Danse avec les Loups ...
Logiquement, personne aurait jamais du entendre
parler d’eux … Quand ils sortent ce premier disque sur un label indépendant
(Slash), mais avec tout de même une major pour la distribution (Warner), les
Lobos sont une aberration. Ce qui marche dans leur Los Angeles, c’est le hair
metal. Poison, Motley Crue et Billy Idol sont les rois de Sunset Boulevard. Et
les Lobos eux, vivent dans un quartier chicano pourri de East LA. Et ils ont
rien de glamour. Trentenaires, basanés, gros, et la plupart chargés de famille
…
Au mieux, ils auraient dû finir avec une réputation
de Gypsy Kings locaux. Seulement voilà, quelconque qui lit un peu les notes de
pochettes des disques depuis trente ans, et pour peu que ces disques soient peu
ou prou du classic rock, a bien vu à moment donné les noms de Steve Berlin,
Cesar Rosas, ou David Hidalgo, les trois leaders des Lobos. Que ce soit chez
REM, Faith No More, Sheryl Crow, John Lee Hooker, Suzanne Vega, Tom Waits, Roy
Orbison, Bob Dylan, … liste à peu près infinie. Tout en continuant Los Lobos,
ou leur super groupe hispanique Los Seven Seven …
En plus d’être des sessionmen plus que recherchés,
ils arrivent à marquer une empreinte instantanément reconnaissable aux titres
auxquels ils sont associés. Des cadors, beaucoup plus que de simples faire-valoir.
Bon, évidemment entre ce « How the wolf will survive ? » et leur
florissante carrière, il y a eu le phénomène « La Bamba », et leur
version écoulée à des millions d’exemplaires de la reprise du hit de l’étoile
filante Ritchie Valens. Et si Hollywood est allé les chercher pour la B.O. du
biopic, c’est que le buzz s’était répandu comme une traînée de poudre.
Oui, il y avait dans East LA, cette bande de
métèques, qui en plus d’animer les banquets de mariage et de communion pour
faire bouillir la marmite, était capable de sortir d’entrée un putain de disque
qui mettait tout le monde d’accord. Des fans de rock’n’roll roots y
trouveraient leur compte, avec « Don’t worry baby » ou « I got
loaded » (la seule reprise du disque, ode aux boissons d’homme), le
classic rock très Tom Petty (« Will the wolf survive ? » ), la
ballade « A matter of time », le up-tempo rhythm’n’blues de
« Evangelina » … Et puis, il y avait cette touche hispanisante qui
allait en faire les stars et quelques fois les porte-parole de tous ces parias
laissés un peu de côté par l’Oncle Sam.
Et en attendant donc Valens, des hommages plus ou
moins évidents sont rendus à ceux qui ont trouvé leur inspiration des deux
côtés du Rio Grande, et à ce titre « Our last night » est un clin
d’œil appuyé à Doug Sahm et son Sir Douglas Quintet ou au bondissant Joe King
Carrasco. Mink DeVille n’est pas très loin (normal, il a intégré beaucoup de
sons hispaniques, à travers non pas la musiquee des Mexicains, mais celle des
Portoricains new-yorkais) quand arrivent les espagnolades de « The
breakdown ».
Et puis, comme Los Lobos n’oublient pas d’où ils
viennent (les salles de banquet), il y a toutes ces choses entraînantes, venues
du fin fond de la lointaine Espagne des colonisateurs, qui font danser tout le monde
au dessert. Par exemple « Corrido #1 », que les Pogues ont dû un peu
écouter avant de sortir leur « Fiesta ».
Il y a aussi dans ce « How the wolf will
survive » toutes ces sonorités d’accordéon, ces chants parfois en
espagnol, cet entrain festif, qui en font un de ces premiers disques oubliés de
ce que l’on appellera bientôt « fusion » ou « world music »
…
Les "traînées de poudre", à LA., c'est pas ce qui manquait...
RépondreSupprimerJ'aurai bien fait la vanne sur les Gypsie King mais tu m'as coupé l'herbe sous le pied.
RépondreSupprimerAh ouais, le premier album de Faith No More a été produit par un Los Lobos. On en apprend tous les jours ici.