RONI SIZE REPRAZENT - NEW FORMS (1997)

 

Petites formes ...

Quasiment deux heures et quart sur deux Cds … ça ferait combien de vinyles ? Trois, quatre, cinq ? Sérieusement, qui peut raisonnablement avoir envie de se fader un truc pareil ? Au moins le jury du Mercury Prize, qui a décerné son glorieux prix millésime 1997 à ce « New Forms », au nez et à la barbe de Radiohead, Primal Scream, Suede, Chemical Brothers (tous avec des rondelles passées à la postérité, genre « OK Computer »), … ou les Spice Girls … Même si on sait que ce genre de récompenses n’engagent que ceux qui les décernent et les reçoivent …

Roni Size

Mais de quoi dont est-ce qu’il retourne avec « New Forms » ? L’on vous dira que c’est la référence en matière de drums & bass, sous-genre de ces musiques électroniques fort en vogue dans la dernière décennie du siècle dernier … Oui, mais encore ? Euh, pas grand-chose, je vais essayer de faire aussi court que ce disque est long …

Derrière tout ça, il y a un vrai type et un plus ou moins faux groupe. Le type c’est Roni Size, DJ electro d’origine jamaïcaine, considéré comme underground mais défricheur de sons. Le « groupe », c’est Reprazent, en gros les types ou nanas présents sur ces rondelles (par intermittence, il peut faire des morceaux tout seul comme un grand), l’accompagnant à la production, à la programmation, au chant, au rap, parfois s’escrimant sur de vrais instruments. Parce qu’il y a quand même quelque chose de drôle d’appeler un genre musical drums & bass, quand il n’y a ni batteur ni bassiste qui joue (pour être tout à fait honnête, il y a un bassiste sur quelques titres, tout le reste de la rythmique c’est de la programmation, des boucles, des samples, …).

Les titres reposent sur un machin tellement simple que beaucoup ont dû bouffer les varices de leur grand-mère et se demander pourquoi ils y avaient pas pensé avant. L’essentiel des morceaux repose sur des rythmes tachycardiques sur lesquels se superposent des lignes de basse très down tempo. Suffit ensuite de rajouter des « ambiances », et là, le trip-hop se taille la part du lion (« New forms » le morceau, « Heroes », « Watching windows », …). Un peu normal, Roni Size est de Bristol et le trip-hop vient d’y cartonner (Massive Attack, Portishead, Tricky, et autres joyeux lurons du même tonneau). Y’a aussi du jazz ou des trucs qui y ressemblent (« Brown paper bag »), parce que le jazz, ça fait musicien sérieux, et que la crédibilité, c’est un peu le problème de toute la scène electro, les types planqués derrière leur Mac et leurs platines. D’où très certainement le « groupe » Reprazent, conçu pour jouer live et si possible dans les festivals « rock », où y’a de la thune à se faire (contrairement aux free partys, où par définition t’es bénévole ou quasi …). A noter que le coup d’éclat des lascars sera à peu près sans suite, deux ou trois disques en vingt-cinq ans, et peut-être que tous ces gens-là se sont retirés du circuit (imprimé) …

Roni Size Reprazent

Le premier disque est le meilleur (et il y a un titre avec les deux Everything But The Girl qui aurait pu être excellent si seulement ils avaient laissé chanter Tracey Thorn au lieu d’un strict instrumental) le second disque me semble être du pur remplissage, un alignement de gimmicks guère travaillés. Au final, si tout ce bazar avait duré juste une heure, ça aurait été assez sympa … Y’a des titres qui font sourire, ou alors le Roni a un humour king size. « Heroes » n’a rien à voir avec Bowie, « Morse code » rien à voir avec « Lust for life » de Bowie-Iggy Pop, « Jazz » rien à voir avec le jazz, « Hot stuff » rien à voir avec les Stones ou Donna Summer … Et puis le truc le plus pénible, c’est une police de caractères microscopique blanche sur fond gris, qui fait que t’arrives pas à lire quoi que soit sur le livret (bon, y’a pas grand-chose à lire non plus …).

Bon, j’avais dit que moi je ferais court. Promesse tenue …


3 commentaires:

  1. J'connais pas et ça ne donne pas envie de connaître.

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  2. Excellent exercice de vulgarisation de la drum (sans "s") & bass en effet, meilleur que les Goldie et qui évite les deux écueils du genre : la "dark" terroriste ou la muzak lounge-jazzy (seul Heroes flirte dangereusement avec la seconde nommée). Cela a nécessairement vieilli (comme nous), comme tout ce qui fût un jour à la mode, mais le côté hip-hop très présent sauve l'affaire.
    Petites précisions : un batteur est bien crédité sur plusieurs titres (Clive Deamer, Portishead, Radiohead) et les Everything but the girl ne sont pas du tout intervenus, il s'agit d'un sample d'un titre d'Eden. Cela dit, ils auraient pu vu qu'ils avaient viré drum & bass à pareille époque (comme Daho, Bowie et sans doute d'autres).

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  3. P.S : et l'album existe en version un seul CD (celle que j'ai), sans le deuxième disque sans grand intérêt il est vrai, avec la pochette à bandes bleues et vertes qu'on voit sur les vidéos.

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