La jolie petite histoire de Cyndi
On l’a oublié, mais elle a été la première des deux.
Des deux ? Oui, elle et sa « rivale » Madonna, à qui elle a
disputé la suprématie des heavy rotation de clips sur MTV dans les années 80.
Même si entre la Lauper et la Ciccone, il y avait un tout un monde … l’une,
maligne et jouant d’indiscutables atouts typiquement féminins, appuyait sur
tous les tabous et les fantasmes d’un monde de mâles dominants et
bien-pensants, et l’autre … franchement, hormis quelque pervers pathologiques,
qui aurait eu envie de se taper Cyndi Lauper ?
Cyndi Lauper, c’était la girl next door un peu fofolle,
la rouquemoute éxubérante pas compliquée pour deux sous… une copine marrante,
et rien de plus … Qui préférait s’habiller comme un épouvantail flashy et fluo
avec des nippes trouvées dans le grenier de Grandma, que de courir les
boutiques d’accessoires sado-maso …
Comme tant d’autres dans l’histoire de la musique
qui plaît aux jeunes ( ? ), Cyndi Lauper se trouva par hasard au bon
endroit au bon moment. Avec un contrat miraculeux avec une major (et une qui
avait les moyens, Sony), en ce début des années 80, elle qui n’était pourtant
pas un perdreau de l’année, revendiquant une décennie de galères musicales,
dont la plus connue ( ? ) reste sa participation à l’obscur groupe Blue
Angel (que personne n’avait écouté, et que personne n’a écouté malgré d’opportunes
et mercantiles rééditions une fois Cyndi Lauper devenue très bankable).
Nippes ou nappe ? |
Un budget, sûrement celui de la dernière chance,
attribué par Sony, quelques requins de studio de seconde zone, des compositeurs
bon marché, et la Cyndi se retrouve à enregistrer un disque au mieux promis à
un succès d’estime… Et contre toute attente, ce « She’s so unusual »
va faire un des cartons commerciaux de la décennie. Avec un son à base de
synthés tout ce qu’il y a de plus banal à l’époque, et la moitié des titres (de
« All through the night » à « Yeah yeah ») qui vont du
quelconque au très mauvais…
Mais Cyndi Lauper a une voix extraordinaire dans
tous les sens du terme. De cartoon quand elle parle, mais dès qu’elle commence
à chanter (juste, tout le monde ne peut pas en dire autant), elle attaque très
haut et très fort dans les aigus, et mettant en branle un nombre conséquent
d’octaves, monte tout en puissance encore plus haut, là où seules quelques
rombières d’opéra peuvent s’aventurer. Point besoin d’être mélomane pour s’en
apercevoir. Et puis, et surtout, les cinq premiers titres de ce « She’s so
unusual » vont abattre une quinte flush de chansons imparables.
« Money
changes everything » d’entrée. Pas la plus géniale, mais un bon gros rock FM qui
vaut bien les meilleurs de Pat Benatar(tignolle) … « Girls just want to
have fun », profession de foi festive et décomplexée va générer un des
video-clips les plus diffusés dans les années 80, c’est dire si c’est un succès
(mérité) incontournable, chanson pop pétillante, énergique et bien foutue …
Plus surprenant, c’est de trouver après une cover d’un des titres les plus
accessibles de l’à peu près inconnu à l’époque Prince, un de ses premiers
morceaux très pop, « When you were mine ». Une reprise assez conforme
à l’original, qui ne dénature pas ce chef-d’œuvre du nain de Minneapolis.
« She bop », autre très gros succès et ritournelle très enlevée, dans
laquelle quelques pentecôtistes névrosés discerneront une ode à la masturbation
( ? ), va définitivement faire de l’album un carton international, dont
les chiffres de vente se comptent par millions …
Et last but not least, la merveille de ce disque,
c’est « Time after time », le genre de titres en état de grâce, comme
en n’en chante pas trois dans une carrière … Une ballade toute en finesse et en
retenue, une mélodie irrésistible, un chant frissonnant de feeling, … Miles
Davis soi-même, à cette époque-là aux fraises artistiquement, la remarquera et
la reprendra dans la foulée (sur l’album « You’re under arrest »),
tentant de relancer sa carrière à lui qui partait en quenouille …
La suite pour Cyndi Lauper sera plus compliquée,
elle sera éclipsée l’année suivante par le succès du « Like a
virgin » de Madonna, le successeur de « She’s so unusual », est
(hormis deux-trois bons titres) l’assez vilain « True colors » (sorry
peter), et lentement mais sûrement, Cyndi Lauper deviendra une has-been de
cette décennie dont elle avait égayé le début … Depuis, quelques fans bien
optimistes attendent son retour au premier plan …
Bhaa...pas évident d'écouter la Lauper en 2011.
RépondreSupprimerElle avait bon gout cette nana, reprenant du Marvin Gaye ou du Roy Orbison, et merci de souligner la qualité de sa voix!
Et je trouve ses délires moins débiles que (au hasard) Lady Gaga.
J'aimais bien aussi les tout 1ers albums de Pat Benatar..;Qu'est c'tu veux, nobody's perfect...
Comment dire...
RépondreSupprimerAh oui, peter, c'est daté, c'est sûr, mais à l'époque, c'était frais, fun, plus que les sisters of mercy ... benatar, j'ai une compile, c'est pas ignoble, c'est du rock FM comme plein d'autres en faisaient à cette époque-là ... ça vole pas très haut, mais ça se laisse écouter ...
RépondreSupprimerNe dis rien, Del, ne dis rien ...