C’est du
moins ce que tous les intervenants (réalisateur, scénariste, acteurs, …)
s’échinent à répéter dans les bonus du BluRay. Comme s’ils avaient pas gagné
assez de pognon avec ce film, qu’ils aient besoin de s’auto-congratuler pendant
deux heures …
Même si moi,
globalement, je suis preneur, les superlatifs dithyrambiques en moins.
Richard Curtis & Mike Newell |
« Quatre
mariages … » est une gentille comédie. Anglaise jusqu’au bout des traînes
de mariée, faut-il préciser… Ce qui veut dire que c’est un peu plus subtil
qu’un film avec Clavier. Ou Dany Boon. Un peu plus recherché niveau humour, si
vous voyez ce que je veux dire. Maintenant, de là à mettre ce film au Panthéon
du septième art …
Le scénario
est aux abonnés absents, le film étant une succession de sketches, de
« tableaux », rythmés à l’écran par des cartons d’invitation, avec
des personnages et des gags récurrents. Derrière la caméra, le tâcheron Mike
Newell, qui hormis ce coup d’éclat accumulera une quantité impressionnante de
navets (il finira même, alors que « Quatre mariages … » l’a mis à
l’abri du besoin pour des siècles, par tourner un « Harry Potter » et
un « Prince of Persia », c’est tout dire …). Le scénariste Richard
Curtis lui par contre enquillera les (très gros) succès par la suite (les
« Bridget Jones », « Love actually », « Good morning
England », et plein d’autres). Même si les gags sont la plupart du temps
efficaces dans « Quatre mariages … », c’est pas non plus un
chef-d’œuvre d’écriture, tout y est prévisible et cousu de fil blanc.
Le casting |
« Quatre
mariages … » est une comédie romantique, pleine de bons sentiments. Qui
essaie quelque peu minablement de faire chialer le spectateur lors de
l’enterrement, en ne rechignant devant aucune grosse ficelle du pathos bon
marché. A mon sens, ce film ne tient que par les acteurs. Et ils ont du mérite,
parce que tout a été mis en boîte en trente cinq jours, avec un petit budget.
Et une grosse partie des pépettes a servi au cachet d’Andie McDowell, seule
« star » au départ du générique, quasiment oscarisable après avoir
enchaîné une poignée de films au succès critique et public (« Sexe,
mensonge & vidéo », « Green card », « Hudson
Hawk », « The player », « Un jour sans fin »). Et pour
autant, elle n’éclabousse pas le casting de sa classe, assurant le minimum dans
le rôle de la fausse ingénue romantique souriante.
Le reste de
la distribution fait par contre feu de tout bois. Sans doute parce qu’ils ont
davantage à prouver. Hugh Grant en tête. Excellent, il va avec ce film devenir
le gendre idéal de cette fin de siècle (enfin, jusqu’à ce qu’il se fasse serrer
par les keufs de L.A. pour relation sexuelle orale avec une prostituée). Il
n’était pourtant au départ qu’un choix par défaut, considéré par beaucoup comme
un acteur « perdu » (dix ans de carrière et à peu près autant de
bides) et surtout, pas un acteur comique. La star de « Quatre mariages
… », c’est Hugh Grant. Bien mis en valeur par une ribambelle de seconds
rôles pétillants, Kristin Scott Thomas en vieille fille amoureuse transie,
Simon Callow en homo débonnaire et excentrique, son « ami » John
Hannah, et toute une galerie de personnages fugitifs à l’écran mais
parfaitement au service de la simili-intrigue … Plus une pige (dispensable à
mon sens, même si sa scène est réellement comique) du pote à Curtis ou Newell
(je sais plus) Rowan Atkinson alias Mr Bean à la télévision britannique, ici en
curé bafouilleur. Plus Tatie Elton John qui fut réquisitionné pour pousser une
paire de roucoulades dans la BO, le film pouvant être perçu (avec beaucoup d’imagination)
comme servant positivement la cause homosexuelle, sérieusement malmenée jusque
là par la décennie AIDS. Curtis ne reculant devant rien, affirme même que le
film est porteur d’espoir ( ? ) pour la communauté gay à l’opposé de « Philadelphia »
( ? )…
Ils faillirent se marier et avoir beaucoup d'enfants ... |
Le montage de
« Quatre mariages … » une fois terminé, Newell a dû en raboter une
demi-heure, le film étant jugé bien trop long par les distributeurs (certaines
scènes coupées visibles dans les bonus étaient quand même pas mal). Il fut
choisi de sortir le film d’abord aux USA (Andie McDowell, la plus connue au
casting devant servir de locomotive). Les premiers visionnages, par les
critiques et un public test, furent plutôt mauvais. A tel point que Newell
réunit à nouveau tout son casting à Londres pour une séance photo, dont les
clichés seront le final du film (parce que toute cette fine équipe avait oublié
de montrer tout ce que devenaient les protagonistes secondaires).
Le succès
populaire fut phénoménal aux States (il a fait tomber quelques records de
recettes au box-office), avant par effet boule de neige de récolter un triomphe
en Angleterre et en Europe…
Aujourd’hui,
reste un film plaisant, qui supporte bien l’épreuve du temps, pour sourire en
famille.