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NORAH JONES - COME AWAY WITH ME (2002)

Non merci, je reste là ...
D’entrée la question essentielle, fondamentale, cruciale, la Mère des questions : qu’en serait-il advenu de ce disque si Norah Jones avait été le sosie d’Arlette Chabot ? Et venez pas me dire que c’est un argument déloyal, qu’elle l’a pas joué string en avant comme la première Lady Fada venue … parce que moi, des trucs aussi BCBG que Norah, je trouve ça suspect. Ça pue l’arnaque, tout ce bazar, le plan marketing genre Alanus Mauricette ou Lana de La Raie, la beauté centriste qui se pointe avec ses rengaines molles de l’entrecuisse et qui vend des camions de disques à tous ceux qui n’en achètent qu’un par an …
Va falloir agrandir la cheminée, Norah ...
Y’a tout pour donner envie aux lectrices du Figaro Madame d’investir dans le Cd. Une fille de (en l’occurrence Ravi Shankar, curiosité exotique et dispensable du festival de Woodstock), délaissée par papa, signée par un prestigieux label de jazz (Blue Note), pour un disque produit par une grabataire légende (Arif Mardin) de la musique soul des sixties … Pour un résultat donnant lieu à des comparaisons aussi déplacées que malhonnêtes avec les figures tutélaires du jazz vocal féminin (les bios de Billie Holiday ou Nina Simone, c’est du Zola trash à côté des petits bobos de l’existence de la Norah) …
Tiens, et à propos de bobos, ce doit être la musique qu’ils aiment passer. Mais pas écouter. On ne peut pas écouter, y’a rien à écouter. Un murmure jazzy de vernissage dans un bar branchouille, des chansons infiniment lisses, sans aspérités. Je veux dire, faut quand même forcer pour arriver à faire de « Cold cold heart », l’assez sombre classique country de Hank Williams, cette purge murmurée que la Jones nous livre sur « Come away with me ». Elle chante bien, la Jones ? Oui, certes, elle chante juste. D’une façon encore plus glaciale que Sade dans les 80’s, la Nigériane s’appuyant elle sur des chansons quand même plus sexy. Il n’y a qu’un seul titre (« Turn me on ») sur lequel Norah Jones donne l’impression d’exister, de vibrer pour ce qu’elle chante. Le reste n’est qu’un mignon exercice de style.
Ça assure musicalement ? Même pas, et malgré la présence au générique de colifichets attrape-nigauds (le déjà cité Mardin, ou le virtuose de la guitare jazz Bill Frisell), ça mouline un soft jazz de piano-bar totalement calibré, formaté, batterie balayée, contrebasse feignasse, inoffensif et insipide au possible… Quatorze titres sur le même invariable tempo traînard dans lequel le seul « Feelin’ the same way » fait figure de sarabande endiablée tellement les autres sont soporifiques…
Vingt millions de copies vendues, dont deux millions en France … no comment …

ANGE - EMILE JACOTEY (1975)

Un Ange passe ... 

J’ai dû vérifier, mais curieusement, il doit bien rester des gens qui écoutent encore Ange, puisque le groupe existe toujours, tourne, sort des disques, des Dvd, comme les premiers BB Brunes venus …
Ange ils sont dans les grimoires traitant de vieux rock français (quoique si Ange c’est du rock, Nabila c’est Marie Curie), rayon seventies, chapitre prog … Autant dire pas exactement ma tasse de thé … Ange, c’était the big thing du milieu des années septante. En France uniquement. Et surtout en province, la revanche des ploucs sur les Parisiens, cet antagonisme séculaire. Et Ange était vraiment un groupe campagnard (Belfort, la Franche-Comté, ces endroits où même les pauvres ne vont pas passer leurs vacances) cultivant même à l’excès ce côté rustique et paysan. Ange est une affaire de famille, celle de la famille Décamps. Deux frangins, Christian et Francis, et quand le second quittera le groupe, c’est le fils du premier qui le remplacera.
Ils sont velus, ils sont tous là : voilà les Ange
Ange, comme tous les progueux, cultive le paradoxe du progrès(sif) et la fixette pour les temps passés, thème récurent de ses « grands disques », qui s’enchaînent  vers le milieu des seventies (« Le cimetière des Arlequins », « Au-delà du délire », « Emile Jacotey », « Par les fils de Mandrin »). Bien révélateur de toutes les obsessions de l’époque pour un retour vers la campagne, la « vraie vie », et toutes ces balivernes hippies.
« Emile Jacotey », c’est un peu la quintessence de tout çà. Le disque est construit à partir de rencontres, conversations et discussions de Décamps (Christian, le chanteur et leader) avec un ancien maréchal-ferrant de village (Emile Jacotey, comment ça, vous aviez deviné ?). On entend même à une paire de reprises la voix de l’auguste vieillard sur le disque. Même si ce n’est qu’un prétexte, le disque ne raconte pas sa vie, c’est une extrapolation des légendes, contes et histoires racontées par le vieux.  Et encore, juste la première face du vinyle original la seconde étant encombrée par une fuckin’ suite, « Ego et Deus » en quatre « mouvements » (no comment).
Les textes se veulent chiadés, rehaussés par un chant maniéré, changeant, théâtral, inspiré par Brel (que le groupe avait repris sur un disque précédent). La zique, c’est du prog, parfois inspiré par Jethro Machin et les funestes Yes, sur l’intro de « Bêle, bêle, petite chèvre » (amis des titres crétins, bonjour) ou sur « Les noces ». Y’a de la ballade médiévalisante (« Jour après jour »), de la ballade épico-pompiéro-lyrico-campagnarde (« Sur la trace des fées »), du co(s)mique bon marché (« Le marchand de planètes », tournerie entre mauvais krautrock et falsification floydienne). Un titre « Ode à Emile », ritournelle assez réussie avec parties de guitare (du « mythique » Brézovar) plus ou moins intéressantes, deviendra un des classiques du groupe et le point d’orgue de leurs concerts (bâillements) …
Peut-être parce que le « rock français » de l’époque était quasiment inexistant (les Variations finis, Magma assez « branché », les deux ne vendaient de toute façon guère), Ange écoulait des centaines de milliers de ses disques … c’était le bon temps (ricanements lugubres …).

GENESIS - WE CAN'T DANCE (1991)


Têtu ...

Non, il ne va pas être question du magazine pour LGBT … mais du qualificatif qui peut s’appliquer à Genesis. Faut vraiment être obstiné pour persister à emmerder la Terre entière aussi longtemps. Les trois gonzos restants au début des années 90 s’accrochent à la musique tels des morpions aux poils dans des entrejambes négligées.
« Tell me why » s’interrogent-ils sur un titre (un dirait une maquette inachevée de Sting, ce truc, c’est dire le niveau). On pourrait leur retourner la question. Pourquoi, oui pourquoi cet acharnement pervers ? Ils auraient pas pu arrêter quand Peter Gabriel, certainement dans un éclair de lucidité s’est cassé au milieu des seventies ? Ou quand le guitariste Steve Hackett a fait de même quelques années plus tard ? Non, pensez donc … les inénarrables Phil Collins, Mike Rutherford et Tony Banks, en plus d’être livreurs de daubes en solo, se sont tout du long des années 80 sentis obligés de faire des disques ensemble. Comme s’ils avaient besoin de fric … Comme si quelqu’un de sensé attendait quelque chose de ces trois pantins …

D’ailleurs même leurs fans des débuts (si, si, il y en eut, et beaucoup) n’y comprenaient plus rien à leurs disques. Les Pieds-Nickelés du prog sortaient des disques de chansonnettes, qui, il faut être honnête, valaient bien celles d’Olivia Newton-John ou des Bananarama. Ce qui place pas la barre très haut. Malgré tout, les vieux couillons baba continuaient d’acheter les disques, rejoints par tous les sourds scotchés aux radios FM. Et durant toutes les 80’s, les Genesis, encore plus mauvais que quand ils étaient nuls (ou le contraire, ça marche aussi), vendirent du disque par camions.
Il me semble même que le jackpot fut atteint avec ce « We can’t dance », pas meilleur ni pire que « Mama » ou « Abacab ». Juste plus long, avec des morceaux de dix minutes. Imagination débordante ? Tu parles, on a tout compris dès le premier titre « No son of mine ». L’intro qui fait frémir avec ses synthés lugubres, la voix de canard cancéreux du Collins, sa batterie hyper-compressée, et sa mélodie pompée sur celle de sa scie casse-bonbons « In the air tonight ». Autant dire que d’entrée les Genesis montraient qu’en matière de pop bas de gamme, ils avaient bien cinq ans et trois modes de retard …
Ce « We can’t dance » est un (inter)minable déballage de ballades pourries (dont certaines, allez savoir pourquoi, ont fait des hits, comme « Hold on my heart »), des espèces de rock variéteux crédibles comme des promesses électorales (« Jesus he knows me »), des machins englués jusqu’au trognon dans des synthés périmés (« Dreamin’ while you sleep »), des …
Bon, ça suffit …
Remets-moi Johnny Kidd …



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ELECTRONIC - ELECTRONIC (1991)


Super groupe et super daube ...

Alors là, attention, c’était la grosse affaire (de la semaine) ce truc … Pensez, les célébrissimes ( ? ) Bernard Sumner et Johnny Marr montant un groupe, limité à leurs deux seules augustes personnes.
Par ici, on en avait rien à secouer, personne achetait les disques des Smiths ou de New Order. Par contre au pays de Churchill, ces deux groupes avaient écrasé par leurs ventes les années 80. Mais déjà, le nom même du groupe interpelle. Deux guitaristes, pas spécialement réputés pour leur sens de l’humour et du second degré qui baptisent leur groupe Electronic ? Personne ne s’attendait à une version moderne de Cream ou de l’Allman Brothers Band avec solos de guitare de quinze heures, mais ce truc là, hum … De la guitare, il faut tendre l’oreille pour en distinguer, mis à part sur le dernier titre. Il me semble avoir lu  qu’ils en jouaient, mais que ça avait été émulé, samplé, échantillonné, … et que c’était recraché par des synthés avec le son qui va avec.
Résultat des courses : à peu de choses près, ça sonne exactement comme du New Order de la même époque (si j’étais méchant, je dirais que ça prouve que New Order ne sert strictement à rien, puisque Sumner peut faire New Order tout seul, mais comme je suis pas méchant, je dis rien) et pas seulement à cause de la voix de Sumner. Tout ça pour ça ? surtout que New Order au tournant des années 90, ils étaient pas au mieux, si tant est qu’ils l’aient été un jour. « Electronic » est un disque de techno-pop qui à sa sortie sonnait déjà vieillot, c’est dire plus de vingt ans après … en tout cas, il n’a rien apporté de positif à la réputation des deux pacsés de circonstance, en cale sèche niveau inspiration.
Avant de ranger ce disque à sa place (suivez mon regard), on peut se laisser aller à écouter « Tighten up », un peu plus enlevé et poppisant que le reste, constater que les Pet Shop Boys étaient dans ce genre d’un niveau infiniment supérieur, puisque le titre (« The patience of a Saint ») sur lequel ils sont invités (compo, chant et synthés) est le meilleur du disque, et trouver amusant « Feel every beat », sorte de rap old school à guitares …
Ventes conséquentes en Angleterre, une paire d’autres disques suivront dans la décennie et n’amuseront plus grand-monde. Il semblerait que l’aventure Electronic soit terminée. Sans regrets …

R.E.M. - MONSTER (1994)


Monstrueux ?

C’est bien simple, je savais même plus que je l’avais ce skeud. Pourtant j’en ai usé des disques de R.E.M.. Le second (« Reckoning »), les deux multiplatinés (« Out of time » et « Automatic … »), et de temps en temps tous les autres des années 80. « Monster », c’est celui qui arrive après « Automatic for the people ». « Automatic … », c’est le disque de la consécration planétaire, et des concerts dans les stades sur les cinq continents. Autant dire que les Athéniens sont au sommet, en gros le plus gros groupe indie que la Terre ait jamais connu. Et qu’ils arrivent à gérer assez bien cette incohérence entre groupe (de) milliardaire(s), et groupe étiqueté indie (pop, rock, enfin indie tout ce qu’on veut…).
Mais là, qu’est-ce qu’il leur a pris ? C’est quoi ce cirque, c’est quoi leur plan, ils voulaient en venir où, avec ce « Monster » ? En gros, « Monster », c’est un disque de rock garage. Sauf que le garage des types de R.E.M., il doit être plein de bagnoles d’un prix indécent. Certes, on savait le guitariste Peter Buck grand fan de trucs basiques des sixties (en fait, c’est un des plus terrifiants boulimiques de consommation musicale que la Terre ait porté, il est fan de milliards de choses). Et le Buck il devait commencer à s’emmerder ferme à gratter, gratter sur sa mandoline tous les soirs pour jouer devant des milliers de pékins « Losing my religion ». Mais quand même …
Ces trucs basiques, rock’n’rolls crades et rustiques, ils sont pas crédibles une seule seconde chez R.E.M.. D’abord parce que c’est trop bien fait, quand au contraire c’est l’approximation déglinguée qui fait tout le charme (?) de cette musique. Même Michael Stipe chante de façon compréhensible, c’est dire si c’est surprenant. Et donc à la place de ce qui se voudrait destroy, on a droit à de magnifiques titres d’un rock tout ce qu’il y a de centriste. La pochade aurait pu passer s’ils s’étaient vraiment lâchés (comme quand Buck, Mills et Berry avaient accompagné en 90 Warren Zevon pour le disque de reprises de vieux standards « Hindu Love Gods »). Mais là, avec « Monster », ils louvoient entre titres à grosses guitares et morceaux typiques du R.E.M. à gros succès, alignant pièces quelconques dans les deux genres.
Surtout que question timing, ils sont pas très heureux … ils se pointent avec leurs jolis gros riffs alors que des milliers de groupes servent des décibels rageurs et saturés dans le sillage de la vague grunge, et là pour le coup, y’a plein de minots dans leur garage qui doivent sonner mille fois plus méchant que R.E.M.
Le paléontologue qui écoutera ça dans trois siècles trouvera peut-être que « Monster » est un disque sympa, mais au moment où il est sorti, c’était juste un gigantesque hors-sujet, même pas assumé en tant que tel …
Il y a un morceau qui s’appelle « King of comedy ». Comme le film de Scorsese avec Jerry Lewis et De Niro. Leur a t-on dit qu’en France il était sorti sous le titre « La valse des pantins » ?


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Murmur

FIDLAR - FIDLAR (2013)


American Idiots ...

FIDLAR, ça veut dire « Fuck it, dogs ! Life’s a risk ! », expression paraît-il venue des milieux du skate-board. Le genre d’acronyme de jeunesse dont les gars auront bien honte dans quelques années. Mais bon, c’est des punks, ils ont donc pas peur du ridicule.
La Corona, bière punk ? Faudra en causer avec Jacques Chirac ...
Ces quatre minots seraient l’avenir et, on ne rit pas, le nec plus ultra d’une soi-disant nouvelle scène punk californienne de L.A. et San Francisco. Pour situer ce disque, leur premier, on dira que comparé à ça, Offspring c’est Wagner et Green Day c’est Mozart. Ce « FIDLAR » n’est pas mauvais, il est très mauvais. Faut dire qu’au départ, deux frangins du groupe ont de qui tenir. Leur papa se nomme Greg Kuehn, il jouait des claviers dans les affreux TSOL (déjà un acronyme, c’est une manie familiale), groupe évidemment punk qui malgré son total manque d’intérêt a cependant réussi à vendre dans les 80’s quelques galettes à des sourds qui passaient par là …
FIDLAR, c’est donc les fils à papa qui se la jouent destroy generation. Ils disent sans rire que leur credo c’est le « do it yourself », et que la preuve, c’est que leur disque a été enregistré dans leur studio personnel (enfin, celui payé et construit par papa).
Ces rebelles en carton ont rempli leur minable disque de titres à la gloire ( ? ) des mauvaises bières, d’hallucinogènes divers, des putes, et de skaters. C’est vaguement bordélique, avec de gros riffs simplets, des chœurs hooliganesques, joué ( ? ) très vite, très fort et très mal. Ces punks d’opérette se lancent dans une imitation risible et pitoyable des Pixies (le consternant « Max can’t surf »), baptisent un titre « Waiting for the man » (genre, hey, vous avez saisi l’allusion au Velvet, parce qu’on a fait un disque qui parle de défonce ? oui, ça va, connard, on avait compris …).
Ces quatre crétins ont placé la barre très haut, ils tentent aujourd’hui d’être rien de moins que les Good Charlotte de la décennie. Si ça marche pas ils pourront toujours revenir faire du skate (activité punk par excellence, isn’t it ?). Ou jouer à la PlayStation, c’est moins dangereux …

GOSSIP - MUSIC FOR MEN (2009)


Pour nous les hommes ?

Les plaisanteries les plus courtes étant les meilleures, faudrait qu’ils arrêtent bientôt. Parce que là, hum, comment dire, c’est un peu … gros leur truc. Ou doit-on dire son truc, tant il n’y en a que pour la Beth Ditto dans cet ersatz de groupe de rock. Et la pauvre batteuse (très moche, il va de soi) en gros plan sur la pochette doit se demander ce qu’elle fout là, elle dont absolument tout le monde ignore le nom.
Ce « Music for men », c’est du vide bien orchestré. Très bien, même. Il y a un son d’enfer, des petits arrangements roboratifs de partout (peuvent dire merci à Rick Rubin, sans qui ce disque serait une horreur absolue) au service de ce qu’on appellera charitablement des morceaux misérables. Tous construits de la même façon. Couplets mid tempo, et gros riffs de guitare sur le refrain up tempo. Deux exceptions, le premier titre (« Dimestore diamond »), tout en tension larvée et qui laisse à tort augurer de bonnes choses qui n’arrivent pas, et le dernier (« The breakdown »), exécrable ballade gluante, bruit de bidet final de cette sanisette sonore.
Ce qui sauvait quelque peu le précédent (« Standing in the way … »), c’était la voix de Ditto, qui sans pouvoir être comparée aux grandes shouteuses (Joplin), ou aux grandes abîmées (Holyday), se baladait avec une facilité assez déconcertante et bluffante sur les morceaux. Là, quelqu’un dans sa maison de disques a dû lui dire qu’il fallait assurer, qu’elle avait en charge une petite entreprise qui tournait bien, ce genre de plan marketing rance visant le plus grand nombre … Finies les extravagances castafioresques, on pose bien comme il faut et bien gentiment sa voix, et on chante tous les titres de la même façon. Le résultat, on a l’impression d’entendre la fatale Pat Benatar d’il y a trente ans. La Ditto aligne ses petits rocks gentils-mous teintés de disco sans aucune once d’imagination vocale, sans aucune prise de risque. Du formatage pour le « grand public » dans tout ce qu’il a de tragique.
Alors ça fonctionne le temps d’une paire de titres qui ont fait des hits passables (« Heavy cross », « Love long distance »), et puis ça lasse, mais lasse … Et il y avait finalement quelque chose de pathétique à voir la Ditto venir faire dans les shows télé son numéro de diva transgressive (enfin, transgressive tu parles, tout est « on control », on est quand même loin de Divine, l’égérie de John Waters), maquillée comme un semi-remorque volé, pour être sûre qu’on la remarque bien … Cette fille a certainement du talent, elle le gâche pour son warholien quart d’heure de gloire. Il semble d’ailleurs que la supercherie a assez duré, le dernier pensum de la Gossip girl s’est fait descendre par à peu près tous les médias dits ou prétendus spécialisés …
Pour faire bonne mesure, comme d’hab, quelqu’un dans la maison de disques s’est cru malin en rajoutant à la fin du Cd trois remixes d’une insondable crétinerie …

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Standing In The Way Of Control 

JULOS BEAUCARNE - JULOS CHANTE POUR VOUS (1970)


Mignonne, allons voir si la rose ...

M’en souviens … c’était vers le milieu des seventies, on finissait quelques fois les soirées chez des babas cools, assis-écroulés par terre, plafond tapissé de fumées aromatiques, et vinyles qui tournaient sur des stéréo pourries … et avant les trucs qui déchiraient leur race (chez ces gens-là, c’était Gong ou Yes, ceci expliquant de vieilles haines tenaces pour ces guignols), on avait droit à tous ces fuckin’ poètes « engagés » sur la platine, les Ferré, Ferrat, Béranger et consorts … et dans le lot, ce zigoto au blaze improbable, Julos Beaucarne.
Un nom pareil, ça s’invente pas. Faut dire qu’il est Belge, ça n’explique pas tout, mais ça donne des circonstances atténuantes. Il paraît qu’au fil du temps, ce gonzo est devenu une institution dans son plat pays, une sorte de gourou écolo-rustique. Et même si nous on est putain de mal barrés, faut être sport et reconnaître que les Belges ont vraiment pas de chance avec leurs chanteurs …
Cet illuminé a enregistré une palanquée de disques, dont ce « Julos chante pour vous », très prisé chez les babs suscités. Même avec les précautions d’usage (gaffe aux incidents diplomatiques, y’a des Flamands et des Wallons qui me lisent parfois), il faut dire les choses, ce type est un ringard perpétuel total. Un gus obnubilé par les poètes de la Pléiade  (Ronsard, Du Balai, tous ces types morts y’a presque 500 ans), et la littérature courtoise (fin du paléolithique supérieur, XIIIème siècle).
C’est tellement cliché dans le genre guitare en bois et vocabulaire désuet que ça ferait passer ses semblables Guy Béart et Yves Duteil pour de dangereux punks. Il y a dans ces odes à sa douce mie (prononcez comme Julos « mi-euh », tous les « e » sont accentués chez les poètes ringardos) plein de mots que même le fan-club de Julien Lepers (ou de Sexxion d’Assaut) ne doit pas connaître.
D’ailleurs, à titre didactique, et pour épater ceux qui dans le temps sont allés voir sur le Larousse ce que signifiait « désinvolte » de Noir Désir ou « obsolète » de MC Solaar, voici, piochée dans la poésie rance de ce skeud, un florilège de mots à éviter sur vos prochains SMS : ingénu, déplaise, embruns, chanteur mécanique (pour juke-box !), cahote, gavotte, barde, troubadour, mandoline, écu, mijaurée, minauderie, ambroisie, enchanteresse, sollicitude, majordome, patriarcale, électrolyse, ostensoir, sire, tromblon, gélatineux, picote, frimas, zéphyr, mirer, … quant aux douces et tendres qu’il courtise, elles se prénomment Aldegonde, Rose, Gertrude, Elyse …
Logiquement, à côté de pareilles choses, le premier Le Forestier a fait figure de disque de folk révolutionnaire …

KISS - DESTROYER (1976)


Des clowns ?

Me manquait plus que de causer (encore) des Bozo le Clown du hard pour passer pour un sourd total … donc je vais prendre la tangente, et pas trop parler de ce « Destroyer » (un de leurs plus gros succès). En gros un skeud aussi dénué d’intérêt que la plupart de leurs autres rondelles.
De toutes façons, Kiss n’est pas un groupe de studio (pas des virtuoses, quoi que puissent en penser leurs fans, et çà, si t’es pas super-technique dans le monde des hardos, logiquement t’es foutu, mais avec Kiss rien n’est logique), c’est un groupe de scène, où, à grand renfort de morceaux simpl(ist)es, de lasers, de fumigènes et autres effets pyrotechniques, ils offrent un spectacle qui a plus à voir avec le cirque que la musique, mais un spectacle qui fut et demeure très couru (leur « Alive ! » de 1975 est un sacré disque).
Un phénomène assez incompréhensible, reposant sur un look de comics Marvel revisités glam (c’est avec ce « Destroyer » que leurs « personnages » prendront leur apparence définitive), un culte de la personnalité et une immodestie totale qui raviront des millions de bouffeurs de hamburgers. Parce que la foire à la ferraille de Kiss, hors des USA, ça reste marginal. Kiss est un concept, idiot au départ, qui avec le temps tourne de plus en plus en leur faveur. Leurs armures et leurs kilos de fond de teint, ça laisse moins apparaître l’outrage des ans, suffit pour ça de voir la bobine de leurs plus ou moins contemporains qui ont traversé les seventies dans un grand nuage de poudres blanches (n’est-ce pas Mr Keith Richards). Kiss ont été, plus encore que les Beatles, le groupe qui a développé un merchandising pléthorique, toutes les babioles portant leur estampille leur assurant depuis toujours plus de revenus que leurs ventes de disques. Et maintenant, Paul Stanley, un des deux « survivants » depuis le tout début, peut asséner que le groupe est devenu une trademark, et pourra continuer des décennies sans aucun de ses membres originaux … ça fout les jetons, mais dénote d’un sens particulièrement aiguisé de la survie (et surtout des affaires) dans le monde sauvage du rock.
« Destroyer », c’est le virage pop et prétentieux du groupe. Qui embauchent Bob Ezrin aux manettes. Lequel Ezrin ne s’en vante pas trop de ce skeud, qui dans l’estime populaire n’arrive pas à la cheville d’autres de ses productions (« Berlin » de Lou Reed, « The Wall » du Floyd, « Welcome to my nightmare » d’Alice Cooper, …). Tiens le Coop, justement, auquel les Kiss ont piqué pas mal de choses, surtout le rimmel, d’ailleurs. Et avec ce « Destroyer », les Kiss font ce qu’ils peuvent (rien de renversant) et Ezrin de l’Ezrin (des arrangements venant de la musique classique, des bruitages, des discussions, des cordes, des pianos ou des synthés). Le manque de modestie des protagonistes conduit à des sommets de suffisance (dans l’intro de « Detroit Rock City », on entend démarrer une voiture de sport avec son autoradio qui beugle « Rock’n’roll all nite » de …  Kiss, of course). Pire, Ezrin a sorti de sa manche deux kouglofs sonores, deux ballades pourries avec synthés, cordes et tout le tintouin, dont une (« Beth ») est devenue un des gros classiques de Simmons & Co … Comprenne qui pourra …
On a vite fait le tour des choses à sauver (un méchant morceau sans trop d’esbroufe, « Shout it out loud », et c’est tout pour moi) sur cette chose qui annonce les funestes Foreigner, Bon Jovi, et consorts…

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WHITNEY HOUSTON - WHITNEY HOUSTON (1985)


Allo Houston, nous avons un problème ...

Comme je suis un type bien, faut pas compter sur moi pour dire du mal des mort(e)s …
Bon, puisque vous insistez, juste un peu, alors …
En France, ce qu’on retiendra surtout, voire uniquement de Whitney Houston, c’est que Gainsbarre voulait la fucker dans une émission de Michel « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » Drucker. Parce que par ici à l’époque, Whitney Houston, c’était juste une jeune chanteuse de variété à la voix de cristal, mais au physique un peu plus avantageux que, au hasard ( ? ) Nana Mouskouri … Et là, elle apparaissait comme la jeune fille modèle aux prises avec un vieux pervers alcoolo… sauf que finalement, la Houston s’est révélée être au moins aussi déglingo que le pochetron de la Rue de Verneuil, cumulant mari imbécile (le junkie tabasseur Bobby Brown), consommation effrénée de coke et de junk food, et une fois la gloire venue et repartie syndrome de réclusion continue bien connu des fans d’Elvis le Bouffi …
Tandis que chez elle, là-bas, au pays de Michael Jordan, qui aime bien célébrer les nègres qui réussissent à condition qu’ils restent polis et fassent là où on leur dit de faire, elle était entrée avec ce premier disque dans le cercle très fermé des divas de la musique populaire, (genre particulier quasi séculaire dont l’archétype peut se  définir par la tante à Whitney, Dionne Warwick) … à savoir une technique vocale irréprochable au service de musiques et de textes incolores, inodores et sans saveur (le mot « love » est dans la moitié des titres de chansons de ce « Whitney Houston »), et l’entretien d’une image lisse et souriante genre la une de Cosmopolitan ou Vogue … Mais voilà, là où Warwick pouvait compter sur des joyaux ciselés par Burt Bacharach et Hal David, Houston doit se contenter de compositions fadasses vite torchées par les laborieux scribouillards recrutés par Clive Davis, le PDG d’Arista qui avait fait de Whitney Houston sa « priorité ».
Il y a dans ce disque des ballades gluantes servis par une armée de requins de studio très côtés (Phillinganes, East, Buchanan, …, ils étaient sur « Thriller » de Michou Jackson), une débauche d’arrangements (les faux violons, les fausses cordes, les empilages de synthés) qui se voulaient tellement à la mode que là, plus de vingt cinq ans après, ils ne sonnent pas sympathiquement vieillot ou vintage, ils sont juste totalement ringards. Clive Davis ressort toutes les recettes éculées pour faire vendre du disque, à commencer par les duos avec les noms ronflants à la mode : un Jackson pour deux duos (pas Michael, sans doute trop cher, mais le frérot Jermaine, qui bien que sans aucun talent, réussit à faire écouler des millions de rondelles pourvu que son nom y figure), le centriste chantant Teddy Pendergrass …
Ce disque est une grosse daube écoulée par dizaines de millions all around the world. La seule chose à conserver est bel et bien la voix de Whitney Houston qui évite d’en faire des tonnes (c’est-à-dire à l’inverse d’une quelconque québecquoise braillarde), mais sans réussir à sauver par une forme épurée un fond d’une médiocrité repoussante …
Tiens, elle aurait dégotté quelqu’un du calibre de Gainsbourg comme Pygmalion, elle aurait certainement fait une carrière autre que celle de gentille bimbo nunuche qui a été la sienne …

INXS - X (1990)


Le soufflé retombe ...

Curieuse trajectoire que celle d’INXS … groupe de quelconques qui se vit soudain, sur la seule vertu d’un disque (« Kick »), par ailleurs pas leur plus réussi, propulsé au rang de groupe majeur de la décennie. Même si cette décennie était celle des années 80, assez justement perçue comme un trou d’air artistique, en comparaison des trois qui l’avaient précédée …
Double coup de bol, INXS surfe sur la vague d’un rock australien alors à la mode en compagnie des métalleux écolo Midnight Oil, et le chanteur d’INXS Michael Hutchence se voit par une presse teenage en manque de belles gueules rebelles (et surtout d’imagination) proclamé Jim Morrison de sa génération. Il finira d’ailleurs comme Jimbo, suicidé ( ? ) aux antidépresseurs …
Pourtant au départ INXS c’est le groupe des frères Farriss, leaders et auteurs des titres. Groupe d’abord rodé dans le très dur circuit du pub-rock australien, ayant effectué un virage funky dansant à la Duran Duran (leur premier succès américain « Original sin »), avant de revenir vers du rock dur à l’australienne (« Listen like thieves », leur d’assez loin disque le plus cohérent).
Le succès heureux de « Kick » et de la kyrielle de hits que ce disque plaisant, mais pas plus, a obtenu va les laisser face à une page blanche. Comment eux, qui errent sans direction précise dans le music business depuis une décennie vont-ils pouvoir faire pour concrétiser leur tout frais succès ? En fait, le seul lien qui relie l’essentiel de leur discographie est le producteur Chris Thomas, qui a commencé en studio avec les Beatles et Pink Floyd, avant de devenir l’homme de l’ombre des Pretenders, en tout cas leur metteur en sons. S’il y a quelque chose de réussi dans ce « X », c’est bien le travail de Thomas, qui arrive par moments à donner le change, tout du long de ce follow-up raté.
Parce que les INXS se montrent totalement incapables d’écrire la suite de « Kick ». Ne reste plus que le son de leurs succès, sans les chansons qui vont avec. Certes, sur la lancée de « Need you tonight » et des autres, le premier single extrait ce « X », le très quelconque « Suicide blonde » (allusion paraît-il à la bombinette disco Kylie Minogue, un temps petite amie perverse de Hutchence), avec son harmonica bluesy et ses cocottes de guitare funky fera son bonhomme de chemin dans les charts. Ensuite, c’est la soupe à la misère. INXS singe misérablement ce qui vend. Le U2 « héroïque » dans « Disappear », la pop pompière des Simple Minds dans « The stairs » (qui commence par une intro décalquée sur celle d’ « Always the sun » des Stranglers), les ballades pour troisième âge de l’Elton John sur « By my side ». On ne tend l’oreille que sur « Lately », pas trop mauvaise, et on s’aperçoit qu’elle est co-écrite par Stevie Wonder, ceci expliquant sans doute cela, même si l’aveugle dreadlocké n’est pas lui non plus dans sa meilleure période. Et tout le reste de ce disque, plus par manque de temps et d’envie que par charité, on n’en dira rien …
INXS allait par la suite confirmer (enfin, façon de parler), sortant une paire disques que tout le monde a oublié d’écouter, soi-disant à juste titre, que leur succès et leur réputation tenaient beaucoup plus du hasard que du talent …

YES - THE YES ALBUM (1971)


Prometheus ...

C’est bien connu, quand une série a un grand succès, tout le monde veut remonter aux débuts, veut le prequel. Yes ne déroge pas à la règle. Vous avez adoré « Fragile », « Yessongs », « Tales from topographic oceans », « Relayer », « 90125 » et tous les autres épisodes de cette fantastique série, voici maintenant « The Yes album » justement sous-titré « The first thrills », car des frissons il va y en avoir.
Efrrayants, isn't it ?
Evidemment, les générations entières traumatisées à jamais par les best-sellers de la saga légendaire vont se précipiter, dans l’espoir de comprendre enfin pourquoi tant d’horreurs se sont abattues sur les innocentes peuplades terrestres au début des années 70. Et bien, sans rien dévoiler de la conclusion de cet épisode, on peut dire que le public en aura pour son argent. Les tueurs fous sont de retour, laissant comme d’habitude les instruments du crime traditionnels (flingues, couteaux, voitures, tronçonneuses, roulette de dentiste, coton-tige empoisonné, …) aux scénaristes sans imagination. Les Yes réussissent à faire des carnages totaux avec des instruments de musique, tout ce qu’il y a de plus conventionnels (une guitare, une basse, une batterie, des claviers, et un possédé qui chante, à faire passer la Linda Blair de « L’Exorciste » pour Chantal Goya). Dès le générique d’intro, le bien nommé « Yours is no disgrace », l’angoisse va vous étreindre, les gouttes de sueur froide commencer à perler sous les aisselles, les fesses se serrer. Ça fout vraiment les jetons, et on se rend compte que ce n’est pas un spectacle familial, mais très vivement conseillé à un public averti. Gros temps fort ensuite, quand le héros Steve Howe dépèce à grands coups de guitare acoustique (« The clap ») toutes les oreilles qui passent à sa portée. Mais pourquoi diable tant de démonstration technique gore se demande t-on ? Le scénario ne fournit aucune explication, c’est comme ça et pis c’est tout, les fans sont aux anges et en redemandent, on entend même des applaudissements dans la salle. Et les bobines, plus effrayantes les unes que les autres s’enchaînent. La séquence des « Starship troopers » renvoie aux oubliettes le Carpenter de « Ghosts of Mars », et le mantra sanglant « I’ve seen all good people » fait ressembler l’intégrale de Romero à un court-métrage des Marx Brothers. Quand à la conclusion de la pellicule, que les fans nomment « Perpetual change » (les fans de Yes ont parfois de l’humour), et bien y’a rien qui change, le vaisseau fantôme continue de voguer dans le vide intersidéral, c’est pareil qu’au début, mais en pire.
Devant le succès rencontré et les foules enthousiasmées par tant de mauvais goût, les studios Atlantic travaillent déjà sur un pre-prequel en deux volets (« Yes » et « Time in a word »). Nom de code du projet : « Les origines du Mal »…

Des mêmes sur ce blog : 
Fragile
Yessongs


DEEP PURPLE - THE HOUSE OF BLUE LIGHT (1987)


Un disque de Bon Jovi ?

Ils ont du se gourrer quelque part … Y’a pourtant écrit Deep Purple sur la pochette… Deep Purple, ceux qui en 1970 ont rédigé le manifeste définitif du hard-rock, le toujours pas égalé « In Rock », et dans la foulée quelques hymnes-brûlots genre « Highway Star », « Smoke on the water », « Burn », « Mistreated », qui bien qu’englués dans des disques studio prétextes à de grosses batailles d’égos ou des live plein de farineuses jams interminables, ont marqué leur temps et à jamais l’esprit de toute une génération de collégiens… Deep Purple, géniteurs d’une innombrable descendance d’avatars plus ou moins dispensables (tous ces Rainbow, Whitesnake, Ian Gillan Band, n’en jetez plus …).
Deep Purple, comme les autres dinosaures 70’s (Stones, Who, Led Zep, …), balayés par le punk et la new wave, qui se reformera (à moins qu’ils n’aient jamais arrêté) dans les 80’s. « House of blue light » est le second disque de cette réapparition…
« Bad attitude » pour commencer, avec intro par les grandes orgues de Lord, un bon riff de Blackmore, et puis … Oh ! C’est qui qui chante ? Coup d’œil sur le livret … Ian Gillan ?? Le gosier en feu de « Child in time » et « Highway star » ? Ben , il a morflé sévère Gillan, perdu en route la moitié de ses octaves … Et pourtant, c’est bien le Purple de la légendaire Mark II, comme disent les spécialistes, avec Paice et Glover en plus à la rythmique …
Mais à mesure que les titres défilent, on va de déception en déception. Le son général est celui d’un disque de hard FM comme il en sortait à l’époque tous les jours. Lord a oublié sur la plupart des morceaux son Hammond et s’escrime sur des claviers high tech à la (Depeche) mode, Glover n’a pas pu s’empêcher de poser ses pattes sur la console pour ce son limite middle of the road, Gillan, paix à ses cordes vocales élimées, n’en parlons plus, Blackmore ne distille que parcimonieusement son talent (1er solo un semblant concerné sur « Mad dog », et seulement à son vrai niveau sur la cavalcade à la Iron Maiden de « Spanish archer », c’est quand même peu …). Seul Paice semble ne rien avoir perdu de sa capacité à malmener les fûts.
Pour ne rien arranger, les compos ne sont pas fameuses, pour un Deep Purple s’entend … « Call of the wild » semble sortir d’un disque de Toto, « Hard lovin’ woman » pourrait passer pour du rythm’n’blues s’il ne sonnait pas comme du Genesis des années 80, « Unwritten law », c’est du hard FM débité à la tonne … « Strangeways », ouh les copieurs, avec ses motifs arabisants recycle des plans de « Kashmir », et « Mitzi Dupree » ballade vaguement bluesy rappelle au détour de sa mélodie le « You can’t live your hat on » de Randy Newman repris par Joe Cocker à peu près au même moment …
« The house of blue light » est un ratage total, juste un disque indigne d’un des plus grands noms du rock des seventies. Le dernier titre s’appelle  … « Dead or alive », vous voulez vraiment mon avis sur cette question ?

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THE WHO - WHO ARE YOU (1978)


Perte d'identité ...

Petit rappel, les Who sont : un, le plus grand groupe de scène ayant jamais existé ; deux, responsables d’une discographie insupportable ; trois, à l’exception de « Who’s next », l’un des dix plus grands disques de tous les temps, de (forcément) « Live at Leeds » (même s’il a été bidouillé en studio), et d’une bonne compile comme le coffret « Thirty years of maximum rhythm’n’blues (même si après cinq ans – putain, cinq ans ! – de sarkozysme nombreux seront ceux qui devront se contenter d’une plus simple).
Ceci posé, on en vient à cette daube très bêtement nommée « Who are you » et millésimée 1978.
« New song » d’entrée ressemble à un (mauvais) morceau de Van Halen. Et souvent la suite ne ressemble à rien (de bon).
Townsend a semble-t-il oublié ses guitares, Daltrey sa voix, les bras de Moon sont trop endormis par la poudre pour qu’il prodigue ses terribles roulements sur les peaux, et la basse d’Entwistle fait comme l’auditeur, elle ronronne doucement.
L’histoire retiendra que ce disque est le dernier de Moon (mais malheureusement pas le dernier des Who), que le groupe venait jouer le play-back du titre « Who are you » dans le Ring-Parade de Guy Lux ( si, si, je m’en rappelle ) …
Le fan des Who se contentera de « Guitar and pen » qui sonne comme un inédit de « Tommy » (ce qui n’est pas forcément une bonne référence).
Tous les autres passeront judicieusement leur chemin.

Des mêmes sur ce blog :
Sings My Generation
Tommy

JEFF BECK - WIRED (1976)


Vous avez vu comment qu'on est techniques ?

Au bout de quelques minutes, une question angoissante surgit : « Quand est-ce qu’ils chantent ? ». La réponse arrive demi-heure plus tard : jamais. Car « Wired » est un disque instrumental. Qui plus est un disque instrumental de jazz-rock (pléonasme). Autant annoncer la couleur, pour moi, le jazz-rock, c’est le fond du trou musical (à égalité avec le prog, qu’ils croient pas que je vais les oublier, ces pénibles), toutes ces bandes de crétins moustachus, velus et techniques faisant de manière redondante la démonstration de leur savoir-faire (ceux qui pensent au Santana de la même époque n’ont pas tout à fait tort). Ce qui me chagrine en fait dans cette histoire, c’est d’y retrouver Jeff Beck.
Jeff Beck et Jan Hammer, chauve qui peut !
Comment le type qui envoyait la foudre sur « Shapes of things » avec les Yardbirds, qui surclassait avec ses deux disques du Jeff Beck Group les deux premiers Led Zep de l’« ennemi » Page, qui assénait le déluge de plomb en fusion du BBA avec la section rythmique la plus aplatissante des USA (Tim  Bogert et Carmine Appice), a t-il fini par s’écouter jouer en 76 au sein de ce band de lourds virtuoses où l’on trouve les pénibles usual suspects habituels (Jan Hammer, ancien complice de McLaughlin dans le Mahavishnu Machin par exemple) ? La réponse est dans le caractère cyclothymique de Beck, caractériel instable toujours en perpétuelle quête de nouveauté (et de reconnaissance, parce que c’est pas un modeste), adepte des fuites en avant qui plus souvent que raison finissent droit dans le mur.
Certains, et pas des cas isolés, considèrent que Jeff Beck est le meilleur guitariste du siècle passé. Dommage qu’il ait perdu l’essentiel de son temps à utiliser son indéniable virtuosité, dans des daubes soporifiques dont ce « Wired », adulé par les « musiciens ». Et que Sir George Martin soit aux manettes de cette chose n’arrange rien …
Pendant que Beck et ses potes ripolinaient leurs purges, les murs pisseux du CBGB de New York résonnaient des accords crétins des faux frères Ramones. Y’a des fois où il faut choisir son camp …
1, 2, 3, 4, Hey Ho, Let’s Go !!! Gabba Gabba Hey !!!

Du même, un chef-d'oeuvre : Beck-Ola


PHARRELL - IN MY MIND (2006)


Le son du vide ...

Envie de sucer un Esquimau ? Pharell Williams 2006

Produire des titres qui se retrouvaient systématiquement au sommet des hit-parades US est une preuve, sinon de de talent, du moins d’un certain sens du pragmatisme sonore. Même si tout ce rap et ce pseudo r’n’b produit par les Neptunes, c’est surtout de la soupe pour MTV addicts.
Etre un surdoué des studios d’enregistrement est une chose. Etre capable d’écrire un morceau en est un autre. Pharrell (Williams), moitié des suscités Neptunes, le prouve avec ce « In my mind ». Des compositions d’un vide abyssal sont brillamment mises en son. Idéal pour tester sa nouvelle stéréo …
Pourtant tous ceux qu’il a hissés (Gwen Stefani, Snoop, …) vers  les sommets des charts tentent (sans trop de conviction d’ailleurs) d’aider Pharrell à accoucher de quelque chose qui pourrait ressembler à une chanson.
Certains avaient qualifié Pharrell de nouveau Prince, de nouveau James Brown, de nouveau génie de la musique noire …
Les mêmes  doivent confondre Grands Corps Malade et Bob Dylan …





THE ALARM - THE ALARM (1983)


Les copieurs ...

Conséquence des premiers succès de U2, et notamment ceux issus de « War » (« New Year’s Day », « Sunday bloody Sunday »), on a vu pousser comme des champignons dans l’Angleterre du début des 80’s une série de groupes tentant vaille que vaille de reproduire la formule qui avait si bien réussi aux Irlandais. En s’en tenant à la partie la plus visible, ces hymnes rock « héroïques », véhiculant messages positifs et concernés.
Big Country et The Alarm ont eu ainsi leur quart d’heure de gloire. The Alarm, emmenés par le chanteur guitariste au fort tarin et à la mulet ébourriffée et peroxydée Mike Peters, végétait depuis quelques temps dans l’anonymat le plus complet. Usant et abusant de force guitares acoustiques amplifiées et carillonnantes, de rythmes plus ou moins martiaux voire militaires, de refrains à reprendre virilement en chœur, ces quelconques ont réussi, portés par la bonne vague, à glisser quelques titres tout juste corrects dans les charts.
Persuadés qu’ils devaient avoir quelque talent, ils se sont obstinés à persévérer quelques décennies, retombant, logiquement a t-on envie de dire, dans l’indifférence générale.
Ce Cd est la réédition de leur 1er mini-33 Tours de 1983, soit 5 titres seulement. Heureusement ( ? ), on trouve en bonus une partie CD-Rom avec interviews, clips, paroles des morceaux, ce qui a l’heure du Web 2.0 où tout est disponible partout, (et pour rien), constitue un parfait non-évènement…
Cependant de quoi ravir les fans. S’il en reste.

TOM WAITS - NIGHTHAWKS AT THE DINER (1975)


A vous couper l'appétit ...

Tom Waits a laissé quelques grandes choses. Son inégalé triptyque des années 80, « Swordfishtrombones » - « Rain dogs » - « Frank’s wild years » qui le présente à son zénith, zénith qu’il n’approchera plus qu’épisodiquement par la suite (« Mule variations », son dernier « Bad as me »). Mais avant tout ceci, il s’était fait sa petite réputation de clochard céleste, le pochetron du Tropicana Motel, l’improbable couple qu’il forma un temps avec Rickie Lee Jones, et une longue litanie de disques de 1973 à 1983, donnant lieu à une bataille d’Hernani entre ses fans (« les prémices du génie ») et le reste de la planète (« bof »).
« Nighthawks at the diner » est son troisième disque. Un peu à part dans son œuvre. Hésitant entre happening, performance, piano-bar j’menfoutiste, ou tout ce qu’on voudra de décalé par rapport à un disque « ordinaire ». Enregistré live dans une petite salle, il ne comporte que des titres inédits. Dans une atmosphère intimiste, un quatuor mouline un imperturbable fond jazzy sur lequel Waits, en meneur de revue déglingo, se lance dans de longues présentations des titres, ou plutôt des histoires mises en musique, d’une durée parfois elle aussi déraisonnable.
Ce qui pose d’emblée les conditions requises avant de s’enquiller l’heure et quart de « Nighthawks … » : être parfaitement bilingue, voire plus, l’élocution tomwaitsienne n’ayant que peu à voir avec la méthode Assimil, et ne pas être allergique à un soft jazz aussi pauvre musicalement qu’un Français moyen après un mandat de Sarko …
Personnellement, je trouve ce disque d’un ennui sans fin, il n’y a qu’un titre à peu près bluesy que je supporte (« Warm beer & cold women). Et comme j’aime bien Tom Waits, j’ai pas envie d’en rajouter et de désosser cette chose inaudible. Qui, heureusement, est restée unique et sans équivalent dans le reste de sa discographie.

Du même sur ce blog :
Closing Time
Asylum Years

TITO PUENTE - DANCE MANIA (1958)


Encaustique et parquets cirés ...
Pour arriver à Tito Puente, c’est facile, il suffit d’avoir les premiers disques de Santana et de lire les crédits. « Para los rumberos » sur « Santana III » et surtout « Oye como va » sur son chef-d’œuvre « Abraxas » sont signés Tito Puente.
Et un jour, dans un magasin de disques (vous savez, ce truc qui existait au siècle dernier et qui a pratiquement disparu de la surface de la planète aujourd’hui), j’ai acheté un Cd de Tito Puento, sur les conseils d’un vendeur qui n’y connaissait manifestement rien. Sans écouter le disque avant. J’aurais pas dû…
C’est pas que ce soit mauvais, ce « Dance Mania », c’est que c’est le genre de musique qui ne m’intéresse pas, dont je me contrefous royalement. Une sorte de big band de jazz latino, affreux-cubain ou un truc dans ce goût-là … Un bousin sophistiqué, perclus de percussions en tout genre (Tito Puente joue de tout un tas de trucs dont le fan de Motorhead ignore l'existence, du genre timbales, marimbas, vibraphone ou que sais-je encore). Plein de salsa, de rumba, de cha-cha-cha, cette sorte de choses. Beaucoup de trompettes aussi, c’est rythmé, même les instrumentaux sont entraînants à condition qu’on ait envie de se laisser entraîner. Le premier morceau du disque, « El Cayuco » fait illusion, ça ressemble vraiment à ce que fera Santana ; les suivants n’ont rien à voir.
C’est moins crétin que Gotan Project. Mais c’est totalement ringard, ambiance flonflons de bal des pompiers. Si ça se trouve, il y a peut-être des grabataires dans les unités de long séjour qui aiment encore ça …

JANET JACKSON - RHYTHM NATION 1814 (1989)


Fouquet's sonore

Je me souviens … c’était avant que l’Internet tout-puissant et à la portée de tous soit là pour véhiculer l’information (ou répandre les rumeurs les plus débiles, au choix). Et donc en ces temps lointains, ce qui faisait le buzz, c’était la presse trash. Il s’était trouvé quelque torchon où quelque paparazzi se targuant de musicologie avait révélé ce scoop : Janet Jackson ne faisait pas de disques. Les disques de Janet Jackson n’étaient rien de plus que des disques de son frangin dont la voix était pitchée. La preuve ? Prince avait déjà fait le coup sur son album « Sign the times » avec son pseudo-« double » Camille …
Une pervenche ? Meuh non, Janet Jackson ...
Certains, à l’imagination sans limites, s’engouffrèrent même plus loin dans la brèche, affirmant que Janet Jackson n’existait point, et que ses apparitions physiques n’étaient que celles de son  Michael de frère, grimé tel un Tony Curtis dans « Certains l’aiment chaud »… Bon, on se calme, là, Janet Jackson existe bel et bien, malheureusement pour nos oreilles, et ce n’est pas un avatar féminin du Fred Astaire grisâtre des années 80.
A contrario, d’autres, dans de sérieuses revues musicales ayant pignon sur rue, trouvaient que la cadette des enfants de Joe était l’élément le plus doué de la famille … Euh, faut pas déconner non plus … Tout au plus peut-on lui accorder qu’elle avait gentiment rué dans les brancards, quittant le lourd giron familial pour passer chez l’« ennemi », du côté de Minneapolis, dans la galaxie Princière, plus précisément les studios de Jimmy Jam et Terry Lewis. Avec lesquels elle avait obtenu un gros succès, le disque « Control », sympathique machin dansant et funky, mais dont on peut se demander si sans son très bankable patronyme à elle, il se serait vendu à autant de millions d’exemplaires.
Et donc, selon le sacro-saint prétexte du « on ne change pas une équipe qui gagne », re belote avec ce « Rhythm Nation 1814 » (pourquoi 1814 ? je n’en sais foutre rien et je m’en tape …), la Janet, Jam et Lewis poursuivent leur collaboration. Et là, on devine le budget de prod à peu près illimité. Ce disque est pénible, interminable étalage d’effets sonores qui partent dans tous les sens, de titres où s’entrechoquent des empilages de synthés, boucles, de chœurs, d’arrangements bien trop clinquants pour être honnêtes. On a du pognon, du temps à perdre en studio, on vous en fout plein les oreilles, on va chercher des trucs dans la techno, le rap, le rock, la soul, le funk, on te vous mélange tout çà grossièrement … et on scrute après les courbes de vente et les retours sur investissement. Un disque qui pue le fric et une certaine forme de mépris de l’auditeur …
Qu’y a t-il pour sauver ce kouglof sonore ? A mon humble avis, pas grand-chose. La Janet n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler une voix, son piaillement tout dans les aigus finit vite par gonfler grave, il n’y a aucune direction musicale, on pioche des gimmicks, des sons dans l’air du temps, on tente ce crossover multi-genres qui a si bien réussi à frérot Michael, des morceaux dansants mais d’une pauvreté mélodique qui frise l’indigence, un rock à guitares (« Black cat ») grossièrement hard FM, une triplette de ballades sans conviction jetées à la fin du disque …
Résultat des courses : huit morceaux sortis en single, quatorze millions de disques vendus dans l’année … La routine, quoi …