QUENTIN TARANTINO - KILL BILL VOL. 2 (2004)

Bill m'a tuer ?
La première impression était la bonne. Plus je vois ce « Kill Bill Vol. 2 », plus je me demande ce que c’est que cette suite-épilogue à la con ?
Œil pour œil, dent pour dent ? 
Pas que ce soit mauvais, non, Tarantino me semble incapable de se planter … juste là il se loupe en beauté. Terminer une aventure commencée l’année précédente, festival déjanté de bastons autant improbables que jouissives et hystériques par carrément un mélo … Inattendu … même si tout était ultra-prévisible. On savait comment ça allait finir, fallait que Black Mamba / Beatrix / La Mariée / Thurman achève de dézinguer ses anciens collègues tueurs à gages et puis fasse la peau de Bill. C’est le ton du film qui est en total décalage avec la 1ère partie. Ça se traîne, ça cabotine un max, ça expose des états d’âme … Et ça finit de reconstituer tout le puzzle de l’histoire.
« Kill Bill Vol. 2 » n’en demeure pas moins du pur Tarantino. Par son soin apporté aux dialogues, ses hommages-références (y’a que lui pour tout comprendre tant ils sont multiples), ses scènes de tension interminables (les deux discussions avec Bill au début et à la fin, la rencontre Hannah-Mardsen, …), ses cadrages bizarres et savants (le travelling arrière insensé dans l’église, quelques contre-plongées saisissantes).
Carradine & Tarantino
Ce film qui clôt l’histoire laisse finalement en suspens plus de questions que de réponses. Pas au niveau du scénario, mais plutôt au niveau de ce que Tarantino voulait faire. Donner un des premiers rôles à David Carradine, l’oublié héros de la série télé du sous Bruce Lee « Kung Fu » était-ce une bonne idée ? Pas sûr, même si le vieux s’en sort pas trop mal dans un registre de psychopathe philosophe qu’on a pas dû lui proposer souvent. Fallait-il faire chialer  la vengeresse inflexible Thurman à la fin sous prétexte de crise de maternité ? Pas sûr non plus, c’est totalement irréel par rapport aux quatre heures (putain, quatre heures quand même) de film qui ont précédé. Et c’est quoi cette caricature de maître d’armes, tant qu’à faire il avait qu’à tourner les séquences façon cartoon comme dans la première partie, ça aurait été moins dérangeant, moins grotesque (et qu’on ne vienne pas me dire que c’est une parenthèse comique, on l’a connu beaucoup plus drôle Tarantino …).
Bon, j’ai pas envie de l’accabler, je suis client de son cinéma. Mais là, à trop vouloir multiplier les références (aux films italiens des 60’s en général et à Sergio Leone en particulier, à des films de série B  orientaux qu’il est seul à avoir vu, au cinéma ricain des années 40 dans la façon de filmer les gens qui conduisent les bagnoles, …), Tarantino a oublié de faire un vrai film.

« Kill Bill Vol. 1 », est peut-être ce que Tarantino a fait de mieux. « Kill Bill Vol. 2 » est peut être ce qu’il a fait de pire (bon, commencez pas à pousser de grands cris, j’ai écrit peut-être).

Du même dans ce blog :
Inglourious Basterds


13 commentaires:

  1. Tiens, moi qui peut revoir Pulp Fiction et Jackie Brown à l'infini, j'avais totalement décroché avec Kill Bill 1 qui m'avait foncièrement emmerdé. Pas rentré du tout dans ce foutoir über référentiel trop geekesque pour moi; j'avais trouvé ça vide et chiant. Le deux m'avait un peu plus plu, la faute à Madsen sans doute et cette scène d'enterrement vivante. J'ai strictement aucun souvenir de la fin. Pour moi y a un vrai creux dans la filmo de Tarentino avec ces deux Kill Bill ainsi que le Boulevard de la Mort qui a suivi, que j'ai même pas regardé jusqu'au bout en salle. Revu à la télé, finalement ça passe mieux que ce dyptique, mais c'est tout aussi vide. J'ai retrouvé le plaisir de Tarentino avec Inglorious Bastards, inégal mais Avec quelques moments de bravoures grâce à tu-sais-qui (la première scène est géniale). Et puis beaucoup aimé Django cette année. Mais pur moi Tarentino ne fera pas mieux que Jackie Brown, admirable à tout point de vue, BO, ambiance, scénario, casting, classe internationale à tous les étages.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tarantino fait systématiquement dans le référentiel, comme aller sortir des oubliettes Pam Grier, l'héroïne de la blacksploitation pour Jackie Brown ... L'essentiel des trucs qu'il recycle, c'est la série B des années 65-75 ...

      Supprimer
    2. Certe, mais avec Kill Bill on tombe dans l'objet geek pur de reconstitution. Je n'y trouve plus du tout le plaisir du récit et des dialogues qu'il y avait dans ses films précédents, sans parler du scénario qui n'est qu'un prétexte à une série de séquence quasi-sketchs dont le seul but est de reconstituer divers univers de ces univers de série B. Et comme moi ces séries B je n'en à rien à foutre et qu'elles ne m'évoquent rien, au final je m'emmerde prodigieusement. Tu me diras que Pulp Fiction c'était déjà ça, oui, certe, sauf qu'il y avait quand même une histoire, et même des histoires nettement plus consistantes et surtout ces putains de dialogues absurdes et hilarants dont je ne me lasse pas. Et puis Jackie Brown c'était encore mieux, un vrai modèle de scénar et de mise en scène.

      Supprimer
  2. L'aura dont jouit ce réalisateur restera pour moi l'un des grands mystères des années 00. Depuis ce Kill Bill, il fait toujours le même film : boucherie sanguinolente parsemée de dialogues "élaborés" et "second degré" et de B.O fédératrices. Il change juste l'époque et parfois les comédiens.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. On peut remplacer Tarantino par (au hasard ?) les Jabac, boucherie sanguinolente par comédie de bobos quinqua ... on garde dialogues "élaborés" et "second degré", on oublie les BO, on garde la même époque et les mêmes comédiens ...
      ça marche aussi avec plein d'autres ...

      Supprimer
  3. Kill Bill 2 c'est la tendance Western de Tarantino, les grands espaces, le désert la zique...Le blème et ça se vérifie avec son Django c'est que pour Quentin la référence c'est le spaghetti, et le spaghetti c'est déjà un certain détournement du western limite parodie. Du coup ça devient outrancier. C'est clair que si on n'a pas les mêmes gouts que lui au départ vu le détournement qu'il en fait ça peut virer à l'indigestion.
    Après mûre réflexion c'est le pourquoi du comment son Django m'a écœuré...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Entièrement OK, juan ... c'est sûr qu'à force il va finir par tourner très méchamment en rond ...

      Supprimer
  4. Ce que je voudrais savoir, et cela expliquerait pas mal de choses, c'est si Kill Bill devait être un seul film de 2h40, qui finalement est sorti en deux fois 2h00. Le rythme entre les deux parties est très différents. Comme si toutes les bonnes cartouches avaient été tirées au début, et du coup, on est obligé de rallonger la sauce pour boucler la seconde partie. Parce qu'il a été décidé que finalement, faire deux films distincts donnait un côté performance, le truc qu'aucun autre n'avait osé avant... En un seul bloc, cela aurait été vraiment super. L'ensemble des deux films aurait pu faire un seul métrage excellent.

    Sauf que, comme tu le dis, le volume 2 est plus axé mélo, explication de ce qui manque (est-ce que ça, nous manque vraiment ?), on rebouche les trous. Je me dis que pour Tarantino (à qui ses producteurs ne peuvent pas refuser grand chose) a dû se dire : je veux une différence de traitement selon les aspects que je raconte, et en poussant l'idée jusqu'au bout, et ben, je vais faire deux films. Ils seront différents, ludiques, et pourtant, remis bout à bout, en linéaire, ce sera bien la même histoire.

    S'il a le temps pendant ses vacances, qu'il essaie de remonter les 4 heures en 2h30, le résultat ne devrait pas être mal. Maintenant, je pense que c'est son/ses films les moins populaires, il ne mâche pas le travail au spectateur, il juxtapose les points de vue, bouscule la chronologie, multiplie les références.

    dans quel volume a-ton le combat au sabre dans la neige ? Une splendeur. Un mec capable de faire ça dans le même film qu'un combat à une contre 88, mérite notre respect !

    Je profite de l'antenne et du temps de parole généreusement accordé pour remettre "Boulevard de la mort" à sa juste place : très haut ! Ce film déçoit certains parce que (comme d'hab avec lui) il nous prend le contre-pied. C'est un film au scénario très simple (prédateur, victimes, vengeance) donc tout se joue sur la mise en scène. Toutes les scènes dans le bar, avec Russel au zinc, les filles derrière, c'est superbe. Et puis il casse son récit, reprend tout de zéro, part ailleurs, pour finalement boucler son histoire.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai trouvé Boulevard de la Mort vraiment très vide, et puis surtout le fait de vouloir reconstituer avec une maniaquerie obsessionelle de geek et surtout avec de très gros moyens financiers et technique un cinéma dont le seul charme (si il en avait) était justement son manque de moyen à tout niveau, c'était juste un non-sens et qui faisait de ce film un truc assez inutile et complaisant.

      Supprimer
    2. Vu qu'il y avait des combats de sabres, il a voulu faire un truc à suites, genre Star Wars ... Non, j'en sais rien, s'il devait y avoir un film ou deux ...
      Le combat dans la neige avec Lucy Liu, c'est la fin du 1er ... ouais, séquence fabuleuse ...

      Boulevard de la mort et Jackie Brown, en ce qui me concerne, bof ...
      J'ai l'impression que comme Tarantino ne fait que des films à références, chacun en fonction de ses goûts par ailleurs va être attiré par tel film plutôt que par tel autre ... (enfin, chacun sauf François ...)

      Supprimer
    3. Ben il avait qu'à se référencer chez Gérard Ki Kouine...
      L'apologie des bains de sang, merci bien. Par contre, Lucy Liu, oui, bien. J'ai toujours eu un faible pour les asiatiques et les bridées en général (Björkounette)... :)

      Supprimer
    4. Apologie des bains de sang ??? ah bon ...
      Comparer Björk avec Lucy Liu ... autant comparer l'OM avec une équipe de foot ...

      Supprimer
    5. Ben Kill Bill, Reservoir Dogs, Django, Inglorieux Bâtards, Pulp Fiction, Boulevard de la Mort, c'est quand même bien sanglant tout ça, non ? Et enrobé dans de "l'esthétisme" (comme Scorsese)...
      Ah bon, y'a des équipes de foot en France ? Les deux seules un peu valables y'a quasiment que des "estrangers"...

      Supprimer