Eux, là, Toy, ils ont trouvé le nom qui tue … Tapez
juste Toy sur un moteur de recherche, et vous risquez pas de tomber sur eux. Et
puis si par hasard vous atterrissez sur leur page Wikipedia (uniquement en
anglais et pas bien fournie, maintenant traduite en français depuis la sortie
de ce skeud), le lien qui renvoie à leur site vous donne une erreur 404 (page
introuvable). Là, ils sont fidèles au titre de leur rondelle, ils sont pas heureux
dans le creux, mais semblent ravis d’être au fond du trou de l’anonymat… Et je
parle même pas du packaging de leur galette, un digipack spartiate avec rien
d’écrit sur la tranche (vachement facile à retrouver au milieu de la pile) et
pas grand-chose ailleurs, juste le titre des morceaux dans une police
minuscropique, et pour seule littérature : « Recorded and mixed by
TOY, engineered by James Hoare (James Qui ??), special thanks to Takatsuna
Mukai and Dan Carey ». Voilà voilà … Avec ça, démerde toi.
Toy, un jouet extraordinaire ? |
Finalement, le mieux à faire, c’est de l’écouter le
disque de Toy. Et ma foi, force est de constater qu’on en a entendu de pires, y
compris chez des prétendus cadors du wokanwol. Bon, inutile aussi de piquer le
sac à une mémé qui sort de la Poste pour aller l’acheter. « Happy in the
hollow » s’adresse à un public de connaisseurs selon la formule à relents
élitistes consacrée. Pour une fois, on vise pas les collectionneurs de raretés
garage sixties. Les Toy, en matière de revival (parce qu’ils ne sont pas exactement
des défricheurs d’espaces sonores inconnus), font faire au schmilblick un bond
de deux décennies et demi. On passe de 1966 à 1990 avec eux. Vous situez les
machins de 90 ? Non, eh bien dans mon infinie mansuétude, je vous offre un
tour dans la machine à remonter le temps. Voyage sponsorisé par Toy.
Les Toy étant anglais, ce sont les groupes anglais
qui te sautent d’abord à la figure. My Bloody Valentine et Spiritualized, on
les trouve à peu près partout. Dans les ambiances éthérées, cotonneuses,
brumeuses, liquides, tant au niveau de la musique que de la voix (le leader et
guitariste Tom Dougall). Un genre musical risqué (parce que si tu es juste
moyen, tu es aussi chiant qu’une pluie bretonne) qui ne s’accorde qu’avec l’excellence.
Et les Toy le sont parfois excellents (« Sequence One », « The Willo »,
« Mechanism » sont des titres aux qualités évidentes).
S’accrocher à un son, le photocopier, tout le monde
ne fait quasiment plus que ça. Pour se démarquer du troupeau, faut de temps en
temps avoir une idée, trouver un gimmick, innover … les Toy en sont capables, s’en
allant parfois vagabonder vers des rythmiques krautrock (le frénétique dans le
contexte « Energy » qui rappelle les Thee Oh Sees), et n’hésitant pas à se
démarquer des fameuses ( ? ) guitares « liquides » à la My Bloody
Valentine pour en glisser des acoustiques (« Mistake a stranger »),
voire gentiment surf à la Hank Marvin (des Shadows, me souffle mon arrière-grand-père)
sur « Last warmth of the day » ou « Jolt awake ».
« Happy in the hollow » est construit d’une
façon évolutive (ou alors le hasard fait bien les choses). On démarre très MBV
pour finir à la Jesus & Mary Chain (ou 3ème Velvet, ce qui
revient à peu près au même) sur le final (« Move through the dark »).
En passant par des claviers élaborés à la Stranglers (« The Willo »)
à ceux joués à un doigt très Orchestral Manœuvres (« Mechanism »), et
en s’arrêtant faire un petit coucou au Floyd d’après Barrett et d’avant la face
cachée de la Lune (« Charlie’s House », seul écart au son 90’s
prédominant). Manière d’enfoncer le clou lysergique, deux titres sont quasi instrumentaux
(« Jolt awake » et « Charlie’s House »).
Bon, c’est pas avec ce genre de bousin que les Toy
vont remplir les arenas. Ils ont débuté en faisant la première partie des
horribles Horrors, c’est dire s’ils reviennent du diable vauvert, comme le
disait Leon Zitrone quand il commentait le tiercé dans la télé 4/3 en noir et
blanc il y a cinquante ans. Et … je m’arrête là, avoir réussi à caser le nom de
Zitrone dans un post sur un disque de rock suffit à mon bonheur …
Mais sans déc., il est vraiment pas mal ce « Happy
in the hollow » …