus petit gimmick, sont montés en épingle pour qu’ils apparaissent au pékin d’auditeur qui ne sait plus où donner du conduit auditif, comme la trouvaille du siècle émanant d’un génie en devenir de la chose musicale. Et même si le rendu n’a pas grand-chose à voir, je trouve le résultat assez proche dans l’esprit de ce que font quelques autres hâtivement qualifiés de surdoués, comme les surfaits Sufjan Stevens ou Kevin Barnes, le type de Of Montreal … des gars qui semblent avoir tout dit après un enchaînement de quelques bons titres, et qui se répètent jusqu’à l’écœurement…


JERRY LEE LEWIS - LAST MAN STANDING (2006)


Retour de flamme

Rapide coup d’œil sur les étagères de ma discothèque : hormis les compiles, mon disque le plus récent de Jerry Lee Lewis est le « Live au Star Club de Hambourg » de … 1964. Et donc un trou béant jusqu’à ce « Last man standing » de 2006. Composé de 21 morceaux, 21 collaborations avec tout le gotha des anciens du rock. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’une réunion poussive d’anciens combattants, mais bien d’une énorme réussite. Le casting est stupéfiant, manquent juste Dylan, Chuck Berry et quelques autres de moindre acabit, c’est dire le niveau.
Tout commence avec « Rock’n’roll » et Jimmy Page à la gratte. La cathédrale de heavy-rock qui ouvrait le 4ème Led Zep devient, passée à la moulinette Jerry Lee Lewis, ce que son titre annonce, un pur morceau de rock’n’roll. Et on voit ensuite défiler des gens comme Springsteen ou Mick Jagger, que l’on n’avait pas vu à ce niveau depuis des lustres (« Evening gown » semble rescapé des séances d’ « Exile on Main Street »)
Suivent des légendes du blues (B.B. King, Buddy Guy, évidemment Clapton sans lequel un tribute ne se ferait pas), de la country (Merle Haggard, Kris Kristofferson, Willie Nelson), des collègues de promotion des années 50 (Little Richard), qui viennent batailler avec le Killer sur des standards blues, rock’n’roll et country (sur la fin du Cd, manière de rappeler aux foules que de tous les précurseurs de sa génération, seul Jerry Lee a eu une carrière country digne d’intérêt).
Quasiment tous les titres mériteraient une citation. A 71 ans, Jerry Lee Lewis devenait la « révélation » musicale de l’année. Elle est pas belle la vie ?
Tiens, et il vient de se marier, Jerry Lee … Pour la septième fois …

Du même sur ce blog :


FUCK BUTTONS - TAROT SPORT (2009)


With God on my side ...

J’étais tranquille, j’étais peinard, chez moi, en train de chercher un gimmick pour mon prochain com, quand j’ai vu le Grand Véhicule se garer en face la porte. Un type est entré. Je l’ai toisé d’un œil torve :
- Eh, Dieu, te gêne pas, fais comme chez toi, entre sans frapper …
- Comment tu m’as reconnu, Lester ?
- Facile, Très-Haut, tu es coiffé comme Clapton à l’époque de Cream, et puis tu fumes le Havane.
- Je vois que j’ai affaire à un connaisseur. Et dis-moi, qu’est-ce que tu fous, là ?
- Ben, Votre Grandeur, j’essaye de trouver un plan pour ma 574ème chronique de Muddy Waters.
- T’en as pas marre de te faire chier avec cette musique de grabataires ? Pense à tes jeunes lecteurs de cinquante ans, parle d’un disque pour eux, d’un disque électronique …
- Mais j’y comprends rien moi, à la musique électronique, Tout Puissant. Vous voulez que je parle de David Guetta ?
- Et pourquoi pas des Boards of Canada, tant que tu y es ? La musique électronique, y’a rien à comprendre. Tiens, écoute ça, par exemple.
Par je ne sais quel prodige, du bruit se fit entendre…
- Euh, Mon Seigneur, c’est à la bonne vitesse, là ?
Dieu haussa les épaules.
- Et c’est qui, Votre Sainteté ?
- Les Fuck Buttons, ignare.
- Gloups, les Fuck quoi, Votre Altesse ?
- Les Fuck Buttons de Bristol. Tu connais Bristol au moins ?
- Oui, Majesté, bristol, c’est du papier pour les faire-part ou les invitations …
Dieu se regarda et donc, leva les yeux au ciel.
- Pfff … mais non, Bristol, la ville de Portishead et Massive Attack. Tu les connais eux, au moins ?
- Affirmatif, Mon Prince, les tristos qui font du dub au ralenti …
- N’importe quoi, enfin, passons … Les Fuck Buttons sont la dernière sensation de Bristol. Ce disque, c’est leur second, produit par Andy Weatherhall et …
- ‘Scuzez moi, Grand Timonier, mais Weatherhall, c’est un grabataire aussi, il remixait les Rita Mitsouko y’a vingt ans.
- Tu veux que je déclenche sur toi ma colère forcément divine ? Ferme-là et laisse moi t’expliquer … Les Fuck Buttons, c’est deux gars qui font de la musique électronique, l’un influencé par le post-rock de Mogwai, l’autre par la drone music, « Metal Music Machine » de Lou Reed, ce genre de choses …
Les Fuck Buttons en train de faire tapisserie ...
- Putain, ça craint tout ça, Votre Eminence …
- Espèce de chochotte, tu n’y comprends rien, c’est de l’avant-garde, c’est forcément bien … et tais-toi quand je parle. Donc « Tarot sport » jette un pont entre ces genres novateurs et est construit comme une longue odyssée sonore, avec tous les titres enchaînés et de longues séquences de transition entre eux. Note que la plupart des morceaux (exclusivement instrumentaux, aucune voix, même trafiquée, n’est décelable), durent pratiquement tous dix minutes, ce qui permet d’installer les ambiances hypnotiques et répétitives nécessaires. Et qu’on retrouve dans ces titres des choses qui renvoient à la plupart des courants de la musique électronique des vingt dernières années. Il y a de la house, du big beat, de la drum’n’bass, de la trance, de la jungle, plein de choses pour réveiller plein de souvenirs chez les connaisseurs. Note qu’on n’est pas dans l’ambient, ça bastonne au niveau des BPM, y’a des morceaux où on s’approche des 150. Et puis, c’est un disque qui fonctionne d’autant mieux qu’on l’écoute très fort. Tu suis ?
- Oui, mon Général. Un peu comme avec Ted Nugent, plus on monte le son, plus c’est bon …
- Mon Moi ! Mais que me suis-je fait pour mériter pareil obscurantisme …
- Non, je charrie, Votre Honneur, c’est pas si mauvais que ça en a l’air. Tiens, D’ailleurs y’a des morceaux qui ressemblent à Air. Enfin, Air repris par les Prodigy ou Orbital …
- Tu vois, quand tu veux, tu peux dire des choses à peu près sensées. Donc tu vas laisser tes vieux croûtons habituels, et tu vas dire du bien de ce disque des Fuck Buttons dans ton misérable blog … Et on discute pas, c’est un ordre …
- Comme il vous plaira, Sire … Mais euh, Votre Altesse, vous croyez que ça va intéresser quelqu’un les Fuck Buttons ?
- C’est l’avenir de la musique.
- Ah bon, si vous le dites, Excellence … Inch’Allah.
En me jetant un dernier regard courroucé et méprisant, Dieu me quitta …

THE BESNARD LAKES - ... ARE THE DARK HORSE (2007)


Beauté crépusculaire

Un couple de Montreal, Québec, sur un label indépendant, qui sort des disques dans les années 2000 … ça vous fait penser à personne ? J’en vois qui sont abonnés aux Inrocks et qui hurlent « Arcade Fire ! ». Perdu, je parlais d’un bon groupe … Celui dont au sujet desquels il est question là présentement est The Besnard Lakes. Les qui ?
Les Besnard Lakes, groupe formé autour de Jace Lasek, un rat de studio d’enregistrement (le sien, spécialisé dans le rock indie plutôt undergroung), et sa moitié Olga Goreas. Tous deux multi-instrumentistes et chanteurs, compositeurs et of course producteurs de ce « … are the Black Horse ». Black Horse ? ça vous fait aussi penser à un autre canadien ? Neil Young ? Gagné … enfin presque, Neil Young surtout à son époque guitares distordues de la fin des années 80, circa « Freedom – Ragged glory – Weld ». Parce que les Besnard Lakes (un vrai groupe, au-delà du couple leader) prennent un malin plaisir à étirer leurs morceaux, tartinées de guitares lancinantes qui rappelleront aussi les furieux freaks d’Hawkwind, les Warlocks, voire le shoegazing.
Mais les guitares ne sont qu’un accessoire comme tant d’autres, voir la liste impressionnante des instruments présents sur ce disque, on ne risque pas de confondre Besnard Lakes avec le Brian Jonestown Massacre. Il y a sur ce « … Black Horse » des mélodies à la pelle, bien en avant, et tout le monde chante ou fait les chœurs, mettant en place des harmonies vocales évoquant les Beach Boys tristes de « Surf’s up ». Rajoutez  à cela des titres résolument optimistes (« Disaster », « Devastation », …) et les textes barrés-flippants qui vont avec, et vous obtenez un disque qui empeste la descente d’acide, la fin de trip noirâtre …
Evidemment, du glauque’n’roll de ce genre, beaucoup s’y sont essayé. Peu ont cependant réussi à en tirer quelque chose de majestueux. Les Besnard Lakes y sont parvenus, et ce disque est pour moi une des meilleures rondelles des dix dernières années. L’album suivant (« … are the roaring night »), empêtré dans une sophistication progressive et pompière (pléonasme), ne sera malheureusement pas du même niveau …

AMY WINEHOUSE - BACK TO BLACK (2007)


Lady Soul ou Lady Heroïne ?

On va pas refaire l’histoire, la réécrire … Encore moins faire une bio ou une nécro. Je bosse pas aux Pompes Funèbres du rock… Il est des destins qui s’écrivent tout seuls, sans que qui ce soit ait à les forcer. Et celui d’Amy Winehouse était tellement prévisible, qu’il n’y aura finalement que tous les Pujadas de JT qui ont pu feindre la surprise ou l’incompréhension quand elle a clamsé.
Pour moi, Amy Winehouse, ça restera un putain de bon disque qui à lui seul a relevé le niveau des années zéro. Un disque pour les vieux, tous ces grabataires qui savent que Wilson Pickett ou Marvin Gaye ne sont pas des rugbymen. Un disque de vieille soul américaine. Et là où ça prenait une tournure surréaliste, c’est qu’il était fait par une jeune Anglaise de vingt-trois ans. Tatouée avec un mauvais goût de docker, coiffée comme Aretha « Lady Soul » Franklin ou Dusty « In Memphis » Springfield, fringuée comme une pute roumaine de bord d’autoroute…
Et pourtant ça n’avait pas très bien commencé. J’avais entendu une pub à la radio, avec un type qui baragouinait un truc du genre : « Avec Amy Winehouse, la nouvelle révélation soul, revivez la légende Tamla ». Derrière, en fond sonore, des extraits de « Rehab », 45T éclaireur de ce « Back to black ». Tamla de la soul ? C’est nouveau, il me semblait plutôt que c’était Stax ou Atlantic. Comme quoi les directeurs marketing des maisons de disques sont même pas foutus de promouvoir correctement des artistes exceptionnelles comme Amy Winehouse. Parce que moi, ce que j’entendais, c’était des « no, no, no » gospel et cette voix grave et soyeuse, naturelle. On sentait pas la technique d’une Castafiore braillarde comme chez toutes ces fuckin’ québecquoises dont on nous gave depuis cent ans … Le flash … quelques jours après, le Cd est sorti et a tourné plus que de raison dans le lecteur.
Un Cd sur lequel il n’y a pas grand-chose à jeter, à l’opposé d’un single malin entouré de sinistres daubes. Un truc cohérent, avec une couleur et une unité de son homogène. Dus à un assemblage hétéroclite, celui d’un jeune producteur tendance Mark Ronson, et de vieux de la vieille, les Dap Kings, musiciens de studio du label revivaliste soul américain Daptone Records qui végétaient dans l’anonymat comme backing-band de Sharon Jones, leur star inconnue … Emmené par des simples ô combien évidents, « Rehab », « You know I’m no good », « Back to black », « Love is a losing game », qui arrivèrent à concilier tendances, courants et chapelles a priori antagonistes, surfant sur un retro-futurisme-revivalisme-machin (de toutes façons, depuis en gros le milieu des seventies, tout n’est que rabâchage permanent), Amy Winehouse récolta un succès aussi bienvenu que quelque peu démesuré, comme le music-business et le buzz savent si bien les générer, dès lors qu’ils sentent entre leurs pattes quelque personnage hors-normes. On s’aperçut même qu’elle avait sorti un disque auparavant (« Frank », que j’ai pas réussi à écouter jusqu’à la fin mais qui m’a tout l’air épouvantable). Le reste s’écrira à la une des tabloïds, la toxique diva se révélant totalement destroy et nettement plus punk que tous les Blink Chose et Sum Bidule réunis.
Certains lui prédisaient une carrière à la Aretha Franklin, elle choisira une courte vie à la Janis Joplin … Reste ce « Back to black » miraculeux qu’on ne se lasse pas d’écouter …

THE DANDY WARHOLS - WELCOME TO THE MONKEY HOUSE (2003)


Un disque qui a la pêche ...

Un des groupes les plus aimés de la critique rock mais qui n’a jamais vraiment réussi à recueillir les suffrages du public. Vitrine ambulante de tous les fantasmes rock’n’roll, les Dandy Warhols de Portland, Oregon, ont au tournant des années 2000, sorti une poignée disques plus ou moins bordéliques, mais réussis, avant de s’enliser, de tomber dans l’auto-parodie, et de n’intéresser plus personne.
Et contrairement à ce que pourrait laisser croire la pochette de ce « Welcome to the monkey house » (leur quatrième et dernier « bon »), ce Cd ne se situe pas quelque part entre « Sticky fingers » et le 1er Velvet Underground. S’il faut à tout prix le définir, ce serait plutôt un hybride entre glam-rock et boucles technoïdes.
Après un premier titre « bizarre » déboule le magnifique « We want to be friends » et la machine à plaisirs (sonores) s’emballe. Les quatre branleurs malicieux menés par Courtney Taylor (bis) progressent d’inventivité à chaque album. Qui en ce début de triste siècle, était capable de faire se côtoyer des morceaux aussi classiques, purs et efficaces que « We want to be friends » (très énorme titre), « We were the last high » (avec Evan Dando des Lemonheads), les ballades « Heavenly » et « I am sound », recevoir l’adoubement de Bowie himself pour la crétinoïde « I am a scientist », et enrober l’ensemble du Cd d’arrangements travaillés et subtils parsemés de boucles techno ? A mon humble avis pas grand monde.
Alors, même si ce disque n’est pas forcément le meilleur des Dandy Warhols (pour ça, voir plutôt les deux précédents « … come down » et « Thirteen tales from urban bohemia »), il mérite quand même largement le détour. On parle (dans l’indifférence générale) d’un nouveau disque ces jours-ci …

PHARRELL - IN MY MIND (2006)


Le son du vide ...

Envie de sucer un Esquimau ? Pharell Williams 2006

Produire des titres qui se retrouvaient systématiquement au sommet des hit-parades US est une preuve, sinon de de talent, du moins d’un certain sens du pragmatisme sonore. Même si tout ce rap et ce pseudo r’n’b produit par les Neptunes, c’est surtout de la soupe pour MTV addicts.
Etre un surdoué des studios d’enregistrement est une chose. Etre capable d’écrire un morceau en est un autre. Pharrell (Williams), moitié des suscités Neptunes, le prouve avec ce « In my mind ». Des compositions d’un vide abyssal sont brillamment mises en son. Idéal pour tester sa nouvelle stéréo …
Pourtant tous ceux qu’il a hissés (Gwen Stefani, Snoop, …) vers  les sommets des charts tentent (sans trop de conviction d’ailleurs) d’aider Pharrell à accoucher de quelque chose qui pourrait ressembler à une chanson.
Certains avaient qualifié Pharrell de nouveau Prince, de nouveau James Brown, de nouveau génie de la musique noire …
Les mêmes  doivent confondre Grands Corps Malade et Bob Dylan …





BABY SHAMBLES - SHOTTER'S NATION (2007)


Piqûre de rappel ...

Finalement, ce qui est le plus étonnant avec Pete Doherty, c’est qu’il soit encore vivant. Tant il a été présenté (en forçant le trait ?), comme un junkie irrécupérable, et un type ingérable humainement. De la chair à fantasmes pour journalistes poursuivant une certaine esthétique de la déglingue rock, ou le sensationnel à mettre en une de leurs tabloïds.
Des emblématiques proto-clashiens Libertines, qui n’arrêtent pas de se séparer et de se reformer depuis plus de dix ans, de ses rapports pour le moins étranges avec son pote Carl Bârat, de ses dérives le faisant voyager de l’obscurité des prisons anglaises aux flash des paparazzi quand il avait Kate Moss à son bras, … Doherty se rêve poète décadent, peaufine inlassablement ses titres pour ensuite les jeter sur des disques bâclés et foutraques, et joue souvent jusqu’à la caricature son personnage de clodo bling-bling.
En principe, la came est planquée dans le chapeau de Doherty ...
Mais ses disques n’en demeurent pas moins attachants, dans lesquels alternent coups de génie et fumisteries totales. Ils sont pleins de rock déglingué, approximatif. Beaucoup de tripes et pas trop de technique. Du rock comme on l’aime.
Et tant qu’à faire, il y a même sur ce « Shotter’s nation » un morceau fantastique. « Delivery » il s’appelle. Plus ou moins démarqué du « All day and all of the night » des Kinks. En tout cas, une merveille pop.
Le reste est pas mal non plus. Meilleur que le « Down in Albion » précédent, qui était sympathique certes, mais aussi furieusement bordélique. « Shotter’s Nation » est un disque à l’ancienne, comme à l’époque du vinyle. 40 minutes, 12 morceaux courts. Ce qui évite le remplissage, et permet d’aller à l’essentiel. Des rock « clashiens » (« Carry on up the morning »), des ballades titubantes (« Unbilotitled », « There she goes »). Et preuve que Doherty a du talent, il reçoit l’adoubement de Bert Jansch (guitariste exceptionnel et légende du folk anglais pour une de ses dernières participations à un disque) qui vient gratouiller sur le très bon titre acoustique final, « Lost art of murder ».
Bonne production claire et limpide  de Stephen Street (producteur « historique » des Smiths et de Blur), ce qui nous change du fouillis sonore de Mick Jones le coup d’avant.
« Shotter’s Nation » n’est pas le disque du siècle, mais un des meilleurs venus de la perfide Albion en l’an de grâce 2007. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Ah oui, j’oubliais, ce disque est paru sous l’intitulé Baby Shambles. Personne n’a été dupe. Même si Baby Shambles est un « vrai » groupe, c’est uniquement la chose de Doherty …

RADIOHEAD - IN RAINBOWS (2007)


Des squelettes de morceaux ...

Radiohead est sans conteste un des groupes majeurs des quinze dernières années, plus par faute de concurrence que par réel talent. Des superstars par défaut, en somme. Reconnaissance critique et populaire, groupe composé de types bien, charismatiques, et ayant des choses intéressantes et intelligentes à dire en dehors du strict cadre musical, bla-bla-bla, bla-bla-bla ...
La famille Tristos du rock ...
Mais moi, leur musique ne me « parle » pas. J’ai la plupart de leurs Cds, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne squattent pas le lecteur. Et ce « In Rainbows » ne déroge pas à la règle. La plainte modulée de Thom Yorke qui lui tient lieu de voix me les brise vite menu, et à mon goût, l’épure musicale va trop loin. Ne reste plus que le squelette de ce qu’auraient dû être les titres de ce Cd.
Bon, tout n’est pas à jeter (deux-trois bons titres à la fin du disque) et tient quand même beaucoup mieux la route que le piètre essai solo de Yorke sorti peu auparavant (« The Eraser »), et toutes les purges déprimées et déprimantes dont ils nous abreuvent depuis. Et si ce « In Rainbows » restera dans l’Histoire du rock, ce sera plutôt à cause de son lancement (Radiohead a inventé le téléchargement pirate légal, les gens allaient sur le site internet du groupe, téléchargeaient les morceaux, et payaient ce qu’ils voulaient, ou ne payaient rien, au choix), que pour sa qualité strictement musicale. Le groupe se gagnant au passage une crédibilité un peu facile de rebelles au système (ils avaient suffisamment vendu de disques depuis leurs débuts pour être définitivement à l’abri du besoin, et de toutes façons, que ce soit eux qui le mettent en ligne ou pas, il se serait quand même téléchargé illégalement )
Moi, comme je suis vieux et con, j’ai commandé un Cd (du moins je croyais) physique quand il est sorti (un mois après la mise en ligne, j’ai pas eu trop à souffrir de cette attente). J’ai reçu une pochette-surprise avec à l’intérieur un Cd en kit à monter soi-même, sans le boîtier. Heu, Mr Yorke, on pouvait le télécharger où, ce fuckin’ boîtier ?

Des mêmes sur ce blog :
OK Computer



U2 - ALL THAT YOU CAN'T LEAVE BEHIND (2000)


U2, le retour ...

Après une décennie (très) bien commencée (« Achtung baby »), qui avait viré à la déception (« Zooropa »), avant de sombrer dans le ridicule (« Pop »), les U2 dont hormis les fans (quelques millions around the world tout de même), plus personne de sensé n’attendait quoi que soit, et surtout quelque chose de bon, se pointent pour inaugurer le nouveau siècle avec un disque, comment dire, très bon …
Parce qu’à force de les voir donner dans le Barnum scénique, d’expérimenter malheureusement techno et electro, d’être obligé de supporter le nobelisable Bono et ses marottes de chef d’Etat, de voir les quatre prendre le melon et se ringardiser grave, on avait oublié un certain nombre de choses, essentielles dès lors qu’il s’agit de musique en général, et de U2 en particulier.
Un, les U2 sont un groupe, un vrai. Des potes depuis toujours, et qui malgré les trillions de dollars amassés, sont ensemble depuis le début, et n’ont pas besoin d’une armée d’avocats pour communiquer entre eux (pourquoi vous toussez, Mick et Keith ?)
Deux, les U2 en ont fait la démonstration depuis le début des 80’s, ils sont capables d’écrire de bonnes chansons, dont la qualité ne doit rien au hasard ou à l’accident heureux.
Trois, Bono est un sacré putain de bon chanteur, l’Edge est un guitariste instantanément reconnaissable (et ils sont pas nombreux dans ce cas, les joueurs de six-cordes originaux), Mullen et Clayton savent tenir les fondations musicales du groupe.
Quatre, les U2 ne sont jamais aussi bons que quand ils font du U2.
Coup de bol ce « All that you can’t leave behind » nous montre des U2 remisant au placard tout effet démonstratif et présentant un disque simple, basique, limite austère. Même si on est très loin du son d’un garage band (Eno, Lanois et Lillywhite aux manettes, ne sont pas vraiment les premiers venus, plutôt des habitués de longue date). Et malgré un budget de production que l’on devine illimité, point de surenchère, le groupe la joue profil bas, pas d’orchestre classique ou de fanfare mariachi en guest, tout du long du disque, c’est eux quatre et c’est tout. La photo de pochette (Anton Corbjin, lui aussi un habitué des Irlandais) nous le montre le groupe quelque peu perdu dans une aérogare impersonnelle (Roissy ?). C’est sûr, les U2 se sont posé des questions, et ont décidé d’enrayer cette fuite en avant perpétuelle qui les menait droit dans le mur artistique. Et donc les U2 reviennent à leurs fondamentaux, ceux qui leur avaient si bien réussi entre « War » et « Achtung Baby ».
La doublette inaugurale (« Beautiful day » et « Stuck in a moment … ») ne laisse guère d’ambiguïté sur ce qu’ils vont nous proposer et les deux titres deviennent instantanément des classiques du groupe, comme également « Walk on ». Et si tout ce qui suit sonne très années 80, on sent le groupe mature, qui ne va pas s’auto parodier. C’est dans l’esprit de …, mais pas du copier-coller. Inutile donc de chercher dans ce disque quelque hymne à la « Sunday bloody Sunday », « Pride », « New year’s Day », ce genre de poses héroïques appartiennent définitivement au passé. Mais, car on ne se refait pas du jour au lendemain, les thèmes « engagés » du groupe sont là, témoin « Walk on », dédié à la militante Birmane Aung San Suu Kyi, bien avant qu’elle soit « à la mode ». Côté émotion, on a droit à la ballade « Kite », qui même si elle ne lui est pas spécifiquement destinée, sera dédicacée lors des concerts au père de Bono, mort peu après la sortie du disque. Autres réussites, la très pop et mélodique « Wild honey », et la très « Joshua Tree », très américaine donc, « New York ». Un peu à part, « Elevation », dans laquelle les U2 font s’entrechoquer le riff de guitare le plus sale et garage du disque (dérivé de celui de « Louie Louie »), avec des sons de machines réminiscents de leurs précédentes parutions.
Deux-trois titres me semblent un peu en-dessous, « In a little while » assez anecdotique, « Peace on Earth », qui rien que par son titre fait craindre à un John « Imagine » Lennon revival, et c’est bien de cela qu’il s’agit, sauf que le morceau de U2 ne vaut pas tripette ; rayon dispensable également, la dernière ballade « Grace », avec son léger crescendo emphatique, tente de reprendre les choses là où « With or without you » ou « One » les avaient laissées, sans toutefois y parvenir…
Au final, on se retrouve avec les trois-quarts du Cd d’un excellent niveau, par des quadras qui s’assument, qui ne cherchent pas à jouer la carte de leur propre revival, mais qui s’inspirent de ce qu’ils ont produit de meilleur. A ce jour, « All that you can’t leave behind » est le dernier grand disque en date de U2. 

Des mêmes sur ce blog :
War
Achtung Baby


THE BISHOPS - THE BISHOPS (2007)


Prometteur

Rien à voir (quoique) avec les pub-rockers des 70’s Count Bishops. Ceux-ci (deux jumeaux qui ont donné leur nom de famille au groupe et un pote batteur) n’ont pas encore de titre de noblesse.
Ce trio avec ses costards-cravate et ce look petite frappe mod, fait irrémédiablement penser aux Jam. Mais si le trio de Paul Weller s’inspirait des Who et surtout des Kinks, les Bishops avec leur pop énervée et leurs harmonies vocales bien en place renvoient plutôt vers l’axe Beatles – Hollies. Pour un 1er Cd, on peut trouver pire comme références.
Les morceaux (quinze en à peine plus d’une demi-heure) sont excellents et témoignent d’une maîtrise déjà impressionnante (les Bishops ont tout juste vingt ans). Se détachent du lot : « Breakaway », « The only place … », « I can’t stand it anymore », « So high », « Higher now ».
Seul problème: le marché du disque étant ce qu’il est, les majors n’investissent plus dans les groupes de rock, préférant les nigauds formatés des radio-crochets télévisés. Les Bishops sont signés sur un minuscule label (1-2-3-4 Records) et « bénéficient » d’une distribution quasi-confidentielle. Pourtant ils n’ont pas moins de talent que (au hasard) les sur-médiatisés Arctic Monkeys. Pour un tas de bonnes et de mauvaises raisons liées au « marché du disque », ce disque qui a pourtant reçu un accueil favorable dans la plupart des médias spécialisés, n’a pas touché le « grand public ». Les Bishops n’ont pas capitulé pour autant, ils en ont publié un autre récemment, aussi bien acueilli par la critique et aussi bien ignoré par le public …
Question : les Bishops ne vont-ils pas finir par se lasser ?

METRONOMY - NIGHTS OUT (2008)


La nuit, l'ennui
Ce genre de choses devait finir par arriver … un revival dance – techno – electro – bidule … Le coupable, le susdit Metronomy, faux groupe drivé par un certain Joseph Mount, sujet de sa Gracieuse ( ? ) Majesté, qui s’est fait connaître comme remixeur tendance dans les années 2000. Un remixeur étant, il faut toujours l’avoir à l’esprit, quelqu’un incapable d’écrire une chanson, mais tout à fait capable de massacrer celles des autres …
Donc des chansons ou quelque chose qui y ressemble, point on n’en trouve dans ce « Nights out », malgré des titres d’une durée « classique », oscillant pour l’immense majorité entre trois et quatre minutes. Par contre des choses « à la manière de … », il y a de quoi régaler les amateurs de blind-tests.
A commencer par la pochette, dans un style pictural très proche de celui de « Autotbahn » de Kraftwerk. Las, Metronomy en est resté à l’image pour ce qui est des précurseurs allemands, se contentant tout juste d’effleurer leur palette sonore, notamment dans le titre choisi comme single « Radio Ladio », également sous influence Moroder. Et les années 70 disco sont souvent à l’honneur, avec « My heart rate rapid », « Heartbreaker » très Studio 54, « On the motorway » qui évoque les passages les plus dansants de Devo ou des B 52’s, trois titres assez réussis. Par contre des choses comme « A thing for me » donnent envie de militer pour une reformation ( ? ) de John Travolta et Olivia Newton-John, « Back on the motorway » réveille le souvenir des pénibles Buggles.
Il y a aussi des choses qui sonnent années quatre vingt, « On the dancefloor » piquant pas mal de plans à New Order, « Holyday » (rien à voir avec Madonna, mais très dance 80’s). Autres « emprunts » sonores, Daft Punk, quasiment plagiés sur « The end of you too » ou « Please me »…
Rien d’inaudible, même si quelques bêtises (« The chase » au rythme qui s’accélère jusqu’à la nausée, 2 remix inutiles) auraient gagné à rester dans les placards … Rien de bien renversant non plus d’ailleurs, et l’impression qu’en matière de musiques électroniques également, il semblerait que tout ait été dit …
Ceux qui cherchent l’originalité, l’innovation, laisseront de côté Metronomy, et ses quelque peu anecdotiques recyclages …Evidemment, ce qui devait arriver arrive, ces quelconques bénéficient d’une hype démesurée, quelques malentendants considérant même leur dernier méfait en date, une daube du nom de « The English Riviera », comme un disque qui compte, qui marque son époque …



OZOMATLI - STREET SIGNS (2004)


Fiesta
Ozomatli, c’est le son du Los Angeles des années 2000. Cette bande de métèques d’origines diverses et variées (blacks, blancs, jaunes, beurs, chicanos) trouve sous le soleil de Californie et dans les rythmes générés par la mégalopole la principale inspiration pour sa musique. A base des sons de leur temps, electro-rock et rap. Une fois passés dans leur moulinette, tout ça donne quelque chose de résolument festif et dansant. Un mélange totalement original, à tel point qu’ils sont signés aux States sur un label de jazz, et reçoivent la caution recherchée de la pianiste Eddie Palmieri sur deux titres.
Ce Cd commence par le monumental « Believe », ni plus ni moins que le « Kashmir » du rap. Une rythmique très rock, avec de vrais instruments, les violons arabisants, un mélange de rap, rock et raï. Une bombe pour les dancefloors… Ce qui suit est pas mal non plus, dominé par des rythmes latinos, avec de nombreux titres en espagnol. Parfois on est proche des choses dance et trépidantes de Gloria Estefan période Miami Sound Machine ou des déhanchements de Shakira (« Love & hope »), mais le plus souvent, ce sont des sonorités plus « classiques » de salsa, calypso, merengue … mais chaque fois mixés à d’autres sons exotiques comme le raï, folklore tzigane, world music orientale, … Dans ce genre, les meilleures réussites sont le morceau-titre, « Saturday night », l’ode d’Ozomatli aux boîtes de nuit disco, la salsa de « Nadie te ira » avec Eddie Palmieri …
Comme les Ozomatli connaissent leurs classiques, ils savent que l’on ne peut pas faire de la musique hispanique crédible à L.A. sans avoir la caution de David Hidalgo. L’ancien chef de meute des Lobos est bien présent sur un titre, « Santiago », le plus « classique » du lot et son influence est décelable en maintes occasions. Quelques fois, le résultat est voisin de ce que faisaient par chez nous, des gens comme les Négresses Vertes ou Mano Negra (« Deja me en paz »), ou le Manu Chao solo (« Come me duele »).
Le tout en restant « positif », mais Ozomatli ne sont pas naïfs pour autant et n’oublient pas de poser les bonnes questions (« Who discovered America »), même si contrairement au rap, le « message » n’est pas au premier plan dans leurs textes …
Bon, même si ce disque est globalement excellent, à force de vouloir en faire beaucoup, le groupe en fait quelques fois un peu trop, tombant dans la ballade FM un peu niaiseuse (« Cuando canto »), le remix qui parasite le morceau (« Ya viene el sol »), et a la mauvaise idée de mettre une version live de « Believe » en bonus qui n’arrive pas à la cheville de celle en studio …

LES WAMPAS - ROCK'N'ROLL PART 9 (2006)



A Marine Guéant,
Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure,
Je vous écris cette lettre anonyme, pour vous avertir du danger que représente « Rock’n’roll part 9 », Cd des ci-devant Wampas. En effet, cet objet musical est toujours en vente libre dans nos échoppes musicales et ses auteurs sont toujours en liberté, ce qui est terriblement pernicieux pour notre jeunesse.

Non content de ne pas y trouver le moindre duo avec Gérard Depardieu ou Mireille Mathieu (Dieu lui prête longue vie et une nombreuse descendance, à notre chère pucelle avignonnaise), pas plus que la moindre chanson signée de notre G.P.S. (Grand Poète Surdoué) Barbelivien, un des titres propose, ô sacrilège, qu’un de nos anciens et vénérés Chef d’Etat (le grand, l’incomparable, l’incommensurable Jacques Chirac) s’en aille croupir dans quelque cul de basse fosse. A son âge ! Et dans son état ! Il ne fait pas de doute que les hordes de punks à chien buvant de la bière tiède et pas chère susceptibles d’écouter cette chose font partie des cohortes hirsutes et dépenaillées qui s’apprêtent à bouter notre bien-aimé monarque le grand Nicolas de son trône, profitant d’un droit de vote scandaleusement obtenu lors de quelque période insurrectionnelle dans les siècles passés. A ce titre, j’en connais quelques uns (liste jointe), qu’il serait bon de jeter dans quelque charter que vous n’auriez pas réussi à remplir de métèques roumains, maliens ou assimilés. Dehors les gauchos, la France aux Français, d’abord. Quand aux Wampas qui sont l’objet de ma courageuse missive anonyme, s’ils sont Français, ce dont je doute, il convient d’embastiller cette bande d’agitateurs braillards. Sinon, où allons-nous, hein, je vous le demande ?
J’ai mené ma petite enquête, et je suis en mesure d’affirmer que le chef de cette bande d’agitateurs mène une double vie. Pis, c’est un fonctionnaire qui travaille à la RATP, ce repaire de grévistes nourri par nos impôts, (enfin, pas les miens, je me suis domicilié fiscalement aux Bermudes), capable de se muer à la nuit tombée, tel un loup-garou musical, en un meneur de bande binaire avec ses autres complices. Il se prétend chanteur, mais il chante faux, voire très faux. Il se prétend auteur de chansons, tout ça juste pour pouvoir brailler des choses incompréhensibles, allant même jusqu’à faire l’apologie de cyclistes italiens dopés (double pléonasme). Et il ose se présenter, méprisant notre oriflamme national, ceint d’un drapeau américain (même si les Américains sont nos amis, enfin, ceux qui votaient pour la famille Bush). Certains de nos jeunes compatriotes, malheureusement de plus en plus nombreux, trouvent un certain intérêt à ces inepties sonores, qu’ils vont célébrer lors de messes noires, mensongèrement appelées concerts, que donnent les scélérats Wampas. Certains disent même que dans ce domaine-là, ils sont les meilleurs dans notre pays. Juste Ciel, mais où va t-on, mais que fait la police ? Il faut que cela cesse, il les faut tous embastiller.
Sachez, Monsieur Marine Guéant, Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure que vous pouvez compter sur moi à cet effet. Avec toutes mes respectueuses salutations…


BOB DYLAN - TOGETHER THROUGH LIFE (2009)


Encore un !

Ben oui, encore un bon disque de Dylan en 2009, à presque 70 ans … Ils sont où, artistiquement, ceux de sa génération ? Soit morts, soit claquemurés dans leurs luxueuses villas et comptant leurs dollars, soit sortant des galettes qu’on écoute poliment une fois en se souvenant du bon vieux temps et plus jamais ensuite (pourquoi vous toussez, Mick et Keith ?)…
Le vieux phénix, qu’on donnait pour mort après un soi-disant accident de moto dans les sixties, revenu de tout, et surtout de longues litanies de disques anodins durant des décennies, avec juste de temps à autre un « Blood on the tracks », un « Infidels », un « Oh mercy », pour sauver ce qui pouvait l’être d’une légende bien cabossée et engluée dans du rock en roue libre, FM, chrétien (ou les trois à la fois), un Neverending Tour, avec Petty (bof), le Dead (beurk), tout seul (re-bof) …
Même si ce coup-ci, Dylan semble en pilotage automatique, répétant à quelques variantes près la formule qui lui réussit si bien depuis une dizaine d’années. En gros, Dylan qui a tout d’un vieillard (l’âge, l’usure physique due à des années d’excès et son Neverending Tour, et cette inspiration qui en faisait le plus important auteur américain des sixties qui maintenant s’en est allée), fait de la musique de vieux pour les vieux. A base de blues, de folk, de country, et avec une voix sépulcrale, tout dans les graves et le rauque, supportable, voire adéquate en studio, ignoble en public …
Les variantes, donc. Une voix encore plus cabossée, quelque part entre Beefheart, Waits et Dr. John. Encore plus éraillée, encore plus attachante.
L’accordéon de David Hidalgo (Lobos). Même si c’est pas le style d’Yvette Horner, ce soufflet à bretelles omniprésent finit par gonfler grave au fil des plages.
Les « emprunts ». Déjà signalés par les érudits sur ses précédentes livraisons. Dylan « sample » de vieux trucs blues, country, folk, … Ici c’est (trop ?) flagrant sur « My wife’s home town » repiqué sur le « I just want to make love with you » de Willie Dixon popularisé par Muddy Waters.
Alors oui, pour moi « Together through life » est un peu en dessous des précédents de cette décennie. Dylan n’avance plus, il fait du sur-place. Mais il continue d’essayer de tutoyer ses sommets, dans une espèce de come-back crépusculaire, flamboyant et inespéré.

Du même sur ce blog :

CHRISTINA AGUILERA - STRIPPED (2002)


Indéfendable ?

La première fois que j’ai entendu Christina Aguilera, c’était quand elle chantait « Live with me » dans le film « Shine a light » de Scorsese consacré aux Rolling Stones. Autant dire que les starlettes MTV de la variét’ américaine, c’est pas mon rayon. Et si le vieux priapique lippu Jagger était allé la chercher, il devait bien y avoir une raison, peut-être même était-elle capable de chanter.
Alors, manière de vérifier, j'ai acheté un de ses skeuds, que les gens compétents (?) donnent comme son meilleur. Et effectivement, elle sait chanter, et plutôt bien même, à l’aise quel que soit le tempo, capable d’aller chercher des notes graves bien soul. Niveau musique, c’est plus ou moins intéressant, plutôt moins que plus quand même, à dominante de ballades assez dépouillées, loin des pathétiques kouglofs concoctés par tous les Pharell, Neptunes et autres Kanye West, responsables de tant de Tchernobyl musicaux. Au générique interminable de ce « Stripped », on note l’omniprésence à l’écriture de Linda Perry, qui connaît les recettes pour écrire des titres visant le haut des charts …
Bon, je me mets là, je souris, et je fais quoi après ? 
Bon, évidemment, j’ai bonne mine là, le type qui rate pas une occasion de dézinguer Radiohead, et qui là essaye de refiler Aguilera. Aguilera, c’est quand même Super Pouffiasse, le parfait exemple de ce qu’est capable de refourguer une industrie musicale en agitant des hochets plus ou moins sexy et rebelles, deux choses éminemment bankables, voir par ici où certains croient que Renaud est un rebelle. Alors que c’est juste un pauvre con. Et qu’il est pas sexy… Remarquez, on peut aussi remplacer Renaud par Saez, Cantat, Joey Starr, ça marche aussi ...
Ce « Stripped » est paraît-il un disque de rupture. Avec son image de petite fille modèle, maintenant, hey, Christina est grande, elle pose topless photoshoppé, ce qui à l’heure du porno en streaming sur le Net, n’a du réussir à faire froncer les sourcils qu’à quelques Mère-la-Vertu genre Sarah Palin ou Tipper Gore. Jouant sur les mots, la mignonne dévoile ses états d’âme, qui tiennent plus du récit de l’enfance malheureuse d’une Mireille Mathieu en Avignon dans le fauteuil de Drucker que de l’introspection psychanalytique sur un divan d’analyste …
« Stripped » est un disque long (quasiment 80 minutes). Bien long, trop long. S’y retrouvent donc un bon tiers de titres affreux et inutiles, dont une paire de pseudo-raps, l’un d’entrée avec la mini rappeuse exhibo Lil Kim, l’autre avec Redman (c’est qui celui-ci ?). Au niveau largement dispensable, la dance hispanisante « Infatuation » chassant sur les mêmes terres que la croupe ondulante de Shakira, un duo avec Alicia Keys (Alicia qui ?), la ballade surchargée ou de remplissage (« The voice other », « Loving me 4 me »,…)
Reste quand même une grosse poignée de titres qui se laissent écouter, escapades assez dignes vers du rock FM (« Fighter »), démarquage réussi du latino de Gloria Estefan (« Make over »), le gospelisant titre final « Keep on singin’ my song ». Et surtout, un domaine où Christina Aguilera excelle, la ballade aux réminiscences 60’s – 70’s (la parfaite « Beautiful », « Cuz », « Soar », « I’m OK ») titres bien interprétés, arrangements sobres et de bon goût …
« Stripped » n’est pas un disque qui fera oublier les merveilles d’Aretha Franklin ou Dusty Springfield, mais qui parvient tout de même à surnager de la mélasse variéteuse formatée des chaînes à clips …
Mais pourquoi les Stones l’ont invitée ? Oseront-ils Adele pour leur prochaine tournée ?

PJ HARVEY - STORIES FROM THE CITY, STORIES FROM THE SEA (2000)


Bien sage ...
Elle évolue, Polly Jean … elle quitte la verte campagne anglaise pour la jungle de béton de New York. Et comme si elle ne se nourrissait que de contrastes, le déferlement urbain provoque chez elle un disque étrangement apaisé …
Polly Jean a ramené des souvenirs des USA
Enregistré en petit comité (P.J., Mick Harvey, Rob Ellis), en trident rock basique, juste agrémenté par du piano ou des synthés discrets. Mais ici tout au service de compostions linéaires, assagies, ne dérapant pas dans ces bouffées de violence crue qui rendaient indispensables les « Dry » ou « Rid of me » du début de sa carrière. Un titre comme « Beautiful feeling » charrie une ambiance lourde et tendue à la Doors, et on attend une explosion de rage ou de décibels qui n’arrive pas … La musique de P.J. Harvey est policée, élégante, jolie mais convenue… Des titres sont construits exactement de la même façon (« Big exit », « Good fortune », « This is love ») et autant les deux premiers sont anodins, autant le supplément d’âme, d’implication qu’on trouve dans « This is love » réussissent à en faire un grand morceau de P.J. Harvey … le petit détail qui transforme tout.
Polly Jean sert avec ce « Stories … » un disque plaisant, destiné à l’installer définitivement dans la cour des grandes, qui n’ose sortir des sentiers battus et balisés du rock mainstream que vers son final, quand P.J. se lâche un peu. Avec « This is love », «  You said something », excellent titre qui évoque les Pretenders de la grande  Chrissie Hynde, jusque dans la voix de Polly Jean, et surtout « Horses on my dream », où ne serait-ce que par l’évidence de son titre, ressurgit l’ombre tutélaire de Patti Smith.
Le reste, ce duo avec Yorke où P.J. ne semble qu’accompagner l’endive chantante, ces morceaux à la U2 (« We float »), ces minauderies à la Björk - Radiohead (« A place called home »), … si on écoute P.J. Harvey, c’est justement parce que ça ne ressemble pas à ces trois-là…
Il faut cependant être juste, et reconnaître qu’on aimerait bien entendre plus souvent des disques de rock centriste aussi ratés que celui-ci … Mais de P.J. Harvey, on pouvait raisonnablement espérer beaucoup mieux …