Ce disque pue. Des fois la mort, mais le plus
souvent des odeurs de pisse froide, de vomi tiède, de mégots mal écrasés, de
mousseux bas de gamme éventés, et la sensation d’un putain de mal de tronche
carabiné. Rajoutez à cela une atmosphère aussi gaie qu’une veillée funèbre chez
les Fillon, et vous avez une galette qu’il va être difficile de mixer avec la
Compagnie Créole dans vos soirées. Vous allez objecter que les Fat White Machin
ont pas des bobines à écouter la Compagnie Créole, ben vous voulez mon avis,
y’a des fois ils devraient.
Cette pléthorique raya anglaise est paraît-il la
dernière tribu punk dont il faudrait avoir entendu causer… bâillements … Je
veux bien qu’on me la coupe (de toute façon, à mon âge quasi canonique, elle me
servira bientôt plus que pour pisser) s’ils trouvent des foules de preneurs à
leur truc. Pas que ce soit extrêmement mauvais, non, même pas, mais c’est juste
que ces trips musicaux déglingués, ben, faut avoir un peu plus de consistance
que ces biquets british pour pas s’y vautrer sans avoir l’air ridicule.
Aubergiste, à boire !!! |
Chez ces types, y’a comme un parfum de réchauffé. De
la pochette qui plagie quand même un peu celle de « Brothers » des
Black Keys (mais pourquoi ?), jusqu’à des trucs entendus cinquante douze
milliards de fois. Bon, pas ces temps-ci, je vous l’accorde, et pas exactement
de la même façon, je veux bien aussi. Mais à qui faire croire qu’il y a dans
« Songs … » quelque chose qui vaille qu’on écoute et – soyons fous –
qu’on achète pareille rondelle dans notre pauvre monde youtubé où Deezer ou
Spotify font figure de modèle musical d’avenir, tu vois un peu la sale gueule
qu’il a l’avenir, aussi réjouissant que le comeback de Sarko, toute hypocrisie
et dents bien blanches en avant, prêtes à de nouveau rayer le plancher, pour
que ce Gollum de la politique retrouve son précieux et nous entube bien fort et
profond à nouveau…
Ça ressemble à quoi, leur bidule, aux Fat White
Machin ? A des jets de bile froides comme en postillonnait The Fall, à des
complaintes suppliciées à la Joy Division, à des tourneries morbides de Faust
(et pas seulement à cause de la pochette), à la métronomie constipée du
krautrock bas de gamme des 70’s, aux requiems lugubres des Electric Prunes sur
la B.O. de « Easy Rider », aux pleurnicheries sépulcrales de Lennon
époque Plastic Ono Band. Tiens, puisqu’on en est à causer du Beatle
révolvérisé, signalons à l’attention des exégètes et curieux de tout poil, que
c’est le fiston Sean qui a produit quelques titres, avant de jeter l’éponge
parce que les mecs de Fat White Etc… foutaient à la moindre occasion la main au
cul de sa gonzesse.
Car les FWF se sont vautrés jusqu’à plus soif et
plus de cloison nasale dans tous les excès du rock’n’roll way of life, alimentant
de ragots déglinguos ceux qui les attendent pour juger la qualité des mecs à
l’aune des scandales qu’ils génèrent. C’est pas que j’ai viré amish, mais les
frasques de rockers en goguette, bon, ça va, on commence à connaître, même
Michel Delpech se poudrait les naseaux il paraît, putain Michel Delpech, avec
ses moustaches, ses futes en tergal pattes d’eph et ses rengaines pourries, y’a
des mecs qui te feraient croire qu’il faudrait baptiser un porte-avions à son
nom, juste pour rendre hommage à ce « grand poète ». Que Mireille
Mathieu oublie un jour de respirer et il se trouvera bien à la téloche un
tocard pour la comparer à Janis Joplin ou Ella Fitzgerald … bon, no comment
davantage, parce que je vais finir par devenir méchant …
Ah, ça va déjà mieux |
En fait, ce « Songs … », ça ressemble aux
Pogues qui reprendraient le « Fun House » des Stooges, avec le trip
nihiliste et jusqu’auboutiste d’Iggy et ses potes de défonce devenant juste une
ballade glauque. Faut avoir les épaules plus larges que le FWF pour s’attaquer
à des choses pareilles. Même si parfois ça évoque les ballades crépusculaires
de Nick Cave ou du Johnny Cash cancéreux de la fin.
Il serait presque intéressant ce disque, en tout cas
pas aussi mauvais que ce que ma prose agile pourrait laisser deviner, sauf
qu’il y a pour moi un gros truc qui coince. « Songs … » est farci de
références et d’allusions pas vraiment finaudes à une putain d’idéologie vert-de-gris.
Un titre comme « Duce » peut passer pour une mauvaise blague bleu marine,
mais ça se complique quand le titre suivant s’appelle « Lebensraum ».
A l’attention des Bac-15, je signale que le lebensraum (espace vital dans la langue
de Merkel) était le mot-clé des géopoliticiens nazis et le prétexte aux visées expansionnistes
du IIIème Reich. Et c’est pas tout, le dernier titre de « Songs … », c’est
« Goodbye Goebbels ». Autrement dit, les zozos de FWF, ils se sont un
peu pris les arpions dans le tapis dialectique fachisant et marchent sur les traces
des plus que douteux belges électro de Front 242 ou des slovènes abrutis de Laibach…
On peut trouver mieux comme références.
Si les nouvelles sensations électriques du wokanwoll
se situent à ce niveau, va falloir très sérieusement envisager de se mettre à la
Compagnie Créole ou à Magic System, c’est plus positif. Hey, remets-moi Johnny Kidd
…
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