JANET JACKSON - RHYTHM NATION 1814 (1989)


Fouquet's sonore

Je me souviens … c’était avant que l’Internet tout-puissant et à la portée de tous soit là pour véhiculer l’information (ou répandre les rumeurs les plus débiles, au choix). Et donc en ces temps lointains, ce qui faisait le buzz, c’était la presse trash. Il s’était trouvé quelque torchon où quelque paparazzi se targuant de musicologie avait révélé ce scoop : Janet Jackson ne faisait pas de disques. Les disques de Janet Jackson n’étaient rien de plus que des disques de son frangin dont la voix était pitchée. La preuve ? Prince avait déjà fait le coup sur son album « Sign the times » avec son pseudo-« double » Camille …
Une pervenche ? Meuh non, Janet Jackson ...
Certains, à l’imagination sans limites, s’engouffrèrent même plus loin dans la brèche, affirmant que Janet Jackson n’existait point, et que ses apparitions physiques n’étaient que celles de son  Michael de frère, grimé tel un Tony Curtis dans « Certains l’aiment chaud »… Bon, on se calme, là, Janet Jackson existe bel et bien, malheureusement pour nos oreilles, et ce n’est pas un avatar féminin du Fred Astaire grisâtre des années 80.
A contrario, d’autres, dans de sérieuses revues musicales ayant pignon sur rue, trouvaient que la cadette des enfants de Joe était l’élément le plus doué de la famille … Euh, faut pas déconner non plus … Tout au plus peut-on lui accorder qu’elle avait gentiment rué dans les brancards, quittant le lourd giron familial pour passer chez l’« ennemi », du côté de Minneapolis, dans la galaxie Princière, plus précisément les studios de Jimmy Jam et Terry Lewis. Avec lesquels elle avait obtenu un gros succès, le disque « Control », sympathique machin dansant et funky, mais dont on peut se demander si sans son très bankable patronyme à elle, il se serait vendu à autant de millions d’exemplaires.
Et donc, selon le sacro-saint prétexte du « on ne change pas une équipe qui gagne », re belote avec ce « Rhythm Nation 1814 » (pourquoi 1814 ? je n’en sais foutre rien et je m’en tape …), la Janet, Jam et Lewis poursuivent leur collaboration. Et là, on devine le budget de prod à peu près illimité. Ce disque est pénible, interminable étalage d’effets sonores qui partent dans tous les sens, de titres où s’entrechoquent des empilages de synthés, boucles, de chœurs, d’arrangements bien trop clinquants pour être honnêtes. On a du pognon, du temps à perdre en studio, on vous en fout plein les oreilles, on va chercher des trucs dans la techno, le rap, le rock, la soul, le funk, on te vous mélange tout çà grossièrement … et on scrute après les courbes de vente et les retours sur investissement. Un disque qui pue le fric et une certaine forme de mépris de l’auditeur …
Qu’y a t-il pour sauver ce kouglof sonore ? A mon humble avis, pas grand-chose. La Janet n’est pas ce qu’il est convenu d’appeler une voix, son piaillement tout dans les aigus finit vite par gonfler grave, il n’y a aucune direction musicale, on pioche des gimmicks, des sons dans l’air du temps, on tente ce crossover multi-genres qui a si bien réussi à frérot Michael, des morceaux dansants mais d’une pauvreté mélodique qui frise l’indigence, un rock à guitares (« Black cat ») grossièrement hard FM, une triplette de ballades sans conviction jetées à la fin du disque …
Résultat des courses : huit morceaux sortis en single, quatorze millions de disques vendus dans l’année … La routine, quoi …



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