RADIOHEAD - A MOON SHAPED POOL (2016)

Génération Prozac ...
L’ordonnance est simple : t’écoutes un disque de Radiohead et tu bouffes une boîte de Prozac pour pas aller te pendre. Et ça marche depuis…pff, bien vingt ans.
Faut dire que la famille Tristos du rock se pose là et pas qu’un peu dès qu’il s’agit d’actionner la pompe à chialer et le fumigène à grisaille. Leurs rondelles sont quelquefois écoutables (disques de la décennie disent leurs fans), le plus souvent d’un ennui mortifère (le groupe se cherche, se reconstruit, disent les mêmes fans), mais ces cinq types (six si on compte leur producteur de toujours Nigel Godrich) réussissent on ne sait trop pourquoi à toujours créer l’événement chaque fois qu’ils sortent une rondelle. Le talent, diront leur fans … Eh oh, vous fermez votre gueule les fans, vous commencez à me gonfler grave …
Usual suspects ...
Plus prosaïquement, les Radiohead sont comme tous les types ou les groupes qui durent trop longtemps (un quart de siècle cette année), ils n’ont strictement plus rien à dire. Ni à prouver. Peuvent faire n’importe quoi, il se trouvera toujours des gogos pour les admirer et s’extasier devant leur dernière parution. Sauf que les Radiohead, auxquels on ne peut pas enlever un certain sens des affaires et de la stratégie commerciale, dès lors qu’ils ont compris qu’artistiquement ils n’avaient plus rien à dire (depuis « Kid A » en 2000) sont devenus des cadors en terme de marketing, de positionnement produit comme ils disent dans les écoles de commerce. Des épiciers du Cd à l’échelon planétaire en somme, mettant de leur côté le téléchargement pirate (« In rainbows »), sortant du numérique avant du physique (« King of limbs »), s’amusant aux jeux de pistes via les réseaux sociaux (cette dernière rondelle) … En gros en appliquant à la musique le pitch de « Matrix » (les « terroristes » qui infiltrent la virtualité pour mieux vivre dans le réel). Et ça marche, leurs banquiers sont contents, et leurs fans aussi d’ailleurs.
Le retour des guitares ...
« A moon shaped pool » empeste les fonds de tiroir. Cinq ans se sont écoulés depuis « King of limbs », ça sent le réchauffé, le laborieux. Le dernier titre (« True love waits »), ils le jouent en concert depuis vingt ans. Et peu de choses surprennent, et donc on en tartine des tonnes sur le moindre indice « d’évolution ». Le retour des guitares ? Ouais, mais on n’est pas non plus chez Lynyrd Skynyrd, si vous voyez ce que je veux dire … L’aspect « accessible », ouais, c’est un peu moins lugubre que depuis quinze ans, mais ça risque pas non plus d’intéresser les fans de Patrick Sébastien.
En gros, on retourne vers les ambiances floydiennes qui ont fait leur triomphe à l’époque de « OK Computer ». Le Floyd triste (c’est bien le moins) et évanescent de la seconde moitié des 70’s (« Wish you were here », « Animals »). Avec des attrape-nigauds qui vont faire s’extasier les ravis d’avance. Comme le coup des titres dévidés par ordre alphabétique (comme certains concerts des Pixies d’après la reformation). Comme le premier titre et premier single « Burn the witch ». C’est bien simple, à l’intro, on jurerait un truc de Coldplay (c’est dire si la pompe à fric demeure au cœur du machin) période « Viva la vida », avant que le Yorke s’élève au refrain dans les suraigus (et là, moi je pense direct à Sommerville, le mec à tronche de patate des Communards, et si vous vous rappelez plus ou avez honte de vous rappeler qui sont les Communards, allez vous faire foutre ou les mater sur YouTube). Et tiens, puisque j’ai lancé le nom de Yorke, autant souligner que ce type est capable d’être un très grand chanteur, habitant monstrueusement quelques titres. Dommage qu’il s’entête la plupart du temps à imiter le chanteur du Radiohead « classique », celui qui donne l’aubade pour les enterrements …
Certains Radiohead ont le melon ...
C’est là tout le problème de ce disque. Même pas mauvais, voire un de leurs deux ou trois meilleurs. On a l’impression de banquiers qui sortent un nouveau produit d’épargne. C’est de prime abord attirant, et puis tu t’aperçois qu’en fait, c’est juste pour qu’ils se gavent un peu plus. Ça sent la formule mûrement réfléchie (« faut pas dérouter les clients, faut les surprendre et les intriguer juste un peu  , et l’an prochain on va leur faire les poches lors de la tournée des festivals d’été »), la prise de risque ultra calculée, le retour des vieux qui sont en haut de l’affiche et sont prêts à tout pour pas lâcher la rampe, céder leur place … Comme tant d’autres, d’ailleurs.
Le rock (quoi que Radiohead et le rock pour moi ça n’a pas grand-chose à voir), cette musique de révolte de la jeunesse contre leurs parents, est maintenant faite par des grands-pères cupides à l’inspiration sèche …
Putain, ça y est, ils m’ont foutu le cafard, ces cons …      


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5 commentaires:

  1. Et ben, tu balances, y-t-on fait quoi les Radiohead ? Un contentieux privé à régler ? Tu parles à peine de musique, des titres... Et pis c'est quoi ces manières, d'aller envoyer se faire foutre les fans des Communards ?!!

    Je n'ai jamais vraiment écouté leurs disques, je dois connaitre quelques chansons ("creep" bien sûr et une très jolie et triste, dans un film de Cédric Klapisch...) mais je trouve ça trop froid, intello, calculé. Alors Pink Flyod aussi tu vas me dire, mais dans PF y'a un fond de Blues, je m'y retrouve donc davantage. Leurs bidouillages électro m'ennuient. Je n'ai donc pas d'avis sur le phénomène, en fait, ils ne m'intéressent pas.

    Je me goure peut être, mais je trouve qu'on leur fait les mêmes reproches qu'à David Bowie y'a longtemps. Le côté communication, innovation, marketing. Genre, c'est suspect, ces gars-là sont trop intelligents pour être capables de faire de la bonne musique, et de croire en ce qu'ils font. Ce doit être des usurpateurs. Moi, je dis juste que cette musique fait fait pas bander, c'est tout !

    Par contre j'aime bien les musiques que Jonny Grinwood écrit pour Paul Thomas Anderson. A condition d'avoir les images avec, bien sûr, faut pas pousser...

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    1. J'ai rien contre les radiohead qui me semblent des types bien qui ont tendance à la jouer profil bas alors qu'ils pourraient se la péter grave. par contre comme toi je trouve leur musique chiante. et qu’autant de gens adhèrent à ces trucs froids et invertébrés me semble montrer qu'on est en présence d'une génération qui envisage pas l'avenir en rose (ils ont peut-être pas tort en fait). Bon, je suis pas très clair mais je me comprends ...

      Bowie a "inventé" (ou du moins transposé dans le monde du rock des techniques de com, de marketing, qui existaient dans d'autres secteurs) plein de choses (et certaines pas spécialement fabuleuses). Par contre, musicalement, il a pas poussé l'exploration d'un genre musical et de la pose et l'attitude qui vont avec sur des décennies. Cinq ans max et il passait à autre chose ...

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  2. "Le rock...musique de révolte de la jeunesse contre leurs parents"...C'est Pete Townshend qui disait que le" rock and roll a duré aussi longtemps que ce que les experts avaient prédit-quelques années.Elvis n'a fait qu'un seul album de rock'n roll! Il y a eu ensuite quelques albums de Bill Halley et un d'Eddie Cochran...".
    Les mômes depuis 25 ans naissent désabusés, au contraire de nous qui avons profité de l'âge d'or 60's/70's, on avait espoir de gagner plus que nos parents et pour cela on se tirait dès l'age légal tracer la route...
    L'espoir maintenant...T'as ceux qui se vautraient en rave party, et pis t'en as un peu plus sensible qui écoutaient un mec qui miaulait I'm a creep, et toute une ribambelle de mélodies plus ou moins torturées ou morbides souvent splendides qui leur causaient de leur mal être...
    Tu vas voter pour qui l'année prochaine?...

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    1. Pete Townshend a souvent eu de bonnes formules, ce qui ne veut pas dire qu'il ait toujours raison. s'il a dit ça, il s'est gourré, Bill Haley était là avant Elvis et puis les deux meilleurs c'était Chuck Berry et Petit Richard.

      Au milieu des 90's, j'ai toujours préféré Nirvana et noir Dez que Pearl Jam et Radiohead, même si Creep est un bon morceau (pompé sur the air that I breathe des Hollies, mais c'est un autre problème)
      Avec le recul, la musique dans las raves était mieux que les gonzos qui y traînaient. Quoique je le suppose, je suis allé qu'à une quand ça commençait à s'essouffler ...

      Pour qui je vais voter ? au premier tour, pas pour quelqu'un de plus à droite que NKM (ça inclut donc Macron et Valls), pas pour la secte écolo, pas pour Hollande ... Va pas rester grand-monde ... Le second tour, j'ai bien peur que ça ressemble à Trump - Clinton.
      En conclusion, une politique adroite étant à gauche, je voterai pas à droite ...

      Sinon, ça va, toi ? Longtemps qu'on s'était pas croisé sur la toile (faut dire que j'avais fait un break)...

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    2. Ok, tu parles pour toi, mais en 95 Cobain était déjà mort alors que sortait The Bends et les mômes qui ont entre 20 et 25 ans aujourd’hui écoutent encore Radiohead parce qu'à 12 ans c'est Tom Yorke qui les berçait, pas Nirvana. Nous on achetait des disques, eux au même âge ils les téléchargeaient. Question de contexte...

      C'est la 1ere fois que j'ai pas envie de voter. Vu les résultats aux USA, je crois que je vais quand même me bouger le fion...

      Ça va plutôt bien, je continue de suivre ce qu'il se passe, mais rien qui m’ait pousser à réagir, quand ce qu'on découvre est bien fait faut pas y toucher...

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