«
This year’s model » est le second disque d’Elvis Costello. Son tout premier, « My
aim is true » était déjà excellent, et pourtant il paraît à côté bien
anecdotique. Pour moi, c’est simple, après 35 ans de carrière et deux grosses
douzaines de publications, « This year’s model » est un des deux
meilleurs Costello (pour les curieux, l’autre est « Imperial
bedroom »).
Par manque de moyens, « My aim is true »
sonnait un peu rachitique. Le son de « This year’s model », sans
qu’on risque de le confondre avec une production spectorienne, est beaucoup
plus « étoffé ». Pourtant le budget alloué n’a pas dû être colossal,
et c’est toujours Nick Lowe qui produit. Avec son alter-ego Dave Edmunds, Lowe
est une sorte de Monsieur Loyal de tous les faux punks, entendez par là tous
ces zozos apparus à la seconde moitié des seventies, par paresse rattachés à un
mouvement punk mais qui partagent peu de références avec les tribus à crête. Ce
qui fait vraiment la différence avec ce disque, c’est l’apparition aux côtés de
Costello de ceux qui deviendront et restent à ce jour le meilleur backing band
qu’il ait eu, Bruce et Pete Thomas à la rythmique et Steve Nieve aux claviers.
Costello, il faut sans cesse le répéter tant ses
glorieuses années (en gros jusqu’au milieu des 80’s) sont ignorées par ici,
Costello donc est un immense compositeur, capable de torcher des titres à
rendre McCartney jaloux avec des textes à faire pleurer Ray Davies. Avec
« This year’s model », on est encore dans l’urgence, dans ce rythme
qui apparaîtrait dément aujourd’hui, sortir au moins un disque par an. Il y a
douze titres (ou treize, selon les éditions) sur « This year’s
model », avec un bon paquet d’autres en réserve (la réédition qui pour moi
fait date, celle du label Edsel en 2002, en rajoute d’autres sur un Cd bonus
ainsi que les sempiternelles maquettes et prestations live).
Elvis Costello & The Attractions |
Traits communs à tous les titres, la concision (tout
est dit en trois minutes), l’aspect syncopé et énervé. Costello connaît par
cœur ses classiques, mais insuffle dans tous les titres une urgence, une rage
qui n’appartiennent qu’à lui (il a pas besoin de forcer, dans la vraie vie
c’était à cette époque un teigneux à l’humour méchant et caustique). S’il faut
faire le tri, perso je vois que deux titres en peu en retrait, « Hand in
hand » et « Night rally ». Le reste, c’est du haut de gamme, et
un paquet d’incontournables de cet
autre Elvis.
Du brutal « No action », qui va droit à
l’essentiel en moins de deux minutes et ouvre le disque, en passant par la merveilleuse
« You belong to me » (comme du Dylan 60’s, mais un Dylan qui aurait
bouffé un troupeau de lions au petit déjeuner), l’addictive « Pump it
up » (chanson sur la coke au pays des branchés), l’extraordinaire
« (I don’t want to go to) Chelsea » (toujours ce mépris du bourgeois
et de ses quartiers chicos), construite sur une base reggae speedée. La power
pop en plein essor donne la trame de choses comme « Lip service » ou
« Radio radio » … Et puis, comme tout semble tellement facile pour
lui, Costello s’amuse à imiter à la fois Lennon et McCartney dans leurs
carrières solo (« Little triggers »), ou pastiche carrément un
des autres très doués de l’époque, la grande asperge Joe Jackson (« Living
in paradise »).
Les Attractions assurent ô combien, et laissent
entrevoir les merveilles dont ils seront capables dans l’accompagnement, avec
notamment un Steve Nieve qui se signale déjà à l’attention de ses contemporains
(sur « Pump it up » par exemple).
Avec « This year’s model », aucun doute
n’est permis, Elvis Costello signe son entrée dans la cour des très grands …
Du même sur ce blog :
Eels (y compris physiquement)...
RépondreSupprimerEels ? What Eels ?
SupprimerWeezer, ça aurait été moins faux ...
Pour avoir bon il fallait dire Buddy Holly & the Crickets ...
Ca fait longtemps que t'as pas écouté Eels, Red ?
Supprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=0TfqbuTBqX8
Supprimer0'24... Y'a un petit air, non, ou c'est mes yeux ?
Hum ... plutôt un Noel Gallagher barbichu à lunettes ...
SupprimerEt pour entendre une cover VRAIMENT original de l'un des tubes de cet album :
RépondreSupprimerhttp://shitshishit.blogspot.fr/2013/12/neat-neat-neat-33-dancin-all-night-long.html
Cela fera au moins une pub utile (je déteste les pubs sur les blogs, elles sont à mon sens contre productives et déplacées...)
Bye !